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29 janvier 2019 2 29 /01 /janvier /2019 12:21
Peter Doig, Milky Way (Voie lactée) 1990.

 

Après les traditionnels  échanges de bons vœux, les deux  groupes, une soixantaine  de personnes, démarrent  la visite organisée par Les Arts 57 au 2ème étage, immergés dans un espace noir.

L’exposition, répartie sur deux niveaux, 200 œuvres, 100 artistes  est  source  de trois grands vertiges :

le premier visuel : la nuit transforme notre perception,

le deuxième induit des changements de comportement : angoisses, insomnies…

 le troisième  est le vertige du cosmos et la place de l’homme dans l’univers.

Dans l’obscurité, une fois l’œil habitué, d’innombrables  petites lumières agitées, en réalité  de  minuscules lucioles, forment comme une carte du ciel vivante, en mouvement permanent. Cette vidéo de Jennifer  Douzenel  a été  filmée en Malaisie sur un bateau au bord de la mangrove.  « Kelip », titre de l’œuvre signifie luciole en malais.

Se perdre dans la nuit.

Le parcours de l’exposition est conçu comme une expérience de la traversée de la nuit. La première galerie est dessinée comme une ville dans laquelle on déambule, jusqu’à arriver à son extrémité face à un grande espace dédié au monde du rêve et aux liens avec  le surréalisme.

Winslow Homer, Nuit d'été, 1890. Orsay.

Chef-d’œuvre énigmatique et poétique du genre du nocturne typique du romantisme, (sans doute à l’origine du thème de cette  exposition initiée par Jean-Marie Gallais).  Il combine à la fois une lueur  naturelle, celle de la pleine lune qui se laisse deviner par son reflet sur l’eau, et  la lueur artificielle d’un lampadaire, lui aussi hors champ, projetant  les ombres de deux danseuses.  Un groupe de spectateurs devenu un amas sombre et au premier plan un plancher en bois, renforcent la théâtralité de la scène. Au loin, une autre lumière, minuscule point rouge d’un phare ?

 

 

Adrian Ghenie,  La fin du Romantisme, 2009.

En contre point dans la même salle, cet arbre obstacle grand format,  antithèse de la nuit romantique. Ce jeune artiste  contemporain  travaille  au  couteau,  à la spatule…

Jan Sluijters, Nuit de pleine lune, 1912.  Edward Steichen, Balzac, silhouette, 4h du matin. 1911.  Piet Mondrian, Paysage au clair de lune. 1907-1909.Jan Sluijters, Nuit de pleine lune, 1912.  Edward Steichen, Balzac, silhouette, 4h du matin. 1911.  Piet Mondrian, Paysage au clair de lune. 1907-1909.Jan Sluijters, Nuit de pleine lune, 1912.  Edward Steichen, Balzac, silhouette, 4h du matin. 1911.  Piet Mondrian, Paysage au clair de lune. 1907-1909.

Jan Sluijters, Nuit de pleine lune, 1912. Edward Steichen, Balzac, silhouette, 4h du matin. 1911. Piet Mondrian, Paysage au clair de lune. 1907-1909.

 Sluijters : scène de nuit fauve. Hommage à la nuit étoilée de Van Gogh, paysage néerlandais typique, canal…

Steichen, peintre et photographe d’origine luxembourgeoise, installé à Milwaukee. Il vient à Paris et photographie à la demande de Rodin, cette sculpture qui avait provoqué tant de polémiques. Photographe d’avant-garde, Steichen fait de ses  clichés de véritables œuvres d’art.

En 1913, revenant dans son atelier au crépuscule, Mondrian ne reconnait plus l’agencement, les formes et couleurs  sur sa toile, l’arbre découpé précisément le jour devient une masse sombre… c’est ce qui va le mener  vers l’abstraction.

Claude Monet, Leicester Square,  la nuit, 1900-1901.  Amédée Ozenfant,  Gratte-ciel éclairé, 1950.   Une rue la nuit, 1951
Claude Monet, Leicester Square,  la nuit, 1900-1901.  Amédée Ozenfant,  Gratte-ciel éclairé, 1950.   Une rue la nuit, 1951
Claude Monet, Leicester Square,  la nuit, 1900-1901.  Amédée Ozenfant,  Gratte-ciel éclairé, 1950.   Une rue la nuit, 1951

Claude Monet, Leicester Square, la nuit, 1900-1901. Amédée Ozenfant, Gratte-ciel éclairé, 1950. Une rue la nuit, 1951

La nuit romantique va laisser place à la nuit urbaine éclairée, dédiée au travail et aux plaisirs : halos, reflets, vibrations, clignotements … De sa fenêtre à Londres, Monet est fasciné par l’éclairage et ses reflets multipliant  les taches colorées sur l’eau. Amédée Ozenfant,  lors de son exil à New York (1938 -1955), découvre une ville lumineuse et verticale. Il représente des  gratte-ciels éclairés, mêlant différents plans, différentes perspectives et échelles, même des vues d’avion. Le fond des tableaux est dominé par une palette brune rougeâtre, expression de la pollution lumineuse, qui empêche de voir les étoiles dans une ville la nuit.

Alex Katz, 1927. Bond Street, 1998.

Etonnante huile sur toile réalisée depuis son atelier. De loin, on distingue les phares des voitures, enseignes lumineuses et réverbères. De près, on ne voit que des traits de peinture.

Robert Delaunay, Paysage nocturne, le fiacre, 1906.                 Kees Van Dongen, les Fêtards, 1901.Robert Delaunay, Paysage nocturne, le fiacre, 1906.                 Kees Van Dongen, les Fêtards, 1901.

Robert Delaunay, Paysage nocturne, le fiacre, 1906. Kees Van Dongen, les Fêtards, 1901.

Étonnante découverte dans les années 1950 : les scènes nocturnes parisiennes d’Auguste Chabaud.  Au début du siècle, ce peintre vit à Paris. Il est connu pour ses paysages provençaux, ses portraits et expose aux  différents Salons. En secret, il représente  des nuits parisiennes, des  rues aux contrastes prononcés, des  enseignes criardes de cabarets, d’hôtels, des portraits de belles de nuit aux yeux aguicheurs, une silhouette de prostituée dans l’embrasure de porte.... Entre Fauvisme et Expressionnisme, il n’avait jamais dévoilé les toiles de cette période (1907-1911.)

Auguste Elysée Chabaud, Hôtel-Hôtel,  1907-1908.Auguste Elysée Chabaud, Hôtel-Hôtel,  1907-1908.Auguste Elysée Chabaud, Hôtel-Hôtel,  1907-1908.

Auguste Elysée Chabaud, Hôtel-Hôtel, 1907-1908.

Cet éclairage public nocturne révèle ce que le jour cache : les vices de l’Homme. La nuit est habitée par toutes  sortes de personnages, inquiétants, étranges… Georges Grosz, artiste engagé dans l’Allemagne  de l’entre 2 guerres, a une influence  considérable. Grâce à  des caricatures présentées  dans un livre « Ecce homo », il dénonce le côté obscur, malsain et cruel  de la société, de notables de jour aux comportements déviants la nuit … La couverture représente un proxénète borgne (1922-23).

Au lendemain de la visite guidée  de l’exposition « Peindre la nuit» au Centre Pompidou Metz, le 18 janvier 2019.Au lendemain de la visite guidée  de l’exposition « Peindre la nuit» au Centre Pompidou Metz, le 18 janvier 2019.Au lendemain de la visite guidée  de l’exposition « Peindre la nuit» au Centre Pompidou Metz, le 18 janvier 2019.

 

Georg  Scholz, La guérite du garde - barrière, 1925.

 La lumière vient de l’intérieur,  le veilleur de nuit est tourné sur lui-même, seul, mélancolique.

Au lendemain de la visite guidée  de l’exposition « Peindre la nuit» au Centre Pompidou Metz, le 18 janvier 2019.Au lendemain de la visite guidée  de l’exposition « Peindre la nuit» au Centre Pompidou Metz, le 18 janvier 2019.Au lendemain de la visite guidée  de l’exposition « Peindre la nuit» au Centre Pompidou Metz, le 18 janvier 2019.

Magnifiques photos de Brassaï qui découvre le Paris des années 30, valeur presque documentaire : allumeur de réverbère, deux personnes discutent …   (Ce sont des photos posées, mises en scène…).

 

Robert Morris, Toile retournée, 2003-04.

Cire sur panneau de bois, il peint avec de  la bougie et y inclut directement les pigments. Par les fenêtres noires, un incendie menace  la maison. Cet artiste est décédé en novembre 2018.

 

Martin Kippenberger.

Lampadaire aux ivrognes, 1989.

Berlin la nuit, 1981.

Le lampadaire qui attire par sa lumière de même que le A, enseigne lumineuse de Apotheke, (pharmacie) en allemand constituent des repères pour  les personnes  alcoolisées  la nuit.

 

Philip Guston, Midnight Pass Road, 1975.

Grande toile où passe un fleuve noir : le flux des idées, des  obsessions nocturnes, la nourriture, l ‘heure,… des jambes  suite à l’amputation de celle de son frère,  un autoportrait les doigts sur la tête, lampe, équerre,   l’inspiration qui manque à l’artiste… au premier plan , l’espace de travail, au troisième  plan , une ile, des yeux tournés vers le ciel ( rêve ?)…

 

Louise Nevelson,  Jardin tropical II, 1957

Assemblage de 15 boites en bois peint découpé.

Pénurie de matériaux lors de la 2ème guerre, elle erre seule dans la ville de New -York, récupère ces boites, les remplit, les peint … Plus  intéressée par le jeu des ombres,  c’est une « sculptrice d’ombres ». Elle est une des pionnières  de l’installation.

Spencer Finch, Etude de la lumière dans une pièce vide, 2015.

Il essaie de recréer les jeux de lumières  de ses souvenirs d’enfant sur les murs de sa chambre, le soir dans son lit. Un système expérimental  reconstitue  par  le passage des phares de voitures, des lumières d’une ambulance…  en projetant  des lumières sur les murs  de son atelier new-yorkais. 

  

 

André Masson, Piège à soleils, 1938. Marcel Jean, le Spectre du gardénia, 1936. Max Ernst, Vision provoquée par l’aspect nocturne de la porte Saint-Denis, 1927. Man Ray. Clair de lune, 1948.
André Masson, Piège à soleils, 1938. Marcel Jean, le Spectre du gardénia, 1936. Max Ernst, Vision provoquée par l’aspect nocturne de la porte Saint-Denis, 1927. Man Ray. Clair de lune, 1948.
André Masson, Piège à soleils, 1938. Marcel Jean, le Spectre du gardénia, 1936. Max Ernst, Vision provoquée par l’aspect nocturne de la porte Saint-Denis, 1927. Man Ray. Clair de lune, 1948.
André Masson, Piège à soleils, 1938. Marcel Jean, le Spectre du gardénia, 1936. Max Ernst, Vision provoquée par l’aspect nocturne de la porte Saint-Denis, 1927. Man Ray. Clair de lune, 1948.

André Masson, Piège à soleils, 1938. Marcel Jean, le Spectre du gardénia, 1936. Max Ernst, Vision provoquée par l’aspect nocturne de la porte Saint-Denis, 1927. Man Ray. Clair de lune, 1948.

Chef - d'oeuvre d'André Masson,  le Piège à soleils, représente une machine en train de l'emprisonner  pour permettre la création de nuit,  chère aux surréalistes.

Le titre originel  de la sculpture était « Le Secret du gardénia » devenu   « Spectre» à la suite d’une erreur d’impression dans le catalogue d’exposition (1936). Film pellicule autour du cou et fermetures Eclair pour les yeux qui peuvent s’ouvrir et laisser voir des étoiles.

Pour Max Ernst la porte Saint-Denis est transformée en forêt pétrifiée, abritant des oiseaux cachés.

Dans cette gouache sur panneau de bois de Man Ray,  la lune éclaire les rêves et permet les métamorphoses. A côté de sa signature le symbole  de l’infini  en guise de 0.

Jean -Luc Verna, en collaboration avec Bernard Pélassy. Past Knight, (1996-2016).
Jean -Luc Verna, en collaboration avec Bernard Pélassy. Past Knight, (1996-2016).Jean -Luc Verna, en collaboration avec Bernard Pélassy. Past Knight, (1996-2016).

Jean -Luc Verna, en collaboration avec Bernard Pélassy. Past Knight, (1996-2016).

Immense rideau de scène utilisé lors des représentations de cet artiste, dessinateur, performeur au corps tatoué. Velours noir sur lequel a été  projetée de l’eau de javel, puis rehaussé de breloques, strass …  représentant des étoiles. Ce fond de scène, d’abord intitulé  « Past Night » (la nuit dernière),  est devenu « Past Knight»  (chevalier du passé) après la disparition de son ami Bernard Pélassy en 2002.

Dans la Galerie 3, l’observation de nuit étoilée amène le troisième vertige, celui du cosmos, de l’infini.

Peter Doig, Milky Way (Voie lactée) 1990.Peter Doig, Milky Way (Voie lactée) 1990.

Peter Doig, Milky Way (Voie lactée) 1990.

Ecossais né en 1959, grand voyageur, du  Canada  aux Caraïbes, études en grande Bretagne, il  a passé  quelques temps à la cité radieuse de Briey. Artiste contemporain actuellement  très coté.  Le reflet de la voie lactée sur l’eau replace la terre dans l’univers.  Le ciel occupe les 2/3 de la toile, la terre est réduite à une mince bande claire au bord de l’eau, la minuscule  petite fille dans le canoë renforce l’impression de petitesse de l’Homme face à l’univers.

 

Raymond Roussel, Etoile cosmique, 1923.

Étrange objet, ce petit biscuit en forme d’étoile a été conservé précieusement, à la suite d’un déjeuner  avec son ami Camille Flammarion, dans un reliquaire en argent fabriqué sur mesure.

Après la mort de Roussel, Georges  Bataille le retrouve sur un marché aux puces et l’offre à Dora Maar. En partie à l’origine du texte « les mangeurs d’étoiles », 1940.

 

Jason Dodge, Above the weather,

Etoffe tissée en Algérie avec un fil de 12 km, pour parvenir aux  limites de la première couche de l’atmosphère, au-delà commence la stratosphère ouvrant la porte sur l’espace.

 

Pablo Picasso, Femme nue couchée, 1936.

Grand nu réalisé au début de sa rencontre  avec Dora Maar. Le corps disposé en travers, la tête renversée, les doigts reliés par un fil aux étoiles,  comme sur un nuage, chambre ouverte sur le ciel,  la représente en extase.

Navid Nuur, Bols de nuit, 2018.Navid Nuur, Bols de nuit, 2018.Navid Nuur, Bols de nuit, 2018.

Navid Nuur, Bols de nuit, 2018.

Céramiques créées avec les matériaux des 5 continents,  récipients  constitués  de roches anciennes profondes recueillies dans  chaque continent. A l’intérieur,  il réalise une glaçure à partir de tout ce qui est au-dessus : insectes nocturnes, plumes,  ossements, morceaux, de carlingue d’avion… broyés, chauffés. Cinq nuits de 5 continents ainsi  matérialisées  par ces bols.

 

 

Roy Lichtenstein, Moonscape (Paysage lunaire), 1965.

Sérigraphie sur rowlux.  (sorte de film en polycarbonate moiré).

Raphael  Dallaporta.  La lune s’éloigne de la terre de 3.8 cm/an. C’est un faisceau laser envoyé sur la lune qui permet des mesures précises de la distance terre-lune. Envoyé vers la lune, il  rebondit sur un petit dispositif « coin de cube » laissé par les missions lunaires des années 1970. L’artiste établit  un parallèle avec l’Os de l’Abri Blanchard (Dordogne) daté de 30 000 ans  av J.C.  gravé de points.  Etrangement, des études récentes montrent, que ces marques  correspondraient à l’observation du cycle lunaire sur une période de deux mois. 

Au lendemain de la visite guidée  de l’exposition « Peindre la nuit» au Centre Pompidou Metz, le 18 janvier 2019.Au lendemain de la visite guidée  de l’exposition « Peindre la nuit» au Centre Pompidou Metz, le 18 janvier 2019.
Au lendemain de la visite guidée  de l’exposition « Peindre la nuit» au Centre Pompidou Metz, le 18 janvier 2019.

Darren Almond, Nocturne in four Parts, (Nocturne en quatre parties), 2017-18,  acrylique sur aluminium.

Fasciné par un ciel nocturne et  aurores australes en Patagonie, il superpose des couches d’encres, de lavis dilué qu’il ponce, produisant de loin un effet étonnant.

 

Au lendemain de la visite guidée  de l’exposition « Peindre la nuit» au Centre Pompidou Metz, le 18 janvier 2019.
Au lendemain de la visite guidée  de l’exposition « Peindre la nuit» au Centre Pompidou Metz, le 18 janvier 2019.
Au lendemain de la visite guidée  de l’exposition « Peindre la nuit» au Centre Pompidou Metz, le 18 janvier 2019.
Au lendemain de la visite guidée  de l’exposition « Peindre la nuit» au Centre Pompidou Metz, le 18 janvier 2019.

Daisuke Yokota, Mortuary, 2016.

Ce photographe japonais s’est souvenu d’une sensation d’aveuglement lors de sa petite enfance. Cherchant à traduire cette sensation d’enfermement sur lui-même, il a  travaillé ces immenses rouleaux photographiques  en chambre noire comme des peintures. L’installation est entourée d’un revêtement noir absorbant  les bruits associés.

Lucio Fontana

Artiste italien mort en 1968 en pleine conquête spatiale, crée des installations en lumière noire, à partir de bois découpé,  plongeant le visiteur  dans un espace sans repère et l’impression d’être  tout petit  dans le cosmos.

 Dans l’idéal, à l’extrémité de la galerie 3, la vue sur la ville de Metz illuminée et la cathédrale de nuit devrait  constituer le point d’orgue de  cette intéressante visite guidée par Benjamin.  C.C.

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

Le 14 mars, conférence de  Mr Haefeli, héraldiste, " Balade en pays messin" à Longeville.

lesarts57@hotmail.fr   ou tél.   03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

blog : http://lesarts57.over-blog.fr

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12 décembre 2018 3 12 /12 /décembre /2018 20:46
Statue reliquaire de saint Ours.

 

C’est dans le très bel espace lumineux et entièrement rénové, que les trois groupes de visites organisées par  « Les Arts 57»  se retrouvèrent, soit une soixantaine de personnes. Cette  ancienne Chapelle des Petits-Carmes, bâtie en 1675, est devenue bien national à la révolution, puis bibliothèque municipale jusqu’en 1978. Les rayonnages impressionnants ont  été magnifiquement restaurés et replacés.

 

Cette exposition sous-titrée « Art et dévotions, de Liège à Turin, Xe -XVIIIe siècles » a nécessité quatre années de travail en collaboration avec l'Université de Lorraine et présente des œuvres rares, belles et peu connues venant de Belgique, de Suisse, d’Italie et de France. Elle couvre un vaste territoire aux frontières fluctuantes de la mer du Nord à l'Italie, sur une période allant  du Moyen Âge au XVIIIe siècle. Les X et XVIIIe  siècles choisis comme limites sont des temps de référence  après le partage de l’empire de Charlemagne en  « Royaume de France, Lotharingie et Germanie » et le traité de Westphalie (1648) mettant fin à  la guerre de Trente ans  opposant protestants et catholiques. Plusieurs pays, des religions différentes, des cultes locaux le long de cet axe lotharingien, plus de cent œuvres emblématiques sont rassemblées : sculptures, peintures, gravures, manuscrits, orfèvrerie ...

Le parcours de l’exposition  commence dans la salle attenante au nouvel espace d’accueil  puis à la galerie au 1er étage  qui  rassemble six thèmes : la Vierge et les pèlerinages, les Saints protecteurs des hommes et des territoires, les grandes figures d’évêques, la spiritualité féminine, la Passion du Christ et le Corpus Christi.

Près de l’entrée, la petite salle présente des « Figures d’évêques », « Figures de Saints », et « Figures divines » ainsi que deux dispositifs vidéo pour évoquer un patrimoine monumental remarquable des « Mises au Tombeau » sculptures importantes, et des «retables baroques».

Saint Lambert   -   Saint Evre   -   Saint Nicolas

Saint Lambert - Saint Evre - Saint Nicolas

Saint Lambert, chêne polychromé, XVIIe, Liège. Il foule à ses pieds ses meurtriers, son assassinat fut à l’origine d’une diffusion rapide de son culte. Saint Evre, bois doré, XVIIe. Sailly-Achâtel (57). 7e évêque de Toul, miracles de guérison, culte limité à la Lorraine, dont la plus ancienne paroisse de Nancy. Saint Nicolas, Vallée d’Aoste, 1290. Ornementation raffinée de la mitre et de la crosse, évidée à l’arrière : statue de pèlerinage, moins lourde à porter. 

 

Saint Nicolas, cire habillée, XVIIIe, Musée lorrain, Nancy. Objet de dévotion privé, très prisé  aux XVIIIe et XIXe. Miracle de saint Nicolas bénissant  les 3 enfants ressuscités du saloir où le boucher les avaient enfermés. Brocart de soie, velours, dentelles, cette cire habillée reprend  l’iconographie traditionnelle de l’évêque de Myre.

 

Clé de voûte : sainte Madeleine et sainte Catherine,  pierre de Jaumont  polychromée, vers 1375.   Deux saintes très vénérées : Madeleine tenant un pot à onguent et Catherine portant la roue de son martyre et l’épée qui  la décapita.

Maria Vittoria Fornari, fondatrice des Annonciades célestes devant la sainte Famille. Huile sur toile, XVIIe,  attribuée  à  Jean Lenoir. Langres.  Fondé à Gênes en 1604, cet ordre connait une importante diffusion. Sur ce tableau provenant d’un couvent de Langres, la fondatrice en prière implore la Vierge de protéger sa congrégation, celle-ci lui répond favorablement. Grande originalité : le dialogue entre elles est inscrit directement sur la toile ! Ces sœurs portaient un manteau bleu. (céleste)

 

Stèle. pierre de Jaumont, 1337. Beuvange - sous - Justemont (57).  Apparition du Christ, le matin de Pâques, à  Marie Madeleine dans le jardin voisin du tombeau. Elle est agenouillée au pied de l’arbre (de la connaissance ? comme Eve), et s’apprête à toucher le Christ mais il semble arrêter son geste, il est devenu céleste.

Retable aux douze apôtres,  chêne polychromé,  XVIe, Hatrize (54).  Nous avions eu la chance de l’admirer  en place en juin, lors de la sortie préparée par Catherine Bourdieu.  Mobilier liturgique placé à l’origine derrière l’autel, ce retable en bois représente sous un décor architecturé (Renaissance), les 12 disciples rassemblés par paire de part et d’autre du Christ rédempteur au globe terrestre. Le voile blanc porté par le dernier apôtre à droite interroge encore.

 

Rosaire orné de médailles.  Corne de cerf, soie et argent, XVIIe, Nancy.  Rare témoin des pratiques religieuses, ce petit objet de dévotion servait à la prière. Crucifix, quinze dizaines de petits grains pour la récitation des Ave Maria, entrecoupés de gros grains pour les Pater Noster, il est orné de médailles : le duc de Lorraine Charles IV, le Christ et la Vierge, Saint Nicolas, des sanctuaires lorrains dédiés à la Vierge (Benoite-Vaux, Bonsecours)…

1 La Vierge aux multiples facettes.

A l’étage, la figure  de la Vierge accueille le visiteur dans la galerie principale. Mère du Christ, Marie est aussi celle des hommes. Son culte très présent, ses représentations dominées par les «Vierge à l’Enfant », « Vierge allaitant »  et les « Vierge au manteau » où elle abrite les ordres religieux, la famille ducale…  les fidèles viennent la prier dans de nombreux sanctuaires, dévotion qui s’amplifie au XVIIe, face aux épidémies et aux guerres fréquentes en ces territoires de frontières.

 

Vierge de Miséricorde, calcaire polychromé, début XVe. Lorraine ?  musée du Louvre, Paris.  Abritant trois religieux sous son ample manteau, protectrice de la chrétienté, représentée ici assise à terre et allaitant l’Enfant.

Le duc Léopold consacrant sa famille à Notre-Dame de Bonsecours. Bois de Sainte-Lucie, 1710-1711. Musée lorrain, Nancy. Le duc se fait représenter avec sa famille sous la protection mariale, à genoux à gauche, face à la duchesse Elisabeth-Charlotte et à Louis, prince héritier. Le bois de Ste- Lucie est  du merisier, bois local dur et rouge.

 

Notre-Dame libératrice, huile sur toile, XVIIe, Salins-les-Bains, Jura.

Dans ce contexte politique troublé, la Franche-Comté ayant souffert lors de la guerre de trente ans, les Salinois sollicitent la protection de la Vierge.

Debout, couronnée, un sceptre à la main, elle porte Jésus tenant le rameau du martyre,  et  piétine les drapeaux ennemis  des Habsbourg et Bourbon. Elle se place ainsi au-dessus des rois. A genoux, l’abbé Marmet, à l’initiative de cette dévotion. En arrière-plan, la ville de Salins.

Notre-Dame de Bonsecours, gravure de Jacques Callot, 1630. Musée lorrain, Nancy.

 Intérieur de l’église Notre-Dame de Bonsecours à Nancy avant sa reconstruction au XVIIIe. Devant l’autel de la Vierge, saint Charles Borromée archevêque  de Milan, protecteur des ducs de Lorraine et saint François de Paule qui encadraient le pèlerinage de Bonsecours.

D'autres lieux de pèlerinage à la Vierge avaient la faveur des fidèles :  Benoite-Vaux, Sion .

2 Des saints et des hommes.

De nombreux protecteurs sont invoqués, les anges, les vierges martyres, les moines mais aussi des saints locaux considérés comme modèles et intercesseurs. Les fidèles célèbrent leur fête, les choisissent comme patron de confrérie ou de métier.

 

Saint Bernard de Menthon, bois polychrome et doré, XVIIIe, Bessans, Savoie.

Archidiacre d’Aoste, éloignant maladies et tempêtes. Saint vénéré dans les Alpes, Savoie et nord de l’Italie. Il est représenté  bénissant et avec un  diable enchainé. Il  protège les voyageurs de créatures maléfiques. Triomphe du Bien sur le Mal.

 

Boite à Saints, bois polychromé, 1629, Savoie.

Petit autel portatif pour des lieux de culte temporaire dans la nature, chalets d’alpage. Saint Antoine est accompagné de saint Jean-Baptiste (agneau) et saint Matthieu. Barbe bifide.

Saint Antoine est souvent représenté avec du feu car guérisseur du « mal des ardents » provoqué par l’ergot de seigle, qui rendait les gens «  fous » (crises de démence).

Statue -reliquaire de saint Ours. Feuille d’argent partiellement dorée, laiton argenté, verres colorés, cristaux, avant 1481. Aoste.
Statue -reliquaire de saint Ours. Feuille d’argent partiellement dorée, laiton argenté, verres colorés, cristaux, avant 1481. Aoste.

Statue -reliquaire de saint Ours. Feuille d’argent partiellement dorée, laiton argenté, verres colorés, cristaux, avant 1481. Aoste.

Chef d’œuvre d’orfèvrerie, conçu pour conserver le crane de St Ours archidiacre d’Aoste. L’oiseau perché sur l’épaule est son attribut, il abandonnait une partie des récoltes pour les oiseaux. Cette  magnifique statue  est très attendue début  février, en vallée d’Aoste pour la foire de saint Ours.

 

Reliquaire de saint Maurice,  1616, Jura.

Reliquaire de sainte Libaire,  Grand, Vosges. Argent,  argent doré, cristal de roche.

Chevalier  et bergère martyrs, IIIe et  IVe siècle, leur culte connut un essor important en Lorraine.  Ces œuvres de grande qualité sont attribuées à Jean Perrey, issu d’une famille d’artistes de Salins, influencé par les orfèvres italiens. Les médaillons en cristal de roche permettent de mieux admirer les reliques.

Sainte Agathe, jeune vierge martyrisée à Catane vers 251 pour avoir refusé d’épouser le consul païen Quintien. Il lui fait subir l’ablation des seins avec des tenailles.  Protectrice des femmes enceintes, invoquée lors des départs de feu ou d’orages, son culte se répand dès le moyen-âge.

Sainte Agathe attachée au pilori. Bois polychromé. (fin XVe, Nancy et l'autre vers 1500. Aoste.) Ces belles sculptures l'une aux bras manquants, la représente attachée dans l’attente de son martyre, l'autre , dont le corsage laisse entrevoir délicatement la trace de son martyr est d'une grande finesse, drapé élégant.

 

3 L’évêque, figure centrale de la dévotion.

Protecteurs d’une cité, l’évêque joue un rôle religieux et politique important. La richesse du vêtement, de ses insignes, son rôle de mécène commanditaire d’objets précieux qui constituent le trésor des cathédrales, contribuent à son prestige.

Saint Clément et le Graoully.  Pierre de Jaumont, trace de polychromie, XVIe, Gorze.

Évangélisateur (I - IIe siècle) particulièrement vénéré à Metz. Il délivra la ville du Graoully, gros serpent transformé en dragon dans les récits, symbole de la victoire du christianisme  sur le paganisme. Le Graoully est tenu en laisse avec l’étole, de la main gauche, il devait tenir la crosse épiscopale.  

Trésor de Saint Gauzelin. Nancy.
Trésor de Saint Gauzelin. Nancy.
Trésor de Saint Gauzelin. Nancy.
Trésor de Saint Gauzelin. Nancy.

Trésor de Saint Gauzelin. Nancy.

Saint Gauzelin,  32 ème  évêque de Toul,  (922-962)  légua  ses objets liturgiques à l’abbatiale de Bouxières -aux-Dames qu'il avait fondée.  Evangéliaire à reliure orfévrée, calice et patène en or. Beau peigne en ivoire réputé guérir de la teigne, et à l’origine de l’expression « s’être peigné avec le peigne de saint Gauzelin » autrement dit être mal peigné,  et anneau èpiscopal.

 

Plaque de reliure : la crucifixion. Ivoire d’éléphant, vers 1000, Metz.

Cette plaque ornait un livre d’évangiles conservé a la cathédrale de Metz, commandée par l’évêque Aldalberon II  représenté dans la petite lucarne en bas.

Sculpture d’une extrême finesse, la Vierge, saint Jean, les ressuscités, les soldats, les 4 évangélistes à tête d’animaux, Adam et Eve au pied de la croix…

Ensemble funéraire de l’évêque Bertram  (vers 1200), découvert lors de travaux de chauffage dans la cathédrale de Metz à l'hiver l914-15 dans sa tombe identifiée par une croix d’identité. Les chaussons trop fragiles ne peuvent être exposés.Ensemble funéraire de l’évêque Bertram  (vers 1200), découvert lors de travaux de chauffage dans la cathédrale de Metz à l'hiver l914-15 dans sa tombe identifiée par une croix d’identité. Les chaussons trop fragiles ne peuvent être exposés.
Ensemble funéraire de l’évêque Bertram  (vers 1200), découvert lors de travaux de chauffage dans la cathédrale de Metz à l'hiver l914-15 dans sa tombe identifiée par une croix d’identité. Les chaussons trop fragiles ne peuvent être exposés.Ensemble funéraire de l’évêque Bertram  (vers 1200), découvert lors de travaux de chauffage dans la cathédrale de Metz à l'hiver l914-15 dans sa tombe identifiée par une croix d’identité. Les chaussons trop fragiles ne peuvent être exposés.

Ensemble funéraire de l’évêque Bertram (vers 1200), découvert lors de travaux de chauffage dans la cathédrale de Metz à l'hiver l914-15 dans sa tombe identifiée par une croix d’identité. Les chaussons trop fragiles ne peuvent être exposés.

Le Bréviaire et la Crosse  de Renaud de Bar, prélat important dans la région, 69e évêque de Metz (1302), sont  de véritables  chefs-d’œuvre. Le bréviaire conservé à Verdun, splendide parchemin enluminé fut commandé par Marguerite de Bar, abbesse de Verdun pour son frère Renaud. Il  est orné d’initiales historiées, de miniatures, drôleries… Ces ouvrages anciens nécessitent  beaucoup de précautions : une lumière atténuée, un angle d’ouverture précis,  la page présentée doit être changée régulièrement, après 3 mois d’exposition, ils doivent rester 3 ans dans le noir… La crosse  en ivoire est aussi une  véritable merveille, d’un côté une crucifixion , de l’autre une Vierge  glorieuse. Au Moyen-Âge, les ateliers de Metz étaient reconnus, des déchets de taille d’ivoire ont été retrouvés le long des quais et place de la Comédie.  Dans l’antiquité, l’ivoire provenait de défenses d’éléphants, tandis qu’à l’époque carolingienne, les artisans utilisaient de l’ivoire de morse, provenant des pays d’Europe du nord.

Bréviaire et crosse de Renaud de Bar, orfèvrerie, début du XIVe siècle, ivoire, cuivre doré. Trésor de la cathédrale de Metz.
Bréviaire et crosse de Renaud de Bar, orfèvrerie, début du XIVe siècle, ivoire, cuivre doré. Trésor de la cathédrale de Metz.
Bréviaire et crosse de Renaud de Bar, orfèvrerie, début du XIVe siècle, ivoire, cuivre doré. Trésor de la cathédrale de Metz.

Bréviaire et crosse de Renaud de Bar, orfèvrerie, début du XIVe siècle, ivoire, cuivre doré. Trésor de la cathédrale de Metz.

4 Au cœur de la spiritualité féminine.

Qu’elle soit religieuse ou laïque, la femme a joué un rôle important dans la diffusion de certaines dévotions liées a la Vierge et d’autres saintes. L’implantation de nombreuses communautés féminines : Clarisses, Annonciades célestes, béguines … dans les territoires de Liège à Turin a généré  la réalisation d’objets, véritables supports  de méditation. Les tableaux reliquaires (ou paperolles), les berceaux de Jésus (ou Jésuaux), les petites cires habillées permettent de se rapprocher des figures divines en particulier de l’Enfant Jésus en veillant sur son paisible sommeil.

 

Religieuse endormie ou Dormition de la Vierge ?

Bois polychromé, restes de feuille d’or (coussin) et d’argent (robe, couverture), début XVe, Metz. 

Jésuau  ou Repos de Jésus, orfèvrerie, début du XVe siècle, Liège (?), argent, argent doré,  12,5 x 11,5 x 8 cm, provient de l’abbaye cistercienne de Marche-les-Dames (province de Namur).Jésuau  ou Repos de Jésus, orfèvrerie, début du XVe siècle, Liège (?), argent, argent doré,  12,5 x 11,5 x 8 cm, provient de l’abbaye cistercienne de Marche-les-Dames (province de Namur).

Jésuau ou Repos de Jésus, orfèvrerie, début du XVe siècle, Liège (?), argent, argent doré, 12,5 x 11,5 x 8 cm, provient de l’abbaye cistercienne de Marche-les-Dames (province de Namur).

5 Une histoire de la Passion du Christ.

L’image du Christ crucifié, plus largement diffusé à partir du XIVe siècle, met l’accent sur les souffrances  du Christ rédempteur de l’humanité. Dans l’espace lotharingien, les Christ en croix sculptés dans la pierre ou le bois abondent, des représentations de la Trinité et de la douleur de la Vierge  se développent de la Belgique jusqu’en Italie.

Figure d’applique : Christ en croix, bronze, XIIe, Pont-à-Mousson. - Christ en croix, pierre de Jaumont , XVe, Metz. - Christ en croix, bois sculpté polychromé, XVIe, Laneuveville- devant- Nancy.

 

Piéta, bois polychrome, Italie. Vierge de Pitié, pierre de Tonnerre polychromée, XVIe, Lorraine du sud ou Champagne

 

6 Dévotion eucharistique et réforme catholique.

Sacrement le plus important du culte chrétien, l’Eucharistie commémore le dernier repas du Christ et son sacrifice. C’est dans la principauté liégeoise qu’apparait la première festivité en l’honneur du Saint- Sacrement  (ou Fête-Dieu ) au XIIe siècle. A Turin, on peut encore contempler le Suaire du Christ, linceul mortuaire portant l’empreinte de son corps. Ostensoirs, retables… sont autant de représentations imagées glorifiant le Saint-Sacrement qui sera au cœur des courants contestataires du XVIe.

 

Ostensoir « soleil ». Argent, laiton doré et pierres, 1697-98. Liège.

Reliquaire de l’hostie consacrée lors de la Fête-Dieu, l’ostensoir est un des plus importants objets du culte chrétien. Ce bel exemplaire produit dans un atelier d’orfèvrerie liégeois adopte une forme traditionnelle en soleil à double rayons.

 

Buste-reliquaire de saint François de Sales. Feuille d’argent, verre, 1770. Turin.

François de Sales, (1567-1622) évêque de Genève, grand théologien et ardent défenseur de la réforme catholique, familier des ducs de Savoie.

Ce beau buste le représente front plissé, mitre et vêtement liturgique abondamment décorés. Pièce d’orfèvrerie offerte  à la cathédrale d’Aoste par l’évêque  Pierre François de Sales pour encourager le culte de son ancêtre.

Voile de Carême ( ?) : scènes de la Passion du Christ.  Peinture sur toile de lin, vers1500.  Nord -Est de la France ou Allemagne du sud ?
Voile de Carême ( ?) : scènes de la Passion du Christ.  Peinture sur toile de lin, vers1500.  Nord -Est de la France ou Allemagne du sud ?
Voile de Carême ( ?) : scènes de la Passion du Christ.  Peinture sur toile de lin, vers1500.  Nord -Est de la France ou Allemagne du sud ?

Voile de Carême ( ?) : scènes de la Passion du Christ. Peinture sur toile de lin, vers1500. Nord -Est de la France ou Allemagne du sud ?

Pièce exceptionnelle et très rare acquise récemment par le musée à l’état de fragment d’une frise,  probablement un « voile de Carême »  destiné à dissimuler le chœur de l’église pendant les 40 jours avant Pâques.  4 scènes de la Passion du Christ sont reconnaissables : le Lavement des pieds, la Prière au Mont des Oliviers, l’Arrestation du Christ et le Baiser de Judas.

La restauration a permis de désincruster la poussière dans la toile révélant le dessin noir recouvert de couches de couleurs dont il ne reste que les rouges et ocres. Les éléments d’armure des soldats ont donné l’indication de datation. Le soldat au premier plan attire l’attention, il s’agit certainement de Malchus à qui Pierre avait coupé l’oreille lors de l’arrestation de Jésus.  Sur le voile, Saint Pierre remet son épée au  fourreau et l’oreille est encore visible dans la main du  Christ.

Merci à Marlène pour la visite passionnante de cette exposition de grande qualité, ayant  d’ailleurs obtenu le label « Exposition d'intérêt national 2018 », et à ne pas manquer au Musée de la Cour d’Or, jusqu’au 27 janvier 2019.   Ch.Cl.

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

Le 18 janvier, visite guidée au Centre Pompidou Metz, « Peindre la nuit ».

lesarts57@hotmail.fr   ou tél.   03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

blog : http://lesarts57.over-blog.fr

 

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24 novembre 2018 6 24 /11 /novembre /2018 09:58

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« Fleurs de cendre ».   Huile, émulsion acrylique, schellac et livres brûlés sur toile, 330 x 760 x 40 cm. Collection particulière..

« Fleurs de cendre ». Huile, émulsion acrylique, schellac et livres brûlés sur toile, 330 x 760 x 40 cm. Collection particulière..

C’est avec un plaisir évident que «Les Arts 57» retrouvent Laurent Commaille,  Maître de conférences  en  histoire contemporaine à l’Université de Lorraine. Une vraie belle découverte pour 48 personnes que ce grand  peintre contemporain pourtant si  peu connu du public.

Au lendemain de la conférence  «  Anselm Kiefer », à Saulny, le 12 novembre 2018.Au lendemain de la conférence  «  Anselm Kiefer », à Saulny, le 12 novembre 2018.

 Né en 1945, en Allemagne dans le Bade-Würtemberg, parfaitement bilingue,  Anselm Kiefer  est admis au Collège de France à Paris. C’est un des plus grands peintre-sculpteur contemporain vivant, célèbre et très coté sur le marché de l’art. Il installe son premier atelier en France, à Barjac, près d’Alès, dans une ancienne filature.

Son enfance  passée dans les ruines de l’après-guerre,   Anselm Kiefer  questionne sur le  rôle des nazis qui ont trahi la vocation de l’Allemagne.  Œuvre controversée  et ambiguë, telles ces photos où il endosse l’uniforme d’officier  de la Wehrmacht de son père et arbore un salut nazi (1969). Il recherche le moment fondateur de l’histoire allemande : la bataille en forêt de Teutoburg  (Teutoburger Wald) où le général  romain Varus  est vaincu par  le général  Arminius  (Hermann)  rassemblant les tribus germaniques.

La forêt sous la neige, maculée de sang, représente les arbres fondateurs sur lesquels repose la nation allemande, le nom des personnalités  importantes y  est inscrit : Varus,  Hermann…

 

« Chemins de la sagesse du monde »,  parsemé de grands hommes par exemple le philosophe Heidegger.

La découverte de la poésie de Paul Celan  (1920-1970)  provoque « un tournant» dans son travail.  Ce poète juif, roumain, d’expression allemande, naturalisé français, survivant de la Shoah, porte en lui cette douleur. Son incapacité à mener une vie normale trouve en la poésie une « bouée de sauvetage » mais il se suicide tout de même à 50 ans.   Anselm Kiefer  réalise 2 œuvres emblématiques de grandes  dimensions  (4m de long !!!)  qui illustrent des extraits du poème  de Celan : Todesfuge  :  Margarethe (1981), la blonde allemande  et  Sulamith (1983), qui dans la bible apporte la paix, et dont l’étymologie est liée à shalom = la paix.

« …Un homme … joue avec des serpents… tes cheveux d’or Margarethe …»   « …Tes cheveux de cendres Sulamith, on creuse une tombe dans les airs où tu seras bien … »« …Un homme … joue avec des serpents… tes cheveux d’or Margarethe …»   « …Tes cheveux de cendres Sulamith, on creuse une tombe dans les airs où tu seras bien … »

« …Un homme … joue avec des serpents… tes cheveux d’or Margarethe …» « …Tes cheveux de cendres Sulamith, on creuse une tombe dans les airs où tu seras bien … »

 

Autre allusion à la tradition juive : l’échelle de Jacob  qui amène vers le ciel.        A la base, le serpent qui dessine le signe de l’infini.

 

Seraphim, 1983-84.

 Huile, paille, émulsion, schellac sur toile.

320,7 x 330,8 cm

Il approfondit encore son travail, ses recherches sur les mythes de l’Asie mineure, d’Égypte, du Moyen Orient…  

Plus de 5m et 24 cm d’épaisseur pour cette toile !   Il utilise toutes sortes de matériaux dans ses œuvres :  argile, fragments de porcelaine,  fil de cuivre, circuits imprimés, plomb, de la colle,  parfois même du sang, des cheveux,  de la paille, des graines de tournesol...  Son ami, Joseph Beuys a raconté qu’il a dû   la vie, après la chute de son avion,  à des nomades tartares qui l’auraient enduit de graisse,  enroulé dans du feutre et nourri de miel,  matières  que l’on trouvera  ensuite  de façon récurrente dans ses œuvres. Il désigne par émulsion des mélanges  d’argile, et de résines acryliques souvent peu  homogènes, et par schellack des laques à partir de gomme arabique permettant les  superpositions  de couches…

Au lendemain de la conférence  «  Anselm Kiefer », à Saulny, le 12 novembre 2018.Au lendemain de la conférence  «  Anselm Kiefer », à Saulny, le 12 novembre 2018.

Lilith est la première femme d’Adam avant Eve. Dans la Kabbale (interprétation mystique, allégorique de la Bible dans la tradition juive), ne pouvant avoir d’enfant,  elle porte malheur…  Lilith erre sur la ville en ruines, ses cheveux traversent la toile.  Sur la 2ème version (1997), un avion inquiétant en plomb.

 

Emanation, 2007,  10 x 4,30m

émulsion, schellack, huile, craie, plomb sur toile de lin.

Intéressé par l’ésotérisme et l’alchimie, il se photographie dans cette position pour établir un lien entre l’humain et le ciel, entre le mystère de la création et  le mystère de la vie.

 

 

Athanor, 2007, 10 x 4,30m,

émulsion, schellack, huile, craie, plomb, argent et or sur toile de lin.

Cette toile monumentale, est une commande du Louvre, elle reprend des thèmes essentiels qui lui sont chers.  L’humain en relation avec le cosmos.  Un trait relie l’homme au ciel, la terre à l’univers. L’homme nu est un autoportrait de l’artiste, couché peint à partir d’une photo de lui en méditation. Au milieu du tableau, une ligne argentée, en haut une ligne dorée ; trois inscriptions à la main sur le côté droit, nigredo, albedo, rubedo font références aux   trois étapes de l’alchimie. Nigredo, le noir, c’est le plomb, albedo, l’argent,  et rubedo  le rouge, l’or… L’œuvre est  le lieu de la transformation des éléments, le passage d’un état à un autre. Il superpose souvent plusieurs couches les unes sur les autres, progresse par sédimentation, par recouvrement, enfouissement et résurgence, qui tissent ainsi une sorte de géologie.

Athanor, détail.

Il  revient inlassablement sur son travail, parfois longtemps après. La terre argileuse aux tons rouge-brun, gris-rose, est lourde et craquelée. Dans les craquelures, des coulées de plomb irriguent cette terre dévastée.

« Au peintre inconnu », immense gravure sur bois.                                    Anselm Kiefer gravant une  plaque grand format. .« Au peintre inconnu », immense gravure sur bois.                                    Anselm Kiefer gravant une  plaque grand format. .

« Au peintre inconnu », immense gravure sur bois. Anselm Kiefer gravant une plaque grand format. .

Les livres... Une grande partie de l’œuvre d’Anselm Kiefer est constituée de livres, «vrais» livres (comme Teutoburger Wald) ou livres objets, sculptures, symboles, éléments d’une autre œuvre …

En 2015, la Bibliothèque nationale  a consacré une grande exposition aux «livres» d’Anselm Kiefer.

Gilgamesh et Enkidu dans la forêt de cèdres III,  (Gilgamesh und Enkidu  im Zederwald III, 1981)  est l'un des huit livres qu’il élabora entre 1981 et 1983.  Entièrement composé de photographies, ce livre narre l‘histoire de L'Épopée de Gilgamesh, roi sumérien (2.700 av. J.-C.)  et du guerrier Enkidu, récit épique de l’ancienne Mésopotamie, un des premiers grands chefs-d'œuvre de la littérature.

Au lendemain de la conférence  «  Anselm Kiefer », à Saulny, le 12 novembre 2018.Au lendemain de la conférence  «  Anselm Kiefer », à Saulny, le 12 novembre 2018.

Mesopotamia, 1989, détail.  Livres de plomb.  ( Mésopotamie : civilisation où est née l’écriture. )

Le plomb provient de la réfection  de la toiture de la cathédrale de Cologne.

 

En 1993, il s’installe à Barjac, dans une ancienne filature de soie, sur un terrain de 35 ha. Il réalise une galerie suspendue, et  fait de cet endroit un champ d’expérimentation, une œuvre d’art total.  Les  tours penchées de Ninive  (ville ancienne du  Croissant fertile, berceau de la civilisation)  sont reliées par des souterrains. Les briques qui tombent, les ruines, les écroulements, sont des éléments qui généreront de nouvelles cultures, où quelque chose peut recommencer. C’est un processus sans fin. Tout évolue sans cesse.

En 2002, un climat hostile  le pousse à s’établir ailleurs. Il déménage  à Croissy-Beaubourg  dans un environnement industriel à  l’Est de Paris, dans les vastes entrepôts  de « La Samaritaine ».

Anselm Kiefer et son épouse à Barjac, été 2014.  Les tours de Ninive. Atelier de Croissy-Beaubourg . Anselm Kiefer dans son atelier à Croissy-Beaubourg.
Anselm Kiefer et son épouse à Barjac, été 2014.  Les tours de Ninive. Atelier de Croissy-Beaubourg . Anselm Kiefer dans son atelier à Croissy-Beaubourg.
Anselm Kiefer et son épouse à Barjac, été 2014.  Les tours de Ninive. Atelier de Croissy-Beaubourg . Anselm Kiefer dans son atelier à Croissy-Beaubourg.
Anselm Kiefer et son épouse à Barjac, été 2014.  Les tours de Ninive. Atelier de Croissy-Beaubourg . Anselm Kiefer dans son atelier à Croissy-Beaubourg.

Anselm Kiefer et son épouse à Barjac, été 2014. Les tours de Ninive. Atelier de Croissy-Beaubourg . Anselm Kiefer dans son atelier à Croissy-Beaubourg.

" Monumenta ", 2007, Grand Palais, Paris." Monumenta ", 2007, Grand Palais, Paris.

" Monumenta ", 2007, Grand Palais, Paris.

Une exposition lui est consacrée au Grand Palais en 2007. «  Monumenta » renferme des milliers de photos à l’intérieur.  Ruines, décombres, blocs, traversent constamment son œuvre, et témoignent de sa fascination pour la construction -déconstruction qui hante son travail.

Une œuvre sombre souvent tragique, symbolique, religieuse et athée à la fois, mais profonde et fascinante. « … la matière est une enveloppe contenant l’esprit qu’il faut découvrir. » Anselm Kiefer.

Prochaines rencontres avec Les Arts 57 :

en  décembre, plusieurs visites guidées de l'exposition

"Splendeurs du christianisme au Musée de la Cour d'Or."

en janvier, visite guidée au Centre Pompidou Metz, « Peindre la nuit ».

lesarts57@hotmail.fr   ou tél.   03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

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11 octobre 2018 4 11 /10 /octobre /2018 10:10

 

Gustav Klimt, Le baiser.

Gustav Klimt, Le baiser.

Joli succès pour cette soirée organisée par les «  Les Arts 57 ». C’est devant une salle comble que Christophe  Rodermann, maître en droit et histoire de l’art, et  guide conférencier du patrimoine nous a permis de redécouvrir  ce peintre autrichien «  hors normes ».

Au lendemain de la conférence « Regards sur Gustav Klimt », le lundi 1er octobre, à Saulny.Au lendemain de la conférence « Regards sur Gustav Klimt », le lundi 1er octobre, à Saulny.

En cette deuxième partie du  19ème, c’est l’académisme qui  règne :  formation classique,  dessin,  anatomie. La peinture d’histoire est la plus prestigieuse, puis les sujets religieux, le portrait …  tout est hiérarchisé. En 1863, Manet provoque un scandale avec son déjeuner  sur l’herbe : une femme nue dont le corps n’est plus idéalisé entre 2 hommes habillés. « Je peins ce que je vois et non ce qu’il plait aux autres de voir ». La révolution industrielle, le progrès fascinent, les artistes s’intéressent au monde qui les entoure. Le chemin de fer, l’invention du tube ont permis la peinture en extérieur  avec la  «  touche impressionniste» de plus en plus rapide s’adaptant aux effets du temps : reflets changeants sur l’eau, brouillard …

Gustav Klimt est né en 1862 à Vienne, famille de 7 enfants.  De son père orfèvre ciseleur,  artisan modeste, il hérite le goût et le « savoir-faire »  pour l’ornement.  Début 20ème, période  où la  foi fait défaut,  on cherche une nouvelle spiritualité,  les nationalismes exacerbés  menacent, la seule chose qui peut régénérer la société est l’amour. 

Le baiser, 1907-08. 180 x180, Palais du Belvedère, Vienne.

 

Certainement la toile la plus célèbre, par sa portée universelle, hors du temps. Passion et tendresse.  Inspirations multiples : estampes japonaises, art byzantin…  Différentes teintes dorées entre le fond  et le couple, ainsi mis en valeur…  Habit masculin : motifs rectangulaires, noirs, plus durs.  Ronds colorés, floraux pour la femme. Parterre de fleurs : nature qui renait, symbole de fertilité.

Souplesse des lignes de l’Art nouveau.

Palais de la Sécession de Josef Olbrich, 1897-1898. Vienne.

Construit pour accueillir les œuvres de jeunes artistes qui n’ont pas accès aux salons ou galeries. Klimt fait partie de la Sécession viennoise (=Art  nouveau autrichien) qui se rebelle contre les conceptions anciennes en vigueur depuis la renaissance (400 ans) en particulier la distinction arts majeurs et arts mineurs (les arts décoratifs). « Ver sacrum »,  nom de leur revue (1898-1903). (= printemps sacré).

Un  art nouveau européen nait  partout  : Paris (bouche de métro), Bruxelles, Barcelone  et l’Ecole de Nancy  qui s’inspire aussi de la nature.

L’atelier  qu’il monte avec  son frère,  artiste décorateur, acquiert une certaine renommée à Vienne. Ils achèvent  le grand chantier du théâtre de Vienne.

 Klimt démocratise l’art du portrait en proposant, à partir de photographies, des portraits réalistes de jeunes  femmes. Souci du détail, collier de perles, décor tapisserie.  Bonne réputation dans l’aristocratie viennoise.

Periode impressionniste. Portrait d’une femme, 1894.  Portrait de Sonja Knips, 1898. Schubert au piano, 1899. (détruit en 1945)Periode impressionniste. Portrait d’une femme, 1894.  Portrait de Sonja Knips, 1898. Schubert au piano, 1899. (détruit en 1945)Periode impressionniste. Portrait d’une femme, 1894.  Portrait de Sonja Knips, 1898. Schubert au piano, 1899. (détruit en 1945)

Periode impressionniste. Portrait d’une femme, 1894. Portrait de Sonja Knips, 1898. Schubert au piano, 1899. (détruit en 1945)

Que ce soit les sujets mythologiques, l’antiquité grecque, ou l’art religieux, il magnifie le  pouvoir sensuel féminin en s’affranchissant, dans ses portraits, des 3 règles essentielles du style classique : perspective, clair-obscur et modelé.

Pallas Athéna ,1898.

 

 Une des premières œuvres représentatives de la Sécession Viennoise, Klimt  cherche  à retrouver la « force essentielle » de l’art grec antique. Autour du cou d’Athéna, la  gorgone   prend pour modèle la  méduse décapitée proche de celle de l’armure d’Athéna décrite par Homère dans l’Iliade. Dans le fond du tableau,  il peint le combat d’Héraclès contre Triton inspiré d’un vase de l’époque archaïque.

Judith  et la tête d’Holopherne, 1901. Danaé, 1907.
Judith  et la tête d’Holopherne, 1901. Danaé, 1907.

Judith et la tête d’Holopherne, 1901. Danaé, 1907.

Judith se rend au camp d’Holopherne, général  assiégeant  la ville de Bethulia. Impressionné par sa beauté, il  l’invite à un festin, puis dans sa tente où elle profite de son ivresse pour le décapiter. Elle revient avec la tête d’Holopherne. Son geste galvanise les habitants qui font fuir les envahisseurs.

Danaé fut enfermée dans une tour  car un oracle avait prédit que son père Acrisios serait tué par son petit-fils. Mais, en dépit de ces précautions, Zeus vint lui rendre visite sous la forme d'une pluie d'or et elle lui donna un fils nommé Persée.

 Portrait de Fritza Riedler. 1906.                            Adèle  Bloch- Bauer  1, 1907.
 Portrait de Fritza Riedler. 1906.                            Adèle  Bloch- Bauer  1, 1907.

Portrait de Fritza Riedler. 1906. Adèle Bloch- Bauer 1, 1907.

Portrait d’Emilie Plöge, 1902.

 

 

Emilie Flöge, sa compagne, femme indépendante, travaille dans la mode,  déjà d’une grande modernité pour l’époque.  Ses robes,  chapeaux, tissus inspirent Klimt.

Dans ses portraits de dames : visage et mains sont  réalistes.  Il s’inspire de l’Égypte ancienne avec le motif de l’œil en amande protecteur, (oudjat),  de l’art byzantin avec l’introduction  de la  feuille d’or, des estampes japonaises abolissant la perspective. Technique mixte et format carré  sont aussi  tout à fait novateurs.

 

En 1904, un banquier belge Adolphe Stoclet  lui commande la réalisation des mosaïques murales de la salle à manger d'un palais qu'il construit à Bruxelles.

"L’Arbre de Vie" est la partie centrale de la fresque. Il représenterait la complexité des caractères humains, toujours agités d'humeurs contraires. A gauche, le personnage symboliserait l'attente. Ceux de droite, l'amour, c'est-à-dire l'accomplissement. L’arbre  représente le lien entre  la terre  et le ciel, les vivants et les morts … Motifs décoratifs aux formes géométriques variées, arabesques, spirales orientales…  

Très tôt,  il est fasciné par la peinture en extérieur, le calme du jardin. Parmi les 55 paysages peints par Gustav Klimt, la plupart ont pour décor l'Attersee, lac autrichien des environs de Salzbourg où le peintre passe  ses étés. Reflets dans l’eau, couleurs plus vives, il réactive les codes impressionnistes, jusqu’à devenir  même pointilliste  et divisionniste. Les formes géométriques, les différentes couleurs  donnent   la sensation de différents niveaux, de verticalité,  de perspective. Il arrive progressivement à l’abstraction

Jardin avec des poules, 1899.    -                         Haut-bois, 1902.           -     Allée du parc Shloss Kammer, 1912 L’église d’Unterach  am Arttersee , 1910.  -        Des pommiers,  1916.  -                   Jardin avec des coqs , 1917.Jardin avec des poules, 1899.    -                         Haut-bois, 1902.           -     Allée du parc Shloss Kammer, 1912 L’église d’Unterach  am Arttersee , 1910.  -        Des pommiers,  1916.  -                   Jardin avec des coqs , 1917.
Jardin avec des poules, 1899.    -                         Haut-bois, 1902.           -     Allée du parc Shloss Kammer, 1912 L’église d’Unterach  am Arttersee , 1910.  -        Des pommiers,  1916.  -                   Jardin avec des coqs , 1917.Jardin avec des poules, 1899.    -                         Haut-bois, 1902.           -     Allée du parc Shloss Kammer, 1912 L’église d’Unterach  am Arttersee , 1910.  -        Des pommiers,  1916.  -                   Jardin avec des coqs , 1917.
Jardin avec des poules, 1899.    -                         Haut-bois, 1902.           -     Allée du parc Shloss Kammer, 1912 L’église d’Unterach  am Arttersee , 1910.  -        Des pommiers,  1916.  -                   Jardin avec des coqs , 1917.Jardin avec des poules, 1899.    -                         Haut-bois, 1902.           -     Allée du parc Shloss Kammer, 1912 L’église d’Unterach  am Arttersee , 1910.  -        Des pommiers,  1916.  -                   Jardin avec des coqs , 1917.

Jardin avec des poules, 1899. - Haut-bois, 1902. - Allée du parc Shloss Kammer, 1912 L’église d’Unterach am Arttersee , 1910. - Des pommiers, 1916. - Jardin avec des coqs , 1917.

Couleurs chatoyantes pour les œuvres plus tardives de ce peintre mystérieux, talentueux  et inclassable. Il a revisité les grands thèmes, fasciné par la représentation de la femme et cherché une nouvelle spiritualité. Il meurt à Vienne en 1918 à 56 ans laissant des œuvres inachevées. 24 grandes toiles se trouvent  au  musée du Belvédère à Vienne. Certaines œuvres spoliées ou détruites par les nazis en 1945 ont été reproduites grâce à des photos.

Les amies, 1916. Détruite en 1945 -         Portrait de Johanna Staude, 1917-18  -  Femme à l’éventail, 1917-18                       Portrait de Maria Munk (1917-18) inachevé.
Les amies, 1916. Détruite en 1945 -         Portrait de Johanna Staude, 1917-18  -  Femme à l’éventail, 1917-18                       Portrait de Maria Munk (1917-18) inachevé.
Les amies, 1916. Détruite en 1945 -         Portrait de Johanna Staude, 1917-18  -  Femme à l’éventail, 1917-18                       Portrait de Maria Munk (1917-18) inachevé.
Les amies, 1916. Détruite en 1945 -         Portrait de Johanna Staude, 1917-18  -  Femme à l’éventail, 1917-18                       Portrait de Maria Munk (1917-18) inachevé.

Les amies, 1916. Détruite en 1945 - Portrait de Johanna Staude, 1917-18 - Femme à l’éventail, 1917-18 Portrait de Maria Munk (1917-18) inachevé.

Adam et Eve, 1918. Inachevé.

Dernier « pied de nez» à l’histoire de l’art, il montre Adam et Ève, joyeux au moment charnel avant qu’ils ne soient exclus du paradis.      La femme est encore " mise en avant". 

 

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

Lundi 12 novembre à 20 h à SAULNY,

Salle Muller (salle polyvalente),

Le peintre Anselm Kiefer

Conférence présentée par Monsieur Laurent Commaille

Participation : 3 euros pour adhérents et étudiants ;

5 euros pour non-adhérents

Réservation souhaitée par mail ou par tél :

lesarts57@hotmail.fr   ou tél.   03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

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19 septembre 2018 3 19 /09 /septembre /2018 21:06
Dorothéa Tanning et Max Ernst avec sa sculpture Capricorne, 1947, Sedona, Arizona.

 

 

14 h, vendredi 3 août,  27 personnes étaient au rendez-vous organisé par Les Arts 57 pour une passionnante exposition mettant  en lumière 40 couples d’artistes représentatifs de tous les champs de la création : peintres, sculpteurs, photographes, designers, architectes, danseurs, musiciens… entre 1900 et 1950. Qu’ils soient officiels ou confidentiels, exclusifs ou harmonieux, ces couples mythiques s’influencent mutuellement et enrichissent  leur processus de création.

Lavinia Schulz et Walter Holdt.   

Histoire d’amour éclair entre 1920 et 1925  entre une danseuse costumière avant-gardiste et créatrice de génie et un danseur talentueux.  Les costumes de scène fabriqués avec des objets et matériaux de récupération créent un univers de personnages colorés, masqués, inspirés de fables nordiques, et évoquent des animaux, insectes fantastiques … Très célèbres en Allemagne,  mais détresse financière, relations conflictuelles, et  dépression  les mènent à une fin tragique : elle tue son mari puis se suicide en 1925.

Toboggan Frau, 1923, Costume présenté sur un  mannequin de 1,67 m. Hambourg Museum.

Jean Arp et Sophie Taeuber- Arp.

 

Ils se rencontrent à Zurich en 1915 au cours d’une exposition où Jean  a réalisé des œuvres textiles qui étonnent et impressionnent Sophie. Dans les tapisseries réalisées ensemble, elle donne les formes géométriques, le quadrillage sous-jacent tandis qu’il y met des formes souples, plus organiques.

 

Jean Arp et Sophie Taeuber-Arp, Symétrie pathétique, 1916 - 1917

 Ils se représentent l’un, l’autre : elle sculpte des têtes dada en forme d’œuf, porte chapeau en bois, il la peint, danseuse au cabaret Voltaire. Professeur d’art, elle dansait masquée pour garder son anonymat.

Jean Arp, Tänzerin (danseuse), 1925. Sophie Taeuber et Jean Arp, 1919 Sophie Taeuber- Arp, Tète Dada, 1920

 

En 1920, à Strasbourg,  Sophie Taeuber-Arp reçoit une commande pour la réalisation des Salons de l’Aubette des frères Horn, qui souhaitent construire un complexe de loisirs pour leur ville. Devant l’ampleur du chantier, elle propose à Jean d’y travailler avec elle, et ils invitent leur ami Theo van Doesburg à se joindre à eux. Chacun réalise un certain nombre de pièces de cette œuvre d’art  totale. Sophie Taeuber-Arp prend notamment en charge la décoration du bar.

Le bonheur de ce couple harmonieux prend fin en 1943, alors qu’ils s’apprêtaient à se rendre aux États- Unis, elle meut asphyxiée en Suisse. Éploré, il s’enferme dans un monastère et ne revient que par l’écriture, lui dédiant de touchants poèmes. Puis, il recrée des œuvres communes qu’il invente à partir de celles de Sophie afin de continuer à faire vivre son œuvre.

Jean Badovici et Eileen Gray.

Au début des années 1920, Eileen Gray, artiste et designer irlandaise, figure majeure de l’Art déco, vient d’ouvrir une galerie Faubourg Saint-Honoré, à Paris. Avec  Jean Badovici, jeune architecte, ils créent ensemble dans la baie de Roquebrune-Cap-Martin, la villa E 1027, (combinaison de leurs  noms et prénoms mêlés)

Anonyme. Portrait de Jean Badovici. Berenice Abbott, Portrait d’Eileen Gray, 1926.

 

Maison dressée sur pilotis avec une toiture terrasse, larges baies coulissantes, fenêtres en bandeau. (Inspirée par leur ami  Le Corbusier).  Meublée par Eileen dans un esprit croisière et pratique :  table pliante, structures tubulaires permettant d’être déplacés aisément, piètement latéral, un seul accoudoir au fauteuil laissant le bras plus libre, les tissus remplacent le cuir… 

Robert et Sonia Delaunay.

En se réveillant, les Delaunay parlent peinture.” «  Apollinaire n’exagérait pas… », commente Sonia Delaunay dans ses mémoires «… c’était vrai…. Nous nous sommes aimés dans l’art… La passion de peindre a été notre lien principal. Cela se confondait avec l’amour de la vie. »  Coup de foudre dès leur rencontre en 1907 chez Wilhelm Uhde, marchand et collectionneur allemand qui avait épousé Sonia pour sauver les apparences. lls se marient, ont un fils Charles (1911).

Robert Delaunay, Autoportrait, 1905-1906.               Sonia Delaunay, Autoportrait, 1904, fusain, craie.Robert Delaunay, Autoportrait, 1905-1906.               Sonia Delaunay, Autoportrait, 1904, fusain, craie.

Robert Delaunay, Autoportrait, 1905-1906. Sonia Delaunay, Autoportrait, 1904, fusain, craie.

Belle histoire et osmose dans la création, Robert est  proche des Fauves, ils avancent ensemble dans la recherche des contrastes de couleurs, des rythmes lumineux, de l’étude de la lumière du soleil, de la persistance rétinienne…

Sonia Delaunay, Prismes électriques, 1914.Robert Delaunay, Formes circulaires, Soleil n°2, 1912.

Sonia Delaunay, Prismes électriques, 1914.Robert Delaunay, Formes circulaires, Soleil n°2, 1912.

Alors que Robert se consacre principalement à la théorie et à la peinture, Sonia étend ses recherches picturales à son environnement : objets, tissus, reliures de livres, textes poétiques et costumes... Elle ouvre sa première boutique de mode et d’aménagement intérieur dont l’activité assure la subsistance du ménage. En 1924, Sonia inaugure l’atelier simultané, entreprise moderne dédiée à la création textile et vestimentaire mais ferme ses portes en 1929 (krach boursier). Elle  collabore avec Metz & Co, grand magasin établi à Amsterdam par des émigrés messins, Joseph et Hendrik de Leeuw, qui commercialise de nombreux motifs. Collaboration idéale : désireux de respecter les couleurs, les contrastes de la créatrice, Leeuw  transforme le produit final en œuvre d’art ! Ses croquis, dessins et aquarelles inspirent aussi son mari  gommant ainsi  la hiérarchie dans les arts.

Robert Delaunay, Rythmes, 1934.  Echantillons de tissu pour foulard, dessin 903, 1929, soie et crêpe de Chine. Cinq échantillons de tissu, dessin 1044, 1931, coton Georgette.
Robert Delaunay, Rythmes, 1934.  Echantillons de tissu pour foulard, dessin 903, 1929, soie et crêpe de Chine. Cinq échantillons de tissu, dessin 1044, 1931, coton Georgette.
Robert Delaunay, Rythmes, 1934.  Echantillons de tissu pour foulard, dessin 903, 1929, soie et crêpe de Chine. Cinq échantillons de tissu, dessin 1044, 1931, coton Georgette.
Robert Delaunay, Rythmes, 1934.  Echantillons de tissu pour foulard, dessin 903, 1929, soie et crêpe de Chine. Cinq échantillons de tissu, dessin 1044, 1931, coton Georgette.
Robert Delaunay, Rythmes, 1934.  Echantillons de tissu pour foulard, dessin 903, 1929, soie et crêpe de Chine. Cinq échantillons de tissu, dessin 1044, 1931, coton Georgette.
Robert Delaunay, Rythmes, 1934.  Echantillons de tissu pour foulard, dessin 903, 1929, soie et crêpe de Chine. Cinq échantillons de tissu, dessin 1044, 1931, coton Georgette.
Robert Delaunay, Rythmes, 1934.  Echantillons de tissu pour foulard, dessin 903, 1929, soie et crêpe de Chine. Cinq échantillons de tissu, dessin 1044, 1931, coton Georgette.
Robert Delaunay, Rythmes, 1934.  Echantillons de tissu pour foulard, dessin 903, 1929, soie et crêpe de Chine. Cinq échantillons de tissu, dessin 1044, 1931, coton Georgette.

Robert Delaunay, Rythmes, 1934. Echantillons de tissu pour foulard, dessin 903, 1929, soie et crêpe de Chine. Cinq échantillons de tissu, dessin 1044, 1931, coton Georgette.

Aino et Alvar Aalto.

Vitrine consacrée au couple d’architectes designer finlandais. Emulation intellectuelle et artistique, lignes organiques, résolument modernes. En décembre 1935, ils créent  l’entreprise Artek : volonté d’associer art et technologie et  de concevoir un mobilier de qualité, durable, aux lignes simples et chaleureuses. Paravent  en contreplaqué collé puis cintré dans une étuve chaude, sangles de bois de bouleau tissé pour la chaise longue, tabouret souvent copié depuis.   En 1936, leur premier magasin est  conçu par Aino comme un véritable showroom : grandes vitrines ingénieusement éclairées pour mettre en scène  toutes les gammes de mobilier et de vaisselle Artek, plantes vertes, table mise, concept très novateur pour l’époque.

Quelques temps après la visite guidée de l’exposition " Couples modernes "  au Centre Pompidou-Metz, le 3 août 2018.
Muray, Frida et Diego avec chapeau 1939

Frida Kahlo  et  Diego Rivera.

Lui, peintre muraliste très connu au Mexique, elle, célèbre pour ses autoportraits touchants, puise l’inspiration dans son expérience personnelle, tourmentée à la suite d’un accident. Mais tous deux militent pour un art populaire et une exaltation de la culture mexicaine.

Cubes inégaux possédant chacun leur entrée mais reliés par une passerelle, ce double atelier commandé par  Diego  est  à l’image de ce couple passionné que tout oppose. Le couple est fusionnel mais  souvent déchiré, il y vit de façon discontinue entre 1933 et 1939, Diego créant et recevant ses nombreuses conquêtes dans le grand atelier rose fermant l’accès  de celui  occupé par Frida.

Frida peignant sous le regard de Diego, 1940, cliché B. Silberstein.Frida Kahlo, « The  Frame » (« Le Cadre ») 1938, huile sur alu, sous verre et bois peint. Seule œuvre  de Frida Khalo présente en Europe.Frida peignant sous le regard de Diego, 1940, cliché B. Silberstein.Frida Kahlo, « The  Frame » (« Le Cadre ») 1938, huile sur alu, sous verre et bois peint. Seule œuvre  de Frida Khalo présente en Europe.

Frida peignant sous le regard de Diego, 1940, cliché B. Silberstein.Frida Kahlo, « The Frame » (« Le Cadre ») 1938, huile sur alu, sous verre et bois peint. Seule œuvre de Frida Khalo présente en Europe.

Leonora Carrington, Max Ernst.

Leonora rencontre Max Ernst en Angleterre, elle connait ses toiles, elle a 19 ans, lui déjà marié en a 45. Ils s’installent  à Saint-Martin-d’Ardèche. (1938-1940).  Tous deux  révèlent  leur passion commune pour les légendes, les mondes merveilleux et ésotériques, les  créatures hybrides, fantastiques … : sphinx, sirène, oiseau, fantôme, femme cheval recouvrent murs, portes…

Leonora Carrington, Max Ernst, La rencontre, 1939.
Leonora Carrington, Max Ernst, La rencontre, 1939.
Leonora Carrington, Max Ernst, La rencontre, 1939.

Leonora Carrington, Max Ernst, La rencontre, 1939.

L’animal totem de Max Ernst est l’oiseau  tandis que celui de Leonora est le cheval, signe de fougue, de  liberté mais aussi de transformation et de libération dans la mythologie celtique. La fascination  de Leonora pour les contes et le roman gothique anglo-saxons fusionne avec l’univers germanique, surréaliste et mythologique de Max. Chacun apporte sa culture littéraire et artistique à l’autre. Cet univers en ébullition prend malheureusement fin avec les incarcérations répétées d’Ernst en tant que citoyen allemand. Isolée, elle perd pied et fuit en Espagne, puis se réfugiera à New-York. 

 

Max Ernst,  La Toilette de la mariée, 1940.

Une somptueuse mariée à tête de chouette, entourée d’une chimère et d’un héron à la lance agressive repousse une autre femme tournée vers l’arrière. Jeu de perspective…, A l’arrière-plan, l’état antérieur du tableau, (lorsque Leonora était encore présente),  influence du contexte de la guerre ?  évolution  de sa situation personnelle ?...

Dorothéa Tanning, Max Ernst.

Max Ernst se réfugie  aux  Etats Unis grâce à Peggy Guggenheim, qu’il épouse en 1942. Celle-ci prépare une exposition de peinture, « Thirty Women», (30 femmes). Peggy avait eu la bonne idée de demander à Max de prospecter dans les ateliers de Manhattan pour son exposition. Quand il découvre  Birthday, autoportrait  surréaliste de Dorothéa Tanning, il en reste médusé. Il quitte Peggy, s’installe  avec  Dorothea à Sedona en Arizona, au cœur du désert, où les cultures indiennes influencent les deux artistes. Peggy Guggenheim en garda rancune et disait à propos de ces Thirty Women, « il y a une peintre de trop! ».

 

Dorothéa Tanning , A Very Happy Picture,  1947.  (Un tableau très heureux).

 

 Atmosphère de départ en voyage, un couple (jeunes mariés ?) fusionne dans une tempête qui fragmente l’espace et les aspire vers une destination inconnue.

Max Ernst, Capricorne, 1948.

Majestueuse sculpture composite, peut-être référence à leur relation née au cours d’une partie d’échecs, figure du Roi jouant avec la reine,  gardiens protecteurs de leur demeure. Réalisés avec les restes du chantier de leur maison et des objets utilitaires,  des êtres hybrides entre humain et animal voient ainsi le jour: sirène, taureau, poisson,…

Dorothea Tanning, peintre, muse, forme avec Max Ernst pendant 34 ans, «le couple le plus extraordinaire du surréalisme ». Désert et  arts amérindiens s’insèrent dans leur univers. Art et vie se mêlent à l’intérieur et autour de leur maison.

Dora Maar et Pablo Picasso.

Photographe déjà réputée à Paris, Dora Maar réalise des images intrigantes, à la frontière du rêve et de la réalité,  lorsqu’à l’automne 1935, elle rencontre Pablo Picasso. Indépendante, elle est proche des surréalistes. Ils se photographient mutuellement et elle devient sa  muse, prend des clichés du travail de Picasso sur Guernica.

 

 

 Anonyme.  Portrait de Dora Maar de trois quarts, Paris, 1935.

 

         Dora Maar, Portrait  de    Picasso,  1935-36.

Pablo Picasso, Portrait de femme, 1938.

Petit à petit, il prend l’ascendant sur elle. Dora Maar abandonne progressivement la photographie, encouragée par Picasso, elle sacrifie délibérément son talent au profit d’une peinture qui ne peut rivaliser avec celle du « maitre ». Alors que leur relation se dégrade, le peintre continue à multiplier les portraits de son modèle, s’emparant de son image jusqu’à la dislocation, en écho à la destruction progressive de sa personnalité et à l’effondrement du monde en guerre qui l’entoure. Elle devient l’incarnation de l’Espagne qui souffre dans la «Femme qui pleure » dont les yeux sont des coupelles qui se renversent. Consciente de cette emprise, elle photographie les portraits rassemblés dans l’atelier et lui offre la chaise, sur laquelle elle a si souvent posé, en cadeau de séparation.

 

Ces couples d’artistes, où art et vie fusionnent, terreau  propice à la création, ont largement contribué à l’évolution de la pensée et des mœurs en particulier du rôle de la femme.

Passée bien trop vite, cette heure de visite, il restait  de nombreux  autres couples eux  aussi  très intéressants, à ne pas manquer …  L’exposition «  Couples modernes » sera installée  à Londres au Barbican Centre, du 10 octobre 2018 au 27 janvier 2019.

 

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

Lundi 1 octobre à 20 h à SAULNY, Salle Muller (salle polyvalente),

«  Regards sur Gustav KLIMT »

Conférence présentée par   Christophe RODERMANN

Participation : 3 euros pour adhérents et étudiants ; 5 euros pour non-adhérents

Réservation souhaitée par mail ou par tél :

lesarts57@hotmail.fr   ou tél.   03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

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8 septembre 2018 6 08 /09 /septembre /2018 15:22
Emmanuelle Painchaud, Peintre sur mobilier. Création contemporaine - Tradition - Restauration

 

Ce mardi 24 Juillet, il fait déjà bien chaud et  la charmante maison ancienne nous accueille dans sa fraîcheur agréable : escalier au tapis peint sur le bois, murs recouverts de patines élaborées  de teintes douces et veloutées, meubles décorés en trompe l’œil,  et Emmanuelle Painchaud, souriante, au milieu !

 

 

Pinceaux, brosses, pigments de toutes sortes, échantillons,   meubles  en  attente de « relooking »,  d’autres  meubles  terminés  et  magnifiques,  telle cette vitrine  Chippendale,  ornée d’un galuchat  en  trompe l’œil.  Comme à chaque visite d’atelier,  nous entrons dans le monde si personnel  et  original d’un artisan d’art.

 

Emmanuelle Painchaud a eu un parcours très atypique.

L'héritage de son arrière-grand-père, artiste - il nous observe avec amusement dans son cadre posé au milieu des pinceaux - lui laisse peintures à l'huile, brosses diverses, feuilles d'or, pigments, outils, dessins et planches d'ornements.

C'est pourtant vers le bâti ancien et plus particulièrement vers le travail artisanal de la chaux qu'elle va s'orienter.  Formée aux techniques et pratiques de la chaux  à  l'Ecole d'Avignon,  aux Ateliers de Vérone  et à l'Institut Européen de Restauration  et  de Conservation du Patrimoine Architectural de San Servolo (Venise),  elle n'en oublie pas moins la peinture  et son héritage.

En autodidacte,  elle approfondit  les techniques picturales anciennes, explorant les recettes dans son atelier qu'elle ouvre en 2003 sur les hauteurs de Metz.

Fascinée constamment  par la magie de l'embellissement, après le bâtiment elle se consacre aujourd'hui au mobilier, plus personnel, alliant les techniques ancestrales et modernes pour des réalisations uniques.

 

C’est ainsi que,  pendant une heure et demie, nous voyagerons  avec  elle à  travers patines, tadelakt, enduits divers et pigments colorés.

Nous nous émerveillerons de ces vieux meubles quasi au rebut,  soudain métamorphosés,  comme par exemple,  la  vieille commode ventrue de l’atelier,  achetée aux puces et maintenant pleine de  charme et d’humour !

 

Détailler le travail  qu’a nécessité sa  rénovation est déjà tout un programme :  il faut  recouvrir  le meuble d’un film  plastique,  projeter le motif  au rétroprojecteur sur la surface  à traiter - qui n’est pas plane ! -,  découper le film plastique pour en faire un pochoir, trait  par trait, pour reproduire  l’imprimé pied de coq,  et enfin mettre en peinture le pochoir ainsi créé !   Des heures et des heures de travail.  Mais à l’arrivée, un chef d’œuvre d’originalité, de précision et … d' humour.

Emmanuelle Painchaud met  simplement  en pratique dans son métier, avec constance et perfection,  les  notions de patience, de technique, de travail de recherche, d’amusement.

 

Depuis quelque temps, elle  s’oriente  également  vers la transmission de son savoir-faire à travers des stages organisés à Plappeville. 

 

AMD Décoration,  PAINCHAUD Emmanuelle

66 rue du général de Gaulle
57050 PLAPPEVILLE

Tél. : 06 85 12 42 15      ,       03 87 80 40 23

                 Site web : www.amdecoration.com           

                    Email : amdeco.ep@gmail.com

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 : conférence

lundi 1er octobre à 20 heures, à SAULNY salle polyvalente.

« Regards sur Gustav KLIMT » par Mr Christophe RODERMANN 

Participation : 3 euros pour adhérent - 5 euros pour non-adhérent

Réservation souhaitée par mail : lesarts57@hotmail.fr

ou par tél : 03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

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26 juillet 2018 4 26 /07 /juillet /2018 19:33

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Aménagements de Blondel, place d’Armes près de la cathédrale St Etienne, Metz.

 

Les Arts57 avaient donné rendez-vous  à une trentaine de personnes,  en deux groupes, à 14h et 15h,  avec Mme Rachula, attachée au service patrimoine de la ville de Metz et chef de projet pour cette exposition, organisée par la Ville de Metz, en partenariat avec l’Ecole d’Architecture de Nancy, et le soutien de la Cité de L’Architecture et du Patrimoine de Paris.

 

Au siècle des Lumières, Jacques-François Blondel (1708- 1774)  est  une figure majeure de l’architecture du XVIII ème.  C’est avant tout un théoricien, il  réfléchit, rédige  des traités, et enseigne, il a très peu bâti : l’ensemble messin est un  précieux et remarquable témoignage. L’exposition  comprend 2 parties : Blondel l’intellectuel  et Blondel à Metz.

Portrait de J.F. Blondel, 1770. Musée Carnavalet, Paris. Dessin à la pierre noire et sanguine, seul petit portrait existant.

Gravure de Blondel.

 

Formé à l’architecture par son oncle, ses talents sont multiples, il est d’abord graveur, concepteur de décors éphémères, d’édifices et de projets urbains mais aussi  d’aménagements intérieurs. Il  publie un ouvrage consacré aux « maisons de plaisance », (1737-38), demeures situées à la campagne, commanditées par les familles aisées. 

 

 

Blondel démontrant des machines…

 

Il ouvre sa première école privée d’architecture vers 1740. Il enseigne à des élèves, des artisans et des « hommes du monde », amateurs éclairés susceptibles d’être des commanditaires.  Grande innovation : en un seul lieu  «  l’Ecole des arts » dispense non seulement des cours théoriques mais aussi pratiques :  dessins,  tracés,  plans, gravures,  maquettes,  modèles réduits en bois,  taille de  la pierre,  visites de bâtiments ou chantiers.  Professeur très apprécié  et  reconnu,  il formera la plupart des bons architectes  des  décennies  suivantes.

Fonte de statue équestre. Grue de Brulé, fin 18ème..   N.B. Lépicié, le petit dessinateur, 1772.  Echafaudage pour monter une statue équestre.
Fonte de statue équestre. Grue de Brulé, fin 18ème..   N.B. Lépicié, le petit dessinateur, 1772.  Echafaudage pour monter une statue équestre.
Fonte de statue équestre. Grue de Brulé, fin 18ème..   N.B. Lépicié, le petit dessinateur, 1772.  Echafaudage pour monter une statue équestre.
Fonte de statue équestre. Grue de Brulé, fin 18ème..   N.B. Lépicié, le petit dessinateur, 1772.  Echafaudage pour monter une statue équestre.

Fonte de statue équestre. Grue de Brulé, fin 18ème.. N.B. Lépicié, le petit dessinateur, 1772. Echafaudage pour monter une statue équestre.

 

De 1752 à 1756, il recense  les plus beaux édifices du XVII ème  dans «  L’Architecture françoise ».  Il redonne vie à l’architecture classique aux canons antiques, s’opposant   à l’art rocaille alors très en vogue   ( place Stanislas à Nancy ).

 

Proche de D’alembert, il contribue à l’Encyclopédie, rédigeant plus de 500 notices, gravures, articles  pendant une dizaine d’années (1748-1757).

M. Quentin de La Tour, Jean Le Rond d’Alembert, 1773,  musée du Louvre.

L-M. Van Loo, Denis Diderot, 1767, musée du Louvre.

Grace au marquis de Marigny, Abel Poisson, frère de la marquise de Pompadour, directeur général des bâtiments du roi,  Blondel rejoint l’Académie royale d’architecture au Louvre en 1755. Il commence la rédaction de son « Cours d’architecture » en 1771 (achevé par son ami Pierre Patte après sa mort en 1774), ouvrage de référence pour ses élèves.

Jean- Marc Nattier, Manon Baletti, 1757, Londres.

 

 

Veuf, il se remarie (1760) avec la jeune Manon Balletti, 20 ans, issue d’une famille  d’artistes, bien connue de Casanova. Dilemme pour la jolie Manon qui choisit Blondel, homme plus âgé offrant plus de stabilité. Ils auront un fils Jean-Baptiste.

Portait de la Ville et Cité de Metz, XVII ème, huile sur toile, musée de la Cour d’or. Metz.

Portait de la Ville et Cité de Metz, XVII ème, huile sur toile, musée de la Cour d’or. Metz.

 

Début XVIII ème, Metz est encore une cité médiévale aux ruelles étroites.  Nommé gouverneur en 1727, le duc de Belle-Isle, petit-fils du surintendant Fouquet,  entreprend des  travaux titanesques : fortifications, casernes, aménagement de l’ile du petit Saulcy avec l’opéra-théâtre, ouverture de nouvelles voies de circulation … Il veut embellir la ville et en faire une cité digne de la France.

Portait du maréchal-duc de Belle-Isle, d’après Hyacinthe Rigaud, 1741. Musée de la Cour d’or. Metz

Il fait faire un état des lieux avant les grands aménagements : plan tracé à la main proche du plan cadastral, 1734-36.  Chaque parcelle répertoriée avec le nom du propriétaire… Et un code couleur étonnant : rouge pour les propriétaires privés  /  bleu et jaune liés au culte, bâtiments  et jardins  /  vert : armée  /  orange : protestant  /  gris : communauté juive.

 

 

Le secteur de la cathédrale est encore  infranchissable en carrosse,  les maisons sont si proches qu’elle n’a pas d’entrée   dans l’axe principal mais par le portail de    la Vierge de côté (celui de l’église initiale Notre-Dame de la Ronde).

Fabert, voyage du Roy à Metz, 1610.

 

 

Gravure représentant les festivités organisées dans la cour de l’évêché   pour le passage d’Henri IV à Metz en 1603.

En 1754, il entreprit de dégager les abords de la cathédrale, en quelques mois les édifices disparaissent, le bas de la colline Ste Croix  est arasé.  Mais le maréchal Belle-Isle décède en 1761, laissant le centre de la cité dévasté. C’est dans ce contexte de gravats  que Blondel arrive, envoyé à Metz par la puissante  famille Choiseul afin de trouver un terrain et d’établir les plans de la future abbaye royale de St Louis. L’architecte choisit un emplacement en contrebas de la cathédrale (actuel irish pub). Ce projet ne verra jamais le jour, mais les plans, coupes, et  élévations de l’église abbatiale sont publiés dans son cours d’architecture.. Blondel dans ce contexte chaotique, s’intéresse  à la situation et présente à son successeur, le maréchal d’Estrées, un plan d’aménagement de trois places, la construction d’un hôtel de ville d’un corps de garde, d’un parlement, d’un évêché et de logements pour le chapitre.

Places urbaines de Blondel, maquette réalisée par des étudiants de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Nancy. (projet de l’abbaye St Louis , visible en contrebas de la cathédrale.)  Places urbaines de Blondel, maquette réalisée par des étudiants de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Nancy. (projet de l’abbaye St Louis , visible en contrebas de la cathédrale.)

Places urbaines de Blondel, maquette réalisée par des étudiants de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Nancy. (projet de l’abbaye St Louis , visible en contrebas de la cathédrale.)

 La cathédrale ainsi dégagée pourra être dotée d’une entrée principale digne de son rang. Dans cet espace compliqué, Blondel réussit à proposer un projet  où  toutes  les  façades  se répondent en parfaite symétrie. La place d’Armes, place d’apparat permettant le mouvement des troupes concentre les quatre pouvoirs :  religieux (cathédrale),  municipal (Hôtel de ville),  militaire (corps de garde = actuel office de tourisme), et royal pour le Parlement en face. Celui-ci  ne sera pas achevé et migrera à Nancy avant la révolution.

Elévation de la façade de l’Hôtel de ville… Claude Gardeur-Lebrun, 1766, d’après les plans de Blondel.

Elévation de la façade de l’Hôtel de ville… Claude Gardeur-Lebrun, 1766, d’après les plans de Blondel.

La  cathédrale gothique est intégrée à cet ensemble classique par une galerie d’arcades pour répondre à la symétrie de l’ensemble. Il  la dote d’un portail majestueux, financé par Louis XV , en souvenir de sa maladie puis de sa  guérison  lors de son passage à Metz en 1744.

Portique de la cathédrale de Metz …sur les dessins de Blondel, 1764, graveur Barbe.

La révolution met un coup d’arrêt aux aménagements. Le palais de l’évêché ne sera jamais terminé et transformé en marché couvert en 1830.  Après l’incendie de la toiture de la cathédrale ( 1877),  les autorités allemandes en confie la restauration  à Paul Tornow.   Le portail de Blondel démantelé est remplacé par un portail néogothique.

Au lendemain de la  visite  guidée  de l’exposition « Blondel, architecte des Lumières à Metz », à l’Arsenal, le 13 juillet 2018.

Le plan relief de Metz réalisé en 1821-27 est conservé aux Invalides, à Paris. Une réplique, réalisée en 1990, au 1/600 mesurant 32 m2, (9,22m x 7.50m)  est visible au 144 route de Thionville, à Metz. Elle permet d’apprécier en particulier les travaux de Blondel dans leur état début XIX ème.  Par son ampleur, sa qualité, le projet de Blondel est considéré comme l’un des plus originaux et permit  d’embellir et  de valoriser la ville à la fin du XVIII ème siècle.

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

Vendredi 3 Août, 14 h au Centre Pompidou, visite guidée  de l’exposition

« Couples modernes ».

Rendez-vous sur place dans le hall d'entrée à 13 H 40,

Participation pour la visite guidée : 5 euros pour adhérent - 8 euros pour non-adhérent

Cette visite est selon le protocole imposé par le Centre Pompidou Metz,

limitée à 30 personnes,

Réservation souhaitée par mail : lesarts57@hotmail.fr

ou par tél : 03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

 

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20 juillet 2018 5 20 /07 /juillet /2018 11:04

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Palais-bulles de Pierre Cardin, Théoule-sur-Mer.

Palais-bulles de Pierre Cardin, Théoule-sur-Mer.

Soirée très intéressante : « Habiter les formes organiques : l’architecture sculpture ou la révolution de l’habitat par les matériaux », sujet étonnant  qu’Aurélie Michel, Maître de conférences  en Sciences de l’art à l’Université de Lorraine, va nous décrypter très agréablement ….  Organisée par LesArts57, cette soirée a réuni  une  trentaine de personnes.      

 

 

L’architecture-sculpture apparait dans les années  50 en réaction à  l’architecture rationnelle  où « la forme suit la fonction » : l’objet  adapté à 1 ou plusieurs fonctions précises évacue l’ornementation. Idée de donner une dimension sensible à l’architecture, d'engager une réflexion et d'établir des « ponts » entre architectes et artistes.

Dymaxion House, 1929-1946, prototype à l’échelle 1.

Richard Buckminster Fuller, architecte  américain  préfigure cette tendance en développant  le concept d’une machine habitée : Dymaxion House, prototype créé en 1927.  Il s’interroge sur notre façon de vivre, sur l’habitat amené à se déplacer, le penser en kit, son rapport à l’environnement, utiliser les ressources sur place : point d’eau, énergie solaire pour générer de l’électricité…   Il s’inspire des civilisations nomades  en particulier du modèle des yourtes.   Armature légère  (aluminium), les panneaux s’insèrent dessus, une voiture y est associée.

plan et intérieur de la Dymaxion House.

plan et intérieur de la Dymaxion House.

Au lendemain de la conférence, « …l’architecture-sculpture …», à Saulny, le 2 juillet 2018.

Il étudie les propriétés du dôme par rapport à la lumière, à la circulation des flux de température, à la résistance au vent …  La ½ sphère est reproduite à partir de triangles, il teste l’habitation  en faisant construire  le Dome Home en 1960, à Carbondale, dans l’Illinois.  Il y vivra pendant 10 ans avec son épouse.

 

construction du DomeHome.construction du DomeHome.

construction du DomeHome.

Réfléchissant  à l’habitat de demain, ses écrits précurseurs parfois utopistes  rencontrent encore  les préoccupations d’aujourd‘hui  ou inspirent d’autres artistes.

Richard Buckminster Fuller,« Dome over Manhattan », 1960-1965 : capsule de protection utopique..  Juan Navarro Baldeweg, Ecosystems enclosed in pneumatic bubbles floating in New York Harbor. Application of a climatic control system, 1972, photomontage.   Dôme climatique reproduisant  un écosystème à différents endroits de la planète.Richard Buckminster Fuller,« Dome over Manhattan », 1960-1965 : capsule de protection utopique..  Juan Navarro Baldeweg, Ecosystems enclosed in pneumatic bubbles floating in New York Harbor. Application of a climatic control system, 1972, photomontage.   Dôme climatique reproduisant  un écosystème à différents endroits de la planète.

Richard Buckminster Fuller,« Dome over Manhattan », 1960-1965 : capsule de protection utopique.. Juan Navarro Baldeweg, Ecosystems enclosed in pneumatic bubbles floating in New York Harbor. Application of a climatic control system, 1972, photomontage. Dôme climatique reproduisant un écosystème à différents endroits de la planète.

 Frederick Kiesler , architecte, sculpteur et scénographe. Recherches sur le rapport entre corps, habitat et environnement.  Dans sa  « maison sans fin »,   il n’y a plus de délimitations  entre murs  et plafonds, il brise l’orthogonalité et libère les formes au sein de l’architecture.  Il utilise les formes organiques : coque, capsule , bulle…  Elle  évolue : forme d’œuf,  puis plusieurs œufs, puis sur piliers, communications entre les différentes parties. C’est le béton projeté ou gunitage qui permet ces formes courbes plus complexes…    Espaces flexibles,  modulables,  transformables,  ils peuvent s’adapter aux besoins et souhaits des habitants.  Ses modèles,  jamais réalisés à l’échelle 1, sont restés à l’état d’œuvre d’art mais replacer ainsi  l’humain au centre de son habitat a inspiré les générations suivantes même si nombre de ses projets étaient utopiques.

Frederick Kiesler, Endless theatre, 1924, élévation.  Frederick Kiesler  présentant la maquette de  l’Endless House, 1959, New York.Frederick Kiesler, Endless theatre, 1924, élévation.  Frederick Kiesler  présentant la maquette de  l’Endless House, 1959, New York.

Frederick Kiesler, Endless theatre, 1924, élévation. Frederick Kiesler présentant la maquette de l’Endless House, 1959, New York.

A Paris, pour l’exposition Art et architecture en  1950, Le Corbusier crée  un Pavillon « Synthèse des arts », œuvre d’art totale :  l’enveloppe architecturale et ce qu’elle contient :  mobilier, éléments domestiques…

En 1951,  André Bloc (1896-1966), fonde  le groupe Espace  qui  rassemble  architectes, artistes,  ingénieurs, et  plasticiens …  Emulation réciproque, revue, écrits, conférences,  expositions,  ils veulent mêler l’art à la vie courante.

Il réalise d’abord  des petites maquettes en plâtre  puis des structures habitables  à l’ech. 1  sur sa propriété de Meudon (encore visitables aujourd‘hui),  les sculptures habitacles de 1962 à 1964.      Etrange mélange entre constructions  troglodytes  et sculptures monumentales,  elles  permettent de déambuler, se rendre compte du déplacement à l’intérieur,  et d’apprécier la  validité des formes habitables.

André Bloc, Sculpture Habitacle, 1962-1964, plâtre sur structure métallique, collection FRAC Centre. Sculptures habitacles, Meudon, exterieur et intérieur.
André Bloc, Sculpture Habitacle, 1962-1964, plâtre sur structure métallique, collection FRAC Centre. Sculptures habitacles, Meudon, exterieur et intérieur.
André Bloc, Sculpture Habitacle, 1962-1964, plâtre sur structure métallique, collection FRAC Centre. Sculptures habitacles, Meudon, exterieur et intérieur.

André Bloc, Sculpture Habitacle, 1962-1964, plâtre sur structure métallique, collection FRAC Centre. Sculptures habitacles, Meudon, exterieur et intérieur.

 

Penser l’habitat comme une sculpture que le corps peut explorer, il veut « …  contribuer à rompre avec la monotonie de formes trop modernes … ».   André Bloc est considéré  comme le chef de file du mouvement architecture-sculpture.   Maison de Carboneras, ( Espagne) :  même  blanche,  elle s’intègre à l’environnement,  il allie formes géométriques  et formes organiques.

D’autres architectes,  héritiers  du mouvement  utilisent aussi les formes organiques : coque capsule ou bulle qui permettent d’obtenir des structures simples avec une certaine économie de moyens.

Pascal  Häusermann : maison à Pougny, Ain, 1960.  Forme de cellule,  béton projeté  sur  armature métallique,  travail sur la lumière : grandes baies vitrées … Publié dans « Elle »,  les commandes affluent …  Il crée des cellules qui se démultiplient, peuvent s’accumuler :  les Domobile,  coque en mousse de polyuréthane armé.

Pascal  Häusermann : maison à Pougny, Ain.  Domobile Pascal  Häusermann : maison à Pougny, Ain.  Domobile

Pascal Häusermann : maison à Pougny, Ain. Domobile

A Raon l’Etape, Vosges, Pascal Häusermann créé un motel « L’Eau Vive », en 1967.

Bâtiment principal : une réception, des communs de servitudes et la chaufferie, à l’étage avec :  une salle pour les petits déjeuners  et l'appartement du permanent ;

9 "pavillons" ("bulles") : 6 petits (20m² pour 2 personnes) et 3 grands (30m²pour 5 personnes), + 1 cellule technique.

Coques en voile de béton (pas de charpente, ni de toit), baies et hublots métalliques en éventail, simple vitrage.

Portes et skydômes : structures métalliques recouvertes de fibre de verre résinées au polyester. Isolation : mousse de polyuréthane.

Cet hôtel a fonctionné jusqu’en 2017, il est devenu  maintenant un  museumotel .

Construction 1967. Bâtiment principal, accueil et étage.
Construction 1967. Bâtiment principal, accueil et étage.
Construction 1967. Bâtiment principal, accueil et étage.
Construction 1967. Bâtiment principal, accueil et étage.
Construction 1967. Bâtiment principal, accueil et étage.

Construction 1967. Bâtiment principal, accueil et étage.

 

Frei Otto, architecte biomorphe.

Stade de Munich 1972.

Légèreté de la structure ( toiles, cables sous tensions). Il s’inspire de formes naturelles, et s’inscrit si bien dans l’environnement.

 

Antti Lovag, (1920-2014) Maison Bulle Antoine Gaudet, 1970-1996. Tourettes-sur loup.

Architecte habitologue,  travaille sur l’habitat  en rapport avec la physiologie du corps humain, reflexion sur les dômes-hublots  :  ouvertures sur le paysage.

Antti Lovag, maison Pierre Cardin, Théoule-sur-Mer, dessin sur calque, vue d'ensemble.
Antti Lovag, maison Pierre Cardin, Théoule-sur-Mer, dessin sur calque, vue d'ensemble.
Antti Lovag, maison Pierre Cardin, Théoule-sur-Mer, dessin sur calque, vue d'ensemble.
Antti Lovag, maison Pierre Cardin, Théoule-sur-Mer, dessin sur calque, vue d'ensemble.

Antti Lovag, maison Pierre Cardin, Théoule-sur-Mer, dessin sur calque, vue d'ensemble.

« Du sol au plafond, des murs aux fenêtres-hublots, tout est ondulant et sphérique. Ces formes féminines se prolongent dans la décoration avec des meubles conçus sur mesure par des artistes contemporains pour épouser harmonieusement l'architecture. Cette maison-sculpture de couleur ocre s'intègre parfaitement dans le site et se fond avec la couleur des collines de l'Esterel surplombant la mer.»

Verner Panton, designer danois,  réalise en 1970  à la demande de l'entreprise Bayer AG,   le projet "Visiona 2" : une "caverne" dont les formes organiques composent un espace de détente très pop,  aux couleurs vives,  sans séparations nettes entre les chambres et les meubles,  éclairages intégrés….  «  Les formes  et les couleurs peuvent être interprétées comme  une  tentative d'amener à l'extérieur  du corps humain les formes intérieures qui le composent. »

Charles Simonds, imagine une « maison-croissance » en 1975,  qui nourrit  en même temps qu’elle protège.  Elle  est conçue comme un habitat auto-suffisant  et auto-renouvelable au rythme des saisons.  Constituée de  briques de terre  contenant des graines qui  germent, poussent,  sont récoltées puis consommées.   Elle évoque le monde des contes et de l’enfance, image d’une maison universelle, de  forme circulaire des sociétés archaïques.

Charles Simonds, Growth House, installation.Charles Simonds, Growth House, installation.

Charles Simonds, Growth House, installation.

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

Vendredi 3 Août, 14 h au Centre Pompidou, visite guidée  de l’exposition

« Couples modernes ».

Rendez-vous sur place dans le hall d'entrée à 13 H 40,

Participation pour la visite guidée : 5 euros pour adhérent - 8 euros pour non-adhérent

Cette visite est selon le protocole imposé par le Centre Pompidou Metz,

limitée à 30 personnes,

Réservation souhaitée par mail : lesarts57@hotmail.fr

ou par tél : 03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

 

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16 juillet 2018 1 16 /07 /juillet /2018 17:25

 

A Saulny, de bon matin, un bus attend  les 40 participants à la journée organisée par Les Arts 57. C’est Catherine Bourdieu, Maitre de Conférences  en histoire de l’art à l’Université de Lorraine, qui sera notre guide attentionné.

Première étape : le cimetière russe de Valleroy.

Sous un soleil naissant, petite marche bienvenue pour se rendre à la nécropole.   Pendant la deuxième guerre mondiale, pour résoudre les problèmes de main d’œuvre dans la sidérurgie et  les mines de fer, les allemands ont eu recours à une main-d’œuvre forcée : en janvier 1943, 314 prisonniers soviétiques sont installés dans les camps des mines de Jarny,  Auboué, Joeuf, Homécourt, Giraumont et Valleroy.

Conditions de travail pénibles (obligés de produire 5 tonnes de minerai par jour, par mineur), manque de nourriture, et,  malgré la solidarité des mineurs français qui tentent de les aider,  partageant leur nourriture et leur donnant des wagonnets chargés, beaucoup meurent d’épuisement.

Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.

 54 prisonniers russes sont enterrés à l’orée du bois de Vroailles, dans la commune de Valleroy.  A la fin de la guerre, un groupe d’anciens combattants, résistants, prisonniers et déportés leur fait aménager de véritables tombes. En 1970, le comité pour la construction d’un monument  parvient à trouver le financement et s’adresse à Amilcar Zannoni, mineur et sculpteur  local. Zannoni  est  arrivé d’Italie en 1924 avec sa famille, à l’âge de 2 ans. En 1945, il travaille à la mine de fer de Moutiers et commence à sculpter en 1959.

Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.
Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.
Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.
Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.
Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.
Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.
Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.

Ce monument est conçu à partir de symboles : prisonniers faméliques tournés vers leur patrie, terre de Russie,  urne pour la flamme. 3 silhouettes monumentales filiformes. Corps simplifiés, tète et pieds géométrisés en acier rappelant le travail dans la mine de fer,  regards et bras tendus vers l’Est, la Russie. Derrière eux un grand  un disque creux, à gauche un cube de granite surmontée d’une figurine qui tient une sphère. C’est une petite urne contenant un peu de terre ramenée de Minsk. A droite, un support pour la flamme. Au fond, derrière les croix, un tintinnabule  «  amène un peu de vie » grâce au vent.

Deuxième étape :  Hatrize.

Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.

La maison forte. C’est une bâtisse pourvue d’un système de fortifications, enceinte, créneaux, tours, parfois fossés. Elle appartient à un des proches du seigneur. Celle de Hatrize fut sans doute construite au  XVI ème siècle pour Didier de Landres, écuyer du comte de Vaudémont nommé prévôt de Briey. Bâtiments  édifiés autour d’une cour en trapèze, elle permettait de surveiller le passage de la rivière. Echauguettes (petite tourelle placée en encorbellement à l'angle avec mâchicoulis et meurtrières) et canonnières témoignent du système défensif.

Eglise St Martin.

Porte d’une ancienne ferme seigneuriale.

Attenante à l’église, près du petit cimetière. La ferme seigneuriale construite en 1630, située rue de Verdun a été démolie en 1950. Blason sculpté et armoiries   de la famille Colart.

A l’extérieur, sur le côté de l'église, une porte murée avec un linteau roman orné de rangées de losanges, des croix pâtées  gravées en intaille.

L’Ossuaire, XVI ème siècle, arcade ouest. L’arcade sud avec des crânes pris dans la maçonnerie date de 1747. On retrouve le même dispositif dans l’ossuaire d’Olley.

Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.
Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.

Première église bâtie au XIIème siècle, de style roman, puis reconstructions successives…,  en 1741 : tour-clocher.  Chœur à 2 travées : avant-chœur roman, et seconde travée gothique à fond plat.

Nef gothique, voûte à  liernes et tiercerons. Lierne = nervure partant de la clé de voûte et reliée aux  tiercerons = nervures qui  rejoignent de l’angle de la voûte.

D’anciens bancs de familles du XVIIIème conservés avec noms et dates encore visibles. D’anciens bancs de familles du XVIIIème conservés avec noms et dates encore visibles.

D’anciens bancs de familles du XVIIIème conservés avec noms et dates encore visibles.

Statue de St Blaise, petits pains à ses pieds.  Son histoire apparait dans deux écrits : Les Actes de St Blaise  et la Légende dorée (ouvrage le plus lu au Moyen Age après la Bible). Blaise de Sébaste, médecin et évêque, arménien, martyrisé, décapité en 316. Alors qu’il est en prison, une femme lui amène son fils s’étouffant avec une arête dans la gorge, il le sauve. Dans la Légende dorée : réfugié dans une caverne, nourri par des animaux qu’il soigne, il est capturé par des soldats. En route pour la prison, il guérit un enfant ayant avalé une arête, et persuade un loup de rendre le porc volé à une veuve. En prison, la femme lui fait porter du pain, la tête du porc et une chandelle.  Intercesseur en cas de mal de gorge, il est fêté le 3 février. Un pèlerinage existait  à Metz dans la paroisse St Eucaire  depuis le XV ème siècle (réactivé au XIX ème). On y bénit les enfants mais aussi des petits pains.

Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.

Petit retable en bois polychrome, 2ème moitié du XVIème. Colonnettes à chapiteaux soutenant des arcs. Ecoinçons ornés de feuillages et têtes d’anges pour celles  qui encadrent  le Christ. Grande fantaisie dans les costumes  des apôtres vêtus à l’antique : plis différents, postures variées, individualisation des visages. Même si le sculpteur semble peu adroit, il connait les grands modèles. Les apôtres sont représentés avec leur attribut, à la place de Juda,  cependant, une femme munie d’une hache !

Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.

Ancien devant d’autel, ce bas-relief représentant «  La Cène » date du XVIème siècle. De part et d’autre, des serviteurs préparent et servent le banquet. Au milieu le Christ sous un dais, magnifié.  Apôtres répartis autour de la table. Table mise, victuailles, à droite Judas avec la bourse contenant les 30 pièces d’argent.

Jarny, château de Moncel.

Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.

Dès le XIIIème, on trouve l’existence  d’un château ou d’une maison forte  appartenant à Guerrin  de  Moncel, seigneur et chevalier de la maison d’Apremont. La famille est présente dans ces lieux de 1288 à 1342. En 1822, le domaine (château et 400 ha de terres et forêts)  est acheté par Emile Bouchotte, riche propriétaire.  Il fait restaurer l’édifice abimé pendant la révolution de 1789. Grande maison de plan carré, toit en ardoise, agrandie en 1905 par 2 pavillons édifiés sur les côtés. Etat-major des armées allemandes pendant la première guerre mondiale, il accueille des séjours de Guillaume II. Après la guerre, il est utilisé pour loger les directeurs et ingénieurs de la mine de Droitaumont. Le château de Moncel et son parc sont la propriété de la ville de Jarny depuis 1980. Il abrite la Maison de l’Environnement où sont hébergées  plusieurs associations (dont la LPO).  Le parc de 17 ha, classé Jardin de France est conçu comme un parc à l’anglaise.

 

 

Pause méridienne bienvenue chez Delphine, près de la ferme de Moscou entre Gravelotte et Rozérieulles. Repas goûteux, généreusement servi.  Ambiance conviviale et gaie.

Gorze.

Abbaye bénédictine fondée vers 747 par Chrodegang (712-766), évêque de Metz. Le chant grégorien s’y développa  à partir des années 760. Abbaye et château abbatial furent incendiés en 1552 lors du siège de Metz, l’église abbatiale détruite  un peu plus tard (en 1582). Par contre l' église paroissiale résista. Placée sous la direction d’un abbé auquel  on avait  adjoint un  groupe de chanoines, (ce sont des religieux voués au service d’une église qui habitent dans des maisons du village), elle devint  une collégiale, mais des tensions existaient entre abbé et  chanoines.

 

Entre 1696 et 1700, l’abbé Philippe  Eberhardt  de Löwenstein  de  Bavière, disposant de biens personnels importants fit construire une résidence  digne de son rang. L’architecte Pierre Bourdict désigné dans les archives comme « sculpteur du roi et architecte de Monseigneur l’Abbé de Gorze » édifia un palais en forme de U.

 

Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.

Côté rue : 41 m de long, 10 travées,  3 niveaux d’élévation, corps central rectangulaire avec  2 pavillons latéraux plus hauts d’un niveau, alignés sur le corps central. 2 gros chasse-roues servent de contrefort aux extrémités de la façade,  fenêtres  avec grilles à tombeau, à droite porte de la chapelle.

Côté cour : 2 ailes en retour, pavillons carrés aux angles. Au nord (droite en entrant) la chapelle, au sud,  les écuries autrefois. Sur le corps central, les clés des  fenêtres au 2ème niveau sont ornées de têtes  de  divinités :

à gauche : Vulcain avec foudres, marteau et tenailles,

  au centre : Minerve casquée, chouette dans le panache, bouclier à tête de Méduse, lance, compas, rapporteur, autre bouclier décoré d’une place forte,

  à droite : Mercure, casque ailé, pièces de monnaie, livres, lance, caducée (attribut de Mercure : baguette entourée de deux serpents entrelacés et surmontée de deux courtes ailes).

 

Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.

Au fond de la cour, un mur qui retient une terrasse. Au milieu, un  bassin, de part et d’autre, menant au jardin, des  escaliers divergents  gardés  par deux  sphinges, tête et buste de femme,  corps de lionne. Sous les escaliers, deux superbes bas-reliefs représentant  la légende de Jason et  Médée.  Grande finesse  dans la composition et la réalisation. A droite le Mariage de Jason et Médée. Eprise du héros, la  fille du roi l’aida  à s’emparer de  la Toison d’or. Carquois et flèches  déposés à ses pieds, allusion à Cupidon ? , nuages, palmiers, petit chien …. Grande richesse de détails, beaucoup d’inventivité …  

Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.

A gauche,  furieuse d’être trompée, Médée s’enfuit dans les airs  sur un char tiré par deux dragons, après le meurtre de leurs  deux fils.  Aux extrémités, deux niches : l’Abondance d’un côté et de l’autre Jason, guerrier portant la Toison  d’or.  

 

 

En haut de l’escalier un jardin à la française.

Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.

Au fond avec un nymphée qui devait former une cascade, l’eau sortant de  8 niches. Une maison de soins est construite à l’emplacement  du potager, des vergers et des bois autrefois situés à l’arrière. Stalactites entourant certaines niches évoquant ainsi  des grottes, vieillards barbus mais musclés, jeunes femmes idéalisées s’appuyant sur un cheval marin, un dauphin, fonds décorés de palmiers, roseaux, vignes, oiseaux, enfants, maisons, chapelles, beaucoup de fantaisie dans ces décors.

Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.

La richesse décorative essentiellement profane de ce bel ensemble baroque fait oublier que ce palais fut construit pour un abbé qui y résida peu  (+1720). Mis à la disposition des parlementaires messins  au XVIIIème siècle pour de grandes fêtes, le palais abbatial fut transformé successivement en hôpital militaire,  caserne de cavalerie puis centre de soins et d’hébergement (1978) et de nos jours, établissement public départemental de santé de Gorze (EPDS).

 

Eglise collégiale St Etienne.

Eglise paroissiale construite en 1077, elle a résisté aux destructions  environnantes. Romane à l’extérieur, elle est  gothique à l’intérieur, le bulbe plus récent (1824) a remplacé une toiture à quatre pans.

La façade nord, percée de deux portails celui de la Vierge et celui des prêtres (XIIIème ?).

Portail de la Vierge : un porche ajouté plus tardivement  sur lequel  figure une Vierge à l’Enfant assise sous un dais et  entourée d’anges agenouillés.

 La petite porte, réservée aux prêtres est surmontée  d’un tympan figurant le « jugement dernier »: sous un arc en plein cintre et dans une arcade trilobée : un christ juge, assis, lève ses mains ouvertes, à ses pieds, à droite, un défunt se dresse hors de son tombeau, les yeux ouverts, à gauche, un « damné », yeux fermés se fait dévorer.

Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.

Intérieur :

Trois nefs éclairées de hautes fenêtres. Dans le chœur de majestueuses boiseries en chêne sculpté (1744) s’enroulent autour des piliers de la croisée du transept. (Hauteur : 3,80m !). 7 compartiments délimités par des pilastres contiennent  6 grandes toiles (112 x 190) représentant des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament  autour du compartiment central. Très  beaux vitraux, 1861, E. Remy de Nancy. Autel néogothique harmonieux. Stalles en bois art nouveau sur le côté. Des bannières représentant  des confréries lors des processions, rares témoignages de  soie  brodée de fils d’or et d’argent très bien conservées.   Au-dessus de la porte royale, est suspendu un Christ en bois polychrome attribué à l’école de Ligier Richier. (Restauration en  1764). Au fond, une tribune d’orgue datant de 1910, 4 anges musiciens. En dessous une piéta entourée d’une grille raffinée avec rameaux floraux.

Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.
Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.
Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.
Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.
Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.
Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.
Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.

Magnifique journée,  Catherine nous fait découvrir  si près de chez nous des lieux  intéressants chargés d’histoire et de savoir-faire artistique ancestral.

Au lendemain de la sortie annuelle  en pays messin, de Valleroy à Gorze, le 23 juin 2018.

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

Vendredi 3 Août, 14 h au Centre Pompidou, visite guidée  de l’exposition

« Couples modernes ».

Rendez-vous sur place dans le hall d'entrée à 13 H 40.

Participation pour la visite guidée : 5 euros pour adhérent - 8 euros pour non-adhérent

Cette visite est selon le protocole imposé par le Centre Pompidou Metz,

limitée à 30 personnes.

Réservation souhaitée par mail  :  lesarts57@hotmail.fr

ou par tél : 03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

 

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20 juin 2018 3 20 /06 /juin /2018 11:03

 

Soirée très originale organisée par Les Arts 57 et présentée de façon interactive par Claude SPITZNAGEL,  passionné par la région et son histoire.

Dans la salle remplie (70 personnes), les noms de rues fusent,  M. Spitnagel  les saisit au vol et, en  conteur enthousiaste, en explique  l’origine, les replace dans le contexte historique, raconte des anecdotes… 

Que de surprises, parfois même pour ceux qui  connaissent déjà !

Au lendemain de la conférence : « Balade dans les rues de Metz », à Saulny, lundi 4 juin.

Loin de l’apparence diabolique de son nom, la rue d’Enfer suivait  le tracé  de la « via inferior romaine », première fortification autour de la colline Ste Croix  et  en  Jurue  se  trouvait un  temple  dédié à Jupiter. Balayée  la légende  de « taisons-nous»,  la rue Taison  aurait été  un lieu de  relais romain, impérial, puis arrêtoir religieux, Taison serait la déformation de station… c’est une rue très ancienne, traces de maisons à colombages, forge de maréchal ferrant, fabrique de cierges avec de   la ficelle trempée dans du suif fondu, séchage de plantes médicinales réservées à l’évêché mais aussi maison close  avec passage par les maisons voisines permettant aux notables de s’échapper…  Dans son prolongement,  la rue Serpenoise, sous laquelle,  à 5-6 m de profondeur, se trouve l’ancienne voie romaine d’axe  S-N  (Nancy- Trèves).

 En Fournirue, cette rue bien achalandée fournissait du matériel guerrier  ou autre hypothèse :  rue des fourneaux  pour la fabrication des armes et de l’orfèvrerie.  La  rue de  la  Princerie  abritait la maison du Princier,  personnage religieux important,  placé directement après l’évêque.  En Nexirue  se déroulaient  les exécutions  (du latin nexere =mettre à mort), plus tard ce fut  à la  Place de la Comédie  puis  Place de la République. La rue aux Ossons, tirerait son nom des oiseaux  ou oisons.      Coëtlosquet,  Lassalle, et Gournay sont les noms de grandes familles messines.  La famille Coëtlosquet  serait venue de Bretagne lors  du rattachement  de Metz  à la France,  pour contribuer à « franciser la ville » !  L’auberge de la  « Teste d’or » était installée autrefois  rue Tête d’or.  La rue du père Potot doit son nom à cet éminent  militaire blessé qui entra dans les ordres à la fin de sa vie et fut autorisé à posséder  une chapelle dans sa propre maison.

En dehors des fortifications pour éviter les taxes,  la Place St Louis était un lieu de commerce florissant. Il s’y  vendait du blé, tout près est située la place du Quarteau. La quarte, le quartaut étaient d’anciennes mesures  de capacité pour le grain. La cité messine au carrefour entre la France, l’empire germanique, le duché de Bar, le duché de Luxembourg et les pays du nord  brassait de nombreuses monnaies étrangères,  le change de l'argent était une source de prospérité  rue du Change.   En   Chaplerue, même si un chapelier  y a été établi, le nom de la rue a pour origine  la présence de deux chapelles  (Petit Clairvaux et St Esprit).  La rue des Piques, autrefois rue de la Fleur de Lys, fut un lieu de d’entrepôt de  ces armes.

Metz, ville militaire, on y  fabriquait les galons pour uniformes, les parments,  dans la  rue des Parmentiers.  La place de Chambre serait peut-être liée aux Templiers.  Le Pont des Morts était géré par l’Hôpital St Nicolas. Chargé de son entretien, il recevait en échange les vêtements des messins lorsqu’ils mouraient. De là étaient aussi jetées les « sorcières » qui, si elles ne se noyaient pas, étaient brûlées ! Origine étonnante et drôle de la rue de Glatigny : lieu de résidence d’une dame lavandière, vendant ses charmes.  Originaire du village de Glatiny, elle était surnommée « la Glatigny » !   à proximité, la ruelle du bordé ou des Bordeaux, (des bordels ? au bord de l’eau ?).

Installée sur un ancien bras de la Seille, la rue des Tanneurs fut prospère et développa en même temps que le travail  du cuir nauséabond,  une production de parfum pour en atténuer l’odeur et payer moins de taxes !

A proximité,  rue du Grand- Wad, le wad dérive du latin et signifie le gué. Pour les rues  Wad-Billy       et  Wad- Bouton, Billy et Bouton étaient des noms assez répandus. La place Coislin  occupe l’ancien Champ- à -Seille.  L’évêque de Metz, Mgr de Coislin y fit construire les premières casernes  à l’emplacement de l’actuelle gare routière.

 

Dernier exemplaire papier de la revue maintenant numérique.

 

 

Les deux heures très dynamiques n’ont pas suffi pour répondre à toutes les interrogations, M. Spitnagel a vraiment passionné l’auditoire, malheureusement  il n’a plus eu le temps de faire la démonstration de ses  chouettes balades.

 Il est un des auteurs de la revue maintenant numérique  "PASSE-PRESENT". Cette revue  envoyée à   47 000 personnes est facilement accessible et d’accès gratuit en envoyant son adresse-mail pour la recevoir.

Chacun peut aussi aller la  consulter par internet.

Au lendemain de la conférence : « Balade dans les rues de Metz », à Saulny, lundi 4 juin.

De plus, depuis peu, PASSE-PRESENT a mis au point une application smart-phone "CHOUETTES-BALADES" qui permet aux membres de l'association de choisir parmi tout un ensemble de circuits une balade. Tout au long du circuit , des commentaires audio sont prévus sur place.   (Pour une participation annuelle de 20 E).

Au lendemain de la conférence : « Balade dans les rues de Metz », à Saulny, lundi 4 juin.

Prochaines rencontres avec Les Arts 57 :

Lundi 2 Juillet à 20 h à Saulny,

 " Habiter les formes organiques : l’architecture sculpture

ou la révolution de l’habitat par les matériaux. "

Conférence présentée par  Aurèlie MICHEL,

Maître de conférences en arts. Université de Lorraine

Participation : 3 euros pour adhérents et étudiants ; 5 euros pour non-adhérents

Réservation souhaitée par mail : lesarts57@hotmail.fr                 

ou par tél  03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

 

Vendredi 13 juillet à 14h à l’Arsenal,

visite guidée  de l’exposition  J.F. Blondel.

Participation : 3 euros pour adhérents et étudiants ; 5 euros pour non-adhérents

Réservation souhaitée par mail : lesarts57@hotmail.fr                 

ou par tél : 03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

 

Vendredi 3 Août, 14 h au Centre Pompidou,

visite guidée  de l’exposition  « les Couples ».

Réservation souhaitée par mail : lesarts57@hotmail.fr                 

ou par tél : 03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

 

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QUI SOMMES-NOUS ?

 

 L’association Les ARTS 57 poursuit un but non lucratif et a pour objet la promotion des valeurs et actions culturelles et artistiques au profit des populations des villages et villes qui souhaitent y participer.

 

Donner le goût de découvrir, de même que les clés pour comprendre, apprécier et porter un jugement critique seront les objectifs de ce cycle de  conférences dans nos villages.

 

Le but est également de réunir, dans nos villages, des personnes partageant la même passion.

 Nous programmons au moins quatre rencontres par an et organisons deux  à trois visites guidées en fonction des événements culturels  dans la Région.

 

Liste des membres du conseil d’Administration

 

Présidente :                 Martine ZIEGLER  

Vice-présidente :         Chantal RENNER   

Trésorière :                  Geneviève DIDELOT

Trésorière adjointe :     Brigitte CROUZET

Secrétaire :                  Arielle SILICE-PALUCCI 

Assesseur :                  Catherine BOURDIEU  

Assesseur :                  Chantal CLEMENT

 

 

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