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15 juin 2023 4 15 /06 /juin /2023 21:38

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Le mercredi 24 Mai à Batilly, la maison aux volets multicolores de la rue des Tilleuls nous accueille. Béatrice nous attend et nous emmène vers l’étonnante terrasse où des arbres de métal, des guirlandes de monstres, des fleurs féeriques nous font place...

Avec simplicité, Johu (c’est plus rapide que l’officiel Jean Hubert !) Thiam nous ouvre les portes de son monde. Petit fils d’Aimé Thiam et fils d’Albert Thiam, Johu est né dans une famille d’artisans d‘art. Aimé, artisan ébéniste inventif et doué, a créé la marqueterie en relief, après avoir fourni en meubles, avant-guerre, les Galeries Lafayette. Son fils Albert travaille dans l’atelier, et en Lorraine, tout le monde connaît ces tableaux d’intérieur typique, en marqueterie d’essences de bois variées, que tout bon messin se devait d’avoir accrochés à ses murs.

 

 

A 17 ans, Johu entre dans l’atelier familial dirigé par son père Albert, au côté de ses frères. Il commence à découper, sculpter, coller selon une technique bien codifiée, ce qui lui permet de d élaborer son savoir-faire technique.

Il suit des cours de dessin par correspondance et découvre la couleur à travers la peinture. C’est une révélation et un enchantement. L’esprit toujours en mouvement, explorant toutes sortes de techniques et de support, la main traduisant le torrent des images, Johu travaille le bois, le polystyrène, le plexiglas, le verre, le métal.

Nous suivons le maître des lieux dans ses deux ateliers aux murs couverts d’outils rigoureusement alignés, de centaines de feutres et de tubes colorés, de piles de papiers, cartons, et matériaux divers. 

A côté de panneaux de bois peints (merveilleuse expression d’une femme extatique), d’une vache rouge et d’un cheval bleu nous observant depuis leur toile, s’amoncellent des Graoully noirs ou blancs, des luminaires aux formes étranges, tout un monde inattendu et magique, comme si ce foisonnement prenait appui sur ces outils et cette matière première ordonnée avec soin pour pouvoir naître et s’épanouir.

 

 

Créer et faire, permettre à la main d’exprimer ce qui se cache dans la matière, voilà le travail de l’artiste. C’est cette idée que Johu met en œuvre quand il accompagne des ateliers pour des enfants de maternelle avec des étudiants de ENIM. Travailler comme passeur, permettre d’aider ses élèves à mettre en œuvre leurs sensations et visions : autre domaine d’élection.

A maintenant 75 ans, Johu Thiam ne veut plus travailler que par plaisir, s’amusant à faire cracher de la fumée à un monstre de métal ou trouver un système pour en faire une sculpture animée.

Quelques temps après la visite de l’atelier de Johu Thiam, sculpteur, plasticien et peintre, le 24 mai 2023.
Quelques temps après la visite de l’atelier de Johu Thiam, sculpteur, plasticien et peintre, le 24 mai 2023.
Quelques temps après la visite de l’atelier de Johu Thiam, sculpteur, plasticien et peintre, le 24 mai 2023.
Quelques temps après la visite de l’atelier de Johu Thiam, sculpteur, plasticien et peintre, le 24 mai 2023.
Quelques temps après la visite de l’atelier de Johu Thiam, sculpteur, plasticien et peintre, le 24 mai 2023.

Nous prenons congé de notre hôte, tout le monde a un sourire aux lèvres. En repartant, nous notons deux choses à faire : aller saluer le Graoully de l’Enim (atelier Jean Nau) et le Graoully de Woippy, route de Thionville (Atelier Hugon).  A.S.

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29 mai 2023 1 29 /05 /mai /2023 15:07

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Suzanne Valadon, Autoportrait, 1911. Coll. part.

Jeudi 11 mai 2023, il y a foule en ce début d’après-midi dans le hall du Centre Pompidou. 14 h, rendez-vous pour les visites guidées réservées par LesArts57. Une cinquantaine de personnes réparties en 2 groupes sont emmenées par Mélodie et Julien que nous retrouvons avec plaisir.

Suzanne Valadon, de son vrai prénom Marie-Clémentine, est née en 1865 près de Limoges de père inconnu. Fuyant la médisance, sa mère emménage à Montmartre et s’installe comme lingère en 1866. A l’âge de 11 ans, elle exerce des petits métiers pour aider à subvenir aux besoins du foyer, fleuriste, travaux de couture, trapéziste dans un cirque …

A partir de 15 ans, suite à une mauvaise chute, elle devient modèle. Elle pose pour Pierre Puvis de Chavannes, puis pour Auguste Renoir, son voisin.  Elle se fait appeler Maria. Elle pose aussi pour Henri de Toulouse-Lautrec. Dévoilant sa nudité à des artistes plus âgés et en référence à Suzanne au bain, observée par des vieillards, il la taquine et la surnomme Suzanne, prénom qu’elle va adopter...

Dans cette jolie toile de Renoir, elle incarne une jeune femme bourgeoise, élégante, qui danse avec un cavalier qu’on devine à peine. La touche de Renoir est reconnaissable, beaucoup de lumière, impression de mouvement, drapé magnifique, …

Pierre-Auguste Renoir, Danse à la ville, 1883, Paris, musée d’Orsay,

Un an plus tard, Toulouse-Lautrec représente la jeune femme avec un tout autre visage.  L’air juvénile peint par Renoir fait place à un modèle plus mature qui fixe l’artiste avec un air de défi. Selon les artistes, elle pose pour le visage seulement ou le corps tout entier. Elle est un modèle très apprécié.

Toulouse-Lautrec, La Grosse Maria, 1884.

Dans cet autoportrait, Suzanne a changé de rôle, après avoir été modèle, muse, amante, elle s’affirme comme artiste à part entière et se présente avec les attributs du peintre. « Il faut être dur avec soi », son regard sur elle-même n’est pas tendre. Dans ce Montmartre bohême, où elle fréquente les artistes impressionnistes, émerge en 1911 un nouveau mouvement à la palette plus colorée, les fauves : Mathis, Derain… elle utilise une palette aux couleurs chaudes, une approche plus naturaliste.

Suzanne Valadon, Autoportrait, 1911. Coll. part.

C’est ce grand nu qui ouvre l’exposition. Il témoigne du caractère frondeur de cette artiste singulière : pour la première fois une femme peint le corps d’un homme nu en position frontale. Sous les traits du couple biblique Adam et Eve qui s’apprête à cueillir le fruit défendu, Suzanne se représente aux côtes d’André Utter, son nouvel amour, ami de son fils et de vingt ans son cadet. Pas de serpent maléfique dans cette composition. Presque grandeur nature, les corps sont harmonieux, limités par un trait ferme, aux couleurs étonnantes bleues, roses ou même vertes les intégrant parfaitement dans le décor végétal.

Eté dit aussi Adam et Eve, 1909, Paris, Centre Pompidou.

 

Les feuilles de vigne couvrant le sexe masculin ont été rajoutées, comme en témoigne une photo d’époque. C’était sans doute la condition pour qu’elle puisse être exposée au Salon d’automne de 1920, elle n’a cependant pas été à l’abri d’insultes.

Gustav Wertheimer, Le Baiser de la sirène, 1882.

Elle est modèle aussi pour Gustav Wertheimer, peintre autrichien. Autre facette de Suzanne, cette jolie sirène, au corps de porcelaine charme dangereusement un marin pour l’entraîner vers les abysses. Sa formation aux arts du cirque est perceptible dans ce corps en torsion et lui permet aussi de tenir de telles poses plus longtemps. Suzanne, modèle « polyvalent » est vraiment plébiscitée par les peintres.

 

 

Dans ce tableau, elle est assise sur la margelle d’un puit. En peinture, le nu doit être justifié, ici on lui donne une dimension allégorique, celle de la Vérité ! 

Vojtech Hynais, Varianta Pravdy, 1891-95.

Les ateliers de peinture avec modèle vivant étaient réservés aux hommes. Suzanne s’exerce, dessine son quotidien et prend comme modèle ses proches, sa mère Madeleine, son fils Maurice, né en 1883, reconnu par Miquel Utrillo.

 

Utrillo pensif, 1911. Grand-mère et petit-fils, 1910. Portrait de la mère de l’artiste, 1883.

Dans ce tableau, Suzanne est au milieu de sa famille, sa mère, son fils et André Utter, jeune peintre, ami de son fils, dont elle s’éprend. Elle se représente à la manière des artistes de la Renaissance italienne, sans concession, le regard franc. Position centrale, robe plus claire, elle est cheffe de famille. A ses côtés son fils Maurice, mélancolique, souvent alcoolisé, maman Madeleine qui veille sur « le trio maudit » et André, son jeune amant. Maurice est né lorsque Suzanne avait 18 ans, son éducation a été confiée à sa grand-mère. Femme libre, elle se moque du qu’ «en dira-t-on ».

Portraits de famille, 1912, musée d’Orsay.

En 1886, après sa relation tumulteuse avec Toulouse – Lautrec, elle a une brève liaison avec Erik Satie. Ce portrait d’une incroyable modernité, est l’une des premières toiles qu’elle réalise, plus habituée au dessin. Jaloux, excessif et éperdument épris d’elle, il lui enverra des missives douloureuses. Après leur rupture, le musicien compose, « Vexation », morceau où le motif doit être répété 840 fois !

Suzanne Valadon, Portrait d’Erik Satie, 1892-1893, Paris, Centre Pompidou

Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Un monde à soi" de Suzanne VALADON au Centre Pompidou-Metz le jeudi 11 Mai 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Un monde à soi" de Suzanne VALADON au Centre Pompidou-Metz le jeudi 11 Mai 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Un monde à soi" de Suzanne VALADON au Centre Pompidou-Metz le jeudi 11 Mai 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Un monde à soi" de Suzanne VALADON au Centre Pompidou-Metz le jeudi 11 Mai 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Un monde à soi" de Suzanne VALADON au Centre Pompidou-Metz le jeudi 11 Mai 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Un monde à soi" de Suzanne VALADON au Centre Pompidou-Metz le jeudi 11 Mai 2023.

Une impressionnante galerie de portraits représente la constellation des personnes qui, au fil des années, font partie de son entourage, famille, connaissances, certains sont collectionneurs ou veulent asseoir leur notoriété. On y retrouve son goût pour les motifs décoratifs dans la représentation des matières, tissus, tentures, fleurs… Elle crée des fonds animés.

Sur cette toile à la fois portrait et scène de genre, Suzanne peint sa nièce, Marie Coca, accompagnée de sa plus jeune fille Gilberte. Elle aborde le thème du passage de l'enfance à l’âge adulte. Le regard de l'enfant, dirigé vers le spectateur, évoque l’avenir. Sur le guéridon, devant le houx d’hiver, un petit bouquet d’œillets blancs annonce aussi le printemps. En haut, à gauche, représenté rapidement, un ”tableau dans le tableau” : la Répétition d’un ballet à l’opéra d’Edgar Degas. Le traitement de la perspective pas classique, le plancher en particulier, en fait aussi une œuvre résolument moderne.

Suzanne Valadon, Marie Coca et sa fille Gilberte, 1913 - Lyon, musée des Beaux-Arts.

Fréderic Bazille, Le Pêcheur à l’épervier, 1868. Suzanne Valadon, Le lancement de filet, 1914. Paris, Centre Pompidou.

Fréderic Bazille, Le Pêcheur à l’épervier, 1868. Suzanne Valadon, Le lancement de filet, 1914. Paris, Centre Pompidou.

Ce nu masculin du Pêcheur à l'épervier peint par Frédéric Bazille qu’elle a vu au Salon de 1910, a inspiré à Suzanne ce grand format (2m x 3m). L’épervier est le filet pour attraper un ban de poissons. Le modèle est André Utter. La décomposition du mouvement du pêcheur met en valeur la beauté du corps masculin athlétique dans différentes postures qu’elle souligne d’un cerne noir. Là aussi, elle s’empare de sujets proscrits, interdits aux femmes. Cette toile évoque aussi la chronophotographie, en vogue à l’époque, décomposant le mouvement image par image.

Ses natures mortes très colorées reflètent son goût pour les motifs décoratifs, les textiles, les textures, les paysages celui de l’observation. La forêt de Fontainebleau ou le paysage corse, compositions en apparence simples, se révèlent en réalité très construites. Elle prend le temps d’observer, de mettre en scène, un peu à la manière de Cézanne, par exemple ses pommes.

Suzanne Valadon, Etude pour la Nature morte à la théière, 1911. Paul Cézanne, Nature morte au tiroir ouvert, 1879.

L’exposition montre de nombreuses œuvres, ayant appartenu à Edgar Degas. Lorsqu’il découvre son talent de dessinatrice, la ligne dure et souple qu’il apprécie, il lui déclare « vous êtes des nôtres ». Il l’initie à la gravure en taille douce sur sa propre presse. Une vingtaine de dessins, acquis par Degas, montrent des scènes de la vie quotidienne. Maurice, frêle petit garçon qu’on voit grandir, sert de modèle à différents âges, dans différentes postures. La ligne sinueuse toujours marquée par un trait soutenu. Des scènes de toilette avec bassine témoignent des habitudes de bain au début du XXème. La signature inversée, observée sur certains dessins, résulte du procédé de gravure.

 

Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Un monde à soi" de Suzanne VALADON au Centre Pompidou-Metz le jeudi 11 Mai 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Un monde à soi" de Suzanne VALADON au Centre Pompidou-Metz le jeudi 11 Mai 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Un monde à soi" de Suzanne VALADON au Centre Pompidou-Metz le jeudi 11 Mai 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Un monde à soi" de Suzanne VALADON au Centre Pompidou-Metz le jeudi 11 Mai 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Un monde à soi" de Suzanne VALADON au Centre Pompidou-Metz le jeudi 11 Mai 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Un monde à soi" de Suzanne VALADON au Centre Pompidou-Metz le jeudi 11 Mai 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Un monde à soi" de Suzanne VALADON au Centre Pompidou-Metz le jeudi 11 Mai 2023.

Caractéristique du trait ”dur et souple” de Suzanne Valadon - selon les mots d'Edgar Degas - cette composition s'inspire des estampes japonaises prisées au début du siècle. Elle reprend le thème de la femme à sa toilette. Le corps adolescent de la jeune fille est représenté dans un geste intime et quotidien. Le contour épais du corps et l'utilisation de la craie rouge évoquent la manière d'Edgar Degas.

 Suzanne Valadon, Nu sortant du bain, vers 1909, Centre Pompidou.

 La dernière section de l’exposition est consacrée aux nus féminins. De tous les maîtres qu’on lui a prêtés, Paul Gauguin est le seul qu’elle accepte lorsqu’on lui demande qui l’a inspirée. Bien qu‘elle ne l’ait jamais rencontré, elle a pu voir ses œuvres présentées en 1889 dans l’exposition au Café des Arts. Dans cette toile de la Vénus noire transparaît le goût des paysages de Gauguin. La posture de ce portrait est cependant classique, sans doute réalisée avec des moments de pose.

Suzanne Valadon, Vénus noire, 1919 Paris, Centre Pompidou.

Elle réalise des nus féminins aux seins lourds, aux cuisses larges loin des standards hérités des regard masculins et des portraits bourgeois. Le corps féminin s’expose au regard dans des postures plus libres. « Ne m’amenez jamais une femme qui cherche l’aimable ou le joli, je la décevrai tout de suite ».  Beaucoup de sensualité se dégage de cette peau aux couleurs étonnantes :  jaune, verte, bleu, rose pastel, blanc… et toujours le cerne noir et les couleurs saturées.

Deux Figures, 1909, Centre Pompidou. Nu assis sur un canapé, 1916.  Les Baigneuses, 1923 Nantes. Gilberte nue se coiffant, 1920. Catherine nue allongée sur une peau de panthère, 1923, Izmir. Nu allongé, 1928, New York, Moma.
Deux Figures, 1909, Centre Pompidou. Nu assis sur un canapé, 1916.  Les Baigneuses, 1923 Nantes. Gilberte nue se coiffant, 1920. Catherine nue allongée sur une peau de panthère, 1923, Izmir. Nu allongé, 1928, New York, Moma.
Deux Figures, 1909, Centre Pompidou. Nu assis sur un canapé, 1916.  Les Baigneuses, 1923 Nantes. Gilberte nue se coiffant, 1920. Catherine nue allongée sur une peau de panthère, 1923, Izmir. Nu allongé, 1928, New York, Moma.
Deux Figures, 1909, Centre Pompidou. Nu assis sur un canapé, 1916.  Les Baigneuses, 1923 Nantes. Gilberte nue se coiffant, 1920. Catherine nue allongée sur une peau de panthère, 1923, Izmir. Nu allongé, 1928, New York, Moma.
Deux Figures, 1909, Centre Pompidou. Nu assis sur un canapé, 1916.  Les Baigneuses, 1923 Nantes. Gilberte nue se coiffant, 1920. Catherine nue allongée sur une peau de panthère, 1923, Izmir. Nu allongé, 1928, New York, Moma.
Deux Figures, 1909, Centre Pompidou. Nu assis sur un canapé, 1916.  Les Baigneuses, 1923 Nantes. Gilberte nue se coiffant, 1920. Catherine nue allongée sur une peau de panthère, 1923, Izmir. Nu allongé, 1928, New York, Moma.

Deux Figures, 1909, Centre Pompidou. Nu assis sur un canapé, 1916. Les Baigneuses, 1923 Nantes. Gilberte nue se coiffant, 1920. Catherine nue allongée sur une peau de panthère, 1923, Izmir. Nu allongé, 1928, New York, Moma.

La Chambre bleue, 1923, musée des Beaux-Arts de Limoges.

Œuvre phare souvent montrée, cette toile est d’une étonnante modernité. La posture de cette femme allongée, libérée des conventions de son temps, évoque celle d’Olympia de Manet, et un peu la tradition orientale. Le regard fixe, perdue dans ses pensées, elle ne cherche pas à nous plaire. Dans les années 1920, la cigarette était symbole de petite vertu. Dans cet espace clos, des livres à ses pieds, vêtue d’un pantalon semblable à un pyjama d’homme, d’un débardeur (encore très actuel) sur un drapé et un fond aux motifs végétaux rapidement exécutés, elle illustre parfaitement le titre de l’exposition « un monde à soi ».

Cette très agréable visite, trop rapidement passée, donne un aperçu et surtout très envie de revenir admirer les nombreuses autres toiles de cette exposition remarquable qui rassemble environ 200 œuvres. Cette femme audacieuse, au parcours de vie rude, a côtoyé de grands artistes dans le quartier de Montmartre, artistiquement si actif et vivant, fin XIX e début XX e. Elle en a nourri sa peinture et, à travers toutes ces influences, s’est créé un style tout personnel. Un siècle plus tard, son œuvre reste encore d’une étonnante modernité.

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

Jeudi 1er Juin à 20 h, Château Fabert, à MOULINS LES METZ

« Monet et les peintres de la lumière »

Soirée présentée par M. Jean-Yves BEGUE.

Réservation obligatoire par mail ou par tél.

 lesarts57@gmail.fr   ou tél.   03 87 32 05 03 

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9 mai 2023 2 09 /05 /mai /2023 15:59

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Sur la colline Sainte-Croix, par un beau mais frais soleil d’avril, nous avons rendez-vous place Jeanne d’Arc pour la visite organisée par LesArts57. Il est 14h30, et c’est avec grand plaisir que 19 personnes retrouvent Marie-Laure Schuck pour la découverte de l’église Sainte-Ségolène.

Au lendemain de la visite guidée de l'église Sainte-Ségolène à Metz, le vendredi 14 avril 2023.Au lendemain de la visite guidée de l'église Sainte-Ségolène à Metz, le vendredi 14 avril 2023.

Fondée avant l’an 1000, cette jolie église dédiée à Sainte Ségolène, abbesse albigeoise, est la seule de la ville à posséder 2 tours en façade. Des fouilles archéologiques et des textes d’archives attestent de la présence d’une chapelle, installée sur ce site, dès le IX e siècle, à l’emplacement d’un ancien oratoire. De cette époque carolingienne, il ne reste que la crypte romane datée du X e siècle, située sous le chœur, et inaccessible au public.

Vers le milieu du XIII e, une église plus grande, de style gothique à 3 travées, est reconstruite à l’initiative du chanoine de la cathédrale. Il est représenté sur un vitrail de Valentin Bousch derrière le chœur de la cathédrale St-Etienne, agenouillé sur un prie-Dieu aux côtés de l’abbesse Ségolène qui tient une crosse. Devant l’église médiévale une cour sera fermée par un porche gothique au XV e siècle.

L'église est fortement remodelée au XIXe siècle. Mgr Dupont des Loges charge l’abbé Dellès, curé de la paroisse d’initier un programme d’agrandissement. Les modifications les plus importantes sont réalisées pendant l’annexion par l'architecte allemand Conrad Wahn qui dirige le plan d’urbanisme de la nouvelle ville. Le portail, la cour et l'ancien clocher sont détruits. Il agrandit l’église en allongeant la nef de plusieurs travées, ajoute un transept, remanie les bas-côtés, crée une tribune d’orgue et un portail néogothique surmonté de deux clochers symétriques. Il reste du XIIIe siècle, le chœur, ses absidioles, et les trois premières travées. Pour l’extension de Ste-Segolène, il s’inspire de modèles néogothiques allemand et français. Au milieu du XIXe, le grand chantier de la cathédrale de Cologne est connu. Conrad Wahn s’appuie sur le modèle de la cathédrale idéale de Viollet-le-Duc dans son Dictionnaire raisonné de l’architecture française et s’inspire aussi de l’église Sainte Elisabeth de Marbourg, référence gothique médiévale.

Le décor de la façade en pierre de Jaumont du triple portail est confié au sculpteur français Auguste Dujardin qui œuvre aussi à la cathédrale St Etienne. L’église est inaugurée en 1898.

 

Dans la partie supérieure de la façade, sur le fronton, un Christ en gloire tient un livre d’une main, de l’autre il bénit. Il est entouré un peu plus bas de St Pierre et St Paul, et au-dessous des 4 évangélistes dans les niches.

Comme dans la cathédrale idéale, 3 portails. Le portail central dédié à Ste-Ségolène, les portails latéraux aux paroisses voisines, à droite Ste Croix, à gauche St Ferréol et St Ferjeux, saints patrons d’une paroisse autrefois à proximité.

Sur le tympan la gloire et la mort de Ste-Ségolène, abbesse. Issue d’une famille noble d’Albi, mariée puis veuve à 22 ans, Sigolène fonde le monastère de Troclar dans le Tarn au VIIe siècle. Lors de la construction de l’église, le royaume franc s’étendait jusqu’à l’Aquitaine, des reliques de la sainte ont pu être transférées et le lieu de culte lui être dédié. En dessous, elle est représentée sur son lit de mort, entourée des religieuses de son monastère. Sur la partie à droite sont sculptés les épisodes de sa vie : de bas en haut : son mariage, son veuvage, puis abbesse au milieu des nonnes.

 

Sur la partie à gauche, le bas-relief honore saint Livier, soldat romain messin martyrisé par les Huns. Il fut décapité dans la vallée de la Seille. Selon la légende, une source aurait jailli à l’emplacement de sa tête près de Marsal.

Livier serait de la lignée de la famille de Gournay.

Au lendemain de la visite guidée de l'église Sainte-Ségolène à Metz, le vendredi 14 avril 2023.

Les saints de la partie gauche du portail :

  • Sainte Waldrée porte une mentonnière, fondatrice de l’Abbaye bénédictine et abbesse de St Pierre aux Nonnains au VII e s.
  • Saint Trond (ou Trudon) porte une bourse, originaire des Flandres, il offre ses biens à l’évêque de Metz.  VI e s.
  • Saint Arnould, évêque de Metz, maire du palais à la cour d’Austrasie. VII e s.

Ceux de la partie droite :

  • Saint Sigisbert, roi d’Austrasie, fonde une abbaye à Ban st Martin. VIII e s.
  • Saint Livier, saint messin.
  • Sainte Hildegarde de Vinzgau, seconde épouse de Charlemagne. VIII e s.

Le portail de Ste Segolène relate les origines de l’église austrasienne, appuyant ainsi l’empire sur des bases historiques.

Portail de droite dédié à l’église Ste Croix, voisine. Ste Hélène, mère de l’empereur Constantin, IV e s.  aurait retrouvé et identifié la croix du Christ au mont Golgotha.

Portail de gauche dédié à la paroisse Sts Ferréol et Ferjeux, située à proximité. Les 2 frères furent envoyés évangéliser la région de Besançon au IV e s. Ferréol, prêtre, porte la chasuble, tandis que Ferjeux, diacre, porte la dalmatique.

Nous quittons la douceur du soleil pour nous engager dans la nef à l’intérieur de l’église.  

 

Au niveau du transept, côté droit, une belle statue de Ste-Ségolène, sa crosse dans la main gauche. Elle date du XVI e et provient probablement du portail de l’église médiévale.

 

Tout près, les étonnantes statues de St Ferréol et St Ferjeux, avec la palme du martyre, datées du XVe. Ils montrent une certaine parenté avec d’autres statues locales conservées au musée de la Cour d’Or. Selon les historiens de l’art, elles proviendraient de « l’atelier des madones » qui aurait œuvré entre 1445 et 1480 et dont l’une des caractéristiques est la chevelure bouclée recouvrant la tête à la manière d’une coquille aux bords bien marqués. Un bas relief, daté d’avant 1445, lui aussi surprenant : les deux saints : Rémy et Léger, assis sur un banc.

L’église possède de nombreux vitraux de style et d’époques différentes. Dans la chapelle de la Vierge, absidiole à gauche du chœur, une attention particulière est nécessaire pour comprendre leur agencement. Des éléments de l’époque médiévale sont montés au milieu d’ajouts parfois un peu pêle-mêle.

 

La baie à gauche contient, dans la partie inférieure, des éléments du XV e où dominent grisaille et jaune d’argent, un visage de Dieu le Père dans un faisceau de lumière, un st Georges à cheval dans un médaillon sur fond damassé couleur lilas, une Vierge nourrissant l’Enfant…

Au lendemain de la visite guidée de l'église Sainte-Ségolène à Metz, le vendredi 14 avril 2023.

Mais le plus remarquable et le plus ancien vitrail de Lorraine est cette jolie crucifixion datée de la deuxième moitié du XII e siècle (1160-1180). La croix est de couleur verte, ornée d’entrelacs. Jésus y est représenté, les pieds écartés. Il est entouré de la Vierge et de saint Jean, de la lune et du soleil au-dessus.

 

Autre vitrail remarquable : celui qui a été identifié comme étant le chevalier Jean Bataille II. Il est à genoux, mains jointes, portant une armure typique du XIV e, un heaume dont la visière est relevée. Il serait l’œuvre du verrier Hermann de Munster (fin XIV e) qui réalisa la rosace, le grand O de la cathédrale St Etienne, et y est inhumé.

D’autres vitraux démontés fin XIX e dont les dessins représentent aussi le chevalier et des soldats sont conservés au musée de Nancy cédés par Michel Thiria, verrier resté lors de l’annexion.

C’est Laurent–Charles Maréchal, le célèbre verrier messin, qui a réalisé les vitraux du chœur entre 1848 et 1855.

 

Au lendemain de la visite guidée de l'église Sainte-Ségolène à Metz, le vendredi 14 avril 2023.

Installés en 1848, les vitraux du chœur représentent de gauche à droite :

  • Ste Marguerite, dragon aux pieds.
  • Saint Louis.
  • Saint Pierre.
  • Ste Julie (sous les traits d’une de ses élèves : Julie Olry)
  • Ste Elisabeth de Hongrie.
  • St Sigisbert tenant dans ses mains l’abbaye de Ban St Martin.
  • St Sigebaut, évêque de Metz au VIII e, aux gants verts.
  • Ste Ségolène.
  • Ste Catherine d’Alexandrie, avec sa roue.
  • St Charles Borromée, évêque de Milan.
  • St Alexis, pèlerin mendiant
  • Ste Thérèse d’Avila, grande réformatrice espagnole
  • St Paul, tout à fait à droite.

 

 

A droite dans la nef, des vitraux posés pendant l’annexion en 1898 représentent les 7 sacrements : baptême, confirmation et eucharistie au centre, à gauche confession et sacrement des malades, à droite l’ordre et le mariage.

Les suivants aussi réalisés autour du chiffre 7 illustrent 7 paraboles, puis 7 scènes de l’humanité du Christ.

Côté gauche, les vitraux représentent la vie de Ste Ségolène. Posés en 1960-62, ils sont réalisés par l’artiste mosellan Arthur Schouler, élève de Nicolas Untersteller. Ils mettent en parallèle la vie de Ste Ségolène et celle de Jésus, leur enfance, leur vocation, leur humanité, les miracles de Jésus, (multiplication des pains, guérison des lépreux …), le travail de Ségolène au monastère, le Christ entouré des apôtres …, leur agonie.

Au lendemain de la visite guidée de l'église Sainte-Ségolène à Metz, le vendredi 14 avril 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'église Sainte-Ségolène à Metz, le vendredi 14 avril 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'église Sainte-Ségolène à Metz, le vendredi 14 avril 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'église Sainte-Ségolène à Metz, le vendredi 14 avril 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'église Sainte-Ségolène à Metz, le vendredi 14 avril 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'église Sainte-Ségolène à Metz, le vendredi 14 avril 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'église Sainte-Ségolène à Metz, le vendredi 14 avril 2023.

L’impressionnante porte de chêne est l’œuvre d’Eugène Vallin, ébéniste, un des membres fondateurs de l’Ecole de Nancy. Elle date de 1903.

A l’extérieur, elle est recouverte de bronze, le décor végétal alterne avec des quadrilobes ayant pour thème l’ancien et le nouveau testament.

D’abord partiellement en 1980 puis en totalité en 2014, l’église est inscrite aux Monuments Historiques.

 

Si on ne connait pas exactement les dates de naissance et de mort de Ste Ségolène (ou Sigolène), les études historiques et archéologiques établissent son existence au VIIe siècle.

Encore une jolie découverte que Marie -Laure, peu avare de son temps, a rendu passionnante.

 

Vitraux de C.L. Maréchal, 1848.

Saint Sigebaud, évêque de Metz (716-741).

Sainte Ségolène, abbesse.

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

visite guidée de  l'exposition "Un monde à soi" de Suzanne VALADON

au Centre Pompidou-Metz, le jeudi 11 Mai à 14 Heures

(Rendez-vous dans le hall d'entrée à 13 H 40)

 

Réservation obligatoire par mail ou par tél.

 lesarts57@gmail.fr   ou tél.   03 87 32 05 03 

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15 mars 2023 3 15 /03 /mars /2023 09:39

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Gustave Caillebotte, Autoportrait, v. 1889, Orsay

 

Grand succès pour cette première conférence organisée par LesArts57 à l’Espace Philippe de Vigneulles à Lorry, présentée par Catherine BOURDIEU, maîtresse de conférences en histoire de l'art à l'Université de Lorraine.

Elle a enthousiasmé les 83 personnes, venues découvrir l’œuvre et la personnalité si intéressante de Gustave Caillebotte, (1848-1894), peintre, collectionneur et généreux mécène. En écho à l’actualité, le thème de cette rencontre a été choisi à l’occasion de l’acquisition par le Musée d’Orsay du tableau Partie de bateau.  

Partie de bateau, 1877-78, Orsay.

Partie de bateau, 1877-78, Orsay.

Ce tableau aussi appelé Le Canotier au chapeau haut de forme, vient d’être acquis par le musée d’Orsay pour 34 millions d’euros. Le personnage, rame dans une barque sur la Yerres, rivière située tout près de la maison familiale des Caillebotte au sud-est de Paris. Cadrage original, le point de vue du peintre est placé dans la barque, si bien que nous avons l’impression de naviguer avec le rameur. La gamme colorée, fondée sur les bleus, et la touche libre appartiennent à la peinture de plein air. Le sujet jugé très banal, et la composition inhabituelle, provoquent la désapprobation des critiques lors de la présentation du tableau à la 4e exposition du groupe impressionniste.

 

à Paris en 1848 dans une famille aisée, Gustave Caillebotte obtient une licence de droit en 1870. Il participe à la défense de Paris pendant la guerre franco-prussienne.

Route à Naples, 1872, coll. part.

 

En 1872, au cours d’un voyage en Italie, il peint Route à Naples. L’attelage est arrêté sur un chemin poussiéreux dans la plaine. Au loin, le Vésuve. Le jeune artiste maitrise déjà le coloris : noir du cheval et blanc du chemin qui vibrent sous le soleil intense, l’ombre de l’animal est courte et foncée. La perspective, créée par une longue ligne oblique, et l’isolement des figures sont aussi déjà bien représentés.

 

De retour à Paris, il travaille dans l’atelier de Léon Bonnat, peintre académique très réputé, spécialiste des scènes de genre et portraitiste immensément célèbre qui apporte une grande culture artistique à ses élèves. Degas, l’ami de Bonnat, le met en relation avec les impressionnistes. En 1872, Caillebotte entre à l’Ecole des Beaux-Arts. Deux ans plus tard, son père meurt et lègue une grande fortune à sa femme et ses fils. Ses frères René (1851-1876) et Martial (1854-1910) servent de modèle, respectivement dans le Jeune homme à la fenêtre et Jeune homme au piano.

Jeune homme à la fenêtre, 1876, Los Angeles --- Jeune homme au piano,1876, Tokyo

René meurt à l’âge de 25 ans. Martial, musicien et photographe partage avec Gustave la même passion pour la philatélie, ils commencent une collection de timbres du monde entier, qu’ils revendront très avantageusement à un grand philatéliste anglais et qui est conservée aujourd’hui à la British Library.

En 1876, Renoir incite Caillebotte à participer à la 2e exposition impressionniste. Les deux hommes nouent des liens d’amitié. Caillebotte lui achète Le Bal du moulin de la Galette. Renoir représente Caillebotte dans Les canotiers à Chatou et au premier plan dans le Déjeuner des Canotiers dont la scène se situe à la terrasse du restaurant Fournaise à Chatou devenu maintenant un musée.

Auguste Renoir, Le Bal du moulin de la Galette, Orsay. --- Les Canotiers à Chatou, 1879, Washington. Déjeuner des Canotiers, 1881, Washington. --- Portrait de Charlotte Berthier, 1883 --- Portait de Jean et Geneviève Caillebotte, 1885, coll. part.
Auguste Renoir, Le Bal du moulin de la Galette, Orsay. --- Les Canotiers à Chatou, 1879, Washington. Déjeuner des Canotiers, 1881, Washington. --- Portrait de Charlotte Berthier, 1883 --- Portait de Jean et Geneviève Caillebotte, 1885, coll. part.
Auguste Renoir, Le Bal du moulin de la Galette, Orsay. --- Les Canotiers à Chatou, 1879, Washington. Déjeuner des Canotiers, 1881, Washington. --- Portrait de Charlotte Berthier, 1883 --- Portait de Jean et Geneviève Caillebotte, 1885, coll. part.
Auguste Renoir, Le Bal du moulin de la Galette, Orsay. --- Les Canotiers à Chatou, 1879, Washington. Déjeuner des Canotiers, 1881, Washington. --- Portrait de Charlotte Berthier, 1883 --- Portait de Jean et Geneviève Caillebotte, 1885, coll. part.
Auguste Renoir, Le Bal du moulin de la Galette, Orsay. --- Les Canotiers à Chatou, 1879, Washington. Déjeuner des Canotiers, 1881, Washington. --- Portrait de Charlotte Berthier, 1883 --- Portait de Jean et Geneviève Caillebotte, 1885, coll. part.

Auguste Renoir, Le Bal du moulin de la Galette, Orsay. --- Les Canotiers à Chatou, 1879, Washington. Déjeuner des Canotiers, 1881, Washington. --- Portrait de Charlotte Berthier, 1883 --- Portait de Jean et Geneviève Caillebotte, 1885, coll. part.

Renoir passe l’été 1881 avec la famille Caillebotte et réalise le portrait de la compagne de Gustave, Charlotte. Caillebotte devient le parrain de Pierre, fils ainé de Renoir né en 1885. Renoir est aussi l’exécuteur testamentaire de Caillebotte en 1894. Il peint les enfants de Martial Caillebotte, Jean et Geneviève, en 1895.

Le jury du salon officiel ne retenant jamais leurs œuvresles impressionnistes créent la Société anonyme coopérative des artistes peintres, sculpteurs et graveurs, en 1873. Ce collectif d’artistes va organiser leurs expositions. Parmi eux, il y a Eugène Boudin, Cézanne, Degas, Monet, Berthe Morisot, Pissarro, Renoir, et Sisley. A la 2ème exposition, galerie Paul Durand-Ruel, Caillebotte expose 8 tableaux parmi lesquels les deux versions des Raboteurs de parquet, Jeune homme jouant du piano et Jeune homme à la fenêtre

Les raboteurs de parquet, 1875, Orsay. --- Raboteurs de parquet, 1876, coll. part.

Ce sont de rares tableaux de l’époque représentant les ouvriers des villes avec autant de précision, le monde paysan lui est régulièrement pris pour sujet. Vue en contre plongée et cadrage toujours original.

1878, 3e exposition du groupe : Caillebotte s’applique à faire de cette exposition un véritable événement artistique. Il sollicite les peintres, choisit et loue le lieu d’exposition, choisit les tentures pour agrémenter les pièces… Il réalise la maquette du catalogue de l’exposition, envoie les invitations, accroche les tableaux avec Renoir et finance les publicités dans la presse. Lui-même expose 6 tableaux et en prête 8 de sa collection, Degas, Monet, Pissarro, Renoir ! Il participe encore en 1879 et 1880 et 1882 mais des tensions sont apparues au sein du groupe.

La leçon de piano, vers 1879, musée Marmottan. --- Chrysanthèmes blancs et jaunes, 1893, musée Marmottan. --- L’homme au balcon, vers 1880, coll part.

Dans ses portraits, Caillebotte illustre la vie bourgeoise de son temps qu’il connait bien.

La partie de bésigue, 1880, Louvre Abou Dhabi.

Composition très resserrée dans la leçon de piano, environnement élégant, la professeure à droite bat la mesure. Ces deux femmes ne sont pas identifiées. Il offre ce tableau à Monet qui ne s’en est jamais séparé. Chrysanthèmes blancs et jaunes est le cadeau offert par Caillebotte pour le mariage de Monet, dont il est le témoin. L’homme au balcon n’est autre qu’un ami d’enfance Maurice Brault, passionné comme lui par la construction navale, sur le balcon du l’appartement du boulevard Haussmann. Dans La partie de bésigue, il représente des amis et Martial, son frère, à droite.

 

Caillebotte a représenté de nombreuses vues de Paris, vues directes ou indirectes, vues d’en haut, vues dans les rues, avec des personnages.

Le Pont de l’Europe, 1876, Genève, Petit Palais.

Sur ce tableau, le pont de fer, puissant et monumental contraste avec les immeubles haussmanniens du fond, rétrécis par l’éloignement alors qu’ils sont imposants en réalité. Le traitement de la perspective est original et étonnant : toutes les lignes obliques convergent vers le chapeau haut de forme :   ligne du trottoir, dos du chien, géométrie du pont et immeubles en arrière-plan : le point de fuite est décentré. L’exemple de Manet est perceptible dans le parti réaliste et la facture lisse de la toile.

Sur le pont de l’Europe, 1876, Fort Worth, Texas. --- Rue de Paris, temps de pluie, 1877, Chicago. --- Vues de toits. Effets de neige, 1878, Orsay.

Sur cette autre vue du pont de l’Europe, Caillebotte décrit soigneusement l’agencement des pièces métalliques du pont mais, par l’intermédiaire de l’homme qui flâne, il attire aussi notre attention sur la gare St-Lazare, dont on devine l’activité. Le thème du flâneur a aussi été développé par Manet. Rue de Paris, temps de pluie, est reconnu comme un des tableaux majeurs du peintre, et reste dans la veine réaliste.

L’homme au balcon, boulevard Haussmann, 1880, coll part. --- Vue à travers un balcon, 1880, Amsterdam. --- Le boulevard vu d’en haut, 1880, coll part.

Cet homme sur le balcon observe le boulevard Haussmann. Caillebotte peint en intérieur un spectacle extérieur. Luminosité un peu atténuée dedans, le soleil illumine arbres et façades dehors. La jolie balustrade du balcon et le store rayé apportent du dynamisme au coloris. Sur la Vue à travers un balcon, la balustrade devient l’élément essentiel. A travers les volutes, on voit un fiacre qui passe dans la rue. Point de vue très étonnant à nouveau, on ne sait ce qui est le plus important. Autre fantaisie, Le boulevard vu d’en haut, offre une vue plongeante vertigineuse depuis le 3e étage de l’immeuble. Choix de cadrage où la ligne oblique du trottoir coupe la toile de manière insolite. Les passants sont représentés par des raccourcis extrêmes et le feuillage printanier de l’arbre, encore discret, apporte beaucoup de fraîcheur.

Les orangers, 1878, Houston.

 

La famille Caillebotte possède un domaine familial de 11 ha à Yerres, non loin de la rivière ce qui permet à Gustave de pratiquer le jardinage et les activités nautiques, ses deux passions. 

A l’ombre d’arbustes en bacs, coiffé d’un chapeau de paille, Martial, le frère du peintre, assis de dos, lit. Sous l’oranger, la jeune fille est Zoé, leur cousine. Au fond, dans l’allée au soleil, un chien fait la sieste. Le mobilier de jardin est l’œuvre de François Carré, créé en 1866 et très répandu pendant très longtemps.

L’Yerres, effet de pluie, 1875, Indiana.

 

 

Tableau très original encore, Caillebotte s’attarde sur les impacts des gouttes d’eau sur la rivière, représentés par des cercles de dimensions variées. Composition en strates superposées en biais, appel de couleurs entre le chemin sur la berge au premier plan et l’autre berge où est amarrée une barque. Entre les deux, la rivière où se reflètent les troncs des arbres, thème purement impressionniste.

En 1876, Caillebotte devient membre du Cercle de la voile de Paris, au Petit Gennevilliers, situé en face d’Argenteuil, comme Monet, Renoir et Sisley avant lui. Il les rejoint souvent à Chatou et à Argenteuil. En 1878, il achète un premier voilier, L’Iris, pour participer à des régates. C’est lui qui donne à Signac le goût de la navigation à voile et ils remontent ensemble la Seine jusqu’à la Grande Jatte, île où Seurat travaille.

Canotiers ramant sur l’Yerres, 1877, coll part.

 

Comme sur le tableau qui vient d’entrer à Orsay, nous nous trouvons dans la barque des canotiers. Le peintre décrit soigneusement l’équipement :  les appuis pour les pieds, ainsi que les attitudes et les efforts des rameurs. Le soleil rend les bras éclatants et fait briller le bois de la barque.

Périssoires, 1878, Rennes MBA --- Périssoires sur l’Yerres, 1877, Milwaukee --- Baigneurs au bord de l’Yerres, 1878, coll part.

Les périssoires sont des sortes de canot, mesurant de 4 à 8 mètres selon le nombre de rameurs. Leur construction peu élaborée les rend instables et dangereux, ce qui a inspiré leur nom. Ces tableaux contiennent tous les principes de l’impressionnisme : reflets dans l’eau, petites touches, effets de lumière.

Après la mort de leur mère, la propriété de Yerres est vendue en 1879. Gustave et Martial achètent un terrain au Petit-Gennevilliers sur la rive gauche de la Seine, face à Argenteuil, et y font construire une maison. La propriété entièrement aménagée, comporte : la maison d’habitation typique de la région, en pierres meulières, un pavillon indépendant pour l’atelier, le jardin, la serre, la maison des jardiniers, un abri de jardin, un poulailler, une volière et un chenil.

La maison de l’artiste au Petit Gennevilliers, 1883, coll part.

Le pont d’Argenteuil et la Seine, 1883, Postdam. --- Le bassin d’Argenteuil, vers 1882-1883, coll part. --- La Seine et le pont du chemin de fer d'Argenteuil, 1885-1887, New York.

 

Richard Gallo et son chien au Petit Gennevilliers, 1884, coll. part.

Richard Gallo, ami du peintre, journaliste, se promène avec son chien sur la berge de la Seine en face d’Argenteuil, tout près de la maison des frères Caillebotte. Remarquable composition fondée sur la juxtaposition de lignes horizontales (les berges et le chien) et de lignes verticales (Gallo, les maisons et les arbres). Au premier plan, Gallo et le chien avancent, ils sont en mouvement, à l’arrière-plan, les maisons et les arbres sont immobiles. Le coloris aux harmonies claires, bleues, blanches et vertes est très subtil. Le maître et son chien, traités dans une harmonie de noir, s’en détachent. Les taches claires qui apparaissent sur le costume de Gallo résultent de la décoloration du tissu sous l’effet de la lumière du soleil filtrée par le feuillage des arbres, spécialité de Renoir. Superbe travail aussi sur les reflets des immeubles dans l’eau.

Les Soleils. Jardin du Petit-Gennevilliers, vers 1885, Orsay. --- Dahlias cactus rouges, 1892, coll part.---Le jardin de dahlias au Pt-Gennevillers, 1893 (coll part). --- Orchidées 1893, coll part.

Fasciné par l’horticulture, Caillebotte fait de son jardin un laboratoire, une œuvre d’art, c’est un jardin savant. Il y installe des arroseurs automatiques, cultive des plantes originales, correspond beaucoup avec Monet. A sa mort, on y recense 350 plantes.

 

Nouvel exemple de composition audacieuse, dans un arrière-plan presque entièrement vert, ces iris bleus vus en contre-plongée de très près, une digitale au milieu. Les tiges sont coupées par le bord du tableau. Cette très jolie harmonie en bleu et vert est à peine réchauffée par quelques touches jaunes. La touche est libre : empâtements pour les iris, longs coups de pinceau pour les feuilles et coups de pinceau courts, en tirets parallèles et verticaux pour le feuillage du fond.

Iris bleus, jardin du Petit-Gennevilliers, 1892, coll part. 

Caillebotte dessinant des plans de bateau.

La maison du Petit-Gennevilliers se trouve non loin du Cercle de la Voile de Paris et à proximité d’un chantier naval avec lequel il collabore, dessine les plans de 22 voiliers et expérimente plusieurs innovations. Il devient vice-président du Cercle de la Voile, s’investit aussi à la Société des régates de Cabourg. Il participe à des compétitions nautiques, des régates, traverse la Manche. Il séjourne souvent à Trouville. Gustave Caillebotte a eu 32 bateaux et 14 voiliers.

Bateaux au mouillage sur la Seine à Argenteuil, 1892, coll part. --- Chemin montant, 1881, Postdam. --- Villas à Trouville, 1884, Cleveland. --- Régate à Trouville, 1884, Ohio.
Bateaux au mouillage sur la Seine à Argenteuil, 1892, coll part. --- Chemin montant, 1881, Postdam. --- Villas à Trouville, 1884, Cleveland. --- Régate à Trouville, 1884, Ohio.
Bateaux au mouillage sur la Seine à Argenteuil, 1892, coll part. --- Chemin montant, 1881, Postdam. --- Villas à Trouville, 1884, Cleveland. --- Régate à Trouville, 1884, Ohio.
Bateaux au mouillage sur la Seine à Argenteuil, 1892, coll part. --- Chemin montant, 1881, Postdam. --- Villas à Trouville, 1884, Cleveland. --- Régate à Trouville, 1884, Ohio.

Bateaux au mouillage sur la Seine à Argenteuil, 1892, coll part. --- Chemin montant, 1881, Postdam. --- Villas à Trouville, 1884, Cleveland. --- Régate à Trouville, 1884, Ohio.

Autoportrait au chevalet, 1879-1880, coll part.

 

Gustave Caillebotte meurt en 1894 à l’âge de 46 ans. Son legs provoque des querelles entre les tenants de l’académisme (en particulier William Bouguereau) et ceux de l’impressionnisme. Finalement, les Musées Nationaux acceptent en 1896, une partie seulement des tableaux de sa collection parmi ceux de Degas, Manet, Millet, Monet, Pissarro, Renoir, Sisley, Cézanne !

Passionnante, comme toujours, Catherine nous a permis de découvrir cet artiste au grand cœur, oublié pendant longtemps, qui excellait dans tout ce qu’il entreprenait, philatélie, horticulture, nautisme… 

Elle rappelle qu’en 2024, nous célèbrerons les 150 ans de l’impressionnisme : c’est en 1874 qu’a eu lieu la première exposition du groupe. L’association Les Arts 57 s’associera bien sûr à cet anniversaire dans sa programmation.

 

Bibliographie :

Marie Berhaut, Caillebotte, sa Vie et son Œuvre. Catalogue Raisonné des Peintures et Pastels, Paris, La Bibliothèque des Arts, 1978, 270p.

Fabienne Boursier, La représentation du jardin dans l’œuvre de Gustave Caillebotte : une peinture documentaire entre illustration et art, mémoire de M1, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, 2013-2014, 101 pages.

Sophie Monneret, L’impressionnisme et son époque, Paris, Robert Laffont, 1987, 2 vol. 997p. et 1185p.

 

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

l'AG de l'association Les Arts 57,  le mardi 21 mars à 18h30

salle polyvalente, à l'entrée de Saulny.

lesarts57@gmail.fr   ou tél.   03 87 32 05 03 

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16 février 2023 4 16 /02 /février /2023 09:17

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George Grosz, Les Piliers de la Société, 1926.

Présentée par Laurent Commaille, Maître de conférences en Histoire Contemporaine à l'Université de Lorraine, cette soirée était organisée par LesArts57 en partenariat avec l'association Echange & Culture de Longeville au centre social Robert Henry. Cette rencontre avec Laurent Commaille, que nous retrouvions avec grand plaisir pour la dixième fois, a rassemblé 43 personnes venues découvrir ce courant artistique, un peu énigmatique, de "La Nouvelle Objectivité ".

Au lendemain de la conférence "La Nouvelle Objectivité et son temps", le 6 février 2023 à Longeville-les Metz.
Franz Marc, Die grossen blauen Pferde, 1911

La peinture allemande du XIX e siècle est restée longtemps figurative, romantique, et plutôt bourgeoise. Début XX e, quelques artistes expressionnistes, à l’image des fauves français et de la sécession viennoise, apportent un sursaut de modernisme mais la guerre va y mettre fin. Marc et Macke, principaux représentants de l’expressionnisme allemand, sont morts pendant la guerre.

 

En juin 1925, le critique d’art et directeur de musée Gustav Friedrich Hartlaub organise une exposition de peintures à la Kunsthalle de Mannheim : « Nouvelle Objectivité, la peinture allemande depuis l’Expressionnisme ».  Dans cette période d’après-guerre, les œuvres des artistes expriment la dure réalité de l'époque. Il les réunit sous le titre « Neue Sachlichkeit » traduit par Nouvelle Objectivité. Ce courant artistique se développe en Allemagne à partir de 1918 et prendra fin avec l’arrivée du nazisme en 1933 environ. Trois centres importants : Cologne-Düsseldorf, Dresde, et surtout Berlin, constituent le triangle actif de la Nouvelle Objectivité.

Contrairement à l’ambiance des années folles en France, la période de l’immédiat après-guerre en Allemagne est encore très tourmentée. Les marins révoltés des ports du Nord de répandent en Allemagne et arrivent à Berlin. D'autres soldats les rejoignent. On se bat un peu partout. Le gouvernement républicain fait appel aux Corps Francs pour mater les révolutionnaires … On se bat dans les rues, en Bavière, dans la Ruhr…

Affiche rouge à Metz, 9 nov. 1918. --- Les soldats « rouges » arrivent à la porte de Brandebourg, Berlin.

 

Karl Arnold, 1923.

 

Les gens meurent de faim …, l’inflation est galopante.

 1 dollar vaut :

en janvier 1922 :   192 Marks

en janvier 1923 :  18 000 Marks

en octobre 1923 :  25 milliards Marks !

La stabilité monétaire revient fin 1924.

Après les débuts difficiles de la république de Weimar, la prospérité revient pendant quelques années, avec ses excès et ses dérives. Mais en 1929, c’est le krach boursier de Wall Street. Les Américains rapatrient leurs capitaux, l’économie allemande s’effondre à nouveau.

Berlin vers 1925.

 

Témoin de la période prospère, le bâtiment IG Farben à Francfort, siège de l’important complexe industriel, construction la plus grande et la plus moderne d’Europe.

 

Parmi les thèmes de la Nouvelle Objectivité, celui de la société représentée avec le maximum de réalisme en est le sujet principal.

Georges Grosz, traumatisé par la guerre, caricature de façon violente les différentes classes sociales par cinq personnages :

  • L’aristocrate balafré (marque de son passage par l’université), porte l’épée, sur sa cravate une croix gammée, et, sortant de son crâne, un chevalier.
  • Le patron de presse, plumes et journaux, dit agir pour la paix mais déverse une information « pot de chambre ».
  • Le politicien, drapeau de l’empire en main, alors qu’on est en république, des excréments sortent de son crâne.
  • Le pasteur, geste d’empathie avec ses mains mais qui, en réalité, est heureux de voir les immeubles de la nouvelle république brûler !
  • Le général, sabre en main, derrière lui la soldatesque qui met tout à feu et à sang.

 

 

Georges Grosz, Les Piliers de la Société, 1926.

Toile très violente aussi de Max Beckmann, autre grand nom de la Nouvelle Objectivité, réalisée en 1918-19. Une femme attachée, à demi dénudée, un homme se fait étrangler. Tout se passe dans des abris, et symbolise la misère et la violence de l’époque. De formation classique, Beckmann utilise pourtant une façon de dessiner et peindre évoquant la peinture médiévale. Le visage à droite, en particulier, rappelle les gravures sur bois du  XV e, et la peinture allemande du XV e et XVI e représentant les révoltes paysannes.

 

Max Beckmann, Die Nacht, 1918-19.

 

Moins connu, Georg Scholz, sous des apparences de peinture naïve, représente des scènes à la critique acérée. Le père, rigide, bible sur le cœur, la mère une vis enfoncée dans le crâne, le fils à l’air demeuré, une paille pour avaler… Le modernisme des paysans est symbolisé par la moissonneuse, vue par la fenêtre, mais toujours ils restent attachés à l’ordre ancien : buste et photo de l’empereur…

 

 

Georg Scholz, Industriebauern, 1920.

Georg Scholz, Badische Kleinstadt bei Tage, 1923. --- Le Boucher, 1923.

Georg Scholz, Badische Kleinstadt bei Tage, 1923. --- Le Boucher, 1923.

Corbillard qui vient chercher les dépouilles dans les rues, boucher qui s’enrichit alors que les gens meurent de faim… Scholz s’en prend violemment à la société dans sa région.

 

 

Rudolf Schlichter, dénonce l’hypocrisie de la société berlinoise de l’époque. Dans une rue « chaude » de Berlin, cet « apôtre » est censé indiquer le droit chemin à la jeune prostituée ou 1/2 mondaine, mais le personnage est lui-même terriblement ambigu.

 

 

Rudolf Schlichter, Der Apostel auf der Tauentzienstrasse, 1925.

 

Connue comme dessinatrice de mode dans la presse, Jeanne Mammen réalise des œuvres sur la société berlinoise de son époque.  Cette aquarelle illustre la vie mondaine, haut de forme, monocle, coiffe élégante…  En arrière-plan, les bâtiments éclairés, immeubles récents, ponts, chemin de fer témoignent de l’effort de construction, de progrès de la république de Weimar et de la reprise de l’urbanisme à partir de 1924. L’immeuble du Karstadt de Berlin est à l’époque le plus grand magasin de mode.

 

 

 

Jeanne Mammen, Die Grossstadt, 1927. Aquarelle et crayon.

Georg Grosz, Kriegstauglich. Bon pour le service !      ---         Otto Dix, Soldat Blessé, 1924.

Georg Grosz, Kriegstauglich. Bon pour le service ! --- Otto Dix, Soldat Blessé, 1924.

 

Certains artistes profondément traumatisés rendent compte des horreurs de la guerre par des dessins et des gravures. Otto Dix s’est engagé ; il a voulu faire l’expérience de la guerre et en est resté marqué toute sa vie. Dans ce paysage de désolation des Flandres, nous percevons d’abord le vide au loin avant de découvrir le sol jonché de cadavres au premier plan.

 

Otto Dix, Près de Langemark, 1924.

Otto Dix, Der Krieg, tempera sur bois, 1929-32.

Otto Dix, Der Krieg, tempera sur bois, 1929-32.

Réalisé sur le modèle d’un retable, ce triptyque est une œuvre majeure d’Otto Dix. Partie gauche, dans la brume, les soldats vont au front. Au centre, paysage de désolation du champ de bataille, restes d’une ville au fond, cadavres, morceaux de membres, de viscères, poteau calciné, soldat avec masque à gaz, cadavre empalé… A droite, après le combat, le rougeoiement des incendies. Un homme en blanc essaie de sauver un camarade, c’est Otto Dix lui-même, il n’est pas en uniforme de soldat. En-dessous, les morts alignés dans un caveau. Le format du retable, la façon de rendre ces visions infernales, le dessin, les couleurs, rappellent le Moyen Âge. Les artistes de la Nouvelle Objectivité reprennent souvent les vieilles traditions avec des moyens modernes comme le montre ce triptyque est réalisé a tempera (peinture à l’œuf) sur bois comme à l’époque médiévale.

 

Après la société et la guerre, un troisième thème est souvent abordé par les artistes de la Nouvelle Objectivité, ce sont les individus.

Devant l’usine à l’arrêt, ce chômeur semble décidé, combattif et pas résigné. Le ceinturon à sa taille porte une couronne, sans doute un ceinturon militaire. Des objets, et des roues brisées au sol, aucun signe d’activité de l’usine.

 

 

 

Otto Griebel, Der Arbeitlose, 1921, aquarelle.

 

Le photographe August Sander, dans son ouvrage « Hommes du XXe siècle » réalise des clichés de gens de tous métiers. Il réalise les portraits avec leur outil de travail, les photographie dans leur activité. Il s’inscrit complètement dans l’esprit de la Nouvelle Objectivité en restituant une image fidèle de la société de son temps. Son travail s’apparente à ce qui se fait aux U.S.A et il est invité par le photographe d’origine luxembourgeoise Edward Steichen pour une exposition au MoMA après la 2ème guerre mondiale.

 

 

 

August Sander, Maître pâtissier, 1928.

 

 

Redécouverte depuis quelques années, Elfriede Lohse-Wächtler, jeune femme non conformiste, a peint des portraits de personnes, quelle que soit leur activité. Cette représentation d’une prostituée de Hambourg a fait l’objet de nombreuses critiques.

 

 

 

Elfriede Lohse-Wächtler, Lissy, 1931, aquarelle sur crayon.

Bien avant la guerre, Käthe Kollwitz (1867 -1945) avait réalisé une série de gravures sur la Révolte de tisserands et une autre sur le thème de La Guerre des paysans. Elle dessine, grave et sculpte des œuvres dont les thèmes rejoignent l’esprit de la Nouvelle Objectivité. Un courant artistique n’est jamais linéaire. En 1914, elle perd son fils, mort sur le front. La sculpture où elle se représente elle-même avec son fils mort a déclenché une polémique lorsque le chancelier Kohl a voulu l’utiliser en mémoire de la Shoah.

Käthe Kollwitz, Die Mutter, bois, 1922. --- Mère et son fils mort, 1937.

 

Dans les années 1920, les artistes peuvent s’exprimer, ils ont du succès, de la reconnaissance et malgré leurs outrances peuvent vendre leurs œuvres. Dans les années 1930, ils commencent à subir la violence des nazis qui considèrent leurs œuvres laides et déshonorantes. Expressionnisme et abstraction subissent aussi leurs foudres. Une première exposition sur l’art dégénéré se tient à Munich en 1937, suivie d’une seconde à Berlin en 1938 puis dans différentes grandes villes. Environ 20 000 œuvres d’art sont confisquées et des centaines détruites.

Au lendemain de la conférence "La Nouvelle Objectivité et son temps", le 6 février 2023 à Longeville-les Metz.Au lendemain de la conférence "La Nouvelle Objectivité et son temps", le 6 février 2023 à Longeville-les Metz.
Georg Scholz, Die Herren der Welt, 1922.

Cette lithographie de Scholz a disparu après confiscation. Des hommes puissants dominent le paysage, une jeune femme dénudée sur la même passerelle …

Il peut rester des œuvres dans le privé ?   Il y a quelques années, le scandale Gurlitt avait éclaté. Ce galeriste avait acheté à bas prix bon nombre d’œuvres à des collectionneurs israélites qui voulaient quitter le pays à la hâte et entassé dans un appartement une énorme collection que son fils continuait à écouler au fur et à mesure. Une commission spéciale et un travail de recherche pour restituer les œuvres à leur famille a été entrepris.

De nombreux artistes ont maille à partir avec la gestapo. Ils perdent leur poste d’enseignant ou responsable de structures artistiques. Certains fuient le pays, émigrent aux Pays bas, aux Etats Unis… d’autres choisissent l’exil intérieur. Ils se font oublier, se replient dans des villages, vivent plus ou moins reclus.

 

Otto Dix s’est un moment réfugié en Autriche, à Randegg, petit village au nord-ouest de Vienne. Le cimetière juif rappelle la peinture flamande, sorte de résistance et de provocation douce malgré son exil. De nombreux peintres choisissent des sujets religieux, des paysages sans vie, … 

 

 

Otto Dix, Cimetière juif à Randegg, 1935.

Elfriede L.W. en 1928.
E. Lohse-Wächtler, Repos douloureux, 1929.

Destin plus tragique pour Elfriede Lohse-Wächtler, sujette à des douleurs. Soucis matériels, dépression, elle est placée dans un établissement thérapeutique et exécutée par les nazis dans le cadre du programme T4 en 1940. Les personnes déficientes ou handicapées placées dans des asiles étaient éliminées. On informait les familles qu’ils avaient eu un problème cardiaque.

Apres la deuxième guerre mondiale, les peintres de la Nouvelle Objectivité sont laissés de côte en raison de la guerre froide. De nombreux artistes avaient des origines modestes et étaient proches des communistes. Otto Griebel était passé en Allemagne de l’Est. Ils dénonçaient les travers de la société occidentale. Les archives, maintenant accessibles, ont permis de découvrir que la C.I.A, et Rockfeller, administrateur du MoMA ont tout fait pour promouvoir l’art abstrait et faire oublier ces œuvres qui tentaient d’atteindre une réalité peu flatteuse.

Timbre de la RDA, illustration Käthe Kollwitz, 1970.

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

Conférence le jeudi 2 mars à 20 H à Lorry-les-Metz.

A l’espace Philippe de Vigneulles (rue des écoles)

Soirée présentée par Catherine Bourdieu

" Gustave Caillebotte, peintre impressionniste, collectionneur et mécène."

 

Réservation obligatoire par mail ou par tél.

 lesarts57@gmail.fr   ou tél.   03 87 32 05 03 

Participation : 3 euros adhérent et étudiant- 5 euros non adhérent.

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25 janvier 2023 3 25 /01 /janvier /2023 17:23

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Temps gris ce jeudi 12 janvier mais c’est avec grand plaisir que LesArts57 retrouvent leurs adhérents pour la 1ère rencontre de la nouvelle année 2023. Nous sommes 31 personnes réparties entre Benjamin, qui commence la visite, et Julien qui emmène le 2ème groupe.

Au lendemain de la visite guidée de l'exposition " Mimèsis. Un design vivant " au Centre Pompidou-Metz, le 12 janvier 2023.Au lendemain de la visite guidée de l'exposition " Mimèsis. Un design vivant " au Centre Pompidou-Metz, le 12 janvier 2023.

"Mimèsis. Un design vivant" est une exposition qui explore le design, son évolution depuis les années 1920-1930, et surtout son lien avec la nature qui nous a inspiré depuis la nuit des temps. Tandis que le 1er groupe suit le parcours chronologique, Julien nous emmène dans l’autre sens devant une œuvre atypique qui questionne.

 

Cet objet étonnant à taille humaine possède 4 pieds, 1 dossier, 1 assise, c’est bien une chaise. Sa forme inhabituelle et son aspect interrogent : est-elle ancienne ou récente ?

Un indice : elle est très légère, donc sans doute récente. Elle incarne le design : bel objet adapté à sa fonction.

 

La création d’un objet design répond à 4 besoins :

  • être utile : un dossier pour maintenir le dos, une assise pour asseoir le bassin.
  • être esthétique même si c’est subjectif, l’objet doit intéresser, attirer l’attention.
  • convenir à tous.
  • être original, novateur dans la pratique ou dans son utilisation.

Depuis la nuit des temps, nous allons puiser des idées dans l’environnement, nous nous inspirons de la nature pour créer, nous faisons de la mimesis ! Le plus vieil objet date sans doute de l’ère des cavernes, il était en bois, ou en paille ... Avant les arts décoratifs industriels, dans les années 1920, peu d’artistes fabriquent des objets du quotidien, utiles.

Studio Klarenbeek & Dros, Mycelium Chair, 2018-19.

Au 20 ème s., moins impacté par les anciens, le design se métamorphose : les matériaux, les formes, les couleurs sont étonnantes. Dans les années 50, « le plastique c’est fou ! ». Par exemple un siège auto contient du plastique, du caoutchouc, du métal, des colles chimiques… Les matériaux proviennent de pays différents, ils ont parcouru des km et des km … Les principes politiques, écologiques, environnementaux veulent maintenant sortir des industries polluantes, se tourner vers le verre, se rapprocher de la nature, retrouver des alternatives plus durables, moins énergivores… La technologie, l’ordinateur, les imprimantes 3 D … permettent, dans les années 1990, des réalisations remplissant davantage ces critères. Les designers se tournent vers la biofabrication.

Studio Klarenbeek & Dros, Mycelium Chair, 2018-19.

Si cette chaise était sculptée, le sculpteur l’aurait formée par soustraction de matière dans le bloc initial. Or, ici, le process est réalisé par addition de matière. Cet aspect brut, ressemblant à un récif corallien, est obtenu par un mélange de mycélium de champignon et de chanvre. Cette impression par addition de résidus naturels donne un côté boisé, stratifié. On peut stopper la croissance de la chaise, elle peut être recyclée dans un centre de tri, se décomposera facilement, retournera à la nature. Une autre chaise pourra être refabriquée de la même façon… production locale, moins polluante, mycélium et chanvre trouvés sur place.

Samuel Tomatis, Chaise Alga, 2016.

 

Les algues constituent aussi un biomatériau intéressant. Samuel Tomatis crée des objets à partir de toutes sortes d’algues : vertes, rouges… ramassées sur des plages de Bretagne ou de Guadeloupe. Elles sont récupérées, séchées, réduites en poudre.  Les qualités de viscosité des algues leur confèrent, en outre, des propriétés de colle naturelle et de patine. Un déchet organique est ainsi transformé en un matériau solide, durable, utilisable dans la création d’objets design et biodégradable à l’infini.

Marlène Huissoud, Cocoon Cabinet #6, 2018.

Cette petite commode, elle aussi très surprenante, est réalisée en cocons de vers à soie, collés avec de la résine d’abeille. En durcissant, ce liant ressemble à du verre. Marlène Huissoud, fille d’apiculteur, explore les possibilités offertes par les insectes pour créer cet objet noir au design innovant, résultant pourtant de lents processus naturels.

F.H. Campana, Panneau mural Pele, 2021.

Fernando et Humberto Campana, designers brésiliens, imaginent un revêtement de façade pour revitaliser les espaces urbains, trop bétonnés qui manquent de nature. Pele, « peau » en portugais, propose un revêtement de bois et billes argiles, maintenues par un treillis, susceptible de se végétaliser naturellement par l’arrivée de graines, d’insectes.

Studio Klarenbeek & Dros, Ensemble « Algae Lab », 2018.

Studio Klarenbeek & Dros, Ensemble « Algae Lab », 2018.

Le studio néerlandais conçoit aussi des objets arts de la table : tasse, coupelle, carafe, fiole, flacon… par bio-impression 3D ; à base d’algues et de biopolymère de sucre, réalisant ainsi un bioplastique recyclable !!! 

Cette salle consacrée aux arts numériques expose d’autres œuvres magnifiques dont le processus de fabrication imite le dynamisme de la croissance d’organismes vivants.

 

 

Mathias Bengtsson utilise une technologie innovante d’impression de titane utilisée dans l’industrie aéronautique. Pour fabriquer cette très jolie console, un logiciel simule la croissance organique, par division des cellules, recréant le mouvement fluide de lianes qui s’enroulent les unes autour des autres.

Mathias Bengtsson, Growth Table Titanium, 2016.

Cette superbe petite table noire, très légère (1.5 kg), rappelant la feuille de Gingko, allie aussi design et nature :  DNA : Design, Nature, Art, (DNA est aussi la traduction anglaise de l’ADN, clin d’œil et convergence intéressante avec la structure microscopique des chromosomes du vivant). Le designer Ross Lovegrove utilise la fibre de carbone, matière très prisée dans le secteur automobile, facile à travailler. Suivant le processus naturel de croissance, les 3 pétales se plissent en leur centre et s’étalent progressivement. La surface unique, brillante, concentre en son centre sa force originelle.

Ross Lovegrove, The Gingko Carbon Table, 2012.

Avec ce petit prototype différent des autres sièges, la jeune designer néerlandaise Lilian Van Daal remporte le concours Volvo Design Challenge en 2015. Son projet consiste à réaliser des sièges de voitures recyclables alliant technologie et éléments organiques. Elle utilise le bois de pin de Suède, une impression 3D, et un processus biométrique imitant la croissance végétale. Les entrelacs maitrisés favorisent la souplesse du bois. Ce siège d’une seule pièce, aisément reproductible, est lui aussi recyclable.

Lilian Van Daal, Siège Shapes of Sweden for Volvo, 2015.

Ronan et Erwan Bouroullec, Rêveries urbaines.

Ronan et Erwan Bouroullec, Rêveries urbaines.

La salle suivante nous entraine dans les rêveries urbaines des frères Bouroullec. Ce sont des maquettes d’études visualisant des réflexions sur l’aménagement urbain, créant des espaces qui rassemblent, des écosystèmes pour rendre la vie plus agréable… Elles sont pensées comme un vaste répertoire de motifs urbains, pergolas, kiosques, fontaines, mobiliers… destinés à réenchanter les lieux de promenades, de rencontres, d’échanges comme l’agora grecque ou le forum romain tout en favorisant le retour des formes du vivant, végétaux, animaux, eau… Les plantes jouent un rôle important, apportent de l’ombrage, protègent de la pluie, filtrent la pollution … Elles créent un écosystème où l’air y est plus agréable.  Plusieurs de leurs projets ont déjà été réalisés ponctuellement dans l’espace public : à Paris : les fontaines sur le rond-point des Champs Elysées, en Allemagne au Vitra Campus, à Miami (Etats-Unis), au Danemark, (à Aarhus), …

Au lendemain de la visite guidée de l'exposition " Mimèsis. Un design vivant " au Centre Pompidou-Metz, le 12 janvier 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'exposition " Mimèsis. Un design vivant " au Centre Pompidou-Metz, le 12 janvier 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'exposition " Mimèsis. Un design vivant " au Centre Pompidou-Metz, le 12 janvier 2023.
Andrea Branzi, Tree5, 2010,

Dans le design des années 1980, on associe à des éléments de production industrielle des éléments naturels. Andrea Branzi, créateur italien ajoute à l’étagère, en aluminium patiné et lisse, un tronc de bouleau brut. Il rompt l’équilibre de la forme standard en l’individualisant, c’est comme capter les variations de la nature, les objets se ressemblent mais sont tous différents. Chaque meuble est le vôtre. Respectueux de sa formation, il « a une âme », vous le chérissez davantage.

 

Ymer & Malta et Benjamin Graindorge, Fallen tree, 2011.

Ce magnifique banc est comme un hommage à cet arbre tombé. Le travail industriel de toute beauté pour rendre le bois lisse n’empêche pas ce chêne de garder son essence et son rôle de soutien très symbolique. L’arbre tombé est comme en lévitation grâce au verre transparent, et c’est comme s’il prenait sa force au sol par les racines.

 

Dans les années 1960, le mouvement hippie influencent les designers. Les motifs floraux, les espaces de vie communautaire, chaises longues, poufs, inaugurent l’idée d’un rapprochement vers le sol. Les formes nouvelles et colorées illustrent l’idée de jeunesse, de liberté, de vivre différemment.

SuperStudio, Canapé Bazaar, 1969-70

 

Conçu par un collectif italien, ce canapé bulle blanc en matière plastique est une de leur pièce emblématique. Armature de polyester et fibre de verre, habillé de mousse de polyuréthane, il est recouvert de tissu et forme un cocon confortable et isolé phoniquement. Il allie biomorphisme et expérimentation de nouveaux matériaux de synthèse.

Pierre Paulin, Fauteuil 560, Mushroom, 1959.
Pierre Paulin, Fauteuil 560, Mushroom, 1959.
Pierre Paulin, Fauteuil 560, Mushroom, 1959.
Pierre Paulin, Fauteuil 560, Mushroom, 1959.
Pierre Paulin, Fauteuil 560, Mushroom, 1959.
Pierre Paulin, Fauteuil 560, Mushroom, 1959.

Pierre Paulin, Fauteuil 560, Mushroom, 1959.

Pierre Paulin propose des fauteuils incroyables : un fauteuil ruban (imaginé à partir d’un pliage de serviette) qui obtient de nombreuses récompenses, un fauteuil champignon où piètement, dossier et corps ne font qu’un ! Le fauteuil langue, lui aussi très étonnant, par sa forme anthropomorphique, confortable, empilable. Armature minimale en métal gainée par un tissu flexible, sans couture apparente, il est vraiment très novateur.  Cet autre fauteuil inspiré de l’Odyssée de l’espace 2001, semble intemporel. Pierre Paulin a révolutionné la manière de penser le siège par ses recherches sur l’élasticité du textile, ses housses stretch en jersey d’une seule pièce qui habille l’armature des assises.

Un espace particulier est réservé au créateur français de luminaires : Serge Mouille. Acquises par le Centre Pompidou, ces pièces jamais exposées ne nous semblent pourtant pas toutes inconnues. Très jeune, il entre en formation aux Arts appliqués à Paris dans la section orfèvrerie et travail du métal. Par son approche biomimétique, à partir des formes de coquilles, conques, flocons, il combine plusieurs techniques de fabrication et découpe du métal. Il crée des objets harmonieux, élégants.

Serge Mouille, Abat-jour Lèvres, 1957.

Serge Mouille, Applique, 1953-58.

Serge Mouille, Applique, 1953-58.

Nous continuons à remonter le temps. Dans les années 1930, la designer Charlotte Perriand, proche de Le Corbusier, revient aux matières organiques, bois flottés, galets… collectés en montagne, sur les plages… et photographiés. Les lignes, les formes vont influencer sa création de mobilier. Dans les années 1940, son séjour au Japon enrichit et oriente son travail. A la manière d’un origami, la chaise Ombre en contreplaqué cintré, noirci est légère, empilable.

Charlotte Perriand, Table basse, aluminium atelier J. Prouvé, Chaise Ombre, Contreplaqué de frêne, 1955.

Dans les années 1930 aussi, le designer italien Carlo Mollino, architecte, photographe, pilote de voiture de course… travaille avec l’armée, crée des attelles pour soldats blessés, invente le contreplaqué moulé : la forme suit la fonction.

Carlo Mollino, Bureau, 1950.

Le piètement courbe de ce bureau rappelle l’art nouveau. Le plateau de verre, lui aussi, évoque à la fois un profil féminin allongé, motif récurrent dans l’art nouveau, et l’aérodynamisme des voitures Mazzerati, Alpha Roméo… Inspirées par la nature, les formes imaginées par le designer, alliées à la chaleur de l’érable et à la transparence du verre en font un meuble audacieux et harmonieux.

 

 

Comme d’autres artistes, les designers utilisent le nombre d’or (= 1,618) et la suite de Fibonacci, symboles de l’harmonie universelle. La suite de Fibonacci apparait dans de nombreuses formes végétales ou animales : disposition de pétales d’une fleur de marguerite, coquille d’escargot…  Chaque terme de la suite est obtenu en faisant la somme des 2 précédents : 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21 … 0+1=1,  1+1=2,  1+2=3, 2+3=5, …

Cette heure, trop vite écoulée, a limité les choix mais donne un petit aperçu du lien entre nature et design et des différents paliers qui, au cours du siècle dernier, ont permis de le faire entrer dans l’ère numérique de la biofabrication. Un grand merci à nos guides Benjamin et Julien qui nous ont fait découvrir si agréablement et mieux comprendre certaines œuvres de cette exposition étonnante..

 

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

Conférence le lundi 6 février à 20 H à Longeville-lès-Metz.

au Centre Social Robert Henry. (Derrière l’église)

Soirée présentée par Laurent COMMAILLE

Thème : "La Nouvelle Objectivité et son temps"

 Réservation obligatoire par mail ou par tél.

 lesarts57@gmail.fr   ou tél.   03 87 32 05 03 

Participation : 3 euros adhérent et étudiant- 5 euros non adhérent

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15 décembre 2022 4 15 /12 /décembre /2022 09:13

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Dormition de la Vierge, église St Eucaire, Metz.

Intéressante visite organisée par LesArts57, la restauration de la Dormition de la Vierge, à l’église St Eucaire à Metz. Mardi 15 novembre, vers 17 H, au 18 rue Saint-Eucaire, devant l'église, arrivent petit à petit des visages souriants et connus. Le groupe rassemble finalement 19 personnes.

 

La lumière du jour décline mais nous avons un peu le temps d’admirer cette très jolie église. Au centre de l’édifice, le clocher roman, trapu, aux ornements dorés, date du XIIème s. La construction des autres parties, nef, chœur et chapelles réalisée entre le XIIème et le XVème s. témoigne de l’art gothique.

Les deux portails d’entrée, style gothique flamboyant, fin du XVème.

Les deux portails d’entrée, style gothique flamboyant, fin du XVème.

 

Mme Dauvergne, une des restauratrices, a accepté de nous expliquer son travail.  Elle fait partie du groupement de restauratrices diplômées qui ont répondu à un marché, le maître d’œuvre étant la ville de Metz. Toutes indépendantes, elles ont obtenu des diplômes nationaux et les ont souvent complétés par des spécialisations en histoire de l’art, peinture, chimie…

Visite du chantier de restauration de peinture à l'église Saint-Eucaire, le 15 novembre 2022.

L’église St Eucaire abrite quatre peintures murales dans des enfeus de même gabarit. Un enfeu est une niche à fond plat souvent destinée à recevoir un sarcophage ou la représentation d’une scène funéraire.  Les deux plus remarquables, la « Dormition de la Vierge » et la « Mise au tombeau », datent du XVème, les deux autres du XIXème. Ces grandes peintures médiévales ont été retrouvées sous un badigeon en 1853, puis restaurées par le peintre messin Malardot.

 

Très noires, très repeintes, couvertes de vernis, de suie, avec soulèvement par couches menaçant de se décoller et tomber, le premier travail était conservatoire. Il nécessitait un repérage des altérations, des parties lacunaires du XVème, des repeints XVIIème, des reprises plus foncées du XIXème, …

 

Les restauratrices se posent beaucoup de questions : conserver, ôter ? leur rôle consiste aussi à orienter les décisions avec les historiens d’art. Des sondages et analyses scientifiques des différentes strates, des pigments, de l’imagerie sous UV ou IR, vont renseigner pour permettre un nettoyage progressif, évaluer si on va plus loin ou si on s’arrête ? L’état de la peinture du XVème est usé et lacunaire mais rare, donc à sauvegarder.

En effectuant leur travail, les restauratrices ont découvert que Malardot avait pris des libertés avec les couleurs et l’interprétation : certains personnages ont été complètement cachés sous les enduits, d’autres ont changé de direction ou de couleur : un manteau rouge au XVème est devenu vert au XIXème, les auréoles avaient été repeintes alors qu’elles étaient dorées à l’origine …

Après nettoyage, les surfaces deviennent blanchâtres. Un vernis va rehausser les couleurs, les retouches sont sommaires, ne recouvrent pas l’original, elles redonnent de la visibilité pour un résultat esthétiquement agréable, et doivent permettre de retrouver une harmonie.

Visite du chantier de restauration de peinture à l'église Saint-Eucaire, le 15 novembre 2022.

Le parti pris actuel est de conserver des repeints pour l’instant : les enlever risquerait de faire disparaître aussi les personnages ! Cela nécessite beaucoup de réflexion : jusqu’à quel point on restitue. Les repeints ont aussi une valeur historique. Les tests seront présentés au commanditaire qui choisira.

Le travail a commencé début septembre et devait être terminé en janvier 2023, c’est un délai assez court.

 

 

Il y a beaucoup d’usure mais de beaux détails, les retouches délicates permettent d’obtenir une meilleure lisibilité de l’ensemble. C’est un vrai travail chirurgical. Elles avancent à tâtons, prennent des décisions collégiales en respectant l’histoire, les données stylistiques les plus proches de l’état initial. L’œuvre est de style gothique rhénan, elles recherchent des rapprochements stylistiques dans la région.

L’oreiller sous la tête de la Vierge est bien daté du XVème, d’autres exemples semblables ont été trouvés et permettent une datation et authentification de l’artiste. Comme dans d’autres représentations, la silhouette de l’enfant dans les bras de l’apôtre personnifie l’âme de la Vierge qui monte au ciel. Autre particularité : la bordure des vêtements et des oreilles relativement grandes des personnages.

La question du nettoyage est essentielle, elles disposent maintenant d’un panel de produits, adaptent leur technique avec prudence pour enlever la surface souillée sans ôter l’original. Au XVème, la peinture à l’huile a été appliquée sur une détrempe. Par chance, les pigments broyés par les artistes étaient de bonne qualité. Les peintres entraient en formation chez des maîtres pendant de longues années. La peinture est de bonne tenue, de plus, elle a été protégée des fumées, de l’encens, de la suie par les badigeons et les repeints. La lumière et l’humidité sont aussi des facteurs dégradants. Mais il est difficile de dissocier les repeints de l’original, c’est un travail minutieux, chirurgical, avec lunettes, loupes. On dispose maintenant de produits plus performants, de mesures de conductivité de surface. Des solvants en gel plus ou moins dilués dans des systèmes aqueux sont plus intéressants pour la peinture et moins nocifs pour l’homme.

 

La personne mandataire du groupement, Mme Florence Gorel, qui dirige le chantier complète les explications. Parmi les 6 restauratrices, certaines sont plus spécialisées dans certains domaines par exemple dans la technique du trattegio, d’autres dans la question de l’enduit ou du nettoyage… Le trattegio est une méthode de réintégration picturale qui consiste à retoucher avec des petites hachures, des traits de couleurs discernables de près mais pas de loin.

La Mise au tombeau, église St Eucaire à Metz.
La Mise au tombeau, église St Eucaire à Metz.La Mise au tombeau, église St Eucaire à Metz.

La Mise au tombeau, église St Eucaire à Metz.

Sur l’autre peinture médiévale, la Mise au tombeau, des fenêtres d’étude sont visibles. Elles laissent apparaitre partiellement les personnages.  C’est le prochain chantier prévu peut-être l’année prochaine.

 

La formation de ces restauratrices comporte d’abord une maitrise en histoire de l’art avec une formation peinture ou sculpture en atelier. Le concours pour entrer dans une école de restauration est très sélectif : 20 places disponibles par an par école, 5 écoles seulement en France :  Paris, Tours, Avignon… Les écoles privées ne sont pas reconnues par l’Etat, les Monuments historiques font plutôt appel à des restaurateurs diplômés et qualifiés.

Les missions de ces restauratrices sont variées : pour un musée parisien, elles travaillent sur des tableaux de chevalet et des boiseries peintes, pour le quai Branly, c’est sur des œuvres peintes en Inde. Le chantier peut être aussi une collection à recenser, le convoyage d’œuvres, ou parfois en urgence leur sauvetage après un incendie, un dégât des eaux.

Visite vraiment passionnante qui allie une belle découverte de ce patrimoine et des métiers d'art liés à la restauration.

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

Le 12 janvier, visite guidée

de  l'exposition"Mimésis"

au  Centre Pompidou Metz.

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28 novembre 2022 1 28 /11 /novembre /2022 14:31

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Steve Mc Curry, Afghan girl, 1985.

Cette soirée proposée par LesArts57 et présentée par M. Eric Pedon, spécialiste de la photographie contemporaine, enseignant chercheur en information et communication à l’université, a réuni 29 personnes, ce lundi 14 novembre 2022, à Saulny.

Les images de reportage sont, pour nous, des témoignages, des preuves, ayant pour but d’informer les citoyens. Elles permettent de voir et comprendre le monde, et même son histoire grâce aux images d’archives.

Anonyme, Arrestation dans le ghetto de Varsovie, 1943. --- George R. Caron, Nagasaki bomb, 1945.

 

1 Place de la photographie d’information dans notre société.

 Notre environnement est saturé d’images fugaces que l’on consomme sans avoir le temps de se questionner. La presse est une industrie soumise à des logiques économiques. De nos jours, la couverture journalistique est en concurrence avec les réseaux sociaux. Le terme de couvrir a un double sens : révéler ou masquer une partie de la réalité. L’action politique, militaire se modèle selon leur capacité à devenir image d’actualité.

Malcolm Browne, The burning monk, 1963. --- Jeff Widener, Tank man, 1989. --- John Dominis, Podium du 200 m des Jeux Olympiques de 1968.

Une image doit savoir visualiser efficacement une situation complexe. Elle résulte du meilleur choix tenant compte des impératifs techniques, économiques, esthétiques, du point de vue du photographe et obéissant à la fonction précise assignée par le directeur de presse. Une photo de reportage de conflit peut être investie d’une forme de sentimentalité au détriment de l’information. Tendance à l’uniformisation des styles, recherche du déjà vu : par exemple actuellement, les photos d’immeubles détruits en Ukraine présents partout.

2 Photographie d’information et mémoire visuelle.

Le photojournalisme puise aussi dans la mémoire collective et utilise l’aspect mythique et symbolique des grands récits humains pour produire des images. Une photo apte à documenter l’actualité est une représentation potentiellement chargée de codes symboliques. Des photographies exemplaires qui parviennent à condenser le discours en dépassant les conditions qui les ont produites sont celles qui perdurent. Elles provoquent une interprétation plus large. Lecteur, spectateur appartiennent à une même culture visuelle, celle de l’icône qui valide la compréhension du monde. L’importance de l’image symbolique guide les critères artistiques et médiatiques.

Marcel Mochet, François Mitterrand et Helmut Kohl, lors d'une cérémonie en hommage aux victimes de la Première guerre mondiale, Verdun, 1984. --- John Moore, Crying Girl on the Border, 2018, World Press Photo 2019. --- Joël Robine, L’enfant somalien, 1992.

 

3 Catégorisation des images d’actualité.

  • Le hasard d’enregistrement : l’image relate l’événement avec un témoin au moment où il arrive.  C’est une coïncidence et plutôt une exception à la règle. L’instant décisif ne peut pas se reproduire, et forge la légende du photojournalisme. Ces clichés sont souvent primés par le prestigieux World Press Photo, concours annuel de photographie de presse, mondialement reconnu.
Peter Leibling, Hans Conrad Schumann, soldat de la RDA passe en RFA juste avant la construction du mur de Berlin, 1961. ---- Nick Ut, The terror of war, 1972. --- Malcolm Browne, The burning monk, 1963. --- Richard Drew, The falling man, 2001. Peter Leibling, Hans Conrad Schumann, soldat de la RDA passe en RFA juste avant la construction du mur de Berlin, 1961. ---- Nick Ut, The terror of war, 1972. --- Malcolm Browne, The burning monk, 1963. --- Richard Drew, The falling man, 2001.
Peter Leibling, Hans Conrad Schumann, soldat de la RDA passe en RFA juste avant la construction du mur de Berlin, 1961. ---- Nick Ut, The terror of war, 1972. --- Malcolm Browne, The burning monk, 1963. --- Richard Drew, The falling man, 2001. Peter Leibling, Hans Conrad Schumann, soldat de la RDA passe en RFA juste avant la construction du mur de Berlin, 1961. ---- Nick Ut, The terror of war, 1972. --- Malcolm Browne, The burning monk, 1963. --- Richard Drew, The falling man, 2001.

Peter Leibling, Hans Conrad Schumann, soldat de la RDA passe en RFA juste avant la construction du mur de Berlin, 1961. ---- Nick Ut, The terror of war, 1972. --- Malcolm Browne, The burning monk, 1963. --- Richard Drew, The falling man, 2001.

  • Le recours à l’anecdote : l’image est comprise d’un seul coup d’œil. Exemplaire, symbolique, comme la morale d’une fable, la photo est souvent construite avec thèse et antithèse : jeune femme face aux soldats, mains différentes…. Elle relate souvent une situation tragique et peut devenir mythique.
Elliot Erwitt, North Carolina, 1950. --- Mike Wells, Famine in Uganda, 1980. --- Marc Riboud, Washington, 1967.--- Thomas Hoepker, 11/9/2001.--- Valery Hache / AFP, Une policière fait face à l'artiste Deborah de Robertis, habillée en Marianne, lors d'une manifestation des "gilets jaunes" à Paris, le 15 décembre 2018.
Elliot Erwitt, North Carolina, 1950. --- Mike Wells, Famine in Uganda, 1980. --- Marc Riboud, Washington, 1967.--- Thomas Hoepker, 11/9/2001.--- Valery Hache / AFP, Une policière fait face à l'artiste Deborah de Robertis, habillée en Marianne, lors d'une manifestation des "gilets jaunes" à Paris, le 15 décembre 2018.
Elliot Erwitt, North Carolina, 1950. --- Mike Wells, Famine in Uganda, 1980. --- Marc Riboud, Washington, 1967.--- Thomas Hoepker, 11/9/2001.--- Valery Hache / AFP, Une policière fait face à l'artiste Deborah de Robertis, habillée en Marianne, lors d'une manifestation des "gilets jaunes" à Paris, le 15 décembre 2018.
Elliot Erwitt, North Carolina, 1950. --- Mike Wells, Famine in Uganda, 1980. --- Marc Riboud, Washington, 1967.--- Thomas Hoepker, 11/9/2001.--- Valery Hache / AFP, Une policière fait face à l'artiste Deborah de Robertis, habillée en Marianne, lors d'une manifestation des "gilets jaunes" à Paris, le 15 décembre 2018.
Elliot Erwitt, North Carolina, 1950. --- Mike Wells, Famine in Uganda, 1980. --- Marc Riboud, Washington, 1967.--- Thomas Hoepker, 11/9/2001.--- Valery Hache / AFP, Une policière fait face à l'artiste Deborah de Robertis, habillée en Marianne, lors d'une manifestation des "gilets jaunes" à Paris, le 15 décembre 2018.

Elliot Erwitt, North Carolina, 1950. --- Mike Wells, Famine in Uganda, 1980. --- Marc Riboud, Washington, 1967.--- Thomas Hoepker, 11/9/2001.--- Valery Hache / AFP, Une policière fait face à l'artiste Deborah de Robertis, habillée en Marianne, lors d'une manifestation des "gilets jaunes" à Paris, le 15 décembre 2018.

  • La puissance esthétique : une composition habile, un cadrage réussi, une belle lumière renforcent l’impact de la photo. La présence d’un personnage dans un environnement l’humanise.
    Eric Lafforgue, Corée du Nord, 2008-13. --- Roya Piraie s’est rasée le crâne sur la tombe de sa mère Kurde tuée de plusieurs balles lors des récentes manifestations en Iran, septembre 2022. --- John Steinmeyer, Des migrants africains tentent de capter le réseau téléphonique somalien (moins cher) depuis Djibouti, pour joindre leurs proches, février 2013, World Press Photo 2014.
Amber Bracken. World Press Photo 2022.

La référence picturale d’un clair-obscur, l’utilisation des couleurs, -le rouge de la robe- et la parfaite composition du cimetière canadien de jeunes filles donnent un caractère allégorique à cette photo. Les croix auxquelles ont été suspendues des robes, érigées le long d'une autoroute de Colombie-Britannique en mémoire des enfants indigènes décédés au pensionnat. L’arc-en-ciel plonge près du lieu du charnier. Cette macabre découverte a forcé les canadiens à affronter leur passé colonial

4   Images d’actualité et culture visuelle : Les références picturales.

Un réalisateur d’images, photographe, cinéaste s’inscrit dans une culture visuelle où des milliers d’images ont imposé un certain mode de fonctionnement. Peinture, BD, jeux vidéo, produisent des codes visuels souvent réutilisés par les producteurs d’images.

Le Titien, Le Christ au globe, vers 1520-1530. --- Alberto Korda, Guérillero héroïco, 1960. --- Jusepe De Ribera, Jésus Christ avec couronne d’épines, vers 1838.

 

La célèbre image du Che, Esnesto Guevara, acquiert une grande puissance visuelle par sa référence christique, visage émacié, barbe… pour obtenir ce résultat, la photo originale a été recadrée. Dans le même esprit, le cliché de sa dépouille diffusé par les autorités boliviennes rappelle les toiles de Rembrandt et Montegna.

Alberto Korda, Guérillero héroïco, 1960.

 

Rembrandt, La Leçon d’anatomie du Dr Nicholaes Tulp, 1632. --- Freddy Alborta, La dépouille du Che, 1967. --- Andrea Mantegna, Lamentations sur le Christ mort, 1480.

 

Stéphane Mahé, Le Crayon guidant le peuple, 2015.

 

Comment ne pas penser à La Liberté guidant le peuple de Delacroix devant ces photos de manifestations, hommage à Charlie, gilets jaunes…ou au Radeau de la Méduse de Géricault devant ce bateau de migrants, partagé de nombreuses fois sur les réseaux sociaux, couverture de l’Obs…

 

 

 

Sergey Ponomarev, Prix Pulitzer 2016, World press photo 2016. Des migrants accostent à Lesbos (Grèce), en provenance de Turquie, en novembre 2015.

Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple, 1830. --- Stéphane Mahé, Le Crayon guidant le peuple, 2015. --- Théodore Géricault, Le Radeau de la Méduse, 1818-19.
Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple, 1830. --- Stéphane Mahé, Le Crayon guidant le peuple, 2015. --- Théodore Géricault, Le Radeau de la Méduse, 1818-19.
Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple, 1830. --- Stéphane Mahé, Le Crayon guidant le peuple, 2015. --- Théodore Géricault, Le Radeau de la Méduse, 1818-19.
Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple, 1830. --- Stéphane Mahé, Le Crayon guidant le peuple, 2015. --- Théodore Géricault, Le Radeau de la Méduse, 1818-19.
Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple, 1830. --- Stéphane Mahé, Le Crayon guidant le peuple, 2015. --- Théodore Géricault, Le Radeau de la Méduse, 1818-19.
Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple, 1830. --- Stéphane Mahé, Le Crayon guidant le peuple, 2015. --- Théodore Géricault, Le Radeau de la Méduse, 1818-19.

Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple, 1830. --- Stéphane Mahé, Le Crayon guidant le peuple, 2015. --- Théodore Géricault, Le Radeau de la Méduse, 1818-19.

Le choix de certaines photos de presse ou d’affiches d’évènement ou de cinéma s’inspire d’images déjà produites auparavant. Des photos « stéréotypes » de guerre et de souffrance n’informent pas mais renvoient le spectateur aux codes qu’il connait. La photo de presse risque de ressasser toujours les mêmes motifs. Les emprunter à la peinture contribue à la lisibilité de l’évènement. La source d’inspiration majeure se trouve dans le répertoire iconographique chrétien.

Piétà de Giovanni Bellini, 1505. --- Pietà, Saint Pierre de Rome, Vatican, Michel-Ange, 1498-1500.

 

 La piétà, thème artistique dominant en peinture et sculpture aux 15-16ème siècle, est centré sur la douleur de la Vierge éplorée portant le corps sans vie du Christ. Au-delà de la religion, il représente la souffrance et l’amour d’une mère pour son enfant. La structure en triangle, bien équilibrée, est  très souvent reprise dans les photos d’actualité.

Paula Bronstein, The Silent Victims of a Forgotten War, Afghanistan, 2016.

 

Eugene Smith, Tomoko, Uemura in her bath, Minamata, Eugene Smith 1972. ---  S. Aranda, World Press Photo 2012, Fatima al-Qaws console son fils Saïd 18 ans, blessé lors d'une manifestation à Sanaa, au Yémen,15/10/2011. --- Manu Brabo, Un Alépin pleure son fils tué le 3/10/12 dans un attentat suicide, Alep, Syrie.

 

Le thème de la Vierge entourée de nombreuses personnes autour du corps est aussi utilisé dans de nombreux clichés actuels, exemple « la Piéta du Kosovo ».

Jean Fouquet, Piétà de Nouans, vers 1460-1465.

Eugene Smith, The wake, 1950. --- Ami Vitale, Cachemire, 2004. --- Therese Frare, David Kirby on his deathbed, Ohio, 1990. --- Georges Merillon, Veillée Funèbre au Kosovo,1990, World Press Photo 1991. --- Pascal Convert, “Pieta du Kosovo“, 1999-2000 (D'après la photographie “Veillée funèbre au Kosovo“ de Georges Merillon, 1990) Cire, résine et cuivre, 224x278x40 cm, Collection Mudam Luxembourg et Fnac.Eugene Smith, The wake, 1950. --- Ami Vitale, Cachemire, 2004. --- Therese Frare, David Kirby on his deathbed, Ohio, 1990. --- Georges Merillon, Veillée Funèbre au Kosovo,1990, World Press Photo 1991. --- Pascal Convert, “Pieta du Kosovo“, 1999-2000 (D'après la photographie “Veillée funèbre au Kosovo“ de Georges Merillon, 1990) Cire, résine et cuivre, 224x278x40 cm, Collection Mudam Luxembourg et Fnac.Eugene Smith, The wake, 1950. --- Ami Vitale, Cachemire, 2004. --- Therese Frare, David Kirby on his deathbed, Ohio, 1990. --- Georges Merillon, Veillée Funèbre au Kosovo,1990, World Press Photo 1991. --- Pascal Convert, “Pieta du Kosovo“, 1999-2000 (D'après la photographie “Veillée funèbre au Kosovo“ de Georges Merillon, 1990) Cire, résine et cuivre, 224x278x40 cm, Collection Mudam Luxembourg et Fnac.
Eugene Smith, The wake, 1950. --- Ami Vitale, Cachemire, 2004. --- Therese Frare, David Kirby on his deathbed, Ohio, 1990. --- Georges Merillon, Veillée Funèbre au Kosovo,1990, World Press Photo 1991. --- Pascal Convert, “Pieta du Kosovo“, 1999-2000 (D'après la photographie “Veillée funèbre au Kosovo“ de Georges Merillon, 1990) Cire, résine et cuivre, 224x278x40 cm, Collection Mudam Luxembourg et Fnac.Eugene Smith, The wake, 1950. --- Ami Vitale, Cachemire, 2004. --- Therese Frare, David Kirby on his deathbed, Ohio, 1990. --- Georges Merillon, Veillée Funèbre au Kosovo,1990, World Press Photo 1991. --- Pascal Convert, “Pieta du Kosovo“, 1999-2000 (D'après la photographie “Veillée funèbre au Kosovo“ de Georges Merillon, 1990) Cire, résine et cuivre, 224x278x40 cm, Collection Mudam Luxembourg et Fnac.

Eugene Smith, The wake, 1950. --- Ami Vitale, Cachemire, 2004. --- Therese Frare, David Kirby on his deathbed, Ohio, 1990. --- Georges Merillon, Veillée Funèbre au Kosovo,1990, World Press Photo 1991. --- Pascal Convert, “Pieta du Kosovo“, 1999-2000 (D'après la photographie “Veillée funèbre au Kosovo“ de Georges Merillon, 1990) Cire, résine et cuivre, 224x278x40 cm, Collection Mudam Luxembourg et Fnac.

Hocine Zaourar, Massacre à Bentalha, Algérie, 1997, « La madone de Bentalha », World press photo 1998.

La douleur de cette mère, saisie par Hocine Zaouar, en Algérie en 1997 évoque une Mater Dolorosa moderne. L’expression du visage, la lumière, le voile… rendent cette photo exceptionnelle et primée en 1998. Elle fait la une de 750 journaux internationaux et devient une image mythique et polémique. Pourtant sa genèse est discutable : L’AFP recadre, recentre les deux femmes, recolorise la photo sans demander l’avis de son auteur. Les couleurs plus chaleureuses, accentuent le caractère tragique. Elles esthétisent la douleur et rendent le cliché iconique, référence, plus ou moins consciente, de la Mater Dolorosa du Titien.

Titien, Mater Dolorosa, 1554. --- Hocine Zaourar, Massacre à Bentalha, Algérie, 1997. (photo originale).--- Revues de presse.--- Walid Bouchouchi, Mad’One, 2013. Titien, Mater Dolorosa, 1554. --- Hocine Zaourar, Massacre à Bentalha, Algérie, 1997. (photo originale).--- Revues de presse.--- Walid Bouchouchi, Mad’One, 2013.
Titien, Mater Dolorosa, 1554. --- Hocine Zaourar, Massacre à Bentalha, Algérie, 1997. (photo originale).--- Revues de presse.--- Walid Bouchouchi, Mad’One, 2013. Titien, Mater Dolorosa, 1554. --- Hocine Zaourar, Massacre à Bentalha, Algérie, 1997. (photo originale).--- Revues de presse.--- Walid Bouchouchi, Mad’One, 2013.

Titien, Mater Dolorosa, 1554. --- Hocine Zaourar, Massacre à Bentalha, Algérie, 1997. (photo originale).--- Revues de presse.--- Walid Bouchouchi, Mad’One, 2013.

Etonnant paradoxe de surnommer ce cliché, pris dans un hôpital d’Alger, « La madone de Bentalha ». Pourquoi utiliser cette référence chrétienne : la douleur des femmes, commune à toutes les cultures, ne relève pas d’une référence iconographique pieuse mais de l’antique tradition des pleureuses. A la sortie de la guerre, le motif de la femme souffrant est aussi très utilisé par les associations humanitaires.

Sandro Botticelli, La Vierge et l'Enfant, 1400-1425.---Edouard Boubat, Femme et son enfant, Bethléem, 1954.---Sebastiao Salgado, Ethiopie, 1984.

Dans le photojournalisme, certaines photos font aussi référence au thème de la Vierge à l’Enfant, ou de la Madone (= représentation de la Vierge).  Grand succès éditorial de la photo de la jeune japonaise, au milieu des décombres surnommée « La Madone du tsunami » en mars 2011. La photo fonctionne comme un décalque de la Vierge, image matricielle, facile à comprendre, elle incarne la souffrance du pays tout entier. Les photographes de presse savent quels clichés proposer : pour une agence, une bonne photo, c’est de l’information + de l’émotion.

Tadashi Okubo, « La Madone du tsunami », Yuko Sugimoto dans la ville d’Ishinomaki (Japon), le 13 mars 2011.

Actuellement, la publicité, le cinéma, les artistes s’emparent de ces thèmes en les détournant en images esthétiques sans rapport avec la religion.

L’artiste Gregor Podgorski réalise un pari fou pour le 500 ème anniversaire de Michel-Ange en photographiant 500 couples posant dans l’exacte attitude de la Pieta.

Gregor Podgorski, Pietà, 1998.
Gregor Podgorski, Pietà, 1998.
Gregor Podgorski, Pietà, 1998.
Gregor Podgorski, Pietà, 1998.
Gregor Podgorski, Pietà, 1998.

Gregor Podgorski, Pietà, 1998.

Gérard Rancinan - Les sœurs Williams, 2000.

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

En décembre

 Conférence « Les crèches »

 par Catherine Bourdieu au Temple, place de la comédie, Metz.

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17 novembre 2022 4 17 /11 /novembre /2022 10:05

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Photo Jean-Louis Ligiardi.

Jeudi 20 octobre 2022, 14h15, entrée principale du Cimetière de l’Est, LesArts57 ont rendez-vous avec Marie-Laure SCHUCK que nous retrouvons avec un très grand plaisir.

Malgré le temps un peu incertain, le groupe est complet. 25 personnes s’apprêtent à suivre notre guide-conférencière vers la partie la plus ancienne du cimetière, ouverte en 1834 sur le ban de Plantières et classée Monuments Historiques depuis 2003.

 

Le cimetière historique occupe une surface de 2 ha50 avec un plan rayonnant autour d’un cercle tandis que la partie plus moderne, au plan en damiers, s’est progressivement étendue sur 18 ha.

A l’époque romaine, pour des raisons sanitaires et religieuses, la loi interdit l’inhumation des défunts à l’intérieur de la cité. Des stèles de la nécropole sud, (la Horgne, le Sablon) sont conservées au musée de la Cour d’or.

Au 9 ème siècle les cimetières entrent dans la ville autour des églises. Au 11ème siècle, la ville ne comporte pas moins de 40 églises !

En 1552, après le siège de Metz et la victoire d’Henri II, la ville française devient ville militaire et se transforme. Les cimetières sont rejetés à la périphérie. Cimetière militaire, cimetière protestant, cimetière juif, cimetière des pestiférés, des décédés lors d’épidémies, des cimetières appartenant aux hôpitaux… tous sont installés à l’extérieur de l’enceinte de la ville.

Fin 18ème siècle, après la Révolution, les cimetières intra-muraux sont interdits pour des raisons d’hygiène. L’ingénieur Gardeur-Lebrun, chargé de leur extériorisation, doit envisager des emplacements à l’abri des inondations. Les 3 sites de Pontifroy-St Vincent, Chambières et Bellecroix sont retenus.

Photo Jean-Louis Ligiardi.

Photo Jean-Louis Ligiardi.

Au 19ème, les besoins d’inhumation sont grandissants et devant l’urgence suite à l’épidémie de choléra en 1832, un accord est finalement trouvé entre la municipalité et l’inspecteur de la voierie, M.Silly, propriétaire du terrain. Le 4 juillet 1834, le cimetière de l’Est ouvre ses portes. Il comprend l’entrée principale située rue du roi Albert, une entrée avenue de Strasbourg, murs d’enceinte, et maison du gardien. Une deuxième entrée, avenue de Strasbourg, sera ajoutée un peu plus tard, lors de la création du cimetière protestant.

Monument de Nicolas Jung, maire de Metz.Monument de Nicolas Jung, maire de Metz.Monument de Nicolas Jung, maire de Metz.

Monument de Nicolas Jung, maire de Metz.

Avant de s’engager vers la partie historique, nous passons près d’un grand monument en l’honneur de Nicolas Jung, maire de Metz, décédé en 1924. Joli médaillon en bronze, œuvre d’Emmanuel Hannaux.

 

 

En 1864, la fermeture du cimetière de Bellecroix entraine une première extension du cimetière et le rapatriement des sépultures. La plus ancienne est celle de l’évêque Nicolas Francin, décédé en 1802, en forme de pyramide en pierre de Jaumont, portant les attributs spécifiques : mitre, crosse, étole ...

Chapelle de la famille du Coëtlosquet.
Chapelle de la famille du Coëtlosquet.
Chapelle de la famille du Coëtlosquet.

Chapelle de la famille du Coëtlosquet.

Style néogothique pour cette chapelle construite début 20ème  par la famille du Coëtlosquet.  Issu d’une famille aristocratique, catholique, royaliste, originaire de la région de Morlaix, et fils de Caroline de Wendel, Maurice du Coëtlosquet, propriétaire du château de Mercy, était un érudit et grand bienfaiteur de la ville et de la région.  Les armes et la devise de cette famille comtale figurent sur le tympan  «  Franc et loyal ».

Les différentes typologies des tombeaux reflètent non seulement les convictions religieuses, politiques, mais aussi  la richesse des familles, leurs goûts artistiques…

Les allées du cimetière historique sont herbacées, et il est recommandé aux visiteurs d’être attentif aux chutes de pierre et de ne pas se promener entre les tombes.

Obélisque, référence à l’égyptomanie en vogue au 19ème pour la sépulture de cet illustre professeur d’histoire naturelle Dominique Henri Louis Fournel. Sous le nom, une urne recouverte du voile de douleur. Sur une face : palmier, coquillages, reptile, fossile d’ammonite, montrent ses centres d’intérêt, et le livre ouvert : référence à l’enseignement. Sur une autre paroi, le symbole de la franc-maçonnerie : triangle, équerre, compas … de la Loge des Amis de la Vérité. Sur un autre côté : Minerve, déesse antique de la sagesse, avec son animal, la chouette, posée sur son casque…

Obélisque H.L. Fournel - Colonne tronquée du Capitaine Rouge - Obélisque J.C. Daga.
Obélisque H.L. Fournel - Colonne tronquée du Capitaine Rouge - Obélisque J.C. Daga.
Obélisque H.L. Fournel - Colonne tronquée du Capitaine Rouge - Obélisque J.C. Daga.
Obélisque H.L. Fournel - Colonne tronquée du Capitaine Rouge - Obélisque J.C. Daga.
Obélisque H.L. Fournel - Colonne tronquée du Capitaine Rouge - Obélisque J.C. Daga.
Obélisque H.L. Fournel - Colonne tronquée du Capitaine Rouge - Obélisque J.C. Daga.

Obélisque H.L. Fournel - Colonne tronquée du Capitaine Rouge - Obélisque J.C. Daga.

A côté, une colonne tronquée signifie une mort prématurée, celle du capitaine d’artillerie Rouge, né à Rennes, victime de l’explosion d’une salle d’artifice à 40 ans en 1848 au Polygone à Metz. Plus loin un autre obélisque mortuaire celui de Joseph Charles Daga, médecin d’une grande notoriété, décédé en1850.

 

Tombe V. Desvignes. Ph. J.L. Ligiardi. Tombe Hortense Pêtre et Tombe J.A Lasaulce. Ph. C. Clément.
Tombe V. Desvignes. Ph. J.L. Ligiardi. Tombe Hortense Pêtre et Tombe J.A Lasaulce. Ph. C. Clément.
Tombe V. Desvignes. Ph. J.L. Ligiardi. Tombe Hortense Pêtre et Tombe J.A Lasaulce. Ph. C. Clément.
Tombe V. Desvignes. Ph. J.L. Ligiardi. Tombe Hortense Pêtre et Tombe J.A Lasaulce. Ph. C. Clément.
Tombe V. Desvignes. Ph. J.L. Ligiardi. Tombe Hortense Pêtre et Tombe J.A Lasaulce. Ph. C. Clément.
Tombe V. Desvignes. Ph. J.L. Ligiardi. Tombe Hortense Pêtre et Tombe J.A Lasaulce. Ph. C. Clément.

Tombe V. Desvignes. Ph. J.L. Ligiardi. Tombe Hortense Pêtre et Tombe J.A Lasaulce. Ph. C. Clément.

Sur la sépulture simple de Victor Desvignes, fondateur et directeur de l’école de musique de Metz, joli portrait réalisé de profil, à l’antique, dans un médaillon de bronze par Charles Pêtre. Musicien, il jouait du violon, fréquentait l’atelier de Maréchal, faisait partie de l’élite messine. Un peu plus loin, tombes d’Hortense Pêtre et de J.A. Lasaulce, directeur de l’Ecole Normale. Médaillons réalisés par Charles Pêtre.

 

 

Tombeau antiquisant en marbre du sculpteur Charles Auguste Pioche, qui a aussi beaucoup œuvré dans la ville. Sa fille a épousé Christophe Fratin, grand sculpteur animalier.

 

Immortalisé par cette belle sculpture en ronde bosse, le père Potot est né à Metz en 1771. Réalisée par Pierre Deny sur un bloc quadrangulaire en pierre d’Euville, Nicolas Marie Dieudonné Potot, est représenté priant, vêtu comme un jésuite, une jambe raide, suite à une blessure. Incroyable parcours : cet ancien avocat au parlement, « quitte la robe pour l’épée ». Puis chef de bataillon, mais après des blessures de guerre à la révolution, il « quitte l’épée pour le goupillon », et devient chanoine de la cathédrale de Metz. Personnage très important dans la ville, il œuvre pour un catholicisme social, ouvre une bibliothèque dans la paroisse de St Martin… Il meurt en 1837. Le vendredi saint, des chapelets sont encore accrochés à son pied, paraît-il, par des jeunes filles qui souhaitent se marier…

 

Etonnant tombeau aussi, cette jolie statue a perdu sa tête, mise à l’abri du vandalisme dans un local. D’inspiration grecque, cette femme assise pose sa main gauche sur un sablier, le coude repose sur une urne funéraire couverte d’un voile de douleur.

 

Œuvre du sculpteur Deny en pierre de Jaumont, c’est la tombe d’un médecin militaire, libre penseur François Mansuy Ramponi (1777—1858). Têtes hellénistiques et flambeaux renversés sur l’avant, vases grecs, épée et serpent dans un fronton…

Une grande chapelle d’inspiration égyptienne pour la famille Bouchotte. Elle ressemble à une mastaba sur degrés. Les nombreux éléments de décor sur le fronton : cercle solaire, têtes de faucon, ailes déployées évoquent l’égyptomanie dans le rite de la maçonnerie. Jean -Baptiste Bouchotte, né à Metz en 1754, hussard pendant les guerres de révolution, colonel, il a nommé Bonaparte officier. Ministre de la guerre en 1793-94. Ses frères et neveux furent aussi de grandes personnalités plutôt républicaines. La fille de sa sœur est Amable Tastu, poétesse messine. Il se retira à Ban st Martin et y mourut en 1840. Ce monument en pierre blanche d’Euville est l’œuvre de Charles Augustin Pioche.

Quelques temps après la visite guidée de la visite guidée du Cimetière de l'Est, le 20 octobre 2022.

 

Jolie sépulture de cette famille, pierre de Jaumont, flambeaux retournés. Laurier, sablier du temps sur le froton, urne et voile de tristesse sur la porte. La fonte ornée utilisée pour la porte provient de la fonderie de Vaucouleurs et témoigne de l’essor industriel et de la sidérurgie en cette période du second empire.

 

Magnifique sépulture pour Octavie Sturel-Paigné, peintre spécialiste de bouquets en pastel. Elle perd la vie lors de son 2ème accouchement à 34 ans, en 1834. La châsse-reliquaire en pierre de Jaumont, de style mosan (utilisé en orfèvrerie) renferme le sarcophage recouvert d’un voile. Décor raffiné, quadrilobé contenant ses initiales O-S-P.

Tombeau Félix Maréchal. Ph. J.L. Ligiardi. (1et4) - C.C. (2et3).Tombeau Félix Maréchal. Ph. J.L. Ligiardi. (1et4) - C.C. (2et3).
Tombeau Félix Maréchal. Ph. J.L. Ligiardi. (1et4) - C.C. (2et3).Tombeau Félix Maréchal. Ph. J.L. Ligiardi. (1et4) - C.C. (2et3).

Tombeau Félix Maréchal. Ph. J.L. Ligiardi. (1et4) - C.C. (2et3).

Plus moderne, le tombeau de Félix Maréchal, grande figure messine, maire de Metz de 1854 à 1871, médecin hygiéniste très engagé dans l’embellissement de la ville. L’épitaphe liste les nombreux titres et distinctions de cet homme brillant. Très beau buste en marbre blanc sculpté de Charles Pêtre.

 

Un peu endommagé par les bombardements de 1944, ce tombeau dédié à la famille Simon présente un petit air de ressemblance avec celui de Napoléon.  Famille de banquiers.

 

 

Cénotaphe de la famille de Claude Jacquemin, dont les membres sont enterrés au cimetière de Préville à Nancy. Ce monument commémore une famille d’architectes ayant beaucoup œuvré à Metz.

 

 

Sépulture originale, elle reproduit l’ancienne façade de l’église Ste Ségolène pour honorer l’abbé J.P. Martin, curé, archiprêtre de cette paroisse, vénéré, et décédé en 1868.

 

 

Etonnant aussi, ce monument rapatrié de Bellecroix, pour le Marquis J.J. de Foucauld, décédé en 1821. Colonel du génie, les emblèmes de sapeur : casque, cuirasse, fascine et gabion (tressage et muret de soutènement) … y sont sculptées de même ses distinctions honorifiques, légion d’honneur, couronne de laurier

Impressionnante chapelle funéraire de la famille Michels Maire, tanneurs. D’inspiration médiévale, style néo-roman, la partie supérieure ressemble à un clocher alsacien (église de Kaysersberg), architecte Claude Jacquemin et entrepreneur Thiébaut. Sculptures raffinées, les pommes de pin, symbole d’immortalité. Vitraux de L.C. Maréchal.

 

 

Ph. J.L. Ligiardi.                                                          Ph. C.C.

Cette sorte de lanterne des morts style gothique flamboyant (rappelant celui de la basilique d’Avioth en Meuse) contient un vase recouvert d’un voile de douleur. Cénotaphe pour une jeune fille décédée à 17 ans : Constance Holandre. Suite à son décès en 1842, ses parents font construire l’Orphelinat de Sainte Constance pour jeunes filles, rue St Marcel, près du lycée Fabert.  Jean-Jacques Holandre, pharmacien-naturaliste, bibliothécaire de la ville de Metz est, entre autres, fondateur de la Société d’histoire naturelle de la Moselle et de la Societé d'horticulture de la Moselle. Leurs portraits peints par A.Hussenot récemment redécouverts et restaurés sont accrochés dans le hall du foyer Sainte Constance ( déplacé au Sablon).  Famille Holandre-Piquemal.

Cénotaphe de Constance Holandre. Edicule néogothique famille Gautiez.
Cénotaphe de Constance Holandre. Edicule néogothique famille Gautiez.
Cénotaphe de Constance Holandre. Edicule néogothique famille Gautiez.
Cénotaphe de Constance Holandre. Edicule néogothique famille Gautiez.
Cénotaphe de Constance Holandre. Edicule néogothique famille Gautiez.
Cénotaphe de Constance Holandre. Edicule néogothique famille Gautiez.

Cénotaphe de Constance Holandre. Edicule néogothique famille Gautiez.

Style différent pour cet édicule néogothique surmonté d’un christ en croix de la famille de l’architecte Charles Gautiez qui a beaucoup œuvré dans la ville. 

Originale aussi la sépulture de Casimir Oulif,  célèbre photographe messin. Elle imite un enrochement d’écorce de bois, et une croix, le tout en ciment. Etienne Casimir Oulif invente et améliore des procédés photographiques, réalise des portraits remarquables. Installé rue des jardins, il décède au moment où se prépare l’exposition universelle de Metz, en mars 1861, à 56 ans. Son fils le remplacera. Epitaphe touchante : « Son fils regrette en lui le meilleur des pères et ses amis l’homme de bien  l’artiste aussi modeste qu’éminent. »

 

 

Quelques  tombes allemandes témoignent de la période d’annexion après 1870.

 

 

Dans la partie protestante, style différent encore pour le caveau de la famille Amos, brasseurs bien connus.

Ph. J.L. Ligiardi

 

Plus récent et plus moderne, ce tombeau en granit noir porte un joli médaillon en marbre blanc, de style Art nouveau, et une douleur, sculpture de jeune femme à taille humaine tenant un livre. Katharina Antonowitsch, est morte prématurément à 31 ans en 1912. Son époux, commerçant de confiseries, rue Serpenoise a aussi un destin tragique. Il est assassiné par des voleurs en 1919.

Très intéressante balade, où chaque tombe nous fait découvrir la personne, son âge, sa profession, ses goûts, ses distinctions… maires, notables, curés, évêques, militaires, entrepreneurs, architectes, peintres, sculpteurs, tanneurs, pépiniéristes … qui ont participé à la vie de la cité racontant un peu l’histoire de Metz au 19 ème siècle.

Ph. J.L. Ligiardi

Dans le temps imparti, Marie-Laure a pu nous faire admirer de nombreux styles de tombeaux bien différents reflétant les courants artistiques du 19ème : néo-roman, néo-gothique, d’inspiration grecque, romaine, égyptienne ou certains plus originaux, …  et nous donne envie de revenir se promener, profiter de la sérénité de ces lieux au milieu des belles pierres sculptées parfois habillées de lierre, vigne vierge, ou clématite

 

 

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

En décembre :  Conférence « Les crèches »

 par Catherine Bourdieu au Temple, place de la comédie, Metz.

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16 octobre 2022 7 16 /10 /octobre /2022 10:00

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Xenia - Corbeille avec figues – Pompéi

Xenia - Corbeille avec figues – Pompéi

Lundi 26 septembre, soirée programmée par LesArts57 et Les Amis du Temple de Longeville-les-Metz « Point Orgue ».  En cette rentrée 2022, 47 personnes ont bravé une pluie battante pour retrouver avec un très grand plaisir Catherine BOURDIEU, maîtresse de conférence en histoire de l'art à l'Université de Lorraine. Par quelques mots d’accueil chaleureux, Martine remercie les adhérents pour leur fidélité et trace le programme à venir.

Le sujet choisi pour cette conférence fait écho à l’exposition « Les Choses. Une histoire de la nature morte depuis la préhistoire. » au Louvre, jusqu’au 23-01-2023.

Une nature morte désigne une image, dessinée, peinte, sculptée ou en mosaïque qui représente des objets inanimés. Elle peut être soit un élément dans un tableau soit une composition d’objets présentés pour eux-mêmes. Le terme d’objet inclut la faune et la flore. On parlait de « choses naturelles » au XVI ème ou de « nature inanimée » au XVIII ème.

A l’époque romaine, le thème des xenia se retrouve fréquemment sur des peintures ou des mosaïques. Les xenias sont des présents (souvent des aliments) offerts par le maître de maison à ses invités.

Nature morte avec des œufs et une cruche de lait - Pompéi, Villa di Giulia Felice --- Xenia - Champignons - Saint-Romain-en-Gal, près de Vienne en France.

 

 

Ce Memento mori illustre le devenir de l’être humain : l’équerre, où pend le fil à plomb, symbolise l’équilibre du monde. Le crâne, entouré par des vêtements rouges à gauche (richesse) et des haillons à droite (pauvreté), rappelle que la mort nous rend égaux. Au-dessous une roue de la fortune évoque les aléas de la vie, et le papillon prêt à s’envoler, l’âme humaine.

Memento mori, Villa des maçons, Pompéi, musée Naples.

XIVème siècle. Pendant la longue période du moyen-âge, les objets servent de symboles, d’attributs pour identifier les personnages dans des scènes. L’objet isolé, représenté pour lui-même apparait dans la peinture, au tout début du XIVème, dans les fresques de la chapelle Scrovegni à Padoue. Peintes par Giotto, des loggias en trompe-l’œil abritent un lustre en fer forgé dans certains compartiments. La chambre du palais des papes à Avignon, un peu plus tard, est ornée de cages à oiseaux vides suspendues.

Chapelle Scrovegni – 1. chœur --- 2. lustre --- 3. Palais des papes, chambre - cages

XVème siècle. Le genre de la nature morte apparait plus précisément dans des œuvres de marqueterie en Italie. Les motifs sont réalisés grâce à l’incrustation de lamelles de bois de différentes essences, taillées et assemblées.

   Manetti, Sacristie cathédrale Florence.  -  Studiolo d'Urbino de Fréderic III, 1470.

En 1436, Antonio Manetti réalise une belle série de placards en trompe l’œil, dans la sacristie de la cathédrale de Florence. Les portes à claire-voie entrouvertes laissent apparaitre des objets liturgiques. Cette œuvre crée une émulation parmi les princes italiens qui en font orner leur cabinet de travail ou studiolo. La corbeille de fruits est un motif très prisé ainsi que la cage à oiseaux, véritable défi pour sa représentation spatiale.

En France, Flandre et Allemagne, les peintres utilisent aussi rayonnages, empilements de livres et objets divers pour créer l’environnement de leurs scènes historiées ou le revers de leurs panneaux.

Barthélémy d'Eyck, Triptyque de l'Annonciation d’Aix, 1442-1445.

 

Revers d’un portrait de la Vierge, cette composition d’un peintre anonyme, reprend le motif de la serviette blanche sur un porte serviette en bois, motif connu et utilisé dans L’Agneau mystique de Jan Van Eyck (1432). La niche, découverte par le rideau tiré, montre en outre un empilement de livres sur une étagère, une cruche en cuivre dans un bassin.(1470).

 

Van Eyck, L'Agneau mystique (fermé) - Niche avec bassin. 1432. Gand --- Anonyme, Bassin et broc en cuivre, 1470/80. Rotterdam.

 

Intéressant tableau : il n’est le revers d’aucune scène. L’artiste maîtrise la perspective avec le placard entrouvert, la clé dans la serrure, les ombres portées. Les objets se rapportent à la pharmacie : pot, bouteille dont l’étiquette indique un remède contre les maux de dents, un bézoard, concrétion du système digestif très prisée par les collectionneurs… Ce tableau aurait été une commande spécifique et souligne le changement de statut des compositions d’objets.

Anonyme, Nature morte aux bouteilles et aux livres, 1470, musée Unterlinden, Colmar.

 XVI ème siècle. Longtemps considéré comme la première nature morte de l’époque moderne, ce tableau, dû à Jacopo de Barbari, date de 1504. Sur le fond peint en imitation bois, un clou retient des gantelets d’armure, une perdrix et un trait d’arbalète. Un petit billet en bas à droite porte l’inscription « Jac de Barbari P. 1504 ». C’est bien une œuvre indépendante conçue à partir de plusieurs trompe-l’œil : le fond, les 3 objets suspendus et le petit billet plié en quatre qui porte la signature.

Jacopo de Barbari, Nature morte avec perdrix et gants de fer. 1504, Alte Pinakotek, Munich.

Plusieurs thèmes apparaissent récurrents dès cette époque : peinture de fleurs, de fruits, nature morte inversée, trophée, vanités.

Au milieu du XVIème, les peintres flamands développent un nouveau procédé : la nature morte inversée. L’essentiel de la surface du tableau est occupé par une nature morte tandis qu’une petite scène religieuse existe à l’arrière-plan.

Pieter Aertsen, L'Etal du boucher avec la Sainte Famille faisant l’aumône durant la fuite en Egypte, 1551, Uppsala University, Suède.

Abondance de quartiers de viande, saucisses, volailles, crème, bretzels, tête de porc, tête de bœuf, poissons séchés ou frais… une inscription sur un panneau à droite rappelle l’obsession humaine pour le profit. Sur la poutre est gravée la date : 1551.

En arrière-plan, trois ouvertures : à droite une petite scène devant la taverne : un valet remplit d’eau une cruche près du puits, des coquilles de moules et d’huitres au sol, à gauche un paysage avec une église et au centre la scène religieuse. Se rendant à l’église, un cortège de paroissiens croise la Sainte Famille, saint Joseph conduisant l’âne qui porte la Vierge tenant l’Enfant emmailloté. Un garçon demande l’aumône, elle lui donne un pain, symbole de l’Eucharistie.

Tous les personnages y compris la Sainte Famille portent des costumes flamands de l’époque du tableau. Ce procédé permet de créer une proximité entre le divin et les croyants. Ce tableau dans lequel la question de nourriture est au cœur du symbole spirituel opposant abondance et pauvreté, a connu un grand succès.  Il en existe 4 versions un peu différentes, ce ne sont pas des copies, elles ont sans doute été l’objet de commandes.

 

Le château de La Bastie d’Urfé, demeure prestigieuse et raffinée construite dans le Forez, contient des stalles de grande qualité. Un des panneaux présente des figures géométriques, bel exemple de trophée de mathématiques.

 

XVII ème siècle. Période la plus féconde pour la nature morte, les thèmes s’enrichissent : animaux aquatiques, fruits, fleurs, insectes, gibier, victuailles, bodegon, nature morte inversées, épices, objets, allégories, vanités, trompe-l’œil.

Les représentations de nature mortes liées aux études scientifiques dans différents domaines ont souvent une place de choix dans les cabinets de curiosités.

Clara Peeters, spécialiste de nature morte signait ses tableaux en plaçant son autoportrait dans les reflets métalliques des objets. Grande précision de la peinture flamande.

Clara Peeters, Table, 1611, Madrid, Prado - Nature morte avec poissons, écumoire, artichauts, crabes et crevettes-Nature morte avec fleurs et orfèvrerie, Karlsruhe - Nature morte avec fromages, amandes et bretzels, la Haye.
Clara Peeters, Table, 1611, Madrid, Prado - Nature morte avec poissons, écumoire, artichauts, crabes et crevettes-Nature morte avec fleurs et orfèvrerie, Karlsruhe - Nature morte avec fromages, amandes et bretzels, la Haye.
Clara Peeters, Table, 1611, Madrid, Prado - Nature morte avec poissons, écumoire, artichauts, crabes et crevettes-Nature morte avec fleurs et orfèvrerie, Karlsruhe - Nature morte avec fromages, amandes et bretzels, la Haye.
Clara Peeters, Table, 1611, Madrid, Prado - Nature morte avec poissons, écumoire, artichauts, crabes et crevettes-Nature morte avec fleurs et orfèvrerie, Karlsruhe - Nature morte avec fromages, amandes et bretzels, la Haye.
Clara Peeters, Table, 1611, Madrid, Prado - Nature morte avec poissons, écumoire, artichauts, crabes et crevettes-Nature morte avec fleurs et orfèvrerie, Karlsruhe - Nature morte avec fromages, amandes et bretzels, la Haye.

Clara Peeters, Table, 1611, Madrid, Prado - Nature morte avec poissons, écumoire, artichauts, crabes et crevettes-Nature morte avec fleurs et orfèvrerie, Karlsruhe - Nature morte avec fromages, amandes et bretzels, la Haye.

1 les animaux aquatiques.

Fils d’un cuisinier d’Anvers, Frans Snyders mélange poissons de mer, de rivière, entiers ou découpés, crustacés, tortue, un phoque et un chat vivants. Les postures sinueuses, contours et couleurs offrent de belles possibilités graphiques.

Frans Snyders, L'étal de poissons. 1618-21, Saint-Pétersboug.

 

 

 

Scène tout en légèreté, transparence et délicatesse : fleurs, verre raffiné rempli de vin blanc, assiette en étain, petits oignons et crevettes aux reflets superbement réalisés.

Frans Ykens, Nature morte aux crevettes.

 

 

Balthasar van der Ast, Nature morte de fleurs, coquillages et insectes--Abraham Susenier, Nature morte avec coquillages--Jan Pauwel Gillemans le Jeune, Nature morte--Ulricht Ment, Nautile.1620-25. Louvre.
Balthasar van der Ast, Nature morte de fleurs, coquillages et insectes--Abraham Susenier, Nature morte avec coquillages--Jan Pauwel Gillemans le Jeune, Nature morte--Ulricht Ment, Nautile.1620-25. Louvre.
Balthasar van der Ast, Nature morte de fleurs, coquillages et insectes--Abraham Susenier, Nature morte avec coquillages--Jan Pauwel Gillemans le Jeune, Nature morte--Ulricht Ment, Nautile.1620-25. Louvre.
Balthasar van der Ast, Nature morte de fleurs, coquillages et insectes--Abraham Susenier, Nature morte avec coquillages--Jan Pauwel Gillemans le Jeune, Nature morte--Ulricht Ment, Nautile.1620-25. Louvre.

Balthasar van der Ast, Nature morte de fleurs, coquillages et insectes--Abraham Susenier, Nature morte avec coquillages--Jan Pauwel Gillemans le Jeune, Nature morte--Ulricht Ment, Nautile.1620-25. Louvre.

Les coquillages très prisés par les collectionneurs sont traités avec le même souci du détail, parfois mêlés à des fleurs, insectes… comme pour illustrer un catalogue, ou parfois pour eux-mêmes, dans une composition les mettant en valeur par des tissus chatoyants. La coquille des nautiles, plus précieuse, est représentée soit dans son état naturel soit transformée en objet d’orfèvrerie.

2 Fruits.

Caravage, Corbeille de fruits, vers1597. Milan.

Le peintre Caravage trouvait aussi difficile de représenter une composition florale que des personnages ! La corbeille posée sur une tablette en léger débordement, met en place l’espace. Les fruits, pommes, poires, raisins, figues, pêches sont plus ou moins mûrs, certains portent des traces de morsures d’insectes, le tout bien mis en valeur par le jaune pâle du mur. La position de la corbeille à hauteur des yeux lui confère une monumentalité inédite. Ce thème de la corbeille va être souvent repris dans la représentation de nature morte de fruits.

Louise Moillon, Nature morte aux mûres avec des abricots, Toulouse --- Nature morte aux cerises, fraises et groseilles.1630, Californie.

 

 En France, Louise Moillon, est très adroite pour restituer les couleurs, textures, reflets et certains jolis détails comme les perles de rosée.  En isolant les divers contenants avec des feuillages débordants, sans les lier, ils acquièrent aussi une certaine monumentalité.

3 Fleurs.

Thème le plus infini de la nature morte, les fleurs représentées en bouquets, guirlandes, pentes, couronnes ou parsemées témoignent de connaissances en botanique, en symbolisme… Les tulipes cultivées en Hollande, au XVII ème sont rares et coûteuses. Peu accessibles et fragiles, elles figurent sur les tableaux, qui préservent leurs couleurs et deviennent impérissables pour leurs collectionneurs.

Johannes Bosschaert, Nature morte avec tulipes. 1628 Stockholm -- Jacob Marrel, Nature morte. -- Bernardo Strozzi, Nature morte.1630.

Cette brassée de tulipes est comme plantée dans un jardin avec ses hôtes : grenouille papillon, limace…  Une belle tulipe flammée rouge et blanche couronne cette jolie composition. Nombreuses variétés de fleurs, qui occupe tout l’espace de la niche. Une fine tige de myosotis s’en est échappée de même que des insectes ….

4 Peintures d’insectes.

Jan I van Kessel, Insectes et branche de groseilles, 1657 --Jan I van Kessel, Insectes et branche de myosotis.

Ces petites huiles sur cuivre, présentent divers insectes autour d’une branche de groseilles ou de myosotis et correspondent à une curiosité naturaliste.

5 Gibier.

Le thème du gibier est un des grands sujets de la nature morte si bien que l’on confond parfois l’idée de gibier mort et la définition de nature morte. L’étude de ces animaux, leurs volumes, leurs formes, leurs couleurs, leur pelage, leur plumage, nécessite une grande capacité d’observation.

 

Elève de Rubens, Frans Snyders se spécialise dans les natures mortes de gibier. La chasse fait référence à une catégorie privilégiée de la société, il ajoute à ses toiles des aliments rares : artichauts, asperges, et des objets raffinés : vase, rafraichissoir en cuivre  ...

 

Frans Snyders, Nature morte de gibier, Musée de la chasse.

6 Les victuailles.

Georg Flegel, Nature morte aux œufs. Vers 1600. Prague - Lubin Baugin, Le Dessert de gaufrettes. 1630. Louvre.

Repas appétissant sublimé par le peintre. Deux gros œufs dont le blanc frise sur les bords de l’assiette, le pain à la mie souple, le verre de vin ambré et bien positionné, dans un vase raffiné, un œillet qui équilibre le tout par sa couleur et ses proportions.

Nature morte très puissante. Le dépouillement, la monumentalité des objets, le contraste des substances, des coloris, la transparence du verre, … tout concourt à sublimer ces gaufrettes blondes, disposées délicatement. Importance des ombres portées des objets (y compris celle du verre plus sombre sur celle plus claire de la pièce).

Anonyme espagnol, Bodegon, 1610-1625, Rotterdam.

7 Bodégon.

Le bodégon est un genre de la nature morte spécifique de l’Espagne du XVII ème. Les sujets portent sur l’alimentation, les scènes de cuisine avec présence de personnages, éclairage en clair-obscur.

Le cuisinier souriant présente un grand bol rempli d’un liquide sombre, (vin ou sauce ?). Il est debout derrière une table remplie de victuailles, cailles, maquereaux, citron coupé, canard, tête de dinde, fromage, quartier de viande, petits pains, poisson, cruche…  Par l’alignement des objets suspendus, leur immobilité, le clair-obscur puissant, … il se dégage de ce tableau une atmosphère austère.

8 Nature morte inversée.

 

La scène est située à Séville. La cuisinière prépare une marinade pour mieux conserver le poisson. Il semble que ce soit la première représentation de piment dans la peinture espagnole.

Velasquez, Le Christ dans la maison de Marthe et Marie, 1618, Londres.

 

9 Les épices.

Pieter Claesz, Nature morte aux huitres, (poivre) 1633. --- Nature morte, 1625, (sel). --- Anonyme, Fraises dans un saladier, Quimper, (pain de sucre).
Pieter Claesz, Nature morte aux huitres, (poivre) 1633. --- Nature morte, 1625, (sel). --- Anonyme, Fraises dans un saladier, Quimper, (pain de sucre).
Pieter Claesz, Nature morte aux huitres, (poivre) 1633. --- Nature morte, 1625, (sel). --- Anonyme, Fraises dans un saladier, Quimper, (pain de sucre).

Pieter Claesz, Nature morte aux huitres, (poivre) 1633. --- Nature morte, 1625, (sel). --- Anonyme, Fraises dans un saladier, Quimper, (pain de sucre).

Le poivre était contenu dans de petits sachets en papier, le sel dans des salières (en argent souvent), et le sucre était vendu en pain chez l’apothicaire.

10 Objets.

Parfois jugées austères, les natures mortes d’objets peuvent se révéler lumineuses et décoratives.

 

Sébastien Stoskopff, Nature morte de verres dans un panier, 1644, Strasbourg. --- Meiffren Conte, Nature morte au chandelier d'argent. Versailles.

Composition étonnante que cet empilement de verres dans une corbeille en fin de repas. Avec beaucoup de talent, ce peintre strasbourgeois représente plusieurs niveaux de transparence, que les montures en orfèvrerie et la corbeille dorée illuminent encore davantage.  Rare tableau qui conserve le souvenir de La Grande Argenterie, un chandelier et 2 aiguières réalisés en argent massif pour Louis XIV. Installée à Versailles entre 1682 et 1689, elle fut fondue pour financer la guerre de la Ligue d’Augsbourg.

11 Allégories.

Dans les peintures, le langage allégorique est riche, et plaisant à déchiffrer. Une allégorie est une image à laquelle on trouve une signification différente entre la première et la seconde lecture.

Composition très élégante grâce à la couronne de fleurs posée en biais, en équilibre sur une coupe d’orfèvrerie. Par la douceur de l’éclairage et le rendu de ses couleurs, ce peintre était surnommé le « Brueghel de velours ». Œillets, roses, anémones, pervenches, renoncules, muguets, myosotis, aubépine et tulipes, sont peintes à partir de fleurs naturelles. Sur la table, dans une boite à bijoux : bague en or, pièces de monnaie, collier de perles, deux bracelets identiques en or sertis d’agate. A cette époque, les femmes portaient les mêmes bracelets aux deux poignets. A côté de la boite, d’autres bijoux, dont une épingle à cheveux dorée à perles. Souvent placée à côté du chapeau, l’épingle à cheveux changeait de côté le jour du mariage. La présence du collier de perles, de la couronne de fleurs, et de l’épingle à cheveux évoquent une allégorie du mariage.

Brueghel l'Ancien, Nature morte à la guirlande de fleurs et coupe en or.1618, Bruxelles.

12 Vanités.

Une Vanité est une allégorie centrée sur la condition de l’être humain, la futilité des biens terrestres et la fragilité de la vie humaine.

Edwart Collier, Vanité, 1662, Amsterdam --- Edwart Collier, Vanité, 1698.

Dépassant d’un gros livre aux fermoirs d’argent, l’inscription signifiant « Vanité des vanités, tout est vanité » transforme ce cabinet de curiosité en un tout autre symbole.  Sur cette autre toile, les symboles de la vanité sont nombreux : montre, crâne, bulles de savon, bougie éteinte encore fumante… et l’inscription signifiant « personne ne peut être appelé heureux avant sa mort » !

 13 Trompe-l’œil.

Le trompe-l’œil consiste à brouiller les limites entre un espace réel et un espace fictif suggéré grâce à la perspective mathématique.

Domenico Remps, Cabinet de curiosités, 1689. Florence.

Le meuble représenté est un cabinet de curiosités. Le collectionneur s’efforce de rassembler des objets rares, surprenants. Une collection comporte 4 thèmes :

  • des naturalia,  d’origine animale, végétale ou minérale,
  • des artificiala : objets façonnés par exemple des médailles,
  • des scientifica, instruments scientifiques,
  • des exotica : animaux ou plantes exotiques, objets ethnographiques.

 

 

XVIII ème siècle.

Le XVII ème siècle semble avoir presque tout inventé. Les peintres du XVIII ème enrichissent leur palette. Quelques innovations liées à l’intérêt pour les sciences naturelles …

Jean Baptiste Oudry, spécialiste des scènes de chasse, peint pour Louis XV, six trophées de cerfs en trompe-l’œil, les Bois Bizarres, conservés au château de Fontainebleau. 

L’inscription sur une petite feuille de papier clouée : « Teste bizarre d’un cerf pris par le Roy le 3 juillet 1741. »

J.B. Oudry, Bois de cerf bizarre sur un fond de planches, 1741, Fontainebleau.

 

En Italie, Bartolomeo Bimbi, peintre attitré duc de Médicis réalise des tableaux de fleurs, fruits et d’animaux. Ces toiles, d’intérêt scientifique étaient destinées aux différentes villas.  Les productions des domaines, différentes variétés de poires, raisins, figues, agrumes… étaient détaillées et listées sur un cartouche, sur un socle… les numéros indiqués dans des petits cercles sur les fruits. Cet ensemble de natures mortes conserve ainsi la mémoire de la richesse et de la diversité de la culture agricole en Toscane.

 

Giusto Utens, Villa di Castello - Villa Ambrogiana. --- Bartolomeo Bimbi, Poires --- Grappes de raisin --- Figues, 1696 --- Oranges, citrons verts, citrons et lumies. 1715.  Villa Poggio a Caiano.
Giusto Utens, Villa di Castello - Villa Ambrogiana. --- Bartolomeo Bimbi, Poires --- Grappes de raisin --- Figues, 1696 --- Oranges, citrons verts, citrons et lumies. 1715.  Villa Poggio a Caiano.
Giusto Utens, Villa di Castello - Villa Ambrogiana. --- Bartolomeo Bimbi, Poires --- Grappes de raisin --- Figues, 1696 --- Oranges, citrons verts, citrons et lumies. 1715.  Villa Poggio a Caiano.
Giusto Utens, Villa di Castello - Villa Ambrogiana. --- Bartolomeo Bimbi, Poires --- Grappes de raisin --- Figues, 1696 --- Oranges, citrons verts, citrons et lumies. 1715.  Villa Poggio a Caiano.
Giusto Utens, Villa di Castello - Villa Ambrogiana. --- Bartolomeo Bimbi, Poires --- Grappes de raisin --- Figues, 1696 --- Oranges, citrons verts, citrons et lumies. 1715.  Villa Poggio a Caiano.
Giusto Utens, Villa di Castello - Villa Ambrogiana. --- Bartolomeo Bimbi, Poires --- Grappes de raisin --- Figues, 1696 --- Oranges, citrons verts, citrons et lumies. 1715.  Villa Poggio a Caiano.

Giusto Utens, Villa di Castello - Villa Ambrogiana. --- Bartolomeo Bimbi, Poires --- Grappes de raisin --- Figues, 1696 --- Oranges, citrons verts, citrons et lumies. 1715. Villa Poggio a Caiano.

XIX ème siècle.

Manet peint de nombreuses natures mortes au début de sa carrière avant 1870 puis à la fin de sa vie. Il en place dans des compositions plus vastes : le petit bouquet de fleurs et les oranges dans le compotier dans Un bar aux Folies Bergère. Il peint aussi des poissons, fruits, légumes ou fleurs souvent des petits formats, cadeaux pour ses amis.

Manet, Un Bar aux Folies Bergère. 1881, Londres.

Manet, Vase de pivoines sur piédouche, 1864. Grand palais, Paris. --- Œillets et clématite dans un vase de cristal, v.1882 --- Une Botte d'asperges, 1880. --- L'Asperge, 1880.
Manet, Vase de pivoines sur piédouche, 1864. Grand palais, Paris. --- Œillets et clématite dans un vase de cristal, v.1882 --- Une Botte d'asperges, 1880. --- L'Asperge, 1880.
Manet, Vase de pivoines sur piédouche, 1864. Grand palais, Paris. --- Œillets et clématite dans un vase de cristal, v.1882 --- Une Botte d'asperges, 1880. --- L'Asperge, 1880.
Manet, Vase de pivoines sur piédouche, 1864. Grand palais, Paris. --- Œillets et clématite dans un vase de cristal, v.1882 --- Une Botte d'asperges, 1880. --- L'Asperge, 1880.

Manet, Vase de pivoines sur piédouche, 1864. Grand palais, Paris. --- Œillets et clématite dans un vase de cristal, v.1882 --- Une Botte d'asperges, 1880. --- L'Asperge, 1880.

Le vase de pivoines est spectaculaire par son format plus imposant (93x70 cm), cadrage serré, fleurs qui se fanent, pétales tombés sur le meuble. L’anecdote de la botte d’asperges commandée par C. Ephrussi est connue. Tellement satisfait, il lui paye 1000 francs au lieu des 800 convenus. Manet lui renvoie alors un petit tableau d’une asperge avec ce billet : « Il en manquait une à votre botte ».

Encore une fois, Catherine a rendu ce sujet qui, au départ, pouvait sembler un peu austère, vraiment   passionnant et riche de découvertes originales.  Quelques mots pour terminer :  Marianne informe que l’orgue est enfin restauré, mais ATL continue ses actions et organise, au Temple de Longeville, des concerts, expositions et conférences intéressantes à venir.

Prochaines rencontres avec Les Arts 57 :

Le 14 novembre 2022, 20h, à Saulny.

 Conférence « Photographie contemporaine »

 par M. Eric Pedon

Réservation obligatoire par mail ou par tél.

lesarts57@gmail.com      ou tél.   03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

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Donner le goût de découvrir, de même que les clés pour comprendre, apprécier et porter un jugement critique seront les objectifs de ce cycle de  conférences dans nos villages.

 

Le but est également de réunir, dans nos villages, des personnes partageant la même passion.

 Nous programmons au moins quatre rencontres par an et organisons deux  à trois visites guidées en fonction des événements culturels  dans la Région.

 

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Vice-présidente :         Chantal RENNER   

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Assesseur :                  Catherine BOURDIEU  

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