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10 septembre 2022 6 10 /09 /septembre /2022 10:23

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Eva Aeppli, Les Planètes, 1990, photo Jean-Louis Ligiardi.

Eva Aeppli, Les Planètes, 1990, photo Jean-Louis Ligiardi.

Bel après-midi ensoleillé pour la visite organisée par LesArts7 au Centre Pompidou, jeudi 25 Août à 15h. C’est avec grand plaisir que nous retrouvons Mélodie, notre guide, souriante, pour décrypter cette exposition un peu mystérieuse du " Musée sentimental" d'Eva AEPPLI.

Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Le Musée sentimental" d'Eva AEPPLI au Centre Pompidou-Metz, le 25 Août 2022.

C’est la première exposition monographique en France consacrée à cette artiste suisse dont l’univers particulier est peu connu du grand public. Dès l’entrée, cette belle série de têtes en bronze réalisée dans les années 1970, vers le milieu de sa carrière, impressionne et donne un aperçu de l’ampleur de son travail. Elle est née en 1925, grandit à Bâle, dans une famille aisée. Elle fréquente l’Ecole Rudolf Steiner qui dispense un enseignement valorisant la réalisation de soi, et favorise la pratique artistique.

Ces sculptures en bronze doré, marquées par des cicatrices révèlent la technique textile de leur fabrication : cousues avant d’être coulées. Vers le milieu des années 70, ses sculptures changent d’aspect, elle supprime le corps pour ne se concentrer que sur l’expression des visages et de leurs traits de caractère. Sensible à la spiritualité, elle étudie les différentes caractéristiques des signes astrologiques et nourrit aussi son travail de mythologie, de divinités… pour traduire la complexité des êtres humains.  

Les Planètes, 1990. Soleil, Lune, Mercure, Venus, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, Pluton. Bâle, Musée Tinguely.
Les Planètes, 1990. Soleil, Lune, Mercure, Venus, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, Pluton. Bâle, Musée Tinguely.
Les Planètes, 1990. Soleil, Lune, Mercure, Venus, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, Pluton. Bâle, Musée Tinguely.
Les Planètes, 1990. Soleil, Lune, Mercure, Venus, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, Pluton. Bâle, Musée Tinguely.
Les Planètes, 1990. Soleil, Lune, Mercure, Venus, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, Pluton. Bâle, Musée Tinguely.
Les Planètes, 1990. Soleil, Lune, Mercure, Venus, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, Pluton. Bâle, Musée Tinguely.
Les Planètes, 1990. Soleil, Lune, Mercure, Venus, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, Pluton. Bâle, Musée Tinguely.
Les Planètes, 1990. Soleil, Lune, Mercure, Venus, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, Pluton. Bâle, Musée Tinguely.
Les Planètes, 1990. Soleil, Lune, Mercure, Venus, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, Pluton. Bâle, Musée Tinguely.
Les Planètes, 1990. Soleil, Lune, Mercure, Venus, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, Pluton. Bâle, Musée Tinguely.

Les Planètes, 1990. Soleil, Lune, Mercure, Venus, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, Pluton. Bâle, Musée Tinguely.

La série commence par le Soleil, graphique, ouvert, dynamique, porteur d’espoir puis la Lune argentée, rêveuse, mélancolique, Mercure, Vénus au visage plus fin, apaisé contrairement à Mars conquérant, dieu de la guerre, belliqueux, menton volontaire, … les visages sont bien individualisés par l’ajout de rembourrage pour former menton, pommettes saillantes, orbites plus marqués, le front plissé de Saturne… Les têtes originales qui ont servi pour couler les sculptures en bronze sont présentées à l’arrière, en soie cousue, remplie de kapok et d’ouate pour le modelé du visage et enduites avant d’être coulées. La fonderie parisienne réussit à préserver la délicatesse des coutures des modèles.

Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Le Musée sentimental" d'Eva AEPPLI au Centre Pompidou-Metz, le 25 Août 2022.

La première salle consacrée à son musée sentimental, titre de l’exposition, rassemble des œuvres, des objets d’Eva Aeppli et de ses proches qui jalonnent sa vie et racontent son histoire. A l’Ecole Steiner, elle a sans doute découvert l’eurythmie, chorégraphie rituelle et poétique en musique dont les figures sont codifiées par de la géométrie. Les eurythmistes portent de longues robes. Elle y confectionne aussi des poupées textiles. Proche de la frontière allemande, elle est marquée par les évènements de la seconde guerre mondiale, les bombardements, les personnes décharnées qui fuient les camps… sa famille s’engage en accueillant des enfants juifs.

La naissance de son fils, en 1946, la plonge dans un profond désarroi. Soignée en clinique, elle dessine. Elle rencontre Jean Tinguely, ils ont une petite fille en 1950 et s’installent à Paris. Elle coud des petites poupées qu’elle vend dans les magasins de jouets pour gagner quelques sous. Dans un tableau réalisé à 4 mains avec son ami Daniel Spoerri, on découvre squelette, crâne, roses de soie, cuillers en argent… assemblage de tableau-piège propre à Spoerri et le leitmotiv du squelette d’Eva Aeppli. Elle signait souvent ses lettres « Vive la vie, vive la mort ». Le coupe-ongles de Brancusi, pris dans l’atelier abandonné du célèbre sculpteur, leur voisin, impasse Ronsin à Paris, objet fétiche qui matérialise la mémoire du lieu, du temps. Cabotine, elle faisait semblant de ne pas le connaître, Brancusi était pourtant déjà un immense artiste ! L’endroit était fréquenté aussi par Yves Klein. Dans une autre vitrine, la machine à coudre qu’elle emportera partout avec elle.

Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Le Musée sentimental" d'Eva AEPPLI au Centre Pompidou-Metz, le 25 Août 2022.Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Le Musée sentimental" d'Eva AEPPLI au Centre Pompidou-Metz, le 25 Août 2022.Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Le Musée sentimental" d'Eva AEPPLI au Centre Pompidou-Metz, le 25 Août 2022.
Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Le Musée sentimental" d'Eva AEPPLI au Centre Pompidou-Metz, le 25 Août 2022.Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Le Musée sentimental" d'Eva AEPPLI au Centre Pompidou-Metz, le 25 Août 2022.Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Le Musée sentimental" d'Eva AEPPLI au Centre Pompidou-Metz, le 25 Août 2022.
Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Le Musée sentimental" d'Eva AEPPLI au Centre Pompidou-Metz, le 25 Août 2022.Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Le Musée sentimental" d'Eva AEPPLI au Centre Pompidou-Metz, le 25 Août 2022.Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Le Musée sentimental" d'Eva AEPPLI au Centre Pompidou-Metz, le 25 Août 2022.

Dans les années 50, elle dessine au fusain, peint à l’huile. Dans les années 60, elle réalise des grandes figures textiles à l’échelle humaine, dans les années 70, elle se débarrasse des corps, ne gardant que les têtes et envoie les mains à ses amis. Dans un extrait filmé, Jean Tinguely nous la fait revivre, facétieuse, drôle, indépendante, libre, détruisant avec énergie souvent ce qu’elle avait réalisé. Cette salle très riche témoigne du réseau d’amour et de fidèles amitiés d’Eva Aeppli, très connectée avec le milieu de l’art parisien. En 1960, elle quitte Jean et le pousse dans les bras de Niki de Saint Phalle, puis se marie avec l’avocat Samuel Mercer. Les 3 artistes resteront amis toute leur vie.

Le Strip-tease, 1957, Stockholm.

Rare œuvre de jeunesse qui n’a pas été détruite, cet ensemble de 8 grands dessins au fusain, a été présentée à la galerie Iris Clert à Paris en 1959. Les cartons d’invitation annonçant « Le Strip-tease » d’Eva Aeplli, couleur rose chair, attisent la curiosité des visiteurs. Pour cacher le sujet de la rue, l’œuvre est accrochée en paravent. Elle ressemble au story-board d’une figure clownesque qui se dévêtit, se met à nu et finit par disparaitre complètement jusqu’à perdre son âme. Ce clown mélancolique, à tête squelettique dont la vie se dépouille progressivement, n’est pas sans rappeler les personnages d’arlequin de ses premiers autoportraits avec des fleurs sur la tête.

Théatre miniature pour des spectacles en petits comité (max 18 personnes), les figurines ont des corps noyés dans du velours, tout le travail se concentre sur le visage inspiré autant des personnages de Jérôme Bosch que de l’univers d’Hollywood.

Photos J.L. Ligiardi.
Photos J.L. Ligiardi.
Photos J.L. Ligiardi.
Photos J.L. Ligiardi.
Photos J.L. Ligiardi.
Photos J.L. Ligiardi.
Photos J.L. Ligiardi.

Photos J.L. Ligiardi.

L’Aube, Les Juges. 1960/1967.Vienne.

Œuvre en 2 parties, créées de manière indépendante : une grande huile sur toile et 7 figures assises. Les juges, comme sortis du tableau, dans un contexte d’après-guerre, s’apprêtent à considérer les actions des uns et des autres. Ce portrait de groupe, un peu théâtral, alliant peinture et sculpture ouvre la voie du changement de médium pour Eva « Les personnages en trois dimensions sont un prolongement des tableaux à l’huile » et vont devenir son moyen d’expression de prédilection.

La Table, 1965-67, 13 figures soie, kapok, ouate, laine, velours, tiges métalliques, Stockholm.

La Table, 1965-67, 13 figures soie, kapok, ouate, laine, velours, tiges métalliques, Stockholm.

 La Table s’inscrit dans une longue tradition de représentation de la Cène, fresque peinte par Léonard de Vinci. Cette œuvre occupe une place particulière dans l’œuvre d’Eva Aeppli : contrairement aux autres groupes, chaque personnage est individualisé : visages brodés, costumes variés mais aucun n’est un portrait de personne réelle ou ne porte de nom, pas de Christ ni d’apôtres. Ce rare témoignage d’Eva dans une lettre à sa doctorante met les choses au point : « J’ai mis la Mort au centre de ce groupe … pour figurer les crimes… commis au XXe siècle. … Cette œuvre serait plutôt le message d’amour et de tolérance du Christ… qui n’est pas passé dans le cœur des hommes. », 1999. Elle représente l’humanité dans sa diversité, peut-être les différentes attitudes face à la mort ?

Photos J.L. Ligiardi - C.Clément.
Photos J.L. Ligiardi - C.Clément.
Photos J.L. Ligiardi - C.Clément.
Photos J.L. Ligiardi - C.Clément.
Photos J.L. Ligiardi - C.Clément.
Photos J.L. Ligiardi - C.Clément.
Photos J.L. Ligiardi - C.Clément.

Photos J.L. Ligiardi - C.Clément.

En regard de La Table, The Last Supper, d’Andy Warhol créé un face à face étonnant. Dessiné de manière fidèle, le maitre du pop art, y ajoute le nombre 57 (pour les 57 recettes de Ketchup Heintz, et non pas pour notre département 😊), et un logo de Camel. Cette œuvre classique en devient presque un logo identifiable immédiatement. 

The Last Supper, Andy Warhol.

The Last Supper, Andy Warhol.

En 1987, Andy Warhol avait été invité à exposer à Milan, dans le palazzo situé en face du cloître Santa Maria Delle Graazie où a été peint le chef d’œuvre de Léonard et avait réalisé différentes versions de la Cène.

La scénographie de Jean Kalman place judicieusement une autre œuvre contemporaine à proximité sans trop déranger, juste un petit peu. Les 13 pigeons, dont un intrus blanc au milieu, de Maurizio Cattelan, semblent posés naturellement. Faux sentiment de bienveillance, leur ombre surplombe aussi le Groupe de 13. Dans ce nouveau groupe, crée pour Amnesty International, les personnages semblent avoir été maltraités. Pour donner aux visages et aux mains un aspect contusionné, elle trempe l’étoffe dans sa baignoire remplie de thé. Les 3 chaises vides accentuent le caractère dramatique de l’installation. Déjà membre d’Amnesty international, elle crée en 1990 sa propre fondation dans le Nebraska, pour combattre l’oppression, la pauvreté et l’ignorance.

Ghosts, Maurizio Cattelan, 2021. -- Groupe de 13, Hommage à Amnesty International, Eva Aeppli, 1968.

Groupe de 13, Hommage à Amnesty International, Eva Aeppli, 1968. Ph. C.C.- J.L.L.

Groupe de 13, Hommage à Amnesty International, Eva Aeppli, 1968. Ph. C.C.- J.L.L.

Peinture 10L, Jean-Pierre Raynaud, 2008.

Ami fasciné par la puissance et l’originalité des œuvres d’Eva Aeppli, Jean-Pierre Raynaud propose cette œuvre : Peinture 10L. Ces pots fermés de peinture expriment pour lui la « puissance de rêve… un kilo de peinture peut devenir aussi bien un chef- d’œuvre qu’une croûte … » ! De plus, la forme de l’étoile (jaune de surcroît !)  s’accorde bien au contexte historique qui la hante et au goût d’Eva pour les planètes.

 

Avec cette gigantesque installation, Annette Messager rend hommage « aux petites mains ». Elle détourne la sculpture textile pour attirer l’attention avec espièglerie et humour sur ces femmes invisibles, anonymes et les valorise par ces outils géants, réalisés en en simili cuir. Autre artiste féminine, Annette Messager est bien en phase avec les valeurs et œuvres d’Eva Aeppli qui, avec ses personnages textiles, a vraiment fait figure de précurseur.

Les Spectres des couturières, Annette Messager, 2015.

Placées en face des têtes en soie de la série des planètes, les œuvres graphiques d’Emma Kunst, médium, guérisseuse. Elle a soigné la famille d’Eva. Sa pratique et ses recherches entre science et spiritualité, ont toujours fasciné celle-ci. Orientée par son pendule et son intuition, Emma Kunst réalise ses dessins. Les points et lignes, les couleurs envahissent de grandes feuilles, presque de manière inconsciente. En 1976, lors de l’exposition de ses planètes à Paris, Eva aurait subtilisé le pendule. Considérant l’agitation du pendule contre le corps de ses sculptures comme un signe sérieux, elle détruit les corps de ses personnages, et ne conserve que les têtes et offre leurs mains à ses amis…

Groupe de 48.

Impressionnante procession qui gravit un escalier d’honneur, « ouvrant sur l’infini ». Les 47 grands personnages d’allure androgyne, presque semblables défilent, visages orientés dans toutes les directions. Sans oreilles, bouche grand ouverte, ils semblent laisser échapper des cris étouffés remplis d’effroi. Le coté théâtral, l’effet de masse de ce groupe interpelle, dérange, Eva « préfère qu’on regarde plutôt qu’on bavarde ».

Groupe de 48, Eva Aeppli.  Ph.  J.L.L.
Groupe de 48, Eva Aeppli.  Ph.  J.L.L.
Groupe de 48, Eva Aeppli.  Ph.  J.L.L.
Groupe de 48, Eva Aeppli.  Ph.  J.L.L.

Groupe de 48, Eva Aeppli. Ph. J.L.L.

Pour pouvoir exprimer différents caractères humains, elle utilise le langage de l’astrologie basée sur la mythologie grecque. Toute la pensée se concentre dans l’expression de la tête, le corps est devenu superflu. Le dernier cycle de sculptures associe les planètes aux 7 péchés capitaux qu’elle nomme faiblesses humaines et trouve aussi aux Erinyes, déesses vengeresses, furies dans la mythologie, une correspondance avec les trois dernières planètes.

Quelques Faiblesses humaines, sculptures en bronze noir toujours moulées sur textile. La Paresse, Lune – l’Envie, Mercure – la Luxure, Vénus – l’Orgueil, Soleil – La Colère, Mars – La Gourmandise, Jupiter – L’Avarice, Saturne. Bâle, Musée Tinguely. 1993-94.

Quelques Faiblesses humaines. --- Les Erinyes I, II, III, 1977. La Plutonnienne, la Neptunienne, L’Uranienne.
Quelques Faiblesses humaines. --- Les Erinyes I, II, III, 1977. La Plutonnienne, la Neptunienne, L’Uranienne.
Quelques Faiblesses humaines. --- Les Erinyes I, II, III, 1977. La Plutonnienne, la Neptunienne, L’Uranienne.
Quelques Faiblesses humaines. --- Les Erinyes I, II, III, 1977. La Plutonnienne, la Neptunienne, L’Uranienne.
Quelques Faiblesses humaines. --- Les Erinyes I, II, III, 1977. La Plutonnienne, la Neptunienne, L’Uranienne.
Quelques Faiblesses humaines. --- Les Erinyes I, II, III, 1977. La Plutonnienne, la Neptunienne, L’Uranienne.
Quelques Faiblesses humaines. --- Les Erinyes I, II, III, 1977. La Plutonnienne, la Neptunienne, L’Uranienne.
Quelques Faiblesses humaines. --- Les Erinyes I, II, III, 1977. La Plutonnienne, la Neptunienne, L’Uranienne.

Quelques Faiblesses humaines. --- Les Erinyes I, II, III, 1977. La Plutonnienne, la Neptunienne, L’Uranienne.

La salle suivante est scénographiée comme une pièce de maison dans laquelle des sculptures se reposent dans des coins, tète de squelette souriant, fleurs aux oreilles, lugubres et drôles à la fois. Les œuvres d’Eva Aeppli cohabitaient dans les intérieurs de ses amis. Chez Niki Saint Phalle et Jean Tinguely, ses œuvres côtoyaient les Nanas de Niki et les machines de Jean.

Eva Aeplli, Toby Turner, 1974. --- Les Chérubins, 1963.

La seule collaboration entre Eva Aeppli et Jean Tinguely, en 1991, pour une exposition à Bâle, réunit plusieurs œuvres dans un train fantôme : Hommage à Kate Kollwitz dans laquelle, Eva subtilise une figure du groupe de 48 qu’elle allonge sur l’échafaud que Jean met en mouvement, Sorcières terrestres et Sorcières aériennes.

 

La dernière salle, différente des autres, présente les Livres de vie d’Eva Aeppli de 1954 à 2002. Très grands cahiers à spirales où elle rassemble des photographies familiales, et de son entourage, -une photo de son fils, Felix Leu, célèbre tatoueur-, lettres de ses proches, dessins de ses enfants, photos de ses œuvres détruites, cartons d’invitation, vernissage d’exposition, croquis, traces de l’avancée des projets de ses amis … ils constituent un formidable témoignage de l’art de son temps en 15 volumes.

Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Le Musée sentimental" d'Eva AEPPLI au Centre Pompidou-Metz, le 25 Août 2022.Au lendemain de la visite guidée de l'exposition "Le Musée sentimental" d'Eva AEPPLI au Centre Pompidou-Metz, le 25 Août 2022.

Le dernier très émouvant, lorsqu’elle décide d’arrêter de créer, écrase et colle son matériel de couture : « l’aiguille ne parlera plus », « les dés sont jetés »...  Elle décède en 2015 à Honfleur où elle a passé les quinze dernières années de sa vie.

Louise Bourgeois, Sans titre (2 têtes), 2003.

 

A la fin du parcours, une autre artiste féminine, Louise Bourgeois, fascinée par « le pouvoir magique de l’aiguille » fait profondément écho à l’œuvre d’Eva Aeppli en considérant que la couture répare, fait du bien.

Etonnante découverte que cette artiste singulière, « Figure très solaire, très enthousiaste, profondément poétique et en même temps très destructrice » selon Chiara Parisi, commissaire de l’exposition. Son œuvre engagée à la fois sombre et drôle, ne laisse pas le visiteur indifférent. Merci à Mélodie pour cette visite tres agréable.

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

Conférence lundi 26 septembre à 20 H au Temple de Longeville-lès-Metz.

Représenter les fleurs, les fruits et les coquillages. La nature morte en peinture.

Soirée présentée par Catherine Bourdieu.

 Réservation  par mail ou par tél.

lesarts57@gmail.fr   ou tél.   03 87 32 05 03 

Participation : 3 euros adhérent et étudiant- 5 euros non adhérent

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24 août 2022 3 24 /08 /août /2022 14:41
Villa Majorelle, plan de la maquette, façade d'entrée, Sylvain Le Stum.

Villa Majorelle, plan de la maquette, façade d'entrée, Sylvain Le Stum.

Par cette belle journée d’été, jeudi 21 juillet, LesArts57 ont rendez-vous avec Christophe Rodermann, guide-conférencier à Nancy. 10h45, une vingtaine de personnes se retrouvent devant la Villa Majorelle, située 1 rue Majorelle, prêtes à découvrir la jolie maison restaurée. La villa a réouvert ses portes au public en février 2020 après d’importants travaux de rénovation.

Derrière le portail d’entrée déjà étonnant, la villa apparaît originale et harmonieuse. Asymétrique, ouvertures de différentes tailles, balcons en saillie, cheminées élégantes, grandes baies vitrées aux formes courbes.

Jane et Louis Majorelle.1905-1911.

Louis Majorelle, ébéniste de formation, artiste décorateur, ferronnier d’art et industriel nancéien a repris la direction de l’entreprise familiale de fabrication de meubles à la mort de son père Auguste. Il impulse une production de mobilier plus moderne d’inspiration naturaliste, inventive qui fait sa renommée. Les ateliers Majorelle se font remarquer à l’Exposition universelle de 1900 à Paris.

Aux côtés d’Emile Gallé et d’autres artistes lorrains, Louis Majorelle participe à la fondation de l’Alliance provinciale des industries d’art appelée « Ecole de Nancy » qui prône un art décoratif accessible, élégant et fonctionnel et fait de Nancy un haut lieu de l’Art nouveau au début du XXème s.

En 1897, il a acquis un terrain et construit de nouveaux ateliers dans le quartier de Médreville, espace encore peu urbanisé à l’époque. Il souhaite y adjoindre sa maison d’habitation et confie le projet au jeune architecte Henri Sauvage. Les deux hommes se connaissent, ils ont déjà collaboré. Il la veut à l'image de l'esprit qui règne alors dans ses ateliers : moderne, dynamique et simple, de dimensions raisonnables et conçue pour le confort au quotidien.

 

 

L’audace et la modernité du projet de Sauvage le séduisent. La maison est divisée en trois zones distinctes : une pour le service et le personnel, une cage d’escalier, et la partie familiale.

 

 

 

La construction de la bâtisse, aussi surnommée Villa Jika en référence aux initiales de Jeanne Kretz, son épouse, débute en 1901. Le chantier s’organise sous la conduite du nancéien Lucien Weissenburger.

Villa Majorelle. Photo Jean-Louis Ligiardi.

 

Si l’architecte a gardé un plan traditionnel (pièces nobles : salon, salle à manger au rez-de-chaussée, chambres à l’étage), il se montre très audacieux à l’extérieur en se jouant de la symétrie.

 

 

 

Les 4 façades toutes différentes font dialoguer extérieur et intérieur : le décrochement de l’avant corps rend visible le volume de l’escalier, la terrasse de la salle à manger au rez-de-chaussée, la grande baie vitrée pour l’atelier, les fenêtres plus petites pour la partie service. Il oppose les matériaux et leur couleur : pierre d’Euville blanche, briques et grés, ajoute des ferronneries. Le vocabulaire décoratif est inédit : cheminées bicolores terminées par des boutons floraux en céramique, attaches des gouttières en forme de feuille, grandes racines métalliques du balcon, plaques de grés flammées à fleurs d’orchidées.

Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.
Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.
Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.
Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.
Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.
Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.
Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.
Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.
Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.
Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.
Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.

La nature est omniprésente dans les courbes des façades, la forme des ouvertures ou encore les ornements. Si La décoration extérieure, à quelques exceptions près, est signée Henri Sauvage, l’intérieur est le domaine réservé de Louis Majorelle. C’est une maison construite par un artiste pour un artiste. D’autres artistes nancéiens ou parisiens interviennent aussi, Alexandre Bigot pour les grés flammés, Jacques Gruber pour les vitraux, Henri Royer et Francis Jourdain pour les peintures murales. La famille emménage en 1902, Louis, Jane et leur fils Jacques né en 1886. Installé au Maroc ce dernier mènera une carrière de peintre orientaliste.

Le seuil de la maison, abrité dans le retrait que forme l’avant-corps de la cage d’escalier est accueillant par la forme arrondie de l’escalier, de la porte d’entrée, et de la marquise vitrée étroite soutenue par des branches d’orme en ferronnerie.

 

 

La porte d’entrée d’une élégance raffinée donne le ton, transparente afin de laisser largement passer la lumière, et agrandie par le vitrail en imposte. La monnaie-du-pape, symbole de prospérité et de bonheur, est partout présente, déclinée sous toutes ses formes : ravissants bouquets en fer forgé sur la porte, en peintures murales, ferronneries sur le meuble porte-manteau-parapluie et même sur les plaques de propreté des portes !

Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.
Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.
Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.
Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.
Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.

Atmosphère foisonnante et chaleureuse dans le vestibule. Des sur-chaussures sont nécessaires pour la visite.

La salle à manger, pièce centrale à la fois conviviale pour les repas et plus intime avec le fumoir, côté jardin, présente une grande unité marquée par les lignes courbes des boiseries, des encadrements des portes et des fenêtres. L’immense cheminée, tout en grés flammé due au céramiste Alexandre Bigot, est inspirée de l’épi de blé et sépare les deux espaces.

 

Sur les murs, la joyeuse basse-cour, peinte par Francis Jourdain en partie haute, voisine avec des œuvres de jeunesse de Jacques Majorelle. De jolis vitraux à coloquintes réalisés par Jacques Gruber ornent les quatre fenêtres du fumoir.

Le mobilier conçu par Louis Majorelle sur le thème des épis de blé est présenté dans les catalogues de la Maison Majorelle après 1905. Un buffet à deux corps, deux dessertes, une table et six fauteuils sont réalisés en chêne avec placage de bois de serpent, essence exotique d’Amérique du Sud.

Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.
Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.
Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.
Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.
Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.
Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.

 

Domaine réservé de Jane, le salon, très lumineux, a été endommagé par les bombardements de 1916. Le thème de la pomme de pin est décliné sur les motifs marquetés et sculptés, sur le meuble desserte de la cheminée, sur les sièges. 

Salon. ph. JL.L. detail pomme de pin. Lampe Libellule. Majorelle-Daum
Salon. ph. JL.L. detail pomme de pin. Lampe Libellule. Majorelle-Daum
Salon. ph. JL.L. detail pomme de pin. Lampe Libellule. Majorelle-Daum

Salon. ph. JL.L. detail pomme de pin. Lampe Libellule. Majorelle-Daum

L’ensemble « Pommes de pin » est aussi un des best-sellers de la Maison Majorelle. Il est complété par une profusion de petits meubles et bibelots alors très en vogue : la délicate lampe de bureau Libellules, témoignage de la collaboration fructueuse avec les maîtres-verriers Daum.

 

La terrasse, à l’origine ouverte sur le jardin, est rapidement fermée par une baie menuisée en raison de son exposition au nord. C’est un endroit où les Majorelle aiment à se retrouver comme en atteste l’album de famille de Jacques.

 

La rampe en grés a été exécutée par Alexandre Bigot d’après un dessin d’Henri Sauvage, leurs signatures sont visibles près des deux jardinières situées aux extrémités.

 

 

Sur le mur intérieur de la véranda, un panneau décoratif sur le thème de la lentille d’eau dans de délicats tons bleutés d’Alexandre Bigot. Henri Royer, peintre proche de la famille, réalise une peinture d’inspiration symbolique, paysage idyllique où se mêlent hommes, femmes et enfants de l’aube au crépuscule.

Décoration de la terrasse. Photos  Jean-Louis Ligiardi.
Décoration de la terrasse. Photos  Jean-Louis Ligiardi.
Décoration de la terrasse. Photos  Jean-Louis Ligiardi.

Décoration de la terrasse. Photos Jean-Louis Ligiardi.

 

 

La cage d’escalier surprend par son imposant volume par rapport aux proportions de la maison. Des feuilles de lierre ornent délicatement la magnifique rampe dont les balustres torsadées orientent le regard vers le vitrail de forme ovale créé par Jacques Gruber. La partie centrale volontairement transparente permettait une vue sur le jardin. Le lustre à décor d’algues, similaire au modèle d'origine, est une création de Majorelle, Gruber et de la manufacture Daum. Surplombant l'escalier, il plonge jusqu'au rez-de-chaussée. Escalier conçu à l'origine pour un usage familial, il est préférable d'y monter l'un après l'autre.

 

 

Pour leur chambre à coucher, Majorelle a conçu un mobilier d’exception, tout à fait inédit. Contrairement aux autres meubles de la villa, il n’a jamais été reproduit dans les catalogues. Composé d’un impressionnant lit papillon, accompagné d’un chevet, d’une armoire, de deux commodes, exécutés en frêne. Une atmosphère douce et chaleureuse est créée par le bois clair, les lignes épurées, sculptées avec finesse et incrustées par endroits de nacre et cuivre. Le placage de frêne imite le pitchpin, pin d’Amérique du nord veiné, du plus bel effet.

Quelques temps après la visite guidée de la Villa Majorelle, à Nancy, le 21 juillet 2022.

Sur les murs des portraits de famille, Camille-rose, sœur de Louis portraiturée par Emile Friant et Jika, petite-fille de Louis et Jane, peinte par son père Jacques.

 La salle de bain attenante et l’atelier de Louis Majorelle au 2ème étage font partie d’une dernière phase de travaux prévus prochainement.

Maison emblématique de l’Art nouveau nancéien dont le fil conducteur est la nature, la Villa Majorelle est le fruit de la collaboration d’artistes dans différents domaines, c’est un magnifique exemple d’Art total.

 Prochaine rencontre avec LesArts57 :

visite guidée au Centre Pompidou Metz,

le 25 août 2022,  Musée sentimental d'Eva Aeppli. 

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25 juillet 2022 1 25 /07 /juillet /2022 10:23

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Luxembourg, rocher du Bock et centre culturel de Neumünster. Photo Jean-Louis Ligiardi.

Luxembourg, rocher du Bock et centre culturel de Neumünster. Photo Jean-Louis Ligiardi.

 

Au matin du 18 juin, nous sommes 49 à avoir répondu à l’appel !  La journée organisée par LesArts57, s’annonce déjà très chaude. 7 h30, parking de la salle polyvalente de Saulny, Chantal est soulagée, les participants inscrits sont tous présents. Après avoir bouclé nos ceintures, le bus conduit par Dominique démarre. Marie-Laure SCHUCK, guide-conférencier que nous retrouvons avec plaisir, nous a concocté un joli programme pour la journée et bonne nouvelle, comme nous nous dirigeons vers le nord, nous gagnons 3° : 34° au lieu des 37° prévus !  Geneviève indique la mise à disposition possible de bouteilles d’eau.

1ère étape : le plateau du Kirchberg.

Depuis l'installation des premières institutions européennes dans les années 1960, le quartier des affaires de la ville de Luxembourg est en constante mutation. Ce paysage urbain allie des monuments centenaires à des bâtiments modernes conçus par de célèbres architectes européens. La capitale luxembourgeoise est un des trois sièges institutionnels de l’Union européenne. Bruxelles abrite la commission européenne et le conseil des ministres tandis que Strasbourg est le siège du parlement européen, et Luxembourg, celui des institutions financières et juridiques.

Nouveau bâtiment RTL group.                                        Fort Thüngen et Mudam.Nouveau bâtiment RTL group.                                        Fort Thüngen et Mudam.

Nouveau bâtiment RTL group. Fort Thüngen et Mudam.

Au début des années 1950, Joseph Bech, ministre luxembourgeois des affaires étrangères, participe avec son homologue français, Robert Schuman à la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier, la CECA. Robert Schuman est né à Luxembourg en 1886. Sa mère luxembourgeoise avait épousé un Lorrain qui s'était soustrait à l'annexion de l'Alsace-Lorraine en 1870 par les allemands, en allant s'établir au Grand-Duché près de la frontière. Le jeune Robert Schuman fréquente l'école à Luxembourg, passe l’habitur au lycée Fabert à Metz, fait des études supérieures en Allemagne et à Strasbourg. En 1912, il ouvre un cabinet d'avocat, avenue Foch, à Metz. Né de père français, il le redevient en 1919. Ses connaissances linguistiques (luxembourgeois, français, allemand), le droit qu’il maitrise, et ses origines favorisent son engagement politique européen.

Etape essentielle dans l’histoire de la construction européenne : la signature du Traité de Rome, en 1957, entre les 6 pays : Luxembourg, France, Allemagne, Belgique, Pays bas et Italie. Il institue la Communauté européenne (CEE) et la Communauté européenne de l’énergie atomique (CEEA ou Euratom).

La grande Duchesse Charlotte, à la tête du pays de 1919 à 1964, européenne convaincue, elle aussi, favorise l’implantation des institutions sur le plateau. Le pont grande duchesse Charlotte (ou pont rouge) inauguré en 1966, long de 355m, au-dessus de l’Alzette, relie la ville au nouveau quartier. Le tram dessert aussi le Kirchberg maintenant, et depuis 2 ans environ, les transports en commun sont gratuits.

13 000 fonctionnaires eurocrates travaillent au Kirchberg. La ville de Luxembourg compte 122 000 habitants. En semaine 100 000 travailleurs frontaliers viennent de France, 52 000 de Belgique et 51 000 d’Allemagne. En constante évolution et sans cesse en chantier pour s’agrandir et se remettre aux normes, les bâtiments du Kirchberg abritent des nombreuses institutions :

  • Cour de justice de l’Union européenne
  • Cour des comptes européenne
  • Banque européenne d’investissement (BEI) et Fonds Européen d’investissement (FEI)
  • Secrétariat du parlement européen.
Les 3 tours de la Cour de Justice – Banque Européenne d’investissement (BEI).

Les 3 tours de la Cour de Justice – Banque Européenne d’investissement (BEI).

Le Kirchberg est aussi connu pour son rayonnement culturel avec la présence du Mudam (Musée d’art moderne), de la Philharmonie, ses installations de loisirs comme le complexe sportif la Coque avec sa piscine olympique et le Multiplex, cinéma,… plus au nord-est, le centre d'exposition Luxexpo, lieu de foires internationales, salons des antiquaires, du design, d’art contemporain , zone commerciale, et hôpital en contrebas…

 

Mudam (archi. I.M.Pei ) --- Philarmonie  (archi.  C. de Portzamparc) --- la Coque (archi. R. Taillibert).Mudam (archi. I.M.Pei ) --- Philarmonie  (archi.  C. de Portzamparc) --- la Coque (archi. R. Taillibert).Mudam (archi. I.M.Pei ) --- Philarmonie  (archi.  C. de Portzamparc) --- la Coque (archi. R. Taillibert).

Mudam (archi. I.M.Pei ) --- Philarmonie (archi. C. de Portzamparc) --- la Coque (archi. R. Taillibert).

Marie-Laure menant le groupe jusqu’au panorama.

A l’extrémité de l’avenue J. F. Kennedy, la place de l’Europe, imaginée par Ricardo Bofill, représente l’entrée du Kirchberg en venant de la ville par le pont rouge. A proximité, le parc des 3 glands, le bus peut y faire une petite halte pour nous permettre d’aller admirer le panorama de la ville.

Les flèches de la Cathédrale Notre-Dame dans la ville haute. Photo Jean Louis Ligiardi.

Les flèches de la Cathédrale Notre-Dame dans la ville haute. Photo Jean Louis Ligiardi.

Le long du chemin qui mène au panorama, Marie-Laure nous raconte l’histoire du site et celle, très mouvementée, de ce petit pays de 2586 km2, et 600 000 habitants.

La forteresse va servir de structure solide pour l’implantation du Mudam, Musée d’art moderne Grand-duc Jean, dû à l’architecte I. M. Pei (concepteur de la pyramide du Louvre). Il ouvre en 2006.

 

Le fort Thüngen a été utilisé par les autrichiens et les prussiens au 18ème.. Ces derniers ajoutèrent des glands de chêne au sommet des tours défensives marquant leur domination. Détruites au moment où le Luxembourg a acquis sa neutralité en 1867, elles ont été restaurées. Les glands redorés en 2000, lors de l’avènement du grand-duc Henri, sont visibles de loin, en particulier depuis la maison natale de Robert Schumann, dans le quartier en contrebas. A la fin de sa vie, il avait souhaité les revoir lors d’une balade avec Jean-Marie Pelt.

Quartier Clausen en contrebas, la maison de R Schumann.Quartier Clausen en contrebas, la maison de R Schumann.

Quartier Clausen en contrebas, la maison de R Schumann.

 

Le site primitif de la ville est situé sur le rocher du Bock. Un petit fortin romain « Lucilinburhuc», installé sur l’éperon rocheux, est acquis par le comte ardennais Sigefroi en 963. Il fait construire son château à proximité, et des murs d’enceinte successifs, c’est le berceau de la ville, au croisement des voies reliant Arlon à Trèves et celle descendant sur Thionville.

 

La légende raconte qu’il s’est uni à la sirène Mélusine, retournée dans l’Alzette, lorsqu’il n’a pas respecté sa promesse. Il l’a épiée lors de son bain secret et découvert sa queue de poisson.

Très convoité par les puissances voisines, de par sa position stratégique, le site est élevé au rang de Duché en 1354. Au cours des siècles suivants, Bourguignons, Espagnols, Français, Autrichiens et Prussiens ont tour à tour cherché à dresser des murs de plus en plus puissants.

Les fortifications renforcées par Vauban en 1684-88 le seront encore sous la domination des Pays-Bas autrichiens par l’aménagement des forts et le réseau de casemates creusé dans la roche. La forteresse quasi imprenable, qualifiée de Gibraltar du nord, doit capituler devant les armées de la République française en 1795, le Duché devient « Département des forêts ». En 1815, Le Luxembourg est promu Grand-Duché et le roi des Pays-Bas devient Grand-Duc de Luxembourg mais accueille une garnison prussienne, jusqu’ en 1867. Après avoir perdu la partie wallonne, cédée à la Belgique, le Grand -Duché accède à l’indépendance sous sa forme actuelle en 1839 et par le traité de Londres acquiert sa neutralité en 1867. Le démantèlement de la forteresse ouvre alors de nouvelles possibilités d’extension de la ville.

Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.

Reprenons le bus qui va déposer, le 1er groupe à la villa Vauban pour la visite guidée à 10h, le 2ème place de la Constitution pour le parcours pédestre dans la ville haute avec Marie-Laure.

La neutralité du pays n’a pas empêché l’Allemagne d’occuper le pays au cours des deux guerres mondiales. Sur la place de la Constitution, ce Monument du Souvenir, est surmonté par Gëlle Fra (femme en or). Installée en 1923, elle symbolise l’indépendance et la liberté du pays. Cachée pendant la 2ème guerre, elle a pu être restaurée et réinstallée. Elle a été présentée à l’exposition universelle de Shanghai en 2011.

Niki de Saint-Phalle, La Grande Tempérance, 1992.

Niki de Saint-Phalle, La Grande Tempérance, 1992.

L’entrée par un vaste jardin dévoile la très jolie Villa Vauban, musée d’Art de la Ville de Luxembourg. Elle est construite sur le site de l’ancien fort Vauban, démantelé fin 19ème qui a servi de fondation, encore visible au sous-sol. L’exposition permanente va nous faire traverser trois siècles du 17e au 19e de peinture flamande, hollandaise et française.

2 premières salles, Photo J.L. Ligiardi

2 premières salles, Photo J.L. Ligiardi

Le 17e représente l’Âge d’or des Pays-Bas (Gouden Eeuw), avec le développement du commerce. Les marchands aiment montrer leur richesse, une nouvelle classe bourgeoise émerge : elle commande beaucoup de tableaux. La Hollande appartient à la république des Provinces-Unies, tandis que les Flandres dépendent à nouveau de la couronne d’Espagne. La liberté de culte qui règne en Hollande attire de nombreux intellectuels et artistes.  

La 1ère salle est consacrée à la peinture de genre, scènes du quotidien : une fête familiale, un intérieur au bœuf écorché, deux fumeurs devant un tonneau, la dentelière, le médecin qui contrôle les urines…

Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.

La 2ème salle est consacrée aux portraits et paysages, très prisés aussi. Les personnages représentés sont si bien vêtus qu’on ne sait s’ils sont nobles ou paysans. Les paysages, très demandés, sont réalisés dans des ateliers nombreux dans les villes.

 

« Du grand art en petit format » dans la 3ème salle. Les voyageurs emportent avec eux ces œuvres, véritables petites merveilles…. Elles peuvent être réalisées sur différents supports : porcelaine, cuivre, bois…

Ph.  J.L.L.

 

 

La salle suivante est consacrée à « l’Italie rêvée ».  Voyageurs et peintres apprécient l’ambiance et la lumière du sud. Ces toiles ont beaucoup de succès, elles sont achetées, rapportées comme souvenirs. Ph. J.L.L.

Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.

G. Bodinier, Jeunes Napolitaines, 1835.- Le Canaletto, Le Canal Grande, 1723.- J.V. Schnetz, Vieux pâtre italien, 1822. Lorenzo Nencini, Petrarque,1830 - Bacchus, 1830, marbre. --- Reproduction moderne d’un buste de F. Laurana, 2019.

 

Le musée s’enorgueillit d’avoir une copie « originale » commanditée par la famille royale et réalisée du vivant de Velasquez : Los Borrachos, (les ivrognes). L’œuvre originale réalisée par le maitre est conservé au Prado.

Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.

Passage par le sous-sol pour admirer la grande Mosaïque en verre de Murano de Francois Gillen, offerte par la Banque Internationale.

 

Accédons à la salle de « l’art français autour de 1850 », paysages romantiques, peintres naturalistes, Ecole de Barbizon, invention de tube de peinture, sculptures animalières…

Ph. J.L.L.

I.Dagnan, Le pont d’Avignon, 1833-43 – C. Fratin, Le taureau et la grenouille, 1845-55.-- E. Delacroix, Jeune turc caressant son cheval, 1825.
I.Dagnan, Le pont d’Avignon, 1833-43 – C. Fratin, Le taureau et la grenouille, 1845-55.-- E. Delacroix, Jeune turc caressant son cheval, 1825.
I.Dagnan, Le pont d’Avignon, 1833-43 – C. Fratin, Le taureau et la grenouille, 1845-55.-- E. Delacroix, Jeune turc caressant son cheval, 1825.

I.Dagnan, Le pont d’Avignon, 1833-43 – C. Fratin, Le taureau et la grenouille, 1845-55.-- E. Delacroix, Jeune turc caressant son cheval, 1825.

Somptueuse nature morte, le plateau de fruits est posé sur une étoffe précieuse. L’écureuil représente le diable, il saute partout, est imprévisible comme la mort.

Peintre français (1613-1699), Reynaud Levieux séjourne à Rome puis dans le midi.

 Reynaud Levieux, Nature morte - Fruits, perroquet, chiens et écureuil, 2ème moitié du 17e.

Dans la salle suivante, Une collection royale acquise par Jean-Pierre Pescatore. Riche homme d’affaire franco-luxembourgeois, il lègue à la ville de Luxembourg, sa ville natale, une importante collection. Il avait acquis de nombreuses œuvres de grande qualité lors de la vente aux enchères de la collection du roi Guillaume II des Pays-Bas en 1850.

 

Louis Aimé Grosclaude, Portrait de Jean-Pierre Pescatore, 1844.

Collection Pescatore.
Collection Pescatore.
Collection Pescatore.
Collection Pescatore.

Collection Pescatore.

La dernière salle dédiée à la mer si chère au peuple néerlandais. Quittons ce bel écrin, en se promettant d’y revenir pour admirer ces œuvres un peu plus longuement. Une exposition dédiée à John Constable’s, peintre britannique célèbre pour ses paysages et sa maitrise de la lumière, y est programmée du 02-07 au 09-10 -2022.

Ph. J.L.L.

Les vestiges de la forteresse et le centre historique de la vieille ville figurent sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1994. La “Corniche” aménagée sur les remparts offre des points de vue spectaculaires du “plus beau balcon d’Europe”. Un peu plus loin, le château comtal a été reconstruit sur les rochers. Dans le Grund, l’ancienne abbaye de Neumünster a été transformée en centre culturel, les rives de l’Alzette et de la Pétrusse aménagées en jardins et espaces verts. Sur les remparts aussi, est installée la cité judiciaire.

Photos Jean-Louis Ligiardi.
Photos Jean-Louis Ligiardi.
Photos Jean-Louis Ligiardi.
Photos Jean-Louis Ligiardi.
Photos Jean-Louis Ligiardi.
Photos Jean-Louis Ligiardi.

Photos Jean-Louis Ligiardi.

 

A l’intérieur des remparts, il existe encore des ruelles étroites, passages médiévaux, vieilles tours, petites portes, échauguettes… Sur l’une d’entre elles, la devise nationale « Mir wëlle bleiwe wat mir sinn ! », « Nous voulons rester ce que nous sommes » est encore visible.

Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.

Le passage Goethe nous amène vers le Palais grand-ducal, élégante bâtisse Renaissance, reconstruite au 16ème, à l’époque de la souveraineté espagnole. La façade présente un décor de frise, sorte de macramé d’inspiration hispano-mauresque. Les gardes, dont la relève est toujours spectaculaire, veillent sur la résidence de travail du souverain, le grand-duc Henri. En 1981, il a épousé Maria-Thérèsa, d’origine cubaine. 5 enfants sont nés de cette union.  Jouxtant le palais, la chambre des députés. Le Luxembourg en compte 60.

Façade du palais grand-ducal. Luxembourg.

Façade du palais grand-ducal. Luxembourg.

En face, actuellement en travaux, la grande place Guillaume II, en son centre la statue équestre de Guillaume II d’Orange-Nassau qui dote le pays de sa première constitution (1840-49).  Sur le parcours, la place Clairefontaine avec une très jolie statue de la grande duchesse Charlotte.

 

 

La cathédrale Notre-Dame de Luxembourg, incluse dans le tissu urbain, est à l’origine une église jésuite érigée au 17ème, élevée au rang de cathédrale en 1870.

A l’entrée nord, un beau portail baroque, colonnes cannelées, chapiteaux composites, statues de saint Ignace et saint François Xavier, visages de prophètes qui jaillissent, la Vierge est entourée de st Pierre et st Paul avec les instruments de leur supplice. Au-dessus, st Nicolas, patron des bateliers de la Moselle luxembourgeoise.

Cathédrale Notre-Dame de Luxembourg. Photos Jean-Louis Ligiardi.
Cathédrale Notre-Dame de Luxembourg. Photos Jean-Louis Ligiardi.
Cathédrale Notre-Dame de Luxembourg. Photos Jean-Louis Ligiardi.
Cathédrale Notre-Dame de Luxembourg. Photos Jean-Louis Ligiardi.

Cathédrale Notre-Dame de Luxembourg. Photos Jean-Louis Ligiardi.

A l’intérieur, style gothique tardif. Belle tribune d’orgue, des anges musiciens en albâtre, décor maniériste chargé : dragons, lézards… Certains vitraux ont été réalisés par Laurent Charles Maréchal (le cycle marial), la verrière du chœur, plus récente, par le maitre verrier parisien Louis Barillet. Un autre, plus moderne, représente saint Willibrord, patron des vignerons luxembourgeois et allemands. Il tient dans ses mains l’abbaye d’Echternach qu’il a fondée. Sur le côté gauche, près du chœur la tribune grand- ducale.

Cathédrale Notre-Dame de Luxembourg. Tribune d'orgue-Vitrail St Willibrord- Loge Grand-Ducale.Cathédrale Notre-Dame de Luxembourg. Tribune d'orgue-Vitrail St Willibrord- Loge Grand-Ducale.
Cathédrale Notre-Dame de Luxembourg. Tribune d'orgue-Vitrail St Willibrord- Loge Grand-Ducale.Cathédrale Notre-Dame de Luxembourg. Tribune d'orgue-Vitrail St Willibrord- Loge Grand-Ducale.

Cathédrale Notre-Dame de Luxembourg. Tribune d'orgue-Vitrail St Willibrord- Loge Grand-Ducale.

Dans le chœur, la petite statue de la Vierge, joliment vêtue, est promenée en procession lors de l’octave, grande fête religieuse le 5ème dimanche après Pâques qui rassemble de nombreux pèlerins.

Sur le portail d’entrée, une statue de la vierge art déco d’inspiration médiévale.

A 13h, les 2 groupes se retrouvent à la brasserie du Cercle, place d’Armes, dans la confortable salle privatisée pour l’occasion, au 1er étage. Un crémant luxembourgeois, servi bien frais, permet de patienter. Au menu, le plat typique luxembourgeois, « Judd mat Gaardebounen an Gromperen», « épaule de porc fumé, fèves et pommes de terre ». Choisi à l’avance, il ne parait pas des plus adaptés à la chaleur de cette journée, mais bien préparé, et terminé par la traditionnelle tarte aux pommes et sa glace vanille, l’ambiance s’est révélée très conviviale. 

Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.

 

Le Cercle, belle bâtisse municipale, place d’Armes, est un lieu culturel. Il a été le siège des réunions de la CECA. Depuis 2020, en raison de la pandémie de covid, les séances de la chambre des députés s’y tiennent pour respecter la nécessaire distanciation physique.

14h45, il est temps de reprendre la route vers le Mullerthal, Petite Suisse Luxembourgeoise, jolie région boisée, un peu plus au nord-est. De belles forêts, des passages rocheux, traversés par des petits cours d’eau, c’est un territoire idéal pour la randonnée dont certains sentiers sont labellisés « Best of Europe ».

 

Arrêt au bord de la route pour admirer le pittoresque cascade de Schiesssentümpel.  Le charmant pont de pierre et de bois permet de descendre jusqu’au torrent qui se divise en 3 parties sur les rochers. Beaucoup de fraicheur se dégage de cet endroit, certains s’aventurent même jusqu’à un petit bain de pieds rafraichissant.

Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.

Attentionné pour ses voyageurs, notre chauffeur Dominique revient nous chercher au plus près malgré les difficultés pour manœuvrer le grand bus sur les petites routes. Echternach, la plus ancienne ville du Luxembourg, située au bord de la Süre, n’est plus très loin. Les vestiges d’une grande villa romaine y ont été mis à jour à l’occasion du creusement d’un lac en 1975. Ce domaine a été occupé sans doute entre le 1er et le 5ème siècle après J.C.

Abbaye d'Echternach. Photo Jean-Louis Ligiardi.

Les terres appartiennent au diocèse de Trèves (situé à 18km). Dans le but d’évangéliser la région, l’abbesse Irmine de Trèves, mère de l’épouse de Pépin II, fait don du sanctuaire à Willibrord, missionnaire anglo-saxon. Il fonde l’abbaye bénédictine en 698. Son expansion est considérable. Les fontaines dites de St Willibrord jalonnent la route du missionnaire, en Belgique, Pays bas et Rhénanie. Elles témoignent de son activité baptismale et sont vénérées par les croyants qui cherchaient la guérison de maladies nerveuses liées au mouvement : épilepsie, chorée, … Il meurt en 739, son tombeau draine une foule de pèlerins. Le bourg se développe et prospère. Charlemagne, attaché à ce lieu par ses ancêtres, l’élève au rang d’abbaye impériale. Elle devient un centre de production de manuscrits enluminés, son scriptorium est très réputé dans tout le royaume franc. Il a produit le « codex auréus », célèbre ouvrage enluminé à l’encre d’or au 11e s.

 

Située sur l’emplacement originel de l’église bénédictine fondée au 8e s, la Basilique a connu de nombreuses vicissitudes. Détruite en partie lors de la bataille des Ardennes en 1944, l’édifice actuel date de 1953, style néo-roman comme à l’origine. La façade s’inspire de celle de Paray-le-Monial.

 

L’intérieur présente un système original alternant colonnes et piliers quadrangulaires appelé le système d’Echternach, rare en architecture.

Abbaye d'Echternach. Crypte -- Tombeau de St Willibrord.  Photos Jean-Louis Ligiardi.

Abbaye d'Echternach. Crypte -- Tombeau de St Willibrord. Photos Jean-Louis Ligiardi.

 

La crypte du 8e s. a été préservée, elle abrite la sépulture de st Willibrord : un très beau monument néogothique en marbre de Carrare, à l’intérieur le sarcophage contenant les restes du saint. Dans une autre partie de la crypte, la fontaine baptismale d’origine.

Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.
Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.Quelques temps après l’excursion au Grand-Duché du Luxembourg, le samedi 18 Juin 2022.

 

Echternach doit sa célébrité à sa Procession Dansante, inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco depuis 2010. Chaque année, le mardi de la Pentecôte, de nombreux pèlerins et spectateurs se rejoignent pour participer à ce phénomène cultuel en l’honneur de Saint Willibrord.

Procession Dansante,  Echternach.

Procession Dansante, Echternach.

Accompagnés de fanfares et violons, les danseurs, alignés par rangées de cinq à six personnes, se tiennent par le bout de leurs mouchoirs. Chemises blanches, ils avancent sautillant en rythme, deux pas à gauche, deux pas à droite. L’origine, assez mystérieuse, est peut-être à rechercher dans les processions des saints dansants, fin 15e, pour la guérison des semblables par les semblables, épilepsie, danse de saint-Guy…

 

Quittons l’abbaye, petit tour sur la place du marché pour admirer le Dënzelt : cet ancien palais de justice avec salle de torture et prison date du 15e s. Passons près de l’église st Pierre et st Paul bâtie sur un rempart romain du 4ème s.

Dënzelt, église st Pierre et st Paul .
Dënzelt, église st Pierre et st Paul .
Dënzelt, église st Pierre et st Paul .

Dënzelt, église st Pierre et st Paul .

Il est temps de reprendre la route après cette journée découverte très intéressante et bien remplie. Finalement peu incommodés par la chaleur si redoutée, un grand merci à Marie-Laure pour cette bonne organisation et la qualité de ses présentations.

 Des rencontres sont prévues avec LesArts57 cet été, la Villa Majorelle à Nancy en juillet, en août Eva Aeppli au Centre Pompidou Metz. Arrivée à Saulny 19h30, on se souhaite un bel été à tous.

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28 juin 2022 2 28 /06 /juin /2022 15:56

Paul Cézanne, vers1875, il a 36 ans.

 

C’est dans la très jolie salle du Château Fabert de Moulins que LesArts57, ce jeudi 19 mai, 20h, avaient programmé cette nouvelle rencontre présentée par Jean Yves Bègue et qui a réuni 80 personnes.

Après avoir complimenté l’association, Jean-Yves remercie ses amis du conseil municipal avec lesquels il partage des moments conviviaux et les nombreuses connaissances venues sympathiquement découvrir cet immense artiste qu’est Cézanne (et non pas Gauguin comme annoncé par erreur dans la presse !).

Amateur d’art éclairé, ce médecin de profession ne veut pas faire montre d’érudition mais souhaite partager avec simplicité et décontraction un bon moment entre amis.

Il va nous présenter les gens qui évoluent autour de Cézanne en cette 2ème moitié du 19ème siècle, sa vie, sa période impressionniste, et comment ce peintre de formation classique va devenir un passeur vers la modernité.

 

Paul Cézanne ne sera célèbre et reconnu qu’à la fin de sa vie. L’extravagant Salvatore Dali le qualifie même de barbouilleur ! Né en 1839 à Aix-en-Provence, il y revient toujours et y décède en 1906.

Enfance et adolescence plutôt studieuses de jeune bourgeois, elles sont marquées par sa grande amitié avec Emile Zola, moins fortuné. Son père, négociant chapelier, devenu banquier, voulait en faire un homme de loi ou un banquier, Paul entre à la faculté de de droit. Lorsque Zola part pour Paris commence une correspondance fournie avec son ami.

 

Portait d’Emile Zola, vers 1862-64, Musée Granet, Aix en Provence

Cézanne fréquente l’Ecole de dessin d’Aix le soir, dessine d’après le modèle vivant, copie des œuvres de maitre, admire profondément Delacroix et Courbet. Ce grand jeune homme, extrêmement cultivé, mais aux manières rudes dépend financièrement de son père peu enclin à le voir devenir artiste. Zola finit par le convaincre de le rejoindre à Paris et de se consacrer à la peinture. Il est refusé au concours d’entrée aux Beaux-Arts. On reconnait cependant « son tempérament de coloriste » mais à cette époque, c’est le dessin « bien léché » à la manière d’Ingres qui prédomine. Il fréquente les musées parisiens, suit les cours de l’académie Suisse.

 

Tout dans ce portrait, est ironique : la bienveillance de son père, lisant l’Evènement, journal de gauche loin de ses convictions personnelles, la nature morte placée sur le mur alors qu’il n’approuvait pas le choix artistique de son fils.

Jolie composition réalisée au couteau, pâte épaisse, ce portrait dégage beaucoup de force.

 

 Louis-Auguste Cézanne lisant l’Evènement, 1866, Washington.

Il alterne les allers-retours entre Aix et Paris. Avec Zola, au Salon des Refusés en 1863, il éprouve un choc en voyant Le Déjeuner sur l’herbe de Manet. Admiratif de son audace, de sa palette plus colorée, il s’en inspire et pousse plus loin la provocation.

Manet, Le Déjeuner sur l’herbe, 1863. – Cézanne, Pastorale, 1870, musée d’Orsay, Paris.

Manet, Olympia,1865.--- Cézanne, Une moderne Olympia, première version, 1867-70 -- 1873-74 musée d’Orsay.

Il admire beaucoup l’artiste, apprécie moins l’homme qui aime parader contrairement à lui, plus ténébreux. Cézanne peint une vision plus réaliste et directe d’une jeune prostituée offerte. Il se représente de dos. Les contours noirs encore très appuyés, la matière plus épaisse de la 1ere version font place à une palette plus claire et lumineuse dans une seconde version plus tardive, touche plus rapide et un peu plus fine. Cézanne est encore une fois laminé par la critique outrée.

 

Cézanne représente son ami, peintre peu reconnu, avec beaucoup de dignité, à la manière des grands d’Espagne. Baigné de lumière, une certaine mélancolie se dégage de ce personnage auquel Cézanne venait en aide de son mieux. Ce portrait, envoyé au Salon de 1870, essuya encore un refus et une critique féroce.

 

Portrait d’Achille Emperaire, 1867-70, musée d’Orsay.

Lors de ses retours à Aix, il installe un atelier dans la propriété familiale, le Jas de Bouffan. En 1970, lors du conflit, il se réfugie dans une maison de pécheurs à l’Estaque, près de Marseille. Après la guerre, il retourne à Paris pour cacher sa liaison avec Hortense, jeune modiste et modèle qui devient sa compagne. Il fréquente les peintres en marge des milieux académiques, participe à des discussions passionnées au café Guerbois.

 

Camille Pissaro lui propose de venir le rejoindre dans la vallée de l’Oise. Les deux hommes peignent en plein air, côte à côte, les mêmes sujets. Pissaro, un peu plus âgé, d’un naturel agréable et patient, l’amène à remplacer le contour sombre dans sa peinture par des dégradés des couleurs, à utiliser des tons plus clairs, des coups de pinceaux plus petits.

 

Bouquet au petit Delft, 1873, Musée d’Orsay.

 Camille Pissaro (à gauche, barbe blanche) et Paul Cezanne.  --- Pissaro, Portait de Cézanne coiffé d’un feutre, 1874, musée du Louvre..
 Camille Pissaro (à gauche, barbe blanche) et Paul Cezanne.  --- Pissaro, Portait de Cézanne coiffé d’un feutre, 1874, musée du Louvre..
 Camille Pissaro (à gauche, barbe blanche) et Paul Cezanne.  --- Pissaro, Portait de Cézanne coiffé d’un feutre, 1874, musée du Louvre..
 Camille Pissaro (à gauche, barbe blanche) et Paul Cezanne.  --- Pissaro, Portait de Cézanne coiffé d’un feutre, 1874, musée du Louvre..
 Camille Pissaro (à gauche, barbe blanche) et Paul Cezanne.  --- Pissaro, Portait de Cézanne coiffé d’un feutre, 1874, musée du Louvre..
 Camille Pissaro (à gauche, barbe blanche) et Paul Cezanne.  --- Pissaro, Portait de Cézanne coiffé d’un feutre, 1874, musée du Louvre..

Camille Pissaro (à gauche, barbe blanche) et Paul Cezanne. --- Pissaro, Portait de Cézanne coiffé d’un feutre, 1874, musée du Louvre..

Au contact direct avec la nature, il observe les reflets de couleurs par rapport à l’environnement et ne cesse de retravailler ses toiles. Si les tableaux de Pissarro semblent plus flatteurs, ceux de Cézanne dégagent plus de force et de profondeur, les verticales plus appuyées donnent du relief, les horizontales l’étendue construisant une perspective solide.

Avec ses amis, Monet, Renoir, Degas, Boudin, Sisley… refusés des salons officiels, il participe en 1874 à une exposition chez le photographe Nadar. Le port du Havre de Claude Monet : Impression, Soleil levant retient l’attention, le mouvement Impressionniste est né.

Paul Cézanne, La Maison du pendu, Auvers -sur -Oise, 1873, Orsay---La Maison du Dr Gachet, 1872-73, Orsay.

Dans l’Oise, Cézanne rencontre aussi le Dr Gachet et le père Tanguy, marchand de couleurs, qui soutiennent ces jeunes peintres modernes. Cadrages bien construits dans La Maison du pendu et La Maison du Dr Gachet, le premier plan plus large, ouvert, guide le regard. Les touches diagonales de la végétation animent ces paysages tranquilles.

           Pissaro, le Petit Pont, Pontoise,1875.    ---     Cézanne, Le Pont de Maincy, 1879. Musée d’Orsay.

Les reflets sur l’eau de Pissarro, la profondeur de l’eau chez Cézanne, les deux artistes ont chacun leur style. Dans cette toile du pont de Maincy, les lignes géométriques, les taches de couleurs juxtaposées, superposées sont clairement perceptibles. Pissarro évoluera vers le pointillisme, tandis que la géométrisation de Cézanne préfigurera le cubisme. Une grande amitié le lie à Monet, ainsi qu’à Renoir qui lui présente Victor Choquet, collectionneur et mécène.

Portrait de Victor Chocquet, 1876-77. ---- Portrait d’Ambroise Vollard, 1899, musée du Petit Palais, Paris. Portrait de l’artiste, 1873-74, Orsay--- Portrait de l’artiste au fond rose, 1875, coll.privée --- Portrait de l'artiste au bonnet blanc,1880-82, Neue Pinacoteck, Munich.
Portrait de Victor Chocquet, 1876-77. ---- Portrait d’Ambroise Vollard, 1899, musée du Petit Palais, Paris. Portrait de l’artiste, 1873-74, Orsay--- Portrait de l’artiste au fond rose, 1875, coll.privée --- Portrait de l'artiste au bonnet blanc,1880-82, Neue Pinacoteck, Munich.
Portrait de Victor Chocquet, 1876-77. ---- Portrait d’Ambroise Vollard, 1899, musée du Petit Palais, Paris. Portrait de l’artiste, 1873-74, Orsay--- Portrait de l’artiste au fond rose, 1875, coll.privée --- Portrait de l'artiste au bonnet blanc,1880-82, Neue Pinacoteck, Munich.
Portrait de Victor Chocquet, 1876-77. ---- Portrait d’Ambroise Vollard, 1899, musée du Petit Palais, Paris. Portrait de l’artiste, 1873-74, Orsay--- Portrait de l’artiste au fond rose, 1875, coll.privée --- Portrait de l'artiste au bonnet blanc,1880-82, Neue Pinacoteck, Munich.
Portrait de Victor Chocquet, 1876-77. ---- Portrait d’Ambroise Vollard, 1899, musée du Petit Palais, Paris. Portrait de l’artiste, 1873-74, Orsay--- Portrait de l’artiste au fond rose, 1875, coll.privée --- Portrait de l'artiste au bonnet blanc,1880-82, Neue Pinacoteck, Munich.

Portrait de Victor Chocquet, 1876-77. ---- Portrait d’Ambroise Vollard, 1899, musée du Petit Palais, Paris. Portrait de l’artiste, 1873-74, Orsay--- Portrait de l’artiste au fond rose, 1875, coll.privée --- Portrait de l'artiste au bonnet blanc,1880-82, Neue Pinacoteck, Munich.

Portraits sans concession, de trois quarts, l’artiste dégage une impression de détermination dans ses autoportraits. Période un peu plus sereine, Hortense lui donne un fils Paul en 1872.  Il n’en révèlera l’existence à son père que 6 ans plus tard et n’épousera Hortense que plus tard encore ! Compositions simples en apparence pour les portraits de Mme Cézanne qui posait longuement. Visage impassible, coiffure austère, les portraits révèlent une certaine distance entre eux.

Madame Cézanne à la jupe rayée, 1877, Boston --- Madame Cézanne au chapeau vert, 1891-92 --- Portrait de Mme Cézanne, 1892, Moma.
Madame Cézanne à la jupe rayée, 1877, Boston --- Madame Cézanne au chapeau vert, 1891-92 --- Portrait de Mme Cézanne, 1892, Moma.
Madame Cézanne à la jupe rayée, 1877, Boston --- Madame Cézanne au chapeau vert, 1891-92 --- Portrait de Mme Cézanne, 1892, Moma.
Madame Cézanne à la jupe rayée, 1877, Boston --- Madame Cézanne au chapeau vert, 1891-92 --- Portrait de Mme Cézanne, 1892, Moma.

Madame Cézanne à la jupe rayée, 1877, Boston --- Madame Cézanne au chapeau vert, 1891-92 --- Portrait de Mme Cézanne, 1892, Moma.

Nature morte à la soupière, 1877, Orsay. --- Nature morte, fruits, serviette et boite à lait, 1879-82, musée de l’Orangerie, Paris. -- Nature morte avec oignons, 1895.

Nature morte avec pommes et oranges, 1899, Orsay.

Dans ses nombreuses natures mortes, beaucoup de réflexion, les compositions sont savamment étudiées : équilibre des formes rondes, linéaires, drapées. Les couleurs se mettent en valeur mutuellement… La pomme représente quelque chose d’éternel. Ce fruit simple a non seulement l’avantage d’une économie de moyens, d’une longévité importante, elle ne bouge pas à la pose contrairement aux modèles… de plus, elle lui évoque aussi un souvenir d’enfance : plus costaud, il avait défendu Zola à l’école, celui-ci lui avait offert, en retour, un panier de pommes.

 

Portait étrange, cette femme, sans doute la femme de ménage du peintre, placée devant une porte aux panneaux géométriques. La silhouette est, elle aussi, très géométriquement représentée, les formes des bras s’approchent de cylindres. Couleurs soigneusement choisies, la nappe rouge renforce l’intensité du bleu de la robe, la tasse blanche, elle aussi cylindrique, judicieusement placée, apporte de l’éclat.

 

La Femme à la cafetière, 1890-95 Orsay.

Souvent de retour dans sa Provence, il se sent proche des personnages rustiques, jardinier, gouvernante, paysans qu’il prend comme modèles pour ses joueurs de cartes.

Partie de cartes, 1990-92, Etats Unis      ---   Les Joueurs de cartes, 1896, Orsay.

Comme à l’accoutumée, la composition est réfléchie, construite. Les personnages résultent de croquis préparatoires. Impression de concentration des personnages, de lenteur. Cependant, les chapeaux différents, la pipe, la bouteille et son reflet blanc, la nappe rouge un peu ondulée apportent de la chaleur et de la variété et rendent ce tableau terriblement vivant malgré le temps suspendu.

 

 

Les nus féminins, loin des proportions idéales des canons de beauté, semblent intégrées à leur environnement. Elles participent plus à une harmonie générale dans la toile, créée aussi par la composition pyramidale du tableau. Les deux groupes de baigneuses laissant entrevoir une trouée centrale ce qui donne beaucoup de profondeur.

 

Cézanne, Les Grandes Baigneuses, 1898-1905, Philadelphie.

La Montagne Sainte-Victoire au grand pin, 1885-87.--- La Montagne Sainte-Victoire au château noir, 1904-05.---La Montagne Sainte -Victoire, vue des Lauves, 1902-04, Philadelphie. Tokyo.
La Montagne Sainte-Victoire au grand pin, 1885-87.--- La Montagne Sainte-Victoire au château noir, 1904-05.---La Montagne Sainte -Victoire, vue des Lauves, 1902-04, Philadelphie. Tokyo.
La Montagne Sainte-Victoire au grand pin, 1885-87.--- La Montagne Sainte-Victoire au château noir, 1904-05.---La Montagne Sainte -Victoire, vue des Lauves, 1902-04, Philadelphie. Tokyo.

La Montagne Sainte-Victoire au grand pin, 1885-87.--- La Montagne Sainte-Victoire au château noir, 1904-05.---La Montagne Sainte -Victoire, vue des Lauves, 1902-04, Philadelphie. Tokyo.

S’éloignant de plus en plus de la vie parisienne, il retrouve toujours la Montagne Sainte -Victoire.  Imposante dans le paysage d’Aix en Provence, il la représente inlassablement : 87 toiles et aquarelles. Symbole de stabilité et de pérennité, ce paysage lui convient parfaitement, il aime ce motif pour étudier les effets de la lumière. C’est en la peignant sous la pluie qu’il contracte une pneumonie et meurt 8 jours plus tard en octobre 1906.

Autoportrait au Bérêt ,1898-1900, Boston.

Picasso et Braque découvriront son œuvre en 1907 et pousseront plus loin la géométrisation des formes dans l’espace, combinant différents points de vue initiant le cubisme… Il inspirera aussi Matisse (la Danse), Delaunay, Leger, Mondrian (couleurs, géométrie) …

Cézanne, chercheur acharné, a vraiment permis aux jeunes peintres du début 20ème siècle de se libérer du classicisme pour aller vers la modernité.

Intéressante et agréable soirée, Jean Yves Bègues nous a captivé par son exposé richement illustré et donné très envie de redécouvrir cet artiste si singulier.

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

le 21  juillet 2022, 10 h 45,

 Visite guidée : de la Villa  Majorelle, à NANCY

par Christophe Rodermann

 

Réservation obligatoire par mail ou par tél.

lesarts57@gmail.com      ou tél.   03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

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21 juin 2022 2 21 /06 /juin /2022 10:02

Des visites d’atelier d’artisans d’art ont emmené nos adhérents à l’Opéra Théâtre de Metz. Cette proposition, très suivie, comme à chaque fois que nous explorons la ville et ses lieux d’intérêts, a nécessité l’organisation de deux groupes limités à 25 personnes. Par une belle journée de printemps, rendez-vous est donné sur la place de la Comédie. Le soleil est là, il fait vibrer l’éclat de la pierre de Jaumont qui définit si bien la beauté des bâtiments de Metz.

Visites d’atelier d’artisans d’art : l’Opéra Théâtre de Metz, les 13 Avril et 17 Mai 2022.

Cette visite guidée, proposée par les services culturels de la ville nous a permis de découvrir sous la conduite de Léa, notre médiatrice, l’histoire et l’architecture générale du bâtiment, la salle de spectacle, les coulisses et l’atelier décor. Nous n’avons pas eu accès à l’atelier des costumes, trop exigu, pour recevoir un groupe.

Visites d’atelier d’artisans d’art : l’Opéra Théâtre de Metz, les 13 Avril et 17 Mai 2022.Visites d’atelier d’artisans d’art : l’Opéra Théâtre de Metz, les 13 Avril et 17 Mai 2022.

Cette place a été voulue par le Maréchal de Belle Isle, gouverneur militaire de la ville, paire de France et prince du Saint Empire. Il l’a intégrée dans une vaste opération d’extension et de modernisation, choisissant d’urbaniser le terrain marécageux et boisé de l’Ile du Grand Saulcy.

Les travaux débutent en 1732. Dès le début, la gestion financière des travaux est rendue très ardue par le choix d’un architecte peu scrupuleux, Charles Francois Roland, dit de Virloys, qui finit par s’éclipser, laissant une construction à reprendre complètement en raison d’innombrables malfaçons. Il est remplacé par un architecte messin, Jacques Oger, qui mènera le chantier à son terme, en 1752. Le plan d’urbanisation installe la nouvelle salle de spectacles autour d’un bel espace ouvert en arc de cercle, faisant face à un bras mort de la Moselle et regardant vers la colline de la Cathédrale. Plusieurs bâtiments complètent cette implantation : le pavillon Saint Marcel, l’Hôtel des Douanes, des bâtiments servant à loger des officiers, dans un grand ensemble de style classique : symétrie, harmonie et clarté ...

Pierre Pougnaud, historien de l’architecture des Théâtres, en donne cette description : « L’extérieur, donnant sur une vaste place ornée d’une fontaine, a les proportions d’un palais et ne cède en rien aux opéras construits à la même époque dans les capitales européennes. Un passage sur terrasse permet un accès direct à l’hôtel de l’intendant, depuis la loge réservée à ce dernier, disposition classique dans les théâtres de cour. Ce bâtiment, malgré les restaurations et les modernisations de la salle, reste sans doute le témoin le plus révélateur de l’art de bâtir les théâtres dans la première moitié du XVII siècle. Considéré comme le premier exemple de théâtre-monument, le théâtre de Metz inspirera celui de Lyon. »

 

Il est le plus ancien de France encore en activité. Il est composé de trois pavillons distincts accolés : sur la gauche en regardant le bâtiment, le Hall d’entrée, puis la salle de spectacle, puis à droite les ateliers et stockage. En 1754, ces trois pavillons sont réunis en façade par un péristyle de 21 arcades, dégageant ainsi une terrasse. Le pavillon central est en avancée, surmonté d’un fronton triangulaire.

 

 

Les fenêtres rectangulaires et cintrées portent en clé de voûte une pierre sculptée d’un symbole représentant l’eau.

Visites d’atelier d’artisans d’art : l’Opéra Théâtre de Metz, les 13 Avril et 17 Mai 2022.

Pour l’exposition Universelle qui se tient à Metz en 1861, Charles Pêtre va sculpter 6 statues disposées sur la façade. Elles représentent les déesses des Arts ; au sommet du fronton triangulaire, Erato, déesse de la poésie lyrique. Il va ajouter aussi le blason de la ville, comme il avait été précédemment redessiné sous Napoléon I°, un blason auquel furent accolés des trompettes et des masques de comédie.

Visites d’atelier d’artisans d’art : l’Opéra Théâtre de Metz, les 13 Avril et 17 Mai 2022.

Notre guide nous entraîne maintenant vers le hall d’entrée, fait pour accueillir les vestiaires, qui datent de 1817. Ville de garnison, Metz compte un grand nombre de militaires et ces vestiaires ont été au départ conçus pour accueillir les armes et les couvre chefs des officiers fréquentant la salle. En effet, on demande aux officiers de la ville de garnison de s’abonner, pour garantir la rentabilité de l’établissement, mais on craint les échauffements !

En quittant ce grand Hall des vestiaires dont tout un côté donne par des fenêtres vitrées sur un bras de la Moselle, nous gravissons l’escalier aux marches confortables qui nous amène devant une curiosité placée sur le premier palier : une maquette très précise du Théâtre, minutieusement reproduit, où on reconnaît tous les détails de façade.

Nous avons le privilège de pénétrer dans une salle vide et calme, moment étonnant et un peu magique pour qui ne la connaît que bruissant de murmures et de monde. La disposition reprend les principes du théâtre antique : parterre, gradins, mais en les modifiant quelque peu. Le public est face à la scène, la salle comporte plusieurs étages disposés en forme de fer à cheval, autour d’une scène de très grand volume dont la plus grande partie, recevant la machinerie est invisible des spectateurs.

Pierre Pougnaud, qualifie cette salle de prototype du style français et d’architecture pilote : pour la première fois chaque balcon est construit en retrait, on abandonne la conception « cage à poule » des salles italiennes même si l’influence transalpine est très présente.  De modification en transformation, la décoration intérieure va abandonner en 1851 son style pseudo grec un peu rigide, dont les colonnes rendaient fort inconfortable la vision depuis certaines places. Des ornementations sont ajoutées sur les devantures des loges. La jauge de la salle est elle aussi modifiée : elle passe de 1384 places en 1777 à 750 en 1963. C’est à cette date que la plus grande métamorphose de la scène et de la salle interviendra. Plus aérée, les stucs, les moulures et les angelots rajeunis sous une couche de vieil or, cadre de scène agrandi, rehaussement d’un mètre du plafond, fauteuils neufs plus souples et commodes, lumière de la salle plus diffuse.

Nouvelle toilette onéreuse et supportée principalement par la ville en 1981/1982 : Pierre Gaucher, décorateur et architecte, remplace le bleu et or (couleurs royales) par une couleur grenat, rappelant l’époque Napoléon III, pour les murs et les sièges. Le grenat se marie à des teintes rosées et vanillées, et légèrement pistache. A noter que les panneaux intérieurs et extérieurs de la salle sont constitués d’un revêtement en fibro-ciment qui rend l’acoustique assez mauvaise.

Les loges côté jardin à D sont le côté du Roi. Le côté cour à G est le côté de la Reine. De ces loges, on est vu mais on ne voit pas grand-chose ! Ces loges sont, à l’époque, occupées par les notables militaires et civils de la ville et font donc l’objet d’une pointilleuse et tatillonne répartition. Le public est en quelque sorte une micro représentation de la société, et si ces notables sont de droit invités, tout le monde a un accès aux spectacles à condition de payer sa place. Mais signalons que l’on paie des groupes pour « faire la claque », et ajoutons que jusqu’en 1885, les femmes sont interdites au parterre à cause de la hauteur de leur coiffure ...

Visites d’atelier d’artisans d’art : l’Opéra Théâtre de Metz, les 13 Avril et 17 Mai 2022.

La fosse d’orchestre peut accueillir 60 musiciens, l’avant-scène ou proscenium est fermé par deux rideaux coupe-feu, un scène/salle et un autre  fond de scène/ scène. Le cadre de scène cache les coulisses, sur le dessus, il comporte le blason noir et blanc de la ville de Metz encadré par deux médaillons qui cachent un mécanisme permettant de faire apparaître les masques, selon la pièce représentée, de la Comédie à G et la Tragédie à D.

 

Le plafond repeint en 1981 évoque une sorte de ciel suggérant nuage et coucher de soleil. Il est occupé par un lustre monumental.  Au XIX siècle il était en cristal de Baccarat. La question de l’éclairage est fondamentale : si le théâtre a été un des premiers de France à être électrifié, au XVIII siècle, seules les bougies étaient utilisées, et le temps qu’elles mettaient à se consumer déterminait le temps maximum d’un spectacle.

Et puis, signalons quelques petites superstitions : on dit cintres et pas cordes dans un théâtre, de même qu’on ne porte pas de couleur verte car c’est la couleur portée par Mac Beth mourant dans un des spectacles de Shakespeare !    Encore une caractéristique intéressante de ce bel ensemble : il est un des rares à posséder une scène tournante, qui permet de faire tourner les décors ; malheureusement, on parle de la supprimer lors de la prochaine rénovation, qui en principe devrait débuter en 2024.

Après ce temps consacré à la salle elle-même, notre guide nous emmène vers les ateliers pour le quatrième temps de notre parcours. Il faut donc ressortir, et par une porte située sous le péristyle, accéder à la ruelle aujourd’hui recouverte qui sépare le bâtiment de la salle du bâtiment des ateliers.

Visites d’atelier d’artisans d’art : l’Opéra Théâtre de Metz, les 13 Avril et 17 Mai 2022.

Comme seulement deux ou trois autres en France, l’Opéra Théâtre possède ses propres ateliers :  atelier costumes où travaillent à l’heure actuelle 5 couturières, 3 menuisiers pour l’atelier menuiserie et 3 peintres dans l’atelier peinture. Circulant derrière le théâtre, nous traversons sans nous arrêter l’atelier peinture où sont déployées à terre sur une vingtaine de mètres de longues bandes que les artisans s’emploient à recouvrir d’une teinte crépusculaire.

atelier peinture de l'Opéra Théâtre de Metz
atelier peinture de l'Opéra Théâtre de Metz
atelier peinture de l'Opéra Théâtre de Metz
atelier peinture de l'Opéra Théâtre de Metz

atelier peinture de l'Opéra Théâtre de Metz

Nous arrivons à l’atelier menuiserie, c’est Benjamin qui nous reçoit et nous éclaire sur le fonctionnement de cet atelier. Les 3 menuisiers qui y travaillent ont le statut de fonctionnaire territorial. Pour sa part, Benjamin a passé un CAP d’ébénisterie, puis un brevet professionnel des métiers d’Art. il a ensuite opté pour un Master de scénographie et exerce depuis plus de 10 ans dans l’atelier. Les décors sont conçus 4 à 5 mois à l’avance, et 4 à 5 productions sont menées à bien chaque année. Le décorateur envoie à l’atelier des plans, et il est le seul à pouvoir les modifier car c’est lui qui est propriétaire des droits d’auteur.

 

 La maquette est la référence. Chaque décor demande au moins un mois pour son exécution (et autant à l’atelier peinture). Les techniques utilisées sont particulières à l’activité, les techniques d’assemblage en particulier, qui utilisent beaucoup le trompe l’œil. On utilise la résine pour reproduire les différents motifs ou parties de décor, les ajouts se font en polystyrène sculpté puis peint.

Visites d’atelier d’artisans d’art : l’Opéra Théâtre de Metz, les 13 Avril et 17 Mai 2022.

Les décors peuvent mesurer jusqu’à 5/6 mètres de hauteur, sur 9 mètres de long et le cadre doit être démontable. Le coût en est important, il peut y avoir par exemple jusqu’à 60 000 € de bois. Le décor peut être quelquefois repris, ou loué à d’autres salles. (Dans ce cas, un machiniste part avec les pièces pour les remonter sur place). De même on ne peut pas toucher au décor des tournées. Les décors sont ensuite stockés dans des hangars à Frescaty, et peuvent être détruits au bout de dix ans.

salles de stockage.

salles de stockage.

Dernière étape de la visite : nous passons par les grandes salles de stockage, encombrées de matériel divers.

Trappe de passage pour les costumes, haute porte-passage des grands décors, puis déboulons par le « toboggan » vers les coulisses.

Trappe de passage pour les costumes, haute porte-passage des grands décors,  « toboggan » accès aux coulisses.

Trappe de passage pour les costumes, haute porte-passage des grands décors, « toboggan » accès aux coulisses.

 

 

 

Apercevoir la salle depuis là est curieusement déstabilisant, tant la technique brute et tous ses éléments de machineries sont omniprésents au premier plan tout en ménageant un dégagement vers l’ordonnancement harmonieux et habituel de la salle. Le règne du trompe l’œil, encore une fois. 

     Petit frisson d’avoir presque occupé la scène … !!!   A.S.

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6 mai 2022 5 06 /05 /mai /2022 17:30

Marcel Duchamp, Porte-Bouteilles, 1914.

Organisée par LesArts57, en partenariat avec l’association Echange & Culture de Longeville, la soirée du jeudi 28 avril a rassemblé une quarantaine de personnes, ravies de renouer avec le présentiel. Présentés par Laurent COMMAILLE, Maître de conférences en Histoire Contemporaine à l'Université de Lorraine, les scandales de l’art contemporain laissent souvent perplexes.

Le Bouquet de tulipes de Jeff Koons, 2019, près du grand Palais ou Dirty Corner d’Anish Kapoor, dite le " Vagin de la reine", installé à Versailles en 2015 ont créé la polémique. Certaines œuvres d’art contemporain choquent soit par ce qu’elles représentent, soit par le sens de leur démarche artistique, soit par le manque de travail artistique voire technique, soit par les prix exorbitants parfois atteints, ou leur financement par des institutions …

 

En 1914, Marcel Duchamp crée déjà la polémique en exposant un porte-bouteilles. Il récidive avec Fontaine en 1917, s’appropriant l’idée d’une Américaine. Vandalisée plusieurs fois, l’œuvre n’en prend que plus de valeur. Le mouvement Dada, plus marginal, choque aussi mais veut dénoncer l’absurdité de la guerre.

Marcel Duchamp, Fontaine, 1917.

Le Museum of Modern Art en 1929.

Dans les années 1920, Mme Abbe Rockefeller et deux de ses amies veulent créer un musée de l’art moderne américain. Malgré la prospérité, cette période est difficile : crispation sur les valeurs américaines, quotas d’immigrations, Ku Klux Klan… Le MoMa (Muséum of Modern Art) ouvre en novembre 1929 au moment de la Grande Dépression. Dans les années 1930, tandis que le stalinisme s’installe en URSS, le nazisme pourchasse les artistes « dégénérés ». De nombreux artistes fuient l’Europe, arrivent aux Etats -Unis. Le MoMa accueille les artistes européens d’avant-garde. Après la 2ème guerre, Nelson Rockefeller, fils d'Abbe et président du conseil d’administration du MoMa, joue un rôle fondamental en utilisant l’art dans le cadre de la guerre froide. En promouvant les avant-gardes européens, le MoMA devient l’épicentre du soft-power, manière douce de montrer le monde libre à l’URSS. Des expositions sont montées, les œuvres voyagent.

 

Léo Castelli joue aussi un rôle fondamental dans le développement de l’art contemporain. Né à Trieste en 1907, il ouvre une galerie à Paris en 1939, mais fuyant le nazisme, il s’installe à New York. Par ses liens avec le MoMa et la CIA, où il est conseiller, il a un rôle énorme dans la construction des réseaux avec les grandes salles de vente et les institutions culturelles… Il soutient les artistes d’avant-garde et devient le maitre d’œuvre de la promotion de l’art contemporain.

Léo Castelli en 1987.

 

Figure importante de l’expressionisme abstrait américain, Jackson Pollock (1912-1956) jette de la peinture industrielle sur les toiles posées au sol. Geste et démarche artistiques questionnent.

 Grâce à cette politique de soutien par la CIA, Nelson Rockefeller, et les associations culturelles, New York détrône Paris et devient la capitale de l’art moderne et contemporain.

Yves Klein, La spécialisation de la sensibilité à l’état de matière première en sensibilité picturale stabilisée. Exposition du vide, 1958.    ----   Anthropométrie, 1960.

Dans les années cinquante, la démarche artistique d’Yves Klein contourne le geste technique réalisé par l’artiste lui-même : l’œuvre devient idée.  Dans ses anthropométries, il met en scène, avec orchestre de chambre, la réalisation des empreintes des corps féminins enduits de peinture bleue. L’œuvre est aussi la performance. Il se lance dans des monochromes, conforté par son célèbre IKB, mis au point avec un chimiste de Rhône Poulenc en 1960. Il est obtenu par une concentration de pigments bleu outremer dans un acétate de vinyle qui permet de mieux capter la lumière.

Dans les années soixante, toutes sortes de démarches émergent. Piero Manzoni se réclame de l’héritage de Duchamp et d’Yves Klein. Il confectionne des boites contenant ses excréments. L’œuvre se compose de 90 boites identiques, censées contenir 30 g de matière fécale chacune. Il fixe même la valeur de ces boites à 30 g d’or. En 2015, une boite a été adjugée à 202 980 Euros chez Christie’s. Certaines boites ont connu des problèmes de fuite, ne laissant aucun doute sur leur contenu !

Piero Manzoni, Merda d’Artista, 1961.

Andy Warhol, Campbell’s Soup, 1962.

Andy Wharol désacralise aussi l’œuvre d’art en la rapprochant de l’œuvre industrielle. Il présente une série de 32 affiches de boites de soupe Campbell, elles paraissent identiques mais sont toutes différentes. Dessinateur publicitaire déjà en vogue à New York, son projet est refusé. Il est finalement, exposé à Los Angeles dans la galerie Ferus d’Irving Blum en 1962, au prix de 1000 dollars soit 31,25 dollars l’unité. En 2006, une boite a été vendue 11 276 000 dollars.

 

La sérigraphie, technique qui permet d'imprimer une composition en un nombre illimité, permet de multiplier les tirages à l’infini. 

Andy Warhol, Les deux Marilyn, 1962.

Autre mouvement né dans les années 60 : l’actionnisme viennois qui veut éveiller les consciences par l’atrocité et les souillures des corps. Hermann Nitsch (décédé en avril 2022), son principal représentant, puise son inspiration dans l’art religieux et le geste de Pollock, remplaçant peu à peu la peinture par le sang. Les performances sont souvent réalisées à base de sang, de cadavres animaux… Le corps performeur enchâssé dans celui d’un porc égorgé se mélangeant aux viscères et au sang de l’animal, des scènes de crucifixion … symbolisent les souillures du corps pour rejoindre l’aspect christique de sacrifice !!!

 Hermann Nitsch,  Aktion, 2005     –     Action de 24h, 1985   --    Andres Serrano, immersion, photo, 152x102, 1987.

Andres Serrano immerge un crucifix banal dans un récipient rempli de son urine et de son sang, puis le prend en photo. Immersion est censée dénoncer le consumérisme religieux aux Etats-Unis. L’œuvre a bénéficié du soutien du Fonds National pour les Arts américain, institution fédérale créée en 1964, prenant en partie le relais des financements passant par la CIA.

Paul Mc Carthy, Tree, 2014, Paris.

Paul Mc Carthy, artiste provocateur de renommée mondiale, né en 1945, fait reposer en grande partie son succès sur des œuvres créant le scandale. En 2014, il installe place Vendôme, une immense structure gonflable de 24m de haut. Ce prétendu sapin de Noël, à l’allure de sextoy, est vandalisé ajoutant une polémique au scandale. Provocation par l’œuvre elle-même puis polémique sur la destruction d’une œuvre d’art. La grande taille de ses œuvres ne les destine qu’à des institutions publiques.

 

Mc Carthy, Santa Claus, 2009.   ---  Complexe Pile, Hong Kong, 2013.

En 2015, Anish Kapoor, invité à monter une exposition à Versailles y installe six de ses œuvres. Dans le jardin, Dirty Corner surnommé le "Vagin de la reine", choque et est vandalisé deux fois. A l’intérieur de la salle du Jeu de Paume Shooting in the Corner, assimilé à un phallus, lance des boules de cire rouge dans un coin. Ce n’est plus le geste pictural de l’artiste qui intervient mais la démarche créatrice.

Anish Kapoor, Dirty Corner ---- Shooting in the Corner, Château de Versailles.

Autre artiste moderne, spécialiste de la provocation, Maurizio Cattelan (né en 1960), choque par certaines de ses œuvres : La Nona Ora,1999 dans laquelle le Pape Jean-Paul II  se fait écraser par une météorite fait référence à la 9ème heure dans l’Evangile de Mathieu « … pourquoi m’as-tu abandonné ? … » Vendue chez Christie’s 2 Millions de $.  Hitler à genoux, Him, exposé à Varsovie a, lui aussi, provoqué un scandale lors de son exposition dans les ruines du Ghetto. Vendue 15 Millions d’euros en 2016 chez Christie’s. Ces deux œuvres appartiennent à François Pinault.

Maurizio Cattelan, La Nona Ora,1999. --- Him. 2001.

 

Marina Abramovic, Golden Mask, 2009.

Dans le domaine de l’art contemporain, l’oeuvre c’est souvent la performance. Marina Abramovic, célèbre performeuse, s’attaque au rôle des femmes dans l’histoire de l’art. Dans Golden Mask, 2009, elle est habillée tout en noir sur fond noir, seul son visage est visible, recouvert de feuilles d’or. Pendant 30 mn, elle fixe la caméra sans cligner des yeux.

En 1975, à Naples, Rhythm 0  est une performance de 6 h. 72 objets, allant du rouge à lèvres  à une rose en passant par un couteau et un pistolet chargé, sont posés sur une table. Les visiteurs sont libres de les utiliser comme ils le souhaitent sur le corps de l’artiste. L’idée étant de dénoncer la représentation de la femme dans l’art pictural traditionnel et de sortir de la matérialisation de l’œuvre d’art.

 

Plus amusant, Robert Filliou, fondateur de l’art conceptuel se qualifie lui-même de « génie sans talent ». Il crée La Joconde est dans les escaliers en 1969. Elle fut exposée à Pompidou Metz. L’idée de la rupture avec l’art pour l’art pose la question de ce qu’est une œuvre d’art, de ce qu’est un artiste.

Robert Filliou, La Joconde est dans les escaliers, 1969.

Dans la contestation des années 60 : tout est art, chacun est artiste. Jack Lang, ministre de la culture, apporte son soutien à l’art « novateur », « créatif », c’est à dire essentiellement à l’art conceptuel, « porteur de sens ».

Deux outils sont créés en 1982, pour soutenir cette politique :

  • Le CNAP, Centre National des Arts Plastiques,
  • Les FRAC, Fonds Régionaux d’Art Contemporain. 

Le CNAP dépend du ministère de la culture. C’est un outil financier soutenant l’art contemporain en France par le biais de commissions. Une certaine opacité règne dans le choix des œuvres, et dans celui des membres des commissions issus des réseaux de galeristes, de critiques d’art qui tous se connaissent… . Le CNAP a aujourd’hui un fond constitué de plus de 100 00 œuvres et soutient des galeries et des artistes engagés dans l’art contemporain.

 Les FRAC sont des structures hybrides, semi-publiques. Ils n’ont pas le statut de musée et dépendent des subventions de la Région, leur mission étant de diffuser l’art contemporain. Leur collection comporte plus de  20 000 œuvres de  4 000 artistes différents.

Emilie Pitoiset, Not yet Titled #2, 2017. Jean peint, patchs, cigarettes, capuche, métal peint.  Michel Blazy, Bar à Oranges, 2012.

Exemples d’acquisition en 2021 : ces œuvres sont des protocoles sur feuille, ce qui compte c’est l’idée, la démarche, ils sont reproductibles. Les sculptures d’Emilie Pitoiset, sont des assemblages de veste, jean décorés, cigarettes, sur tube métallique. Elles représentent des instants de vie arrêtés. Les Sonneries publiques Matthieu Saladin sont des phrases, maximes, petits textes téléchargeables. A chaque appel, le téléphone portable devient haut -parleur et diffuse une phrase dans l’espace public. Quant au Bar à Oranges de Michel Blazy, c’est aussi un protocole qui peut être installé un peu partout, les demi-oranges empilées montrent l’œuvre du temps, la transformation constante, en particulier de la couleur, les interactions avec moisissures, drosophiles.

Si ces œuvres déconcertent, elles témoignent cependant de l’évolution de l’art contemporain. Certains artistes forcent l’admiration, réalisent des œuvres avec travail préparatoire, et résultant d’une véritable alchimie entre les matériaux, pigments et techniques de notre époque.  

Anselm Kiefer, Athanor, 2007. Emulsion, schellac, craie plomb, argent et or.

 ( schellac = laques à partir de gomme arabique permettant les  superpositions  de couches… cf article blog novembre 2018, Anselm Kiefer )

Cette conférence passionnante de Laurent Commaille a été suivie d’échanges très intéressants, sur la compétition entre les grandes salles des ventes, l’intérêt de consulter les catalogues (même anciens), les limites floues entre intérêt privé et public, culturel et mercantile, mécénat, cote des artistes, …  Notre société a permis l’éclosion de l’art conceptuel qui semble déjà dépassé en Europe du Nord et en Angleterre.

 Le sujet est vaste, pour celles et ceux qui voudraient en savoir davantage, Laurent Commaille nous a indiqué une bibliographie :

 Harry Bellet, « Le marché de l’art s’écroule demain à 18h30 », Paris, Nil éditions, 2001.
Élisabeth Couturier, L’art contemporain mode d’emploi, Paris, Flammarion, 2009.
Raphael Cuir, Pourquoi y a-t-il de l’art plutôt que rien ?, Paris, Archibooks, 2014.
Nicole Esterolle, La bouffonnerie de l’art contemporain, Paris, éditions Jean Cyrille Godefroy, 2015.
Aude de Kerros, L’art caché : les dissidents de l’art contemporain, Paris, éditions Eyrolles, 2013.
Aude de Kerros, L’imposture de l’art contemporain, Paris, éditions Eyrolles, 2015.
Florence de Mèredieu, Histoire matérielle et immatérielle de l’art moderne et contemporain, Paris, Larousse, 2017.
Yves Michaud, L’art à l’état gazeux : Essai sur le triomphe de l’esthétisme, Paris, éditions Stock, 2003.
Benjamin Olivennes, L’autre art contemporain, Paris, Grasset, 2021.
Frances Stonor Saunders, Qui mène la danse, la CIA et la guerre froide culturelle, Paris, Denoël, 2003.
Julie Verlaine, Daniel Templon : une histoire d’art contemporain, Paris, Flammarion, 2016. (Intéressant, c'est le Leo Castelli français).

Prochaines rencontres avec Les Arts 57 :

"CEZANNE : un infatigable artiste classique précurseur de la peinture moderne"

Jeudi 19 Mai 2022, à 20 heures, au Château Fabert, 12 rue Fabert à MOULINS LES METZ

par Monsieur Jean-Yves BEGUE,

Participation : 3 euros pour adhérents et étudiants ; 5 euros pour non-adhérents

Réservation souhaitée par mail ou par tél :  lesarts57@gmail.fr   ou tél.   03 87 32 05 03 

 

 Excursion au Grand Duché du Luxembourg, le samedi 18 JUIN 2022,

55  Euros adhérent.  65 Euros  non-adhérent.

Réservation obligatoire par mail ou par tél avant le 23 mai.

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8 mars 2022 2 08 /03 /mars /2022 16:11
Aluaiy Kaumakan, Vines in the Mountain Forest, 2020.

Organisée par LesArts57, la visite guidée de l’exposition « Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète » a rassemblé 31 personnes dans le hall du Centre Pompidou, en ce lundi pluvieux, 21 février, peu avant 15h. Munis de nos audiophones, nous retrouvons Mélodie et Clémentine, nos sympathiques guides, déjà bien appréciées lors de précédentes visites.

Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète » au Centre Pompidou-Metz, le 21 février 2022.Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète » au Centre Pompidou-Metz, le 21 février 2022.

En 2020, la Biennale de Taipei sur l’île de Taïwan, fut le seul évènement qui put avoir lieu, malgré le contexte sanitaire, grâce à son insularité. Imaginée par le philosophe des sciences Bruno Latour, qui s’intéresse à la question des modifications engendrées sur la planète par l’activité humaine, elle rassemble de jeunes artistes du monde entier. Le commissaire d’exposition Martin Guinard et Eva Lin, réunissent une cinquantaine d’œuvres sur 4 étages au Musée des Beaux-Arts de la capitale taïwanaise.  A Metz, 25 sont présentées sur 2 niveaux.

Si, à l’évidence, nous habitons tous sur la même planète Terre, il semble que nous n’appartenions pas tous au même monde. Cette sphère de laquelle on extrait des ressources, sur laquelle on voyage, on échange des marchandises … ce qui génère des crises…, soulève une question philosophique : quelle planète veut-on aujourd’hui ?

La scénographie de l’exposition est pensée comme un planétarium fictif. Les planètes que l’on explore sont les différentes versions de la Terre : la planète Globalisation, la planète Sécurité, la planète Exit, et la planète Gaïa. Mélodie nous conduit dans la planète Globalisation, la planète de ceux qui poursuivent la modernisation à tout prix.

Huang Hai-Hsin, River of Little Happiness, 2015.

Cette grande toile dépeint la société d’abondance. La Rivière des petits plaisirs étudie le rapport à l’image omniprésente en direct dans les réseaux sociaux. Des images édulcorées cohabitent avec celles de catastrophes, le flux est si rapide que l’on n’a plus le temps de prendre du recul. Des scènes conviviales de partage de gâteaux, massage, pédicure, voisinent avec des scènes de tremblement de terre, accidents, émeutes… en arrière-plan : volcan, centrale nucléaire, blocs de glace qui fondent. L’artiste traite le sujet comme une BD colorée et ludique. Les nombreux personnages sont reliés aux réseaux sociaux qui relatent simultanément des moments de plaisirs et des évènements terribles.

 

Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète » au Centre Pompidou-Metz, le 21 février 2022.Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète » au Centre Pompidou-Metz, le 21 février 2022.

Du même artiste, cet assemblage de jolis dessins au crayon offre une vue aérienne d’une centaine de personnages qui s’activent dans toutes les directions. Une pièce centrale est drapée, un panneau donne une indication : Art Basel. Il s’agit d’une gigantesque foire d’Art contemporain.

Huang Hai-Hsin, After Art Basel, 2020.

Huang Hai-Hsin, After Art Basel, 2020.

Elle vient de fermer ses portes au public, et est en train d’être démontée, pour être réinstallée à Miami. Cette œuvre traite de la question de la mondialisation du marché de l’art. Le transport et l’installation des œuvres nécessite l’intervention de nombreux professionnels d’une foire à l’autre. Elles occasionnent aussi le voyage de visiteurs, collectionneurs, artistes, journalistes, d’Europe en Amérique puis en Asie ce qui pose le problème de l’empreinte carbone générée par la globalisation de la culture.

Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète » au Centre Pompidou-Metz, le 21 février 2022.Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète » au Centre Pompidou-Metz, le 21 février 2022.
Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète » au Centre Pompidou-Metz, le 21 février 2022.Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète » au Centre Pompidou-Metz, le 21 février 2022.

Depuis l’adolescence, cet artiste, né au Congo fabrique des sculptures, des machines avec des matériaux de récupération : fil électrique, emballage, carton… Son père travaille à l’extraction du cuivre, richesse du pays qui devrait leur apporter du confort, pourtant les conditions de vie sont difficiles. A travers ses sculptures à l’équilibre fragile, et dont les composants ne sont pas choisis au hasard, l’artiste évoque ce paradoxe.

Jean Katambayi Mukendi, Yllux, 2012.

Antonio Vega Macotela, Burning Landscape, 2019. Stéganographie sur jacquard.Antonio Vega Macotela, Burning Landscape, 2019. Stéganographie sur jacquard.

Antonio Vega Macotela, Burning Landscape, 2019. Stéganographie sur jacquard.

Cette grande tapisserie représente un paysage en feu, dégageant une épaisse fumée, rappelant la déforestation en Amazonie. L’artiste mêle l’informatique et la technique ancienne du jacquard qui utilise des cartons perforés pour encoder les motifs. Dans les images de fumées pixellisées, il intègre aux mailles, à la manière des hackers, les codes d’une liste confidentielle dénonçant les fraudeurs fiscaux. Rappel du scandale des évadés fiscaux en Grèce, l’argent s’est envolé en fumée… L’œuvre acquiert une double lecture : un beau tissage représentant un paysage d’une part, et d’autre part, une archive répertoriant les citoyens fraudeurs qui se soustraient aux lois de leur pays.

Moving Earths, vidéo d’une conférence de Bruno Latour.

Tout comme le choc provoqué par Galilée qui, en 1610, comprend que c’est la terre qui tourne autour du soleil, Bruno Latour établit un parallèle avec celui, que provoque de nos jours la prise de conscience, du réchauffement climatique et de la fragilité de la fine écorce terrestre.

 

La globalisation touche aussi le domaine de la justice. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, une justice internationale cherche à poursuivre au-delà des frontières les auteurs de crimes les plus graves. La Cour pénale internationale, installée à La Haye, doit faire face à des problèmes de distance : distance géographique, loin des terrains de crime, distance temporelle : enquête puis procès des années après les faits, et enfin distance culturelle : usages dans les pays, ethnies et contextes à connaître.

Franck Leibovici et Julien Seroussi, Bogoro, 2016- Muzungu, 2016

Franck Leibovici et Julien Seroussi, Bogoro, 2016- Muzungu, 2016

Cette œuvre étonnante est un dispositif interactif. Composée d’un ensemble de témoignages, photos, documents placés sur un tableau face à de grands portants magnétiques. Julien Seroussi, analyste à la Cour pénale internationale de La Haye, a travaillé sur l’affaire Katanga-Ngudjolo, un procès jugeant ces deux chefs de milice pour l’attaque meurtrière du village de Bogoro au Congo. Franck Leibovici est poète et artiste, il apporte une touche esthétique. L’installation propose au visiteur de choisir et réagencer les éléments de preuves sur les portants en utilisant aimants, codes couleur… Cette organisation différente peut faire émerger de nouveaux points de vue et jugements.

Franck Leibovici et Julien Seroussi, Bogoro, 2016- Muzungu, 2016
Franck Leibovici et Julien Seroussi, Bogoro, 2016- Muzungu, 2016
Franck Leibovici et Julien Seroussi, Bogoro, 2016- Muzungu, 2016
Franck Leibovici et Julien Seroussi, Bogoro, 2016- Muzungu, 2016
Franck Leibovici et Julien Seroussi, Bogoro, 2016- Muzungu, 2016
Franck Leibovici et Julien Seroussi, Bogoro, 2016- Muzungu, 2016

Franck Leibovici et Julien Seroussi, Bogoro, 2016- Muzungu, 2016

Figure émergente de la peinture chinoise, fascinée par les bâtiments modernistes, cette jeune artiste, déjà reconnue en Asie, vit et travaille à Shanghai. En Chine, le paysage urbain évolue sans cesse.

Cui Jie, Dubai Creek Tower, 2021-Westpeak Block 5, Singapore, 2020 – Komsomolsky Prospekt, Barnaul, 2021- Oil Ministry Building, Libreville, 2020.

On pourrait penser que ces immeubles appartiennent au même quartier d’allure futuriste, or ils sont édifiés sur différents continents mais présentent une certaine homogénéité. Ils ne sont pas dépeints comme étant statiques, mais traversés par des routes, connectés à d’autres constructions. Les grandes sculptures métalliques leur confèrent le mouvement d’un monde en perpétuelle transformation.

Jonas Staal, Steve Bannon, A Propaganda Retrospective, 2018.

Nous entrons dans la planète Sécurité. Sous forme de de nombreuses vidéos, l’artiste Jonas Staal présente une rétrospective du travail de l’ancien stratège de Donald Trump en disséquant méthodiquement les mécanismes de la propagande qui montre un futur effrayant. L’installation compile et organise par thèmes des images extraites des films réalisés par Steve Bannon pour argumenter la propagande de l’ultra droite américaine.

Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète » au Centre Pompidou-Metz, le 21 février 2022.Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète » au Centre Pompidou-Metz, le 21 février 2022.
Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète » au Centre Pompidou-Metz, le 21 février 2022.Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète » au Centre Pompidou-Metz, le 21 février 2022.

Dans ses films, les arrière-plans comportent en permanence des orages violents, avalanches, inondations…, des animaux, métaphores de comportements humains, lions, ours, requins, serpents… des diagrammes de crise…, des immeubles en train de s’effondrer… des collisions entre voitures, avions… des images de guerre, … et propagent l’idée que seul un leader fort peut défendre les valeurs familiales, la foi chrétienne, la puissance militaire et l’économie face à cette décadence à venir. L’installation de Staal explique ce qui rend cette propagande attrayante, déconstruit son mécanisme, et met en évidence la manipulation afin de mieux la contrer.

James T. Hong, The Enemy of my Enemy is my Friend, 2020, storyboard illustré par Chen Yin-Ju.

Ces 18 dessins à l’encre font partie d’un projet de film de science-fiction taïwanais. Le scénario illustre un conflit avec ses voisins, Chine, Japon et Etats-Unis et illustre l’idée du repli sur soi.

 James T. Hong, The Enemy of my Enemy is my Friend, 2020, storyboard illustré par Chen Yin-Ju.
 James T. Hong, The Enemy of my Enemy is my Friend, 2020, storyboard illustré par Chen Yin-Ju.
 James T. Hong, The Enemy of my Enemy is my Friend, 2020, storyboard illustré par Chen Yin-Ju.
 James T. Hong, The Enemy of my Enemy is my Friend, 2020, storyboard illustré par Chen Yin-Ju.
 James T. Hong, The Enemy of my Enemy is my Friend, 2020, storyboard illustré par Chen Yin-Ju.
 James T. Hong, The Enemy of my Enemy is my Friend, 2020, storyboard illustré par Chen Yin-Ju.

James T. Hong, The Enemy of my Enemy is my Friend, 2020, storyboard illustré par Chen Yin-Ju.

La planète suivante, Gaïa, tire son nom de la déesse grecque Gê, la Terre. Lynn Margulis, microbiologiste, et James Lovelock, ingénieur, émettent l’hypothèse que la surface de la Terre, façonnée par le vivant, est un système qui s’autorégule. L’oxygène que nous respirons provient de l’activité des plantes (photosynthèse).  Ces interactions entre bactéries, plantes, minéraux, sol, eau, atmosphère forme un système complexe. Lovelock le compare à un système où des boucles de rétroaction permettent de le maintenir dans les conditions favorables à la vie, à la manière d’un thermostat. L’activité de la biosphère affecte diverses variables environnementales, entre autres la température et la composition chimique de l’atmosphère. Cette zone d’interactions, de quelques km au- dessus de nos têtes et quelques km au-dessous de nos pieds, est très fine comparée aux 12 400 km du diamètre de la terre. Si la terre était une orange, cela correspondrait à une mince écorce. Nous sommes dans cette peau aussi appelée « zone critique ». Si tout le monde vivait comme nous, il faudrait 3 Terre. Scientifiques et artistes nous invitent à réfléchir sur nos habitudes et à cet équilibre qu’il faut maintenir.

Su Tu Hsin, Frame of Reference, 2020.Su Tu Hsin, Frame of Reference, 2020.Su Tu Hsin, Frame of Reference, 2020.

Su Tu Hsin, Frame of Reference, 2020.

Su Tu Hsin, jeune femme taïwanaise, s’intéresse à la dynamique de la surface de la terre. Dans les gorges De Taroko à Taïwan, l’érosion est parmi les plus rapides au monde. La courte rivière Liwu, environ 50km de la source à l’estuaire, est particulièrement active. Elle constitue un véritable laboratoire en plein air. Caméras, sismomètres, et stations météo y sont placés et permettent d’étudier comment les conditions météo entrainent les glissements de terrain et affectent le climat. Les données sont transmises à un laboratoire situé à Postdam en Allemagne. Avec l’installation vidéo, Frame of Reference -cadre de référence-, l’artiste aborde le rôle que jouent les images de différents points de vue : sur le terrain, en laboratoire et dans les bases de données. Certaines caméras captent les changements de paysages à partir d’un point fixe, d’autres suivent le mouvement de l’eau vu d’en haut. Les images de l’installation immersive et celles des observations géologiques permettant la modélisation du paysage, prennent aussi une dimension artistique, poétique dans ce travail à la fois en gros plan et à distance.

Aluaiy Kaumakan, Vines in the Mountain Forest, 2020
Aluaiy Kaumakan, Vines in the Mountain Forest, 2020
Aluaiy Kaumakan, Vines in the Mountain Forest, 2020
Aluaiy Kaumakan, Vines in the Mountain Forest, 2020

Aluaiy Kaumakan, Vines in the Mountain Forest, 2020

Née dans une tribu au sud de Taïwan, les Paiwans, Aluaiy Kaumakan crée des sculptures de laine, coton, cuivre, soie et perles de verre en tissant des formes organiques ou végétales. Son village, frappé par un violent typhon en 2009, a éparpillé les membres de la communauté, obligés de se reloger ailleurs. Afin de former un lieu de conversation et de connexion, elle utilise le lemikalik - technique paiwan qui consiste à tisser en cercles concentriques - inspiré de leurs traditions. Par ce processus créatif, qui relie les membres de la communauté éparpillés, l’œuvre créé du lien, apaise le traumatisme.

 

 

Dans son installation, Chan Yung-Ta utilise aussi les données recueillies sur le site de Taroko. Dans 9 grands tubes, il reproduit les turbulences de la rivière. Chaque série de 3 correspond à un point d’observation.

 

Dans chaque tube, la partie basse est constituée d’un bloc de marbre, surmonté d’eau. Un mécanisme (hélice mue par un moteur) agite des petits morceaux de roche qui érodent et sculptent la surface de la pierre créant un relief. Des algorithmes recréent les conditions semblables à celles de la rivière au cours des années 2018, 2019, et 2020. Les vitesses varient selon la saison, sont impactées par le passage d’un typhon …

 

A la fin de l’exposition, le disque de roche sera modelé comme une minuscule portion du lit de la rivière. Cette usine à fabriquer des petits paysages permet aussi d’entendre le son du processus géologique accéléré, en action. Cette œuvre permet de le rendre visible qui dans la nature prend beaucoup de temps. 

Fernando Palma Rodriguez, Quetzalcoatl, 2016.

Connu pour ses sculptures cinétiques, Fernando Palma Rodriguez y mêle figures mythologiques mexicaines et esthétique du bricolage. Né au Mexique, il a travaillé en tant qu’électricien sur des chantiers en Europe. Ses chimères sont animées par des circuits électriques visibles, et constituées de matériaux de construction, de matières organiques (épis de maïs, feuillages…) et de masques en cartons inspirés de divinités précolombiennes. Dans ses œuvres, l’électricité est considérée comme un élan vital qui ondule comme un serpent (référence à une déesse). En Europe, il avait l’impression d’être placé constamment devant un miroir, ce qui générait une forme d’attention à soi. De retour dans sa communauté, en admirant les collines de sa ville, il trouve libérateur de se voir comme faisant partie de ce paysage et vice versa. Sa démarche artistique, la question du recyclage font écho à une culture et un paysage qu’il tend à préserver.

Planète Exit. Certaines personnes ont le désir de quitter la terre pour coloniser d’autres planètes (Mars ?). En attendant, l’idée de construire un bunker enfoui sous terre, dans un endroit moins affecté par le changement climatique fait son chemin. Mais aucun de ces projets ne peut être partagé par des milliards d’hommes.  Femke Herregraven imagine l’installation du bunker survivaliste du Dernier Homme. Petite pièce refuge en cas d’urgence, quelques vivres, des jerricans d’eau, petit matelas, téléphone… sur le mur du fond, l’inventaire de toutes les catastrophes : cyclone, tremblements de terre, … un écran présente une modélisation des espèces disparues. Le propriétaire des lieux va-t-il revenir ?

La dernière planète, la planète alternative, présentée à l’espace studio au rez- de- chaussée, nous plonge dans une obscurité partielle, un monde ésotérique. Le décor fragmenté évoque un paysage lunaire ou une planète indéterminée, ces ilots accueillants permettent de s’assoir.

 

Chen Yin-Ju a dessiné des cartes du ciel montrant la disposition des astres lors de 5 évènements tragiques en Asie : génocide perpétré par les Khmers rouges en 1975, massacre à Taïwan en 1987… l’artiste pose la question de forces exercées par ces configurations astrologiques sur de grands évènements historiques.

June Balthazard et Pierre Pauze, Mass, 2020.

Un duo de jeunes artistes français, quant à eux, présentent une vidéo surprenante. Dans une grotte éclairée par un feu de bois, deux scientifiques prestigieux font part de leur réflexion, ils ont une approche différente de la composition ou de l’état de la matière. Pour Michel Mayor, astrophysicien, découvreur de la première exoplanète, le vide est vide, alors que pour Chiara Mariotti, physicienne au CERN de Genève, le vide est rempli d’un champ vibratoire, le champ de Higgs, dans lequel s’agitent des particules, les bosons de Higgs. Malgré l’avancée des recherches, l’infiniment grand et l’infiniment petit présentent encore de grandes inconnues comme s’ils n’appartenaient pas à la même planète. Cette installation proposée par June Balthazard et Pierre Pauze est le contraire des fake-news qui sont d’apparence sérieuse mais au contenu fantaisiste. Ici, c’est l’apparence du film qui est fantaisiste, alors que le contenu est rigoureusement exact.

Un grand merci à nos médiatrices, Mélodie et Clémentine, qui ont su nous rendre accessible avec beaucoup de clarté, cette exposition d’approche un peu complexe mais tellement d’actualité.  Elle renforce encore la prise de conscience de la fragilité de notre planète, et de la nécessité urgente de ménager ses ressources. 

 

N’oubliez pas le 15 mars 2022, prochaine AG par Skype, à 14h.

Merci de confirmer votre participation par mail :

 lesarts57@gmail.com

ou tél.   03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

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24 janvier 2022 1 24 /01 /janvier /2022 17:56

 

Organisée par LesArts57, les jeudi 16 décembre 2021 et mercredi 19 janvier 2022, la visite guidée au Musée de La Cour d'Or a permis à deux groupes de 18 et 19 personnes de découvrir la nouvelle salle XIXème. Ouverte au public depuis mai 2021, il faut, pour y accéder faire un rapide voyage dans le temps au travers des salles gallo-romaines puis celles du Moyen Age en suivant Marlène, notre sympathique médiatrice.

Au lendemain des visites guidées au Musée de La Cour d'Or à Metz,16 décembre 2021 et 19 janvier 2022.

A l’entrée de la salle XIXème, quelle magnifique surprise : un foisonnement étonnant de tableaux placés du sol au plafond sur un fond rouge profond et lumineux. La nouvelle muséographie a repris l’accrochage à « touche-touche » en vogue dans les intérieurs bourgeois du XIXème, un peu moins dense cependant. Et contrairement à la disposition des salons du siècle dernier, les grands formats sont placés en hauteur, les petits tableaux plus bas, à hauteur des yeux. 43 œuvres, peintures et sculptures, ont été choisies parmi les 600 qui constituent le fond muséal

A gauche, un mur dédié aux personnalités messines, le général Durutte, Paul Verlaine, Amable Tastu, Jules Bastien Lepage… 

Sur les 3 autres murs, sont installées des œuvres représentant les différents genres picturaux (paysage, portraits, nature morte, peinture d’histoire, scène de genre …) et courants artistiques (romantisme, orientalisme, réalisme, naturalisme…). Disposées harmonieusement en fonction des coloris, les œuvres de grands artistes côtoient pêle-mêle celles d’artistes locaux. 

Au lendemain des visites guidées au Musée de La Cour d'Or à Metz,16 décembre 2021 et 19 janvier 2022.

Les arts décoratifs ne sont pas oubliés : pour mettre en valeur l’épée du général Durutte, un papier peint a même été fabriqué à partir du motif de sa garde. L’épée lui fut offerte par la ville de Metz en 1814 pour le remercier de l’avoir vaillamment défendue.

Nouvelle Salle XIXème, Musée de la Cour d'Or. Metz.

Nouvelle Salle XIXème, Musée de la Cour d'Or. Metz.

 

Sur le mur à droite un paysage de Camille Corot :  Paysage, soleil couchant   offert par l’Etat au musée de Metz en remerciement de l’aide apportée aux populations du Rhône lors des inondations. Les arbres, lignes verticales, disposés en plans successifs s’approchent du soleil couchant. Touche lisse, légers traits noirs pour les contours, thème antique du berger jouant de la flûte. Œuvre académique par excellence.

 

Jacob Schlesinger, Jupiter et Io.

Jupiter, dieu volage s’éprend de la jeune prêtresse Io. Afin de se cacher d’Hera, il se métamorphose en nuée ténébreuse. Le visage et les mains à peine visibles contrastent avec la chair blanche du corps. C’est une copie du tableau du Corrège conservé à Vienne.

 

 

Eugène Delacroix, La Montée au Calvaire, 1859.

Exposé à l’exposition universelle de Metz en 1861, le tableau est acheté par la ville, témoignant ainsi de l’attachement des artistes messins pour le maître. Esquisse montrant Jésus tombé sous le poids de la croix au milieu de la foule hostile. Romantisme.

 

 

Théodore Chassériau, Othello étouffe Desdémone.

 Chassériau représente une des dernières scènes de la pièce de Shakespeare : Othello, le Maure de Venise.  Il vient d’étouffer sa femme qu’il a crue infidèle. Homme métis, le modèle noir est rare en peinture, mais familier pour le peintre né à Saint-Domingue. Peinture d’histoire, orientalisme.

 

Emile Friant, Autoportrait à l’âge de 15 ans. 1878.

Jeune homme moderne au manteau bleu, chemise blanche. Sa peinture est influencée par la photo. Au moment de l’annexion, la famille Friant quitte Dieuze pour Nancy. Courant naturalisme.

Eugène Gatelet, Buste d’Emile Friant, 1927.

Palette dans la main gauche, blouse de travail, il revendique son statut d’artiste. Dans la main droite, le pinceau a disparu. Emile Friant est devenu un peintre d’envergure nationale. Calvitie et moustaches, c’est un artiste accompli. L’amitié entre le sculpteur et le peintre est symbolisée par la double signature de leurs 2 noms sur la palette.

Jules Chéret, Danseuse espagnole.

Affichiste contemporain de Toulouse Lautrec, Chéret gagne sa vie grâce à la publicité pour la danse et le spectacle. La « Cherette », silhouette féminine, élancée, se retrouve dans cette danseuse espagnole. Contraste entre les couleurs chaudes du corps ondulant et le fond couleur froide.

Edmond Blume, Victime de la grève, 1892.

Dans cet intérieur modeste, un visiteur ôte son couvre-chef, il ramène une victime de la grève visible dans l’entrebâillement de la porte. Cette toile réaliste témoigne de l’importance que prend la classe ouvrière dans la peinture, ainsi que dans la littérature avec Zola, Balzac …

De part et d’autre, des œuvres de peintres locaux, Echo et Narcisse par Adolphe Weber (né à Boulay), Jeune Dame sur un balcon caressant une tourterelle, 1874, par François Eugène Cuny (né à Metz), et A la première Relique, d’Adolphe Lalire, la Coiffure d’Emile Friant… témoignent du goût du XIXème. La douceur des tons pastels, l’évocation d’un monde parfait, la vénération religieuse, les paysages … étaient appréciés dans les commandes de l’époque.

Au lendemain des visites guidées au Musée de La Cour d'Or à Metz,16 décembre 2021 et 19 janvier 2022.
Au lendemain des visites guidées au Musée de La Cour d'Or à Metz,16 décembre 2021 et 19 janvier 2022.
Au lendemain des visites guidées au Musée de La Cour d'Or à Metz,16 décembre 2021 et 19 janvier 2022.
Au lendemain des visites guidées au Musée de La Cour d'Or à Metz,16 décembre 2021 et 19 janvier 2022.

Friedrich Wilhem Rabending, le Glacier de Gepatsch dans les Alpes de l’Otzal, 1888.

Impressionnant, ce glacier peint par l’artiste qui a été, avec sa palette, travailler dans la montagne. Intéressant témoignage d’une époque où le glacier descendait bien plus bas.

 

Gustave Moreau, Œdipe voyageur, vers 1888.

Scène très forte :  le sphinx menaçant, au centre en pleine lumière, prépare sa patte. Autour de lui, les corps et les restes de ceux qui n’ont pas su répondre à l’énigme. A gauche, Œdipe semble si vulnérable.

 

Charles Saunier, François de Curel à l’âge de 3 ans, 1856.

Charmant portrait de François de Curel, né à Metz, fils de Pauline de Wendel. Agé de 3 ans, il porte, selon l’usage, la robe que les petits garçons n’abandonnent qu’à 7 ans. Il hérite de la fortune de sa mère et offre à la ville plusieurs œuvres dont l’Œdipe de G. Moreau. C’est un des grands mécènes du Musée.

Marie Françoise Constance Mayer, Madame Amable Tastu, 1817 ?

Jeune poétesse messine de 14 ans, Amable Tastu est félicitée par l’impératrice Joséphine. Ce joli portrait est réalisé par Constance Mayer, formée dans l’atelier de J.B. Greuze. Les jeunes femmes peintres étaient plus acceptées comme portraitistes, la peinture d’histoire étant réservée à la gent masculine. Constance Mayer tombe amoureuse du peintre Prudon, et s’installe à proximité. Elle a du talent et déjà du succès. Elle réalise des tableaux qu’il vend mieux sous son nom. Il est encore difficile actuellement de restituer les œuvres à l’un ou l’autre. Marié, père de 4 enfants, il rejette l’idée de l’épouser. De désespoir, elle se tranche la gorge. Il en perd toute créativité et lui survit 2 ans. Ses contemporains disent qu’« elle l’a attrapé dans son linceul ».

Au lendemain des visites guidées au Musée de La Cour d'Or à Metz,16 décembre 2021 et 19 janvier 2022.
Au lendemain des visites guidées au Musée de La Cour d'Or à Metz,16 décembre 2021 et 19 janvier 2022.
Au lendemain des visites guidées au Musée de La Cour d'Or à Metz,16 décembre 2021 et 19 janvier 2022.
Au lendemain des visites guidées au Musée de La Cour d'Or à Metz,16 décembre 2021 et 19 janvier 2022.
Au lendemain des visites guidées au Musée de La Cour d'Or à Metz,16 décembre 2021 et 19 janvier 2022.
Au lendemain des visites guidées au Musée de La Cour d'Or à Metz,16 décembre 2021 et 19 janvier 2022.
Au lendemain des visites guidées au Musée de La Cour d'Or à Metz,16 décembre 2021 et 19 janvier 2022.
Au lendemain des visites guidées au Musée de La Cour d'Or à Metz,16 décembre 2021 et 19 janvier 2022.
Au lendemain des visites guidées au Musée de La Cour d'Or à Metz,16 décembre 2021 et 19 janvier 2022.
Au lendemain des visites guidées au Musée de La Cour d'Or à Metz,16 décembre 2021 et 19 janvier 2022.

Edmond Rinckenbach , Le Café du globe, 1890. Lieu d’échange et de rencontre des artistes, situé 3 rue des Clercs à Metz.

Jacques Dominique Charles Gavard, Vue de la cathédrale de Metz, 1826. La tour du chapitre est inachevée.

Portraits d’Ambroise Thomas, 1834, par les frères Flandrin, Paul et Hippolyte. Les trois amis se trouvaient ensemble à la villa Médicis à Rome. Ils avaient remporté le prix de Rome en musique pour Ambroise Thomas, en peinture pour Flandrin.

Le buste d’Amable Tastu, par Antoine Etex voisine avec les portraits de Paul Verlaine. Le premier réalisé par son ami Aman-Jean en janvier 1892 alors qu’il était hospitalisé. Le second peint par Edouard Chantalat en 1898, à partir d’une photo, deux ans après la mort de Verlaine.

Très jolis bronzes réalisés par Emmanuel Hannaux, Le baron de Ladoucette ,1893. et Le Poète et la Sirène. 1903-1909.

Emmanuel Hannaux, Phryné, 1892. Plâtre.
Emmanuel Hannaux, Phryné, 1892. Plâtre.

 

Emmanuel Hannaux, Phryné, 1892. Plâtre.

Inspirée de la mythologie grecque, cette belle statue relate un épisode au cours duquel la courtisane est sur le point d’être condamnée par un tribunal. A court d’argument, son avocat lui ôte son vêtement dévoilant sa grande beauté. Elle sera acquittée.

Restaurée récemment, la patine évoquant une terre cuite présente des couleurs un peu différentes, le visage plus foncé, tandis que le bras est d’un ocre plus jaune. Le choix est fait de laisser apparent les traces de restauration.

 

La petite salle suivante est complètement dédiée à Auguste Migette. L’artiste, né à Trèves - encore française en 1802-, se forme à Paris puis revient à Metz où il est peintre, décorateur du théâtre, professeur de dessin et, avec Charles-Laurent Maréchal, chef de file de l’Ecole de Metz. Il recense et dessine avec précision une grande partie du patrimoine local.

 

Auguste Hussenot, Portrait d’Auguste Migette, 1837.

La pose de Migette en costume élégant, le carton à dessins, les cadres… Ce portrait témoigne de l’amitié qui lie les deux peintres. C’est la première œuvre que Hussenot expose au salon de Paris en 1840.

Auguste Migette, Galerie de ma maison à Longeville.
Auguste Migette, Galerie de ma maison à Longeville.
Auguste Migette, Galerie de ma maison à Longeville.
Auguste Migette, Galerie de ma maison à Longeville.

Auguste Migette, Galerie de ma maison à Longeville.

En 1874, Migette acquiert une maison à Longeville (aujourd’hui disparue) avec une galerie et un grand jardin. Il refuse toute sa vie de vendre ses dessins. A sa mort en 1884, il lègue l’ensemble de son œuvre et de ses biens au musée municipal de Metz.

 

Le troisième espace est dédié à L’Ecole de Metz (1830-1870) ainsi baptisée par Baudelaire (en 1845). Laurent-Charles Maréchal, Auguste Migette, Auguste et Joseph Hussenot, Théodore Devilly … sont les grandes figures du mouvement qui disparait lors de l’annexion en 1870. Elle se caractérise par son ancrage régional, paysages lorrains, passé historique et architectural de la région, portraits de personnalités messines…

Auguste Migette, Commencement de la République messine, 1862.--Splendeur et richesse de la République, 1863.
Auguste Migette, Commencement de la République messine, 1862.--Splendeur et richesse de la République, 1863.
Auguste Migette, Commencement de la République messine, 1862.--Splendeur et richesse de la République, 1863.
Auguste Migette, Commencement de la République messine, 1862.--Splendeur et richesse de la République, 1863.
Auguste Migette, Commencement de la République messine, 1862.--Splendeur et richesse de la République, 1863.
Auguste Migette, Commencement de la République messine, 1862.--Splendeur et richesse de la République, 1863.
Auguste Migette, Commencement de la République messine, 1862.--Splendeur et richesse de la République, 1863.

Auguste Migette, Commencement de la République messine, 1862.--Splendeur et richesse de la République, 1863.

Migette a réalisé une série de 8 grands tableaux pour illustrer les épisodes importants de l’histoire de Metz. Il reconstitue dans le Commencement de la République messine, le Palais des Treize, la cathédrale romane … ajoute la bannière de la famille de Heu … imagine la foule en liesse. Dans Splendeur et richesse de la République, le peintre met en scène l’opulence des fêtes et tournois à l’époque, d’innombrables personnages, un surprenant évêque à cheval en tenue d’apparat…

Auguste Migette, Le Graoully, Procession de Saint-Marc, 1631.

Tradition messine ancestrale, la procession annuelle de St Marc évoque la libération de la cité du Graoully par St Clément. Ce tableau endommagé au cours des bombardements pendant la guerre vient d’être restauré. En lambeaux, il a été réentoilé, réinstallé sur un châssis, mais il présentait des manques énormes. Des analyses, effectuées par le centre de restauration des musées français au Louvre, ont permis de retrouver la tonalité des couleurs par comparaison avec une photographie noir et blanc et d’autres œuvres de Migette. La technique de l’aérographe permet de faire illusion tout en empêchant une trop grande différence. Les édifices sont suggérés sans détails. Les parties restaurées sont nettement séparées de l’œuvre originale permettant de bien distinguer l’une de l’autre.

Au lendemain des visites guidées au Musée de La Cour d'Or à Metz,16 décembre 2021 et 19 janvier 2022.
Au lendemain des visites guidées au Musée de La Cour d'Or à Metz,16 décembre 2021 et 19 janvier 2022.
Au lendemain des visites guidées au Musée de La Cour d'Or à Metz,16 décembre 2021 et 19 janvier 2022.

 

Une des pièces maîtresses de cette salle de l’Ecole de Metz est ce beau vitrail en grisaille aux couleurs lumineuses, de grande qualité, offert par le marquis de Pange. Réalisé dans les ateliers messins de Laurent-Charles Maréchal, talentueux peintre-verrier, associé à son beau-frère Louis Gugnon. Les trois saints protecteurs de Paris sont bien reconnaissables : saint Pierre (clé), saint Louis (roi au manteau à fleurs de lys) et saint Michel (archange). A leurs pieds, la ville de Paris.  En 1870, Maréchal s’installe à Bar le Duc, l’atelier périclite.

Auguste Hussenot, Judith et Holopherne, après 1829, d’après Horace Vernet.

Dans cette copie, Hussenot resserre le cadre sur les personnages et augmente la tension dramatique. Episode tiré de l’ancien testament : pour éviter l’invasion de la ville de Béthulie, Judith séduit et enivre le général ennemi Holopherne. Profitant de son sommeil, elle remonte ses manches et va le décapiter. Magnifique rendu des étoffes.

 

Octavie Fleury, Félicie Pidancet et Elisa Moreau dans l’atelier d’Auguste Hussenot, 1856.

 Elève d’Hussenot, Octavie Fleury livre une image de l’atelier du maître situé rue aux Ours. Avec celui de Maréchal, c’était un des deux grands lieux de formation artistique messins ouvert aux femmes.

Joseph Hussenot, Messine assise. Auguste Hussenot, Portrait de Madame Géraud de Feligny, 1857.

Joseph Hussenot, Messine assise. Auguste Hussenot, Portrait de Madame Géraud de Feligny, 1857.

 

Marie-Octavie Sturel -Paigné, Fleurs, 1853.

Elèves de Maréchal, les sœurs Paigné, Mélanie et Marie-Octavie se spécialisent dans les pastels de fleurs. Elles jouissent d’une belle réputation à Paris. Le goût pour la peinture de bouquet est répandu au XIXème et les compositions plaisent à l’impératrice Eugénie.

 

 

Emile Michel, Paysage de neige,1866, huile sur toile - Auguste Rolland, Autoportrait, Pastel.

Au XIX ème, sculptures et bronzes animaliers sont très prisés dans les intérieurs. Le sculpteur messin Charles Pêtre acquiert une certaine notoriété au milieu du siècle. Christophe Fratin, et le parisien Antoine-Louis Barye sont les principaux sculpteurs animaliers.

Charles Pêtre, Jeune romain, marbre.  Christophe Fratin, Statue équestre de Frédéric le Grand, Bronze.  Antoine-Louis Barye, Cerf de Virginie, 1837, Bronze.Charles Pêtre, Jeune romain, marbre.  Christophe Fratin, Statue équestre de Frédéric le Grand, Bronze.  Antoine-Louis Barye, Cerf de Virginie, 1837, Bronze.Charles Pêtre, Jeune romain, marbre.  Christophe Fratin, Statue équestre de Frédéric le Grand, Bronze.  Antoine-Louis Barye, Cerf de Virginie, 1837, Bronze.

Charles Pêtre, Jeune romain, marbre. Christophe Fratin, Statue équestre de Frédéric le Grand, Bronze. Antoine-Louis Barye, Cerf de Virginie, 1837, Bronze.

 

Théodore Devilly, Les Adieux des soldats à leurs officiers, 1885.

Tableau touchant. De nombreux militaires français vont partir comme prisonniers de guerre en 1870. Les cavaliers prussiens les attendent. La scène se passe à Montigny, près de la voie de chemin de fer Paris-Metz.

Aimé de Lemud, Le Prisonnier, salon de 1844.

Récompensée au salon de 1844 et présentée à L’Exposition Universelle de Metz en 1861, cette œuvre connaît un regain d’intérêt après 1870, le prisonnier réinterprété comme une allégorie de la Lorraine annexée.

Prochaines rencontres avec Les Arts 57 :

le 21 février 2022, 15 h

 visite guidée au  Centre Pompidou à Metz :

Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète.

 

15 mars 2022,

Prochaine AG par Skype, 14h

 

Réservation obligatoire par mail ou par tél.

lesarts57@gmail.com      ou tél.   03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

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10 janvier 2022 1 10 /01 /janvier /2022 17:16

Pour 2022, LesArts57 vous présentent leurs vœux, les meilleurs de santé, de bonheur en famille et entre amis. Notre équipe s’adapte pour vous faire partager visites, conférences et sorties intéressantes selon les possibilités. Prenez soin de vous et de vos proches.

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2 décembre 2021 4 02 /12 /décembre /2021 16:54
Quelques temps après la conférence « Street Photography », le 23 novembre 2021, à Saulny.

Cette intéressante soirée proposée par LesArts57 et présentée par M. Eric Pedon, spécialiste de la photographie contemporaine, chercheur en information et communication à l’université, a réuni 33 personnes ce mardi 23 novembre, à Saulny.

La photographie de rue, longtemps considérée comme un sous-genre, devient une discipline majeure de la photographie dans les années 2000.  Les nouvelles pratiques liées aux smartphones et réseaux sociaux favorisent son succès auprès du grand public. La rue est un espace social fluctuant à la fois individuel et collectif. Cet espace public offre un cadre spatial et un répertoire inépuisable. Il est vivant, la photo est non posée.

Une photo peut être

  • une photojournalisée, rendre compte d’évènements, reportage, guerre…
  • un moyen de représenter le milieu urbain , la ville.
  • militante, témoigner de relations sociales.
  • un espace théâtral par les photos publicitaires ou de mode.
  • un champ artistique par des images spontanées ou reconstituées, ou encore conceptuelles.

Une définition possible de la street photo serait une photo « candide », non mise en scène, sans message.

1 - La rue dans la photo documentaire.

Dès 1838-1839 des images primitives sont obtenues par Daguerre dont le procédé utilise une plaque de cuivre sensible à la lumière. Le daguerréotype nécessite un temps de pose long. Dans les années 1850, Fox Talbot inventeur du calotype (négatif papier et plaque de verre) et Bayard améliorent le procédé.

Charles Nègre recherche des apparences de mouvement dans la vie quotidienne, dans les scènes de rue. Le temps d’exposition encore long oblige les personnages à prendre la pose en position de marche donnant l’impression d’un mouvement pris sur le vif.

Les Ramoneurs, vers 1851, Musée Carnavalet – Paris

En 1890, invention de l’appareil Kodak, premier appareil à pellicule, petit, portable. Le photographe rend compte de la vérité du temps par la représentation du temps court. Photo instantanée, réalité mouvante fixée par la pellicule. Eugène Atget traque l’instant jamais vu dans les rues de Paris. Pour capter l’instant, le moment spectaculaire, l’invention d’un petit appareil robuste, le Leica (Leitz camera) remporte un grand succès auprès de tous les photographes.

Fin XIXème, la photographie sociale qui fixe les habitudes, le mode de vie, travail, loisirs, favorise une prise de conscience morale et politique. En 1880 aux USA, à l’ère industrielle, les conditions de vie dégradées, le travail des enfants, elle permet de dénoncer les inégalités.

La photographie documentaire est inventée pendant la crise de 1929 aux USA, en France, elle aborde un volet artistique en servant, de plus, de modèle aux artistes.

Dans l'Amérique des années 1930, Walker Evans fait évoluer la photo documentaire avec un style personnel qui inspirera des générations de photographes. Au moment de l’essor de la psychanalyse, ses clichés (dans le métro new- yorkais) sont plutôt des phototémoignages de la société industrielle à portée symbolique plus qu’artistique.

 

 D’autres photographes renouvellent le cadrage : Louis Faurer photographie la vie quotidienne, la solitude, des anonymes avec une certaine distance.

 Lisette Model, photographie avec son instinct, photos cadrées formelles, dépouillées. La rue est un espace de vie, multiforme. Elle photographie la modernité des années 50-60, des rencontres fortuites, des femmes de la bourgeoisie. Elle rend visibles et essentiels les rapports humains.

2 Photographies humanistes.

Dans les années 1950, en France, les photos sont à la fois documentaires et de reportage. Doisneau, Cartier- Bresson préfèrent l’intuition à la réflexion. La rue est décrite, racontée, elle émeut. Dans cette période d’après-guerre, on aspire au calme, à la poésie, la joie de vivre.

 

Robert Doisneau photographie Paris, ses habitants.

Le Baiser de l’hôtel de ville, 1950, a fait le tour du monde. Il avait demandé à des acteurs de théâtre de poser.  Photo parue dans le magazine Live.

 

 

L’enjeu est de saisir l’instant le plus intéressant comme dans cette image simple, nette du Petit Parisien, de Willy Ronis   en 1952. Dans la rapidité de la prise de vue, il y a une part de hasard.

« L’instant décisif doit être anticipé par le regardeur ». Saisir l’émotion de l’instant, la beauté de la forme, des lignes, pour Henri Cartier- Bresson, la photo est un plaisir. Son style se retrouve dans les clichés de l’agence Magnus qu’il a créée.

Henri Cartier-Bresson, Derrière la Gare St Lazare, 1932.
Henri Cartier-Bresson, Derrière la Gare St Lazare, 1932.
Henri Cartier-Bresson, Derrière la Gare St Lazare, 1932.

Henri Cartier-Bresson, Derrière la Gare St Lazare, 1932.

 

La photo humaniste se développe surtout en Europe. Aux Etats Unis, Helen Lewitt photographie New york, la vie quotidienne, les habitants, les enfants de Harlem, les graffitis avec un regard neutre. Clichés sans messages.

Dans les années 1950-1960, la psychanalyse apporte un changement de regard sur le choix des instants significatifs dans un cliché. Un nouveau style documentaire se développe, il aboutit à la Street photo.

Robert Franck sillonne l’Amérique. Son livre « Les Américains », reflète une autre vision du pays, il est très mal accueilli aux USA. Loin de la vision humaniste européenne, il révèle le mal de vivre, un paysage urbain où lenteur, mystère, solitude règnent dans une société indifférente. Son regard neutre et distancé remet en cause la forme photographique : plan, cadrage. Il recherche des instants qui ne signifient rien ou qui ont tant de sens qu’on ne peut choisir.

 

Dans un tout autre style, William Klein, dérange par ses situations de chaos, ses sujets qui dégagent de l’agressivité, voire de la violence. Il refuse le sentimentalisme, la construction géométrique, il est anti « belle photo ». Intensité, brutalité, flou, bougés, décadrage, hasards, formes inédites, il remplit le cadre au maximum. Le groupe humain dynamique est son thème de prédilection.

3 Les mythologiques.

La rue est toujours le sujet principal pour tous mais le paysage social reflète l’absence de sentiment et la perte de sens dans un monde où l’homme disparait. La Street Photo est consacrée dans l’exposition de 1967 au MOMA : Diane Arbus, Lee Frielander, et Garry Winogrand. Chacun a une démarche personnelle qui donne à voir ce qui est, sans engagement ni dénonciation.

Diane Arbus photographie la réalité américaine, des portraits provocants que les médias et la pub ne montrent pas. Tendre et lucide sur les marginaux.

Lee Frielander traduit son regard structuré sur l’homme et l’environnement par un emboîtement de plans dans ses photos. Pas de sens apparent, des questions sans réponse.

Lee Frielander, New York City, 1966.

Garry Winogrand, chef de file de la photo de rue. Son approche nouvelle avec des clichés au cadre distordu pour correspondre à la société américaine ordinaire est mal accueillie. Trois séries l’ont rendu célèbre. Il explore la vie moderne. Ses vues obliques, plongées, son regard inquiétant, comique, parfois érotique mais moins pessimiste donne des images simples qui questionnent sur les anachronismes montrant la réalité de la rue.

Garry Winogrand,
Garry Winogrand,
Garry Winogrand,
Garry Winogrand,
Garry Winogrand,

Garry Winogrand,

 

Au début des années 1970, Joel Meyerowitz abandonne le noir et blanc pour utiliser la couleur. Elle offre un plus large éventail de contenus et d’émotions.

Joel Meyerowitz, Manteaux camel, New-York, 1975 -- Gold Corner,  New-York, 1974 -- Scène de rue, New-York, 1976.
Joel Meyerowitz, Manteaux camel, New-York, 1975 -- Gold Corner,  New-York, 1974 -- Scène de rue, New-York, 1976.
Joel Meyerowitz, Manteaux camel, New-York, 1975 -- Gold Corner,  New-York, 1974 -- Scène de rue, New-York, 1976.

Joel Meyerowitz, Manteaux camel, New-York, 1975 -- Gold Corner, New-York, 1974 -- Scène de rue, New-York, 1976.

 

Bruce Gilden de l’agence Magnum, arpente les rues de New-York à la recherche de « gueules », images volées souvent.

 

Raymond Depardon créé l’agence photographique Gamma en 1966 et est membre de Magnum Photos.

Raymond Depardon, New-york, Manhattan, 1981.

Daido Moriyama, photographe japonais, atypique, réalise des images contrastées d’un monde chaotique où vérité et authenticité transparaissent.

 

Photographe atypique des années 1950-1960, Vivian Maier a été découverte récemment. Cette gouvernante d’enfants ne se séparait jamais de son appareil. Elle photographie des anonymes, des instants décisifs mais ordinaires, New-York puis Chicago. Grand nombre de ses clichés ne sont pas encore développés. Une exposition au musée du Luxembourg à Paris lui est actuellement consacrée.

 

D’autres talentueux photographes continuent à prendre des clichés de la rue, de l’homme dans le paysage urbain, parfois de façon humoristique comme Siegfried Hansen, Paul Russel.

 

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QUI SOMMES-NOUS ?

 

 L’association Les ARTS 57 poursuit un but non lucratif et a pour objet la promotion des valeurs et actions culturelles et artistiques au profit des populations des villages et villes qui souhaitent y participer.

 

Donner le goût de découvrir, de même que les clés pour comprendre, apprécier et porter un jugement critique seront les objectifs de ce cycle de  conférences dans nos villages.

 

Le but est également de réunir, dans nos villages, des personnes partageant la même passion.

 Nous programmons au moins quatre rencontres par an et organisons deux  à trois visites guidées en fonction des événements culturels  dans la Région.

 

Liste des membres du conseil d’Administration

 

Présidente :                 Martine ZIEGLER  

Vice-présidente :         Chantal RENNER   

Trésorière :                  Geneviève DIDELOT

Trésorière adjointe :     Brigitte CROUZET

Secrétaire :                  Arielle SILICE-PALUCCI 

Assesseur :                  Catherine BOURDIEU  

Assesseur :                  Chantal CLEMENT

 

 

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