Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 mars 2021 4 25 /03 /mars /2021 10:15
Plan peint sur toile au milieu du XVIIe siècle, musée de la Cour d'Or, Metz.

Plan peint sur toile au milieu du XVIIe siècle, musée de la Cour d'Or, Metz.

Ce vendredi 19 mars, 14 h, toujours par Skype, Catherine et Martine accueillent les 21 participants. Attendu avec grand plaisir, ce rendez- vous mensuel organisé par LesArts57, s’avère chaque fois passionnant grâce à Catherine.  Martine remercie aussi de leur fidélité les 52 adhérents qui permettent à l’association de perdurer dans ce contexte restrictif.

L’origine de la citadelle à Metz date du rattachement de la ville au royaume de France après le siège de Charles Quint en 1552. La victoire du roi Henri II place la cité messine sous la protection de la monarchie française. L’installation d’une garnison, qu’il faut loger, nécessite alors la construction d’une citadelle. En 1556, sa construction commence au sud-ouest de la ville, à environ 20 m au-dessus de la Moselle, renforçant les fortifications médiévales. C’est un quadrilatère prolongé par 4 bastions d’angle, entouré de douves, conçu par l’italien Roch Guérin, mis en œuvre par le maréchal de Vieilleville, gouverneur de la ville. Elle doit résister à l’artillerie et aussi protéger les représentants du pouvoir royal en cas de soulèvement de la population.

 

Le vray pourtraict de la ville de Mets, François de Belle-Forest, Paris, 1575.

 C’est un des tout premiers plans connus où la citadelle apparait. Elle modifie l’aspect de la ville ainsi que ses repères visuels côté S-O : l’enceinte, les tours, les portes … Ouvrage important de 300 à 400 m de côté. Son emprise s’étend de la place du roi Georges (un peu au-dessus) jusqu’à la lisière du Palais du Gouverneur actuel… 4 bastions : bastion d’Enfer (ht-g), bastion Saint-Pierre (ht-dr), bastion Royal (bas-dr), bastion Champenoise (bas-g), déformation de Serpenoise. Les murs sont terminés par un crénelage. Sur chaque bastion, des gardes et des guérites sont représentés.

Différentes constructions déjà existantes sont insérées dans la citadelle :

- n° 10 l’abbaye féminine de Sainte-Glossinde,

Les bâtiments existants sont réemployés :

- l’abbaye Saint-Pierre (n° 12) abrite un magasin, le logement du commandant de la citadelle et le logement du lieutenant du roi.

- l’abbaye Sainte-Marie (n° 13) abrite l’arsenal et dans son église est installée la forge. 

- la chapelle des Templiers devient le magasin à poudre.

Pour aménager l’intérieur, il faut aussi dégager des espaces et démolir environ 250 maisons privées. Tous ces aménagements nécessitent de grosses dépenses, seul, le grand magasin de la citadelle, réserve de vivres, est construit (11).

En 1564, la garnison peut s’installer. Les habitants de Metz sont mis à contribution : contraints de travailler au terrassement du site, d’entretenir les troupes, logement, grain et vin. A la fin du XVIe siècle, la citadelle est achevée, fonctionnelle et rend la défense de Metz un peu plus efficace. De passage à Metz en 1603, Henri IV juge la citadelle mal conçue : elle n’est pas elle-même défendue à l’extérieur de la ville, au-delà des douves. Le premier plan du XVIIe siècle parait dans un ouvrage édité par Fabert le Portrait de la ville et cité de Metz, dans Le voyage du roy à Metz, édité en 1610 par Abraham Fabert qui a inspiré le plan peint en 1650 et celui de Caspar Merian gravé avec plus de soin en 1655.

Portrait de la ville et cité de Metz, Abraham Fabert, 1610.

Parcelles bien identifiées, espaces verts plantés d’arbres, chapelle des templiers visible, courtine entre les bastions d’Enfer et Champenoise renforcée par des tours. La porte monumentale de la citadelle est représentée contre le bastion Royal (Real). La seconde porte de la citadelle apparaît, reliant le chemin de ronde vers la tour d’Enfer. Ces deux portes sont précédées de ponts qui enjambent les douves. Sur chaque bastion, une tour à la pointe et une guérite et la présence étonnante de canons sur les bastions Champenoise et Royal illustrant bien le rôle de l’artillerie dans la défense de la ville.

Plan de Casper Mérian, gravé en 1655. Profil de la ville de Metz en Lorraine veue du coste de la porte Mazel, Israël Silvestre. Plan peint sur toile, milieu du XVIIe siècle, (152,5 x 194,5 cm), musée de la Cour d'Or, Metz .
Plan de Casper Mérian, gravé en 1655. Profil de la ville de Metz en Lorraine veue du coste de la porte Mazel, Israël Silvestre. Plan peint sur toile, milieu du XVIIe siècle, (152,5 x 194,5 cm), musée de la Cour d'Or, Metz .
Plan de Casper Mérian, gravé en 1655. Profil de la ville de Metz en Lorraine veue du coste de la porte Mazel, Israël Silvestre. Plan peint sur toile, milieu du XVIIe siècle, (152,5 x 194,5 cm), musée de la Cour d'Or, Metz .
Plan de Casper Mérian, gravé en 1655. Profil de la ville de Metz en Lorraine veue du coste de la porte Mazel, Israël Silvestre. Plan peint sur toile, milieu du XVIIe siècle, (152,5 x 194,5 cm), musée de la Cour d'Or, Metz .
Plan de Casper Mérian, gravé en 1655. Profil de la ville de Metz en Lorraine veue du coste de la porte Mazel, Israël Silvestre. Plan peint sur toile, milieu du XVIIe siècle, (152,5 x 194,5 cm), musée de la Cour d'Or, Metz .

Plan de Casper Mérian, gravé en 1655. Profil de la ville de Metz en Lorraine veue du coste de la porte Mazel, Israël Silvestre. Plan peint sur toile, milieu du XVIIe siècle, (152,5 x 194,5 cm), musée de la Cour d'Or, Metz .

Israël Silvestre a réalisé de nombreuses représentations de Metz. Celle en frise (Profil de la ville de Metz ) met en évidence les silhouettes des bâtiments. La citadelle se détache sur la gauche de la gravure. Sur une autre gravure, la citadelle est vue de l’extérieur de la ville, au-delà des douves, entre deux bastions. Les tours défensives, la végétation, les courtines et les tourelles se distinguent bien.

Dessins des fortifications au XVIIe siècle (BNF)

 

En 1673, Colbert charge Vauban de renforcer les défenses et d’améliorer les fortifications de Metz. L’ingénieur Antoine Niquet dirige les travaux et met en œuvre la construction de l’ouvrage à cornes de la citadelle en 1676.  Ce système est fondé sur la construction de bastions extérieurs et d’une courtine pour renforcer encore la protection de la citadelle.

Au XVIIIe siècle, la garnison compte deux bataillons de 256 hommes. Les bâtiments sont très dégradés. Une description de l’intérieur de la citadelle en 1700 indique 3 casernes comportant des petites maisons, 49 chambres en tout, 3 lits par chambre, 3 soldats par lit ! ce qui permet de loger 431 soldats. L’écurie, dépourvue de mangeoires et de râteliers, est trop petite pour contenir les chevaux de la cavalerie. Pourtant, un historien de la ville, Dom Théodore Brocq décrit de manière plutôt élogieuse la citadelle dans Nouvelle histoire de Metz ou recueil historique de ce qui est arrivé de plus remarquable et de plus certain dans la célèbre ville de Metz depuis le temps de Jules César inclusivement jusqu'à l'année 1756, tome I, p. 103].

Plan de 1749

 

On y apprend que l’ouvrage à cornes a été lui-même renforcé par une demi-lune, un ouvrage défensif concave, courbe, protégeant les bastions. L’Esplanade ( plus petite) existe déjà, et le jardin de Boufflers aménagé sont bien visibles sur le plan.

Légende du plan de 1749  liée à la citadelle :

a  Magasin à poudres (en bas à gauche) ;

c  Logement du Lieutenant du Roy (à droite du précédent) ;

d   Logement du Major (à gauche du précédent) ;

e   Magasins au plomb (petit édifice octogonal, la chapelle des Templiers);

f   Magasin des vivres (à droite du précédent) ;

g   Arsenal (encore à droite) ;

r   Bâtiment et corps de garde, de la Porte de la Fontaine (au-dessous arsenal) ;

s   Porte royale (en ht à G de la citadelle, sous le bastion n°41) ;

t   Porte de secours (ouvre sur l’ouvrage à cornes à droite) ;

x   Prison (entre la porte S et le logement du Major d);

y   Petit bastiment occupé par le boucher (en haut à droite du précédent) ;

 

Plan de 1775 : très belle carte, au centre le plan de la ville;  à gauche et à droite, les légendes permettent de retrouver les sites et les bâtiments. En haut, un profil du fort et de la ville neuve, autour de la place de France, l’église Saint-Simon-et-Saint-Jude. Aux angles supérieurs et à la bordure inférieure, l’élévation des édifices majeurs de la ville. En haut à gauche, la Porte St-Thiébault, en haut à droite, la porte de la citadelle, en bas, de gauche à droite, façade de l’église St-Vincent, l’Opéra appelé Comédie, le corps de garde appelé Magazin, l’hôtel de ville, le Parlement, l’Intendance et le portail classique de la cathédrale conçu par Blondel.

Ouvrage défensif qui sécurise l’entrée de la citadelle, la porte royale de forme cubique est conçue sur le modèle de l’arc de triomphe antique à trois travées. La travée centrale, arche à ouverture large, permet l’entrée et la sortie de nombreux soldats, carioles… les travées latérales aux ouvertures superposées plus petites sont destinées à la surveillance. Des piliers massifs traités en bossage séparent les travées. Le sommet de l’élévation est constitué par un étage comportant des ouvertures carrées et rectangulaires et un couvrement pointu. Sous les armoiries royales, celles du gouverneur (pouvoir militaire) et celles de l’évêché (Metz appartient aussi à la province des 3 évêchés). Dans la ville fortifiée, elle représente le pouvoir monarchique et les symboles de la ville.

Implantation de l'Esplanade sur la Citadelle

Dès 1791, la destruction de la citadelle est programmée. Vers 1800, elle est encore dans un état proche de celui de ses origines, avec les constructions du XVIe siècle, la fortification de Vauban et les douves. Entre 1802 et 1816, la prison, le magasin à poudre, les bastions Royal et Saint-Pierre sont démolis. Les fossés côté nord sont comblés. L’Esplanade est agrandie et la place Royale construite sur le terrain libéré par le bastion Royal. C’est là que sera installée l’Exposition Universelle de 1861.

 Il reste les deux autres bastions (d’Enfer et Champenoise) ainsi que l’ouvrage à cornes. La porte de secours qui donnait sur l’ouvrage à cornes devient la porte principale de la citadelle.

Sur l’Esplanade, on construit un kiosque en fonte en 1852. Démoli en 1940, il sera remplacé par un 2e kiosque de 1957 à 1973.

Kiosque en fonte de 1852. Côté sud de la Citadelle.  Porte de la Citadelle.

Kiosque en fonte de 1852. Côté sud de la Citadelle. Porte de la Citadelle.

Le plan de 1841 montre que la ville reste enserrée dans ses fortifications. Leur démantèlement est ordonné en 1898 sous l’annexion. Les travaux de démolition de 1900 à 1905, mettent à jour des vestiges antiques et médiévaux, éléments d’architectures et objets.

Démolition de la porte de la Citadelle – Vestiges antiques.

Une partie du mur d’enceinte remontant à l’antiquité tardive (fin  IIIe - début VIIIe siècle), de nombreux supports d’architecture et de reliefs ornementaux, un autel portant un bas-relief en forme de tête de taureau sont découverts. Ce bloc faisait partie du rituel appelé taurobole, consistant à égorger un taureau et à asperger les fidèles avec son sang. Ce rituel, lié au culte de Mithra, est connu dans la région. On retrouve aussi la base de la Tour d’Enfer et lors de travaux du percement de l’autoroute A 31, dans les années 1960,  les vestiges de l’ouvrage à cornes, au niveau de l’entrée vers la ville.

Base de la Tour d’Enfer. Bas-relief en forme de tête de taureau. Vestiges de l’ouvrage à cornes.

Vestiges de la citadelle aujourd hui : l’église Saint-Pierre aux Nonnains, la chapelle des Templiers, l’Arsenal, le Magasin aux vivres, tous si joliment restaurés.

Eglise Saint-Pierre-aux-Nonnains : 36,8 x 20 m. Construite à la fin du IVe siècle, le bâtiment est d’abord une palestre, élément de thermes romains utilisé pour la pratique sportive. Dès le VIIe siècle, l’édifice est transformé et devient la chapelle d’une abbaye bénédictine féminine. De cette époque date le chancel (= entourage sculpté du chœur) conservé au musée de la Cour d’or. Désaffectée lors de la construction de la citadelle, elle est réaménagée en magasin (= réserve), logement du commandant de la citadelle et logement du lieutenant du roi. Au XXe siècle, elle est transformée en salle d’exposition et de spectacle.

St-Pierre-aux-Nonnains, le cloître du XVIe siècle. Chancel, VIIe siècle, Musée de la Cour d'Or, Metz.

St-Pierre-aux-Nonnains, le cloître du XVIe siècle. Chancel, VIIe siècle, Musée de la Cour d'Or, Metz.

 

La chapelle des Templiers : de forme octogonale, elle est édifiée entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle. Abside hors-œuvre. Au moment de la construction de la citadelle, la commanderie est démolie, la chapelle alors utilisée comme magasin à poudre. Elle reste le seul vestige architectural de la présence de l’ordre du Temple à Metz. Les murs intérieurs concaves sont ornés de scènes peintes du début du XXe siècle.

Le Magasin aux vivres, 1559. 125 x 18 m. Il servait à entreposer et conserver de la nourriture, en particulier des grains. Lors du démantèlement de la citadelle, il n’est pas démoli mais utilisé comme entrepôt. Longtemps délaissé, il est transformé en hôtel-restaurant « la Citadelle » au début des années 2000. La transformation intérieure très réussie réutilise les arcades, certaines anciennes, d’autres recréées.

Le Magasin aux vivres. L’architecture extérieure. Escalier originel. La transformation intérieure.
Le Magasin aux vivres. L’architecture extérieure. Escalier originel. La transformation intérieure.
Le Magasin aux vivres. L’architecture extérieure. Escalier originel. La transformation intérieure.
Le Magasin aux vivres. L’architecture extérieure. Escalier originel. La transformation intérieure.
Le Magasin aux vivres. L’architecture extérieure. Escalier originel. La transformation intérieure.
Le Magasin aux vivres. L’architecture extérieure. Escalier originel. La transformation intérieure.

Le Magasin aux vivres. L’architecture extérieure. Escalier originel. La transformation intérieure.

L’Arsenal ou Arsenal Ney : construit en 1860-1864 à la demande de Napoléon III, sur le site même de la citadelle. Il se compose de 4 corps de bâtiments autour d’une cour carrée. A la fin de la seconde Guerre mondiale, il est désaffecté. Dès 1972, l’Association Renaissance du Vieux Metz alerte les Messins et commence une action pour sauver le bâtiment. En 1978, projet de réhabilitation. L’architecte Ricardo Bofill est retenu pour transformer l’édifice en une salle de concert, inaugurée en 1989. L’aile ouest est supprimée pour ouvrir son espace sur une grande terrasse et jardin  avec vue sur les édifices environnants.

Arsenal et Esplanade - Etat en 1972 (RL) - Démolition de l’aile ouest en janvier 1987 (RL)- Etat actuel de l’Arsenal.
Arsenal et Esplanade - Etat en 1972 (RL) - Démolition de l’aile ouest en janvier 1987 (RL)- Etat actuel de l’Arsenal.
Arsenal et Esplanade - Etat en 1972 (RL) - Démolition de l’aile ouest en janvier 1987 (RL)- Etat actuel de l’Arsenal.
Arsenal et Esplanade - Etat en 1972 (RL) - Démolition de l’aile ouest en janvier 1987 (RL)- Etat actuel de l’Arsenal.
Arsenal et Esplanade - Etat en 1972 (RL) - Démolition de l’aile ouest en janvier 1987 (RL)- Etat actuel de l’Arsenal.
Arsenal et Esplanade - Etat en 1972 (RL) - Démolition de l’aile ouest en janvier 1987 (RL)- Etat actuel de l’Arsenal.

Arsenal et Esplanade - Etat en 1972 (RL) - Démolition de l’aile ouest en janvier 1987 (RL)- Etat actuel de l’Arsenal.

Toutes ces destructions peuvent sembler regrettables, mais elles ont permis :

 1) la modernisation, l’agrandissement et le remodelage de la ville ;

 2) des découvertes archéologiques souvent sur l’époque antique, contribuant à une meilleure connaissance de l’histoire de la ville. Les vestiges étudiés et exposés au musée enrichissent les collections.

Un grand merci unanime à Catherine, qui apporte encore une précision concernant la Porte Serpenoise. C’était une entrée de la ville datant de Napoléon III, déplacée en limite du nouveau quartier sous l’annexion. Cette exploration du patrimoine messin donne, à tous, très envie de revisiter les lieux et de retourner au Musée de la Cour d’Or.

Bibliographie :

Julien Trapp et Mylène Didiot (dir.), Défendre Metz à la fin du Moyen Age. Étude de l’enceinte urbaine, PUN, Éditions Universitaires de Lorraine, 2017, 559p.

Julien Trapp, « Détruire la citadelle de Metz. Une aubaine pour l’archéologie ? », Faire la guerre et se reconstruire, Publications Historiques de l’Est, n°65, CRULH, 2019, p.67-82.

Pierre-Édouard Wagner, « Contexte politique et construction de la citadelle de Metz », Faire la guerre et se reconstruire, Publications Historiques de l’Est, n°65, CRULH, 2019, p.7-19.

 

 

Prochaine visio-conférence : le vendredi 16 avril à 14 h.

Metz aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Partager cet article
Repost0
8 mars 2021 1 08 /03 /mars /2021 15:02

.

Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.

Vendredi 19 février, ce rendez-vous mensuel avec Les Arts 57 est toujours attendu avec plaisir. Peu avant 14h, Catherine lance l’invitation par Skype. Martine remercie de leur fidélité les 21 participants à cette 4ème conférence et annonce les 2 suivantes :

  • vendredi 19 mars à 14 h : La citadelle de Metz,
  • vendredi 16 avril  à 14 h : Metz aux 17ème et 18ème  siècles.

Après l’Ecole de Metz, nous continuons l’exploration du patrimoine messin pendant la 1ère annexion. Avant de lui redonner la parole, Martine remercie chaleureusement Catherine pour ces bons moments passés ensemble.

La mise en place des quartiers lors de l’annexion est une étape fondamentale pour comprendre le visage que la ville prend aujourd hui. Le quartier impérial permet d’observer de manière précise l’évolution de la ville dès le milieu du XIXe.

Ouvrage de référence : Métamorphose d’une ville, Mme Pignon Feller publié en 2005.

Fin XIX ème, l’administration allemande, le maire de Metz, le baron von Kramer prévoit un nouveau quartier sud. Pour permettre cette expansion de la ville, Guillaume II fait détruire les fortifications. Mise en œuvre des travaux de 1902 à 1918 ; la tour Camoufle dégagée de l’enceinte, conserve son emplacement initial tandis que la porte Serpenoise est déplacée en bordure du nouveau quartier.

 

La porte St-Thiébault est démantelée, sur son emplacement au n° 38 de l’avenue Foch, un bas-relief inséré entre les fenêtres en conserve le souvenir.

Le plan d’urbanisme de la nouvelle ville, nommée Neue Stadt, est confié à l’architecte Conrad Wahn. Il s’ordonne à partir de la nouvelle gare. Les voies de circulation portent des noms germaniques : Kaiserstrasse = Avenue Foch, Karolingenstrasse = rue Charlemagne… L’architecte conçoit 3 types de bâtiments : des maisons de ville avec jardinet, des immeubles de rapport, et des bâtiments publics, mais laisse le choix du style. La gare et la poste sont de style néo-roman. Néo-gothique, néo-baroque, néo-classique, Jugendstil ( = Art Nouveau allemand) et même néo-rural (à pans de bois) se côtoient dans les constructions.

 

L’ancienne gare, place du Roi Georges, bâtie en 1878, se révèle trop petite pour le trafic et les ambitions impériales de faire de Metz la nouvelle ville-frontière. L’auvent sur la partie centrale, ainsi que le couronnement courbe des pavillons centraux ont disparu sur la bâtisse actuelle.

Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.

L’architecte Jürgen Kröger est chargé de la construction de la nouvelle gare, la 3ème. Inaugurée en 1908, elle est édifiée en grés de Niderviller et recouverte de tuiles vernissées vertes. Bâtiment immense de 300m de long, tour de l’horloge de 40 m de haut, 10 voies très longues. Les quais surélevés d’un côté devaient permettre d’embarquer 25 000 soldats par jour, chevaux et matériel militaire. La ville devait bénéficier d’un équipement favorable à l’utilisation de l’armée pour entrer sur le territoire et au quotidien, le transport des voyageurs, bagages, courrier, colis. Une grande poste est construite à proximité.

Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.

A l’extérieur, la gare se présente comme une enfilade de bâtiments symboliques :

  • L’entrée, la tour de l’horloge : forme semblable à une église
  • Le buffet, l’appartement de l’empereur, le bâtiment des arrivées : allure de palais.

 Référence à l’alliance du spirituel et du temporel, incarné par les empereurs au Moyen Age.

 

Pas toujours appréciée à sa juste valeur, en raison du contexte historique, la façade de style roman par ses arcades en plein cintre présente pourtant un décor sculpté de grande qualité.

Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.

Les consoles de l’auvent de l’entrée recèlent de nombreux motifs variés, inventifs : mufle de félin, dragon, tête de cheval, dont les naseaux expriment même le souffle de l’animal, crinière souple, motifs géométriques.   A l’angle du pignon, à gauche, allégorie de l’Alsace en costume traditionnel portant les armoiries. A droite, celle de la Lorraine tient l’écu aux alérions. Sarments de vigne et grappe de raisin évoquent la région viticole productrice de vin.

 

 

Une grande frise, sculptée finement sur l’arc de l’entrée, montre dans des enroulements de feuillage, des voyageurs. De part et d’autre, en bas, les concepteurs architectes de la gare avec équerre, compas, rouleaux.  Les sculptures restituent une iconographie médiévale. Un marin, pipe et chapeau reconnaissable, un couple avec un jeune enfant, un ouvrier et sa scie, un chasseur soufflant dans son cor, un ecclésiastique, …  Délicatement réalisés, les personnages sont sculptés en profondeur dans les blocs de pierre, les rinceaux végétaux passant devant, derrière ou servant même d’appui…

Au sommet du pignon, différentes sculptures ornementales, des ouvertures semi circulaires, géminées : une colonnette soutient un tympan formé par des entrelacs de rubans, omniprésents dans les décors de la gare.

Blason aux armoiries hybrides :  chardon, alérions, branches de gui et autour, une guirlande végétale de laurier.

La tour de l’horloge, cubique, sommet en forme de flèche, évoque les clochers fortifiés des églises médiévales. Dans un angle, un chevalier dont la tête et l’écu furent modifiés plusieurs fois. A l’origine, St Georges terrassant le dragon puis successivement Roland, neveu de Charlemagne, surmonté de la tête du maréchal Haeseler, remplacée en 1918, en 1942, et 1945 pour l’actuelle représentation d’un chevalier protecteur aux moustaches gauloises.

Au rez-de-chaussée de la tour, une série de chapiteaux évoquent le voyage :  automobile, ballon dirigeable, bateau à vapeur, diligence, chef de gare coiffé d’un képi.

Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.

 

Le hall de départ, vu de l’arrière ressemble bien à la nef d’une église, très grand volume intérieur. Voûte en berceau, sculptée d’ornements végétaux, d’entrelacs en rubans. Dans la salle jouxtant le hall, le plafond est percé d’une verrière, témoignant d’une technique élaborée, inventive et décorative.

La voûte percée de la salle des pas perdus laisse passer la lumière mais le verre repeint en grisaille atténue les rayons du soleil. Les chapiteaux des piliers offrent une grande variété de motifs. Les sculptures simplifiées sont sobres mais lisibles et agréables. Elles évoquent le voyage et l’attribution des salles : restaurant 1ère ou 2ème classe, coiffeur, poste de douane, poste électrique… Style roman, art nouveau et Jungendstil s’entremêlent.

Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.

 

Le buffet. Une famille attablée sur le bas-relief à l’extérieur du bâtiment indique bien la destination de cette grande salle. Triple arcature, sous l’horloge, le bar, sur le côté, l’accès aux cuisines. Au- dessus de l’horloge une grande peinture murale représentant la ville de Metz. Aujourd hui, salle réemployée comme librairie.

Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.

L’entrée de l’appartement impérial soulignée par deux arcs est surmontée du balcon d’où l’empereur saluait la foule. Le bas-relief est composé, à gauche, d’un soldat médiéval en armure et, à droite, de l’allégorie de l’Industrie.

Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.

A l’angle de la bâtisse, un aigle réinterprété Jungendstil et une fenêtre d’allure médiévale, trilobée à entrelacs de rubans. La partie latérale abrite le salon Charlemagne. Très élégantes, les fenêtres hors-œuvre en encorbellement finement ornées contrastent avec la pierre d’aspect brut. Procédé de taille de la pierre pour imiter la pierre brute, qui donne un aspect plus solide et met en valeur les décors.

Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.

Verrières originelles couvrant les quais. Endommagées, elles furent remplacées par une dalle parking en 1974.

Le château d’eau, réservoir de 300 m3, est relié à la gare par le tunnel de l’amphithéâtre. Il alimentait les locomotives à vapeur. Un espace de bain pour les employés était prévu. Sous bassement en basalte, galerie à balustrade, frise aux lignes sinueuses évoquant les remous de l’eau, agrafes sculptées par des têtes de monstres aquatiques. Partie supérieure ornée d’une frise soignée à percement triangulaire.

Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.

Les avenues rayonnantes convergeant vers la place en hémicycle de la gare montrent l’importance de cet immense bâtiment, point de départ de l’organisation de la nouvelle ville. En face, l’hôtel des postes, énorme bâtisse en grès rose construite de 1907 à 1911 n’emporte pas l’adhésion des messins. Style néo-roman, prisé par Guillaume II, 4 niveaux d’élévation, lucarnes dans le toit.

Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.

Tours aux angles, dont une octogonale hors-œuvre, elle présente un intérêt architectural certain. Porte principale à trois entrées, arcades sur trois niveaux d’ouverture. Voussure remarquable au-dessus de la porte par la succession d’arcades de dimensions décroissantes. Fenêtres aux formes originales, en oculus, trilobées, géminées, à étagement variable, beaucoup de fantaisie, d’inventivité dans ce bâtiment d’apparence austère.

Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.

 

Sur un chapiteau, l’aigle symbole de l’empire, transmet le courrier.

Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.

L’avenue Foch fait partie du « Ring », grand boulevard courbe qui se poursuit jusqu’à la porte des Allemands, le boulevard Paixhans et entoure la ville, en référence à celui de Vienne et voulu par le Kaiser. Elle se compose de trois éléments :

  • coté sud, impair des immeubles collectifs, des hôtels
  • coté nord pair, des villas élégantes avec jardinet
  • au milieu : un passage vert,  jardin traversé par une longue allée sinueuse souple entrecoupé de passages transverses, c’est un promenoir.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.

L’hôtel Terminus en grés rouge est achevé en 1906. Immense bâtisse, maison des œuvres catholiques à l’origine transformé bien vite en hôtel de voyageurs, il contenait une spectaculaire salle des fêtes.

 

Achevé en 1905, l’hôtel Royal, est situé à l’angle de l’avenue Foch et de la rue Charlemagne. L’entrée très décorative, verrière Jungendstil, est aménagée sur pan coupé. Le double niveau de fenêtres à balustrades, le contraste des formes rectangulaires, ovales, « bow-window », les moulurations plates autour des fenêtres… donnent beaucoup de fantaisie et gomment un peu le caractère austère de ce bâtiment à la fois Jungendstil et néo-roman.

Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.

 

Conrad Wahn, concepteur de ce quartier, s’est fait construire au 18 avenue Foch une jolie villa, style néo-renaissance, échauguette à l’angle, pignon évoquant les maisons du nord.

Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.

Sa voisine, la Villa Wildenberger, présente un décor de façade remarquable, Jungendstyle tandis que la Villa Salomon (puis Burger, au n* 22) à pans de bois, a inspiré le designer Stark et va être reproduite sur un hôtel du nouveau quartier Muse. Plus loin la Villa Lentz, présente un appareil à refends néo-classique, ( = blocs de pierre rainurés ), une toiture basse percé des lucarnes assez hautes.

 

L’actuelle place Raymond Mondon appartenait au Ring.  Symbole politique : sur le terre-plein central, était érigée une statue équestre de Fréderic III, père de Guillaume II, bronze qui sera fondu en 1918.

La Reichsbank, style classique, terminée en 1907, est conçue par un cabinet d’architectes de Karlsruhe. Au niveau inférieur une succession d’arcades, au-dessus, les fenêtres sont limitées par des pilastres réunissant les deux niveaux dans un ordre colossal. Guirlandes sur les chapiteaux, étonnants pots-à-feu sur la balustrade, ce bâtiment imposant présente de belles proportions, il est harmonieux. Il deviendra le siège de la chambre de Commerce et d’Industrie de la Moselle après la guerre

 

Sur la place, autre bâtiment gigantesque et complexe à l’angle de l’Avenue Foch et de la rue Gambetta, la Gewerbehaus, l’hôtel des Arts et Métiers, conçu par des architectes de Strasbourg et Metz à la demande des corporations.   Style néo-renaissance, tour de l’horloge, oriels en débordements sur l’angle, consoles, balustrades ornées de figures féminines, de masques, de grotesques, un héraut (messager) coiffe le pignon …  Sous-bassement en arcades et colonnes courtes en écho de l’autre côté de la rue unifie cet ensemble remarquable.

Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.
Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.

Tout près, n*3, rue Gambetta, un architecte viennois, voulait édifier un établissement thermal, le plus prestigieux d’Europe : le palais de Cristal. Restaurant, café, piscine au deuxième étage, salle de bal au-dessus, bâtiment original en béton armé à la façade recouverte de panneaux de cristal de Bohème. Faillite rapide. Dans les années 1960, les derniers panneaux de cristal sont remplacés.

Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.Au lendemain de la Visioconférence « Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion », le 19 février 2021.

Ces deux heures passées trop vite à la découverte d’une partie de ce patrimoine messin construit lors de l’annexion témoignent d’une grande vitalité des constructions, et surtout d’une incroyable diversité et richesse des influences architecturales dans ce contexte historique si particulier.

 

Prochaine visio-conférence : le vendredi 19 mars à 14 h.

La citadelle de Metz.

Partager cet article
Repost0
4 février 2021 4 04 /02 /février /2021 10:33
Auguste Migette, Commencement de la République messine. Election du premier maître échevin. 1862. Metz, musée de la Cour d'Or.

 

Ce vendredi 22 janvier 2021, 14 h, toujours par Skype, Catherine accueille les adhérents et s’assure de la présence des 23 inscrits. Martine, ravie de les retrouver, présente les vœux et les remercie de leur fidélité. Pas de réouverture des musées prévue bientôt, en attendant des conditions sanitaires meilleures, LesArts57 vont continuer de proposer des visioconférences mensuelles, certains vendredis à 14h :

Le 19 février : le quartier allemand de Metz.

Le 19 mars : histoire de la citadelle de Metz.

       Le 16 avril : Metz au XII ème et XVIII ème siècle.

 

Ce 3ème volet de l’Ecole de Metz est consacré aux artistes qui s’épanouissent aux cotés de Maréchal.

Mais l’œuvre de Laurent Charles Maréchal est si importante qu’il restait encore des informations après la 2ème séance qu’il aurait été dommage d’éluder. Son talent et sa notoriété ne cessaient de croître. Catherine continue l’étude de vitraux à Metz, en Moselle, à Paris…

Metz, Eglise St-Martin. -- partage du manteau -- le pin abattu -- l’ascension de St Martin.

Metz, Eglise St-Martin. -- partage du manteau -- le pin abattu -- l’ascension de St Martin.

Eglise Saint-Martin de Metz : les vitraux du chœur sont dédiés à La Vie de saint Martin. Soldat romain, il partagea l’intérieur de sa cape avec un homme transi de froid. Il accomplit aussi le miracle du pin abattu en inversant la chute de l’arbre sacré, idole des païens. Richesse des ornements architecturaux, en particulier, ici, des clés pendantes polychromes. Fantaisie et variété dans les décors. Dans certains vitraux, des lignes régulières bien visibles apparaissent au-delà du réseau principal, ce sont des reprises de cassures ou plans de casse. Les coloris sont travaillés précisément, choix de rouge très lumineux. Astuce intéressante dévoilée par notre conférencière préférée pour connaitre la tonalité colorée d’une œuvre : en clignant des yeux, la gamme colorée dominante et la répartition des couleurs primaires apparaissent dans la composition.  

 

 

Des personnages nouveaux apparaissent dans certains vitraux. Dans une des 3 verrières de la chapelle, un tout jeune homme est vêtu en costume XVI ème. C’est Louis de Gonzague, mort à 23 ans, en soignant les pestiférés à Rome. Dans la lancette voisine, Saint François de Sales, autre personnage très vénéré par les jésuites. La chapelle dans l’Abbaye de Saint-Clément, actuel Conseil Régional, date justement de la présence des Jésuites.

 

Metz, St-Clément, chapelle des Jésuites.

Eglise St-Martin de Varize. Portrait de la Vierge.

Iconographie originale de ce portrait de la Vierge dans un encadrement de tableau. Elle est représentée jusqu’à la hanche, une seule main visible portant une quenouille ; tradition originaire des chrétiens d’Orient, en référence aux Evangiles apocryphes (pas considérés comme authentiques) qui racontent que Marie a été choisie, avec d’autres filles de la tribu de David, pour tisser le voile du temple de Jérusalem. En Occident, la quenouille est le symbole du travail féminin. Ce portrait parait plus familier. La Vierge couronnée est nimbée et, fantaisie de Maréchal, il choisit le jaune pour la robe, s’affranchissant du code coloré rouge de la tradition chrétienne. L’atelier de Maréchal excelle aussi dans l’art de la grisaille. Elle est utilisée depuis l’origine des vitraux, c’est une peinture appliquée au pinceau sur le verre puis cuite au four. Sa couleur varie du gris au marron plus ou moins foncé. Elle est utilisée pour les ombres des costumes, les traits du visage, nez, bouche, les végétaux, éléments de feuillage, tiges enroulées ou des décors plus géométriques seuls sur verre blanc.

 

Metz, Eglise St-Eucaire, la Sainte famille ---- Paris, Eglise St-Ambroise, Saint Joseph charpentier, 1868 ; réalisés par Raphaël Maréchal, fils de Laurent-Charles Maréchal ---- Eglise St-Germain l’Auxerrois, 1844-1847, Manassès, Ezéchias, Jonathan, et Judith en buste--- Madeleine entre deux anges.  Cathédrale ND de Luxembourg,1840-1860, La Vie de la Vierge : la Vierge, Elisabeth et Zacharie.
Metz, Eglise St-Eucaire, la Sainte famille ---- Paris, Eglise St-Ambroise, Saint Joseph charpentier, 1868 ; réalisés par Raphaël Maréchal, fils de Laurent-Charles Maréchal ---- Eglise St-Germain l’Auxerrois, 1844-1847, Manassès, Ezéchias, Jonathan, et Judith en buste--- Madeleine entre deux anges.  Cathédrale ND de Luxembourg,1840-1860, La Vie de la Vierge : la Vierge, Elisabeth et Zacharie.
Metz, Eglise St-Eucaire, la Sainte famille ---- Paris, Eglise St-Ambroise, Saint Joseph charpentier, 1868 ; réalisés par Raphaël Maréchal, fils de Laurent-Charles Maréchal ---- Eglise St-Germain l’Auxerrois, 1844-1847, Manassès, Ezéchias, Jonathan, et Judith en buste--- Madeleine entre deux anges.  Cathédrale ND de Luxembourg,1840-1860, La Vie de la Vierge : la Vierge, Elisabeth et Zacharie.
Metz, Eglise St-Eucaire, la Sainte famille ---- Paris, Eglise St-Ambroise, Saint Joseph charpentier, 1868 ; réalisés par Raphaël Maréchal, fils de Laurent-Charles Maréchal ---- Eglise St-Germain l’Auxerrois, 1844-1847, Manassès, Ezéchias, Jonathan, et Judith en buste--- Madeleine entre deux anges.  Cathédrale ND de Luxembourg,1840-1860, La Vie de la Vierge : la Vierge, Elisabeth et Zacharie.
Metz, Eglise St-Eucaire, la Sainte famille ---- Paris, Eglise St-Ambroise, Saint Joseph charpentier, 1868 ; réalisés par Raphaël Maréchal, fils de Laurent-Charles Maréchal ---- Eglise St-Germain l’Auxerrois, 1844-1847, Manassès, Ezéchias, Jonathan, et Judith en buste--- Madeleine entre deux anges.  Cathédrale ND de Luxembourg,1840-1860, La Vie de la Vierge : la Vierge, Elisabeth et Zacharie.
Metz, Eglise St-Eucaire, la Sainte famille ---- Paris, Eglise St-Ambroise, Saint Joseph charpentier, 1868 ; réalisés par Raphaël Maréchal, fils de Laurent-Charles Maréchal ---- Eglise St-Germain l’Auxerrois, 1844-1847, Manassès, Ezéchias, Jonathan, et Judith en buste--- Madeleine entre deux anges.  Cathédrale ND de Luxembourg,1840-1860, La Vie de la Vierge : la Vierge, Elisabeth et Zacharie.

Metz, Eglise St-Eucaire, la Sainte famille ---- Paris, Eglise St-Ambroise, Saint Joseph charpentier, 1868 ; réalisés par Raphaël Maréchal, fils de Laurent-Charles Maréchal ---- Eglise St-Germain l’Auxerrois, 1844-1847, Manassès, Ezéchias, Jonathan, et Judith en buste--- Madeleine entre deux anges. Cathédrale ND de Luxembourg,1840-1860, La Vie de la Vierge : la Vierge, Elisabeth et Zacharie.

La pierre est encore bien présente dans les fenêtres gothiques évidées, où les vitraux sont installés. Grand répertoire de personnages, simplification des formes, renouvellement des motifs, palette colorée restreinte mais lumineuse et profonde, Maréchal innove et travaille sur des chantiers prestigieux à Paris et ailleurs …  

Le XIXe siècle connaît une vague de reconstruction d'églises et nécessite la production un grand nombre de vitraux. Les verriers inventent de nouveaux procédés en appliquant des photographies sur le verre puis cuisson à 600°. Il ne reste que peu de ces vitraux photographiques, pas classés, ils sont souvent supprimés.

Saint Louis, Saint Michel et Saint Pierre protégeant Paris. 1845. Musée de la Cour d’Or.

Saint Louis, Saint Michel et Saint Pierre protégeant Paris. 1845. Musée de la Cour d’Or.

A la cathédrale de Metz, dans la chapelle des Evêques, les vitraux photographiques de Maréchal sont déposés en 1957 et remplacés par ceux de Jacques Villon (frère de Marcel Duchamp). Dans ce chef-d'œuvre de Maréchal, entreposé à la Cour d’Or, le procédé est reconnaissable sur les visages des saints protecteurs de Paris, Saint Louis, fleurs de lys sur le manteau, Saint Michel archange et Saint Pierre, clé dans sa main. A ses pieds, la signature visible de l’atelier messin. 

Bien conservés aussi, ceux de l'église St-Martin d'Hayange, construite en 1884, sur le modèle de la Trinité de Paris utilisent « l’impression » photographique pour les visages des donateurs et mécènes, en particulier la famille de Wendel.

 

Hayange, église St-Martin, donateurs.

 

Les ateliers sont détruits dans un incendie en 1866. 

Louis-Charles-Marie Champigneulle rachète l’entreprise.

 Maréchal le rejoint à Bar-le-Duc, en 1872, après l’annexion.

 

 

Bar-le-Duc, Tribunal de Grande instance, Verrière à l’autoportrait, 1888.

 

Dans l’atelier de Maréchal, se côtoyaient non seulement ses élèves mais aussi de nombreux artistes messins.

Elève de Maréchal, Caroline Haillecourt, miniaturiste réputée, réalise des portraits à l’encre sur ivoire. Etude naturaliste du visage placé de ¾.

 

Portrait de Maréchal, médaillon ivoire, 10cm, 1860, musée de la Cour d’Or.

 

Louis Théodore Devilly, élève de Maréchal, directeur de l'Ecole des Beaux-Arts de Metz puis de celle de Nancy après 1870.

Toile romantique au sujet exotique réalisé lors d’un séjour en Algérie. Délicatesse du coloris, bleuté à l’horizon. Perspective atmosphérique. Paysage désertique, rochers, montagnes, maigre végétation. Belle étude animalière. Le cavalier et sa monture semblent bien vivants.

 

 Le spahi d'Oran. 1879. Aquarelle et gouache sur papier.  Nancy, MBA.

Officier de chasseurs avec son cheval blessé. Coll. part.  ----  Mort du sergent Blandan. 1882. Nancy MBA.

Officier de chasseurs avec son cheval blessé. Coll. part. ---- Mort du sergent Blandan. 1882. Nancy MBA.

Sujet rare : le cheval est blessé en haut de la patte avant gauche, le flot de sang qui coule renforce l’aspect réaliste, tête basse de l’animal qui souffre. L’officier le mène en retrait de la bataille. Site montagneux, rocheux. La figure du cheval s’inscrit bien dans l’esprit romantique.

Ce tableau relate un épisode historique de la conquête de l’Algérie où un jeune sergent a préféré mourir plutôt que de se rendre. En clignant des yeux, on perçoit mieux les différentes strates du tableau. Quelques rochers devant, montagnes et ciel à l’arrière-plan. Dans la plaine entre les deux, la bataille au corps à corps fait rage. Partie supérieure les algériens en blanc, les français submergés en bleu et rouge au premier plan. Le sergent mourant allongé sur le sol est soutenu. Pour peindre cette épopée avec le plus de réalisme possible, Devigny s’est rendu sur les lieux, a récolté des témoignages.

Auguste Migette. Chapelle de Sainte-Catherine, près d'Hombourg l'Evêque [Hombourg-Haut] 1867, mine de plomb. 38 x 108 cm. Cour d'Or.

Auguste Migette. Chapelle de Sainte-Catherine, près d'Hombourg l'Evêque [Hombourg-Haut] 1867, mine de plomb. 38 x 108 cm. Cour d'Or.

Auguste Migette,1802-1884, peintre, professeur de dessin, écrivain, fut le peintre-décorateur du théâtre de Metz. Ses mémoires et plusieurs manuscrits conservés à la Médiathèque de Metz sont une source précieuse sur la vie artistique messine au XIXe. Il effectue un travail systématique de représentation des éléments du patrimoine et les sait les accompagner d'éléments pittoresques. Le musée de la Cour d'Or conserve presque toutes ses œuvres : plus de 200 dessins de monuments civils et religieux de Metz et des alentours.

La vallée de la Moselle, 1864-1869.

Atmosphère particulière dans ce panorama. Grande profondeur par le dessin des rochers, arbres, rivière, pont, montagnes. Perspective atmosphérique bien rendue par la décoloration. L’éclairage savant, alternant les parties éclairées ou ombragées, donne beaucoup de relief aux différents plans. Le regard progresse dans ce paysage spectaculaire. Au premier plan, dans la pénombre des arbres, derrière une langue de terre rocheuse, on découvre les petits personnages et ce promeneur assis sur une pierre.

Groupe de Bohémiens du Pays de Bitche, huile sur toile, 80 x 65 cm ----Vue de Sierck ---Vue de Trarbach, Basse-Moselle : (nord-est de Trèves), 1847, huile sur toile, 33,5 x 67 cm. Cour d'Or.
Groupe de Bohémiens du Pays de Bitche, huile sur toile, 80 x 65 cm ----Vue de Sierck ---Vue de Trarbach, Basse-Moselle : (nord-est de Trèves), 1847, huile sur toile, 33,5 x 67 cm. Cour d'Or.
Groupe de Bohémiens du Pays de Bitche, huile sur toile, 80 x 65 cm ----Vue de Sierck ---Vue de Trarbach, Basse-Moselle : (nord-est de Trèves), 1847, huile sur toile, 33,5 x 67 cm. Cour d'Or.

Groupe de Bohémiens du Pays de Bitche, huile sur toile, 80 x 65 cm ----Vue de Sierck ---Vue de Trarbach, Basse-Moselle : (nord-est de Trèves), 1847, huile sur toile, 33,5 x 67 cm. Cour d'Or.

La visite du musée historique de Versailles en 1842 lui inspire une série sur l'histoire de la ville de Metz, des origines au XVIIe siècle.

St Clément dompte le Graoully. Manière reconnaissable de Migette d’enserrer cet épisode par des arbres de part et d’autre.

Saint Clément, premier évêque de Metz, près des ruines de l'amphithéâtre. 1864. Encre de chine, lavis et rehauts d'aquarelle. 41x 61 cm, Cour d'Or.

A droite, le Palais des Treize, siège du pouvoir de la cité, en arrière-plan la cathédrale avec l’église Notre Dame la ronde devant. Cette reconstitution imaginée par Migette est entrée dans la l’imagerie populaire.

Commencement de la République messine. Election du premier maître échevin Amolbert en 1055. 110 x 198 cm. 1862. Musée de la Cour d'Or.

Massacre des Juifs à Metz par les premiers croisés en  1095 --- Fin de la République messine. Entrée à Metz de Henri II, roi de France, 1552.

Massacre des Juifs à Metz par les premiers croisés en 1095 --- Fin de la République messine. Entrée à Metz de Henri II, roi de France, 1552.

Migette représente la ville médiévale, telle qu’un homme du XIXe se l’imagine. Dans des architectures élaborées, les postures des personnages et leurs costumes colorés rendent ces scènes très vivantes.

La représentation du Mystère de saint Clément, donnée sur la place de Change et le grand escalier devant la cathédrale.  

Au premier plan, la foule. Au fond, la cathédrale et l'église Notre-Dame la Ronde qui ne lui est pas encore reliée. Sur les côtés, des maisons à colombages. Une tour évoque celle de l'hôtel St-Livier, sur la colline Ste Croix, qui a conservé une tour médiévale. Au centre, un théâtre, construction éphémère de 4 étages et 10 scènes. On y représente un Mystère : au Moyen Age, c’est un spectacle public d’un épisode religieux donné sur une place, le parvis d’une église … Le spectacle a commencé dans certaines scènes : au rez-de-chaussée, la fumée évoque le dragon. Au-dessus les rues de Metz, étage suivant l’évangélisation, et enfin, tout en haut, le paradis. Cet étagement de plusieurs scènes correspond à ce que l'on pensait du théâtre médiéval au XIXe siècle.

Passionnante, Catherine donne envie d’approfondir ces sujets, d’aller visiter les lieux et, on l’espère, pouvoir bientôt admirer ces œuvres dans les musées.

Prochaine visioconférence :

 vendredi 19 février,  à 14 h

Les quartiers de METZ construits pendant la première annexion.

 

Hôtel St-Livier, cour intérieure, siège du FRAC, 1 rue des Trinitaires.​​​​​​​

Partager cet article
Repost0
8 janvier 2021 5 08 /01 /janvier /2021 17:42
Laurent Charles Maréchal, Autoportrait, 1861, Metz.

Laurent Charles Maréchal, Autoportrait, 1861, Metz.

Autour de 17 h, sur l’écran, 28 fenêtres s’animent l’une après l’autre, rejoignant l’appel de Catherine Bourdieu, par Skype, pour la 2ème conférence sur l’Ecole de Metz, proposée par LesArts57. Martine Ziegler, heureuse de constater le succès de cette formule, accueille et remercie tous les adhérents pour leur soutien. Après les « Bonjour » enjoués et les petits mots individualisés traduisant le plaisir de se retrouver, nous désactivons nos micros, laissant Catherine entrer dans le vif du sujet. Séance consacrée à Laurent Charles Maréchal, chef de file de l’Ecole de Metz, peintre et maître-verrier né en 1801, 63 rue des Allemands, à Metz. Issu d’une famille fortunée, mais orphelin de père à 2 ans, Laurent-Charles Maréchal fréquente l’école municipale de dessin de Metz en 1820, puis complète sa formation à Paris au cours de Charles Lafond.

Charles Lafond, La Duchesse de Berry présentant son fils,1821.

Peintre et militaire de la Garde nationale, Charles Lafond assure à ses élèves une solide formation technique, à la fois néoclassique et académique. Le néoclassicisme est un mouvement artistique dont le style imite la Renaissance et le 17ème, tandis que l’académisme consiste à appliquer les formules apprise dans les écoles.

Sur cette toile, Louis XVIII est entouré des membres de la famille royale et des principaux personnages de l’Etat. Marie-Caroline de Bourbon porte le futur héritier, fils du duc de Berry, et petit-fils de Charles X , frère du roi.  

A Paris, le jeune peintre enrichit sa formation. Il peut suivre l’actualité artistique et a accès aux Salons. Grand admirateur de Antoine-Jean Gros et de ses peintures napoléoniennes, Laurent-Charles Maréchal découvre aussi Eugène Delacroix, peintre romantique qui va beaucoup marquer sa carrière. En 1925, il s’installe à Metz.

 

L.C. Maréchal, Autoportrait, 1825, Musée Cour d’or, Metz.

L’histoire de ce tableau est singulière : Charles Petre, l’avait acheté et emporté avec lui à Bourges après l’annexion en 1872. A la réouverture du musée de Metz en 1946, une salle est entièrement consacrée à l’Ecole de Metz. André Bellard, son conservateur, réussit à le faire revenir et intégrer la collection du musée messin.

 Cette toile est romantique par le coloris, l’effet de lumière sur le visage, le dépouillement d’objets hormis le dossier de la chaise. Forte introspection, étude minutieuse des traits du visage, la personnalité transparait : volonté, regard perçant.

 

Ayant épuisé l’héritage familial, Maréchal devient portraitiste. Ce portrait de Benoit Faivre, personnalité  messine importante et frère du peintre Emile Faivre est réaliste, néoclassique mais empreint de romantisme. Devant un fond sommaire, sur un fauteuil rouge, le modèle est placé de ¾ ,  mains croisées. Etude minutieuse de la physionomie, du tempérament, du regard de cet homme élégant.

Maréchal, Portrait de Benoit Faivre, 1934. Cour d’or.

 

Très joli portrait au pastel réalisé lors de la venue du pianiste en concert à Metz en 1945. Cheveux en arrière, allure romantique, éclairage subtil soulignant les traits du visage sans l’isoler du fond, costume austère, tons sombres, Maréchal choisit l’angle ¾ presque profil qui met le mieux en valeur les caractéristiques du visage.

Lors de son passage à Metz, Liszt séjourne chez le comte Camille Durutte, compositeur, demeurant 20 rue de Chèvremont.

 

Marechal, Portait de Franz Liszt, 1945, 55 x 46, musée de Bayreuth.

Portrait de Jozef Maria Hoëné-Wronski (musée de la Cour d’or) - Portrait d'Ernest Bradfer. Musée Bar le duc. Tête d'homme - Jeune page de face - Hélène Maréchal. portrait de Raphaël Maréchal. Musée barrois.
Portrait de Jozef Maria Hoëné-Wronski (musée de la Cour d’or) - Portrait d'Ernest Bradfer. Musée Bar le duc. Tête d'homme - Jeune page de face - Hélène Maréchal. portrait de Raphaël Maréchal. Musée barrois.
Portrait de Jozef Maria Hoëné-Wronski (musée de la Cour d’or) - Portrait d'Ernest Bradfer. Musée Bar le duc. Tête d'homme - Jeune page de face - Hélène Maréchal. portrait de Raphaël Maréchal. Musée barrois.
Portrait de Jozef Maria Hoëné-Wronski (musée de la Cour d’or) - Portrait d'Ernest Bradfer. Musée Bar le duc. Tête d'homme - Jeune page de face - Hélène Maréchal. portrait de Raphaël Maréchal. Musée barrois.
Portrait de Jozef Maria Hoëné-Wronski (musée de la Cour d’or) - Portrait d'Ernest Bradfer. Musée Bar le duc. Tête d'homme - Jeune page de face - Hélène Maréchal. portrait de Raphaël Maréchal. Musée barrois.
Portrait de Jozef Maria Hoëné-Wronski (musée de la Cour d’or) - Portrait d'Ernest Bradfer. Musée Bar le duc. Tête d'homme - Jeune page de face - Hélène Maréchal. portrait de Raphaël Maréchal. Musée barrois.

Portrait de Jozef Maria Hoëné-Wronski (musée de la Cour d’or) - Portrait d'Ernest Bradfer. Musée Bar le duc. Tête d'homme - Jeune page de face - Hélène Maréchal. portrait de Raphaël Maréchal. Musée barrois.

Les portraits au pastel de Maréchal provoquent une émotion différente de ceux à l’huile, le matériau donne plus de moelleux et révèle tout le talent de l’artiste. Il saisit les volumes, les expressions de ses modèles. Il les habille de leur costume le plus familier. Il place Ernest Bradfer, maire de Bar-le-Duc, devant une tenture verte qui le magnifie, écharpe tricolore, rouleaux de textes officiels à la main et près de lui sur la table. Personnage d’une certaine prestance, il ne regarde pas directement le peintre.

Ses portraits au fusain, travaux préparatoires, d’inspiration moyen-âge ou Renaissance, plus ou moins idéalisés, jouent sur le contraste clair - obscur.

Les voyages dans les pays nordiques mais aussi en Italie, qu’il affectionne particulièrement, vont inspirer et enrichir son travail. En 1833, il séjourne dans les pays flamands avec son élève Duvigny. En 1837, avec deux amis collectionneurs, il visite Venise, Florence, Rome, Naples, découvre les paysages italiens mais surtout les peintres qu’il admire : Raphaël et Le Titien. En 1862, c’est pour étudier Rembrandt à Anvers

Tête de Bohémienne drapée de face (musée barrois)- Bohémienne et son enfant (musée de la Cour d'or) - Tête de jeune fille légèrement penchée de face (musée barrois).

Tête de Bohémienne drapée de face (musée barrois)- Bohémienne et son enfant (musée de la Cour d'or) - Tête de jeune fille légèrement penchée de face (musée barrois).

Les bohémiens constituaient un beau sujet d' inspiration pour Maréchal. Des verriers de Bohème arrivèrent en Lorraine au XIVème siècle pour créer des verreries en exploitant la forêt de Darney ( S-O des Vosges ).

Maréchal, Sœurs de misère, pastel,118x90 cm, 1840, Cour d'or. Halte de Bohémiens, musée barrois.

Sœurs de misère : en gros plan, dans un vaste paysage, sous un ciel chargé, deux femmes, écrasées par la misère et la fatigue se reposent. La plus jeune dort, l'autre veille, un personnage passe plus loin. La gamme colorée réduite, ocre et bleue, crée un aspect romantique. 

Halte de Bohémiens : l’homme somnole, alangui sur le sol, au pied d’un arbre, tandis que la jeune femme joue du luth, le pied sur le genou de son compagnon. Ambiance calme, posée, fraicheur du coloris, le bleu du pantalon répondant à celui des collines vosgiennes. Malgré la pauvreté, la grande douceur de la robe, la fluidité des étoffes, la souplesse des drapés, les plis larges du manteau plus lourd idéalisent la scène. Les visages ne sont pas stéréotypés mais individualisés. Grand marcheur, Maréchal demandait souvent à des promeneurs de poser pour lui

Le Pâtre, 118 x 90 cm, musée de la Cour d'or.

Très rare exemple de nu de l’Ecole de Metz, ce pastel ovale est un des plus connu et réussi de Maréchal, probablement un jeune modèle bohémien auquel il aurait demandé de poser. Vie extérieure modeste, coté naturaliste de ce jeune berger qui garde son troupeau de moutons. Il joue de la flûte, assis sur un rocher en hauteur pour surveiller ses bêtes, dos au soleil.  Composition en strates successives, travaillées avec beaucoup de soin : sous un ciel bleu, nuageux très clair, le sommet des montagnes à l’arrière forme le 3ème plan. Au 2ème plan, la montagne plus proche, baignée de soleil où paissent les animaux, tandis qu’au premier plan, le rocher plus sombre crée un contraste, mettant en valeur le modelé du corps du jeune pâtre. Il est assis, mais en réalité sa posture crispée interroge. Il est surpris et effrayé par le serpent qui sort de dessous le rocher, sous le pied gauche qui se rétracte. La langue du serpent a pour effet de créer une scène d’immédiateté, d’urgence qui donne beaucoup de vie, de spontanéité au tableau. Ce tableau illustre la parfaite maitrise de Maréchal dans la représentation non seulement des paysages mais aussi dans celle du corps humain : musculature, carnation, individualisation du visage.

Jolie perspective qui témoigne de l’activité sur la Moselle. La boucle de la rivière, les bords encore sauvages, les ponts, les silhouettes de quelques monuments : la cathédrale, l’église St Simon, St Judes. Maréchal n’a pas voulu indiquer le caractère fortifié, militaire de Metz mais simplement une ville au bord de l’eau.

Vue de Metz depuis St-Julien, pastel-gouache, 39 x56 cm, musée de la Cour d'or.

Hôtel de Malte -- Atelier- 4,rue de Paris -- Palais de l'Industrie.

Initié par Louis Lapied à la peinture sur verre, Maréchal fonde avec son beau-frère l’entreprise Maréchal et Gugnon en 1838, sur la colline Sainte-Croix à l’hôtel de Malte, 11 rue des murs. En 1853, il installe ses ateliers 4, rue de Paris, dans le prolongement du pont des Morts. Il perfectionne les techniques et la fabrication industrielle des vitraux devenant l’un des plus grands peintres verriers de la 2ème moitié du XIXème. Migette relate qu’en 1851, l’atelier, très prospère, emploie 8 ouvriers. Il a produit 12 000 verrières, 4600 personnages dans 1600 monuments. Maréchal réalise les 2 grands tympans du Palais de l’Industrie pour l’expo universelle de Paris de 1855. Ils sont remarqués par les membres du jury.

Vitrail du Duc de Guise. Hôtel de ville de Metz. 1852.

Peinture sur verre, double, superposés utilisant la grisaille, et le jaune d’argent. Technique médiévale, la grisaille, opaque, mate est utilisée pour les ombres. C’est une peinture composée d'oxydes métalliques et d'un fondant qui lui permettent de s'accrocher à la surface du verre lorsqu'il est cuit. Le jaune d'argent, apparu au XIVème, permet de teinter ponctuellement le verre tout en lui laissant sa transparence à la cuisson. Utilisé sur l’étendard, les bijoux…

Le duc de Guise évoque un personnage emblématique assurant la défense de la cité pendant le siège de 1552. La bannière, le parchemin indiquent le rattachement au royaume de France. Le duc foule aux pieds l’aigle bicéphale sur le drapeau de l’empire. En armure devant un grand drapé rouge, le portrait est magnifié.

Maréchal réalise cet autoportrait inspiré par celui de Rembrandt pour l’expo universelle. Diplôme d’honneur à Paris, médaillé aussi à l’exposition de Londres, ce vitrail est acheté par la ville de Metz.

Autoportrait en vitrail : l’Artiste, 1861.

Autoportrait de Rembrandt, 1640.

 

Une nouvelle version enrichie est créée, en 1867, pour l’exposition de Paris. Médaillon encadré par 2 allégories de la Renommée qui tiennent des trompettes dans la partie supérieure. Dans la partie centrale, un encadrement sculpté de motifs médiévaux entoure le portrait. Partie inférieure, chiffre de Louis Napoléon dans un médaillon couronné, couronne de lauriers, et cornes d’abondance opulentes traitées en grisaille. Le vitrail est acheté par Napoléon III, et installé au château de Fontainebleau.

 

L’entreprise Maréchal acquiert une grande notoriété, elle produit des vitraux laïcs mais aussi des vitraux religieux. Pour l’église Notre Dame, rue de la chèvre, 21 vitraux sont réalisés entre 1841 et 1862. Encadrements décoratifs architecturés, végétation, richesse des motifs, palette colorée réduite mais lumineuse, contraste des couleurs complémentaires : jaune-violet, vert-rouge, visages individualisés, modelés obtenus par des rehauts de grisaille, … le peintre Maréchal connait les codes de représentation : le Christ homme jeune : barbe et cheveux bruns, saint Pierre âgé, ridé, plus chauve.

Eglise Notre Dame.  Le Christ et saint Pierre - Visitation : La Vierge et Elisabeth - La Nativité - La Cène -  Couronnement de la Vierge.
Eglise Notre Dame.  Le Christ et saint Pierre - Visitation : La Vierge et Elisabeth - La Nativité - La Cène -  Couronnement de la Vierge.
Eglise Notre Dame.  Le Christ et saint Pierre - Visitation : La Vierge et Elisabeth - La Nativité - La Cène -  Couronnement de la Vierge.
Eglise Notre Dame.  Le Christ et saint Pierre - Visitation : La Vierge et Elisabeth - La Nativité - La Cène -  Couronnement de la Vierge.
Eglise Notre Dame.  Le Christ et saint Pierre - Visitation : La Vierge et Elisabeth - La Nativité - La Cène -  Couronnement de la Vierge.
Eglise Notre Dame.  Le Christ et saint Pierre - Visitation : La Vierge et Elisabeth - La Nativité - La Cène -  Couronnement de la Vierge.

Eglise Notre Dame. Le Christ et saint Pierre - Visitation : La Vierge et Elisabeth - La Nativité - La Cène - Couronnement de la Vierge.

Travail magnifique par la composition, les attitudes des personnages, le choix des couleurs, la richesse des motifs décoratifs, … et surtout leur luminosité.

 

Prochaine rencontre : vendredi 22 janvier à 14 h.

pour la 3ème partie de  L'Ecole de Metz .

Partager cet article
Repost0
4 janvier 2021 1 04 /01 /janvier /2021 14:14

LesArts57 vous présentent leurs meilleurs vœux pour 2021.

Que cette nouvelle année vous apporte santé et joies pour vous et vos proches.

Toute l’équipe se tient prête, dés que les conditions sanitaires le permettront, à organiser les nouvelles sorties envisagées : cathédrale, Chagall à Pompidou, Ste Thérèse. En attendant de retrouver la convivialité chaleureuse de nos conférences et sorties, nous vous proposerons mi-janvier, en visioconférence pour les adhérents, la 3ème partie de « L’Ecole de Metz ».

Voir les commentaires

Partager cet article
Repost0
24 novembre 2020 2 24 /11 /novembre /2020 14:26

 

16h50, devant l’écran connecté sur Skype, les petites fenêtres s’allument et, peu à peu, apparaissent les visages des 25 participants invités par Catherine Bourdieu, Maitre de conférences en Histoire de l’art à l’Université de Metz…. Avec sa patience bienveillante et souriante, elle aide d’abord à résoudre les soucis de micros, d’images.

Puis, Martine Ziegler, sympathique présidente de Les Arts 57, remercie tous les adhérents pour leur soutien malgré l’annulation des visites à la cathédrale et Yves Klein à Pompidou, elle remercie aussi Chantal Clement pour la rédaction des articles sur le blog et tout particulièrement Catherine pour son implication indéfectible dans cette expérience à distance. Le dernier C.A. virtuel a proposé de tenter des « télé-rencontres » mensuelles, en commençant par l’Ecole de Metz. Un cycle de 3 conférences permettra de redécouvrir les travaux de ces artistes peu connus et pourtant intéressants.

L’ouvrage de référence est celui de Christine Peltre, (L’Ecole de Metz). Moins célèbre que sa voisine, l’Ecole de Nancy, celle de Metz est active entre 1830 et 1870, la guerre et l’annexion en marquent la fin, de nombreux artistes quittent la Moselle pour Nancy, Bar le Duc …

Caractères généraux de l’Ecole de Metz.

Il s’agit de peinture, gravure, dessin, pastel, vitrail et sculpture dont les thèmes se rapportent au Pays messin, son histoire, son architecture et ses paysages romantiques mais aussi au Moyen-Age et à l’orientalisme. Les artistes voyagent au Moyen-Orient, dans l’empire ottoman, en Grèce.

En ce début de XIX ème, la création d’écoles, d’académies et de revues témoignent d’une vie culturelle et artistique foisonnante qui va favoriser l’émergence de l’Ecole de Metz.

L’enseignement artistique est dispensé dans 2 écoles : l’Ecole municipale de dessin créée en 1814, et l’Ecole départementale de peinture en 1820. L’école de dessin est gratuite, la ville attribue tous les trois ans, une bourse au meilleur élève pour un complément de formation à Paris ; parmi eux, Auguste Hussenot et Robert Dupuy. L’école de peinture attribue aussi des prix, en 1824, c’est Auguste Mennessier qui l’obtient et se rend à Paris. 

Portrait d'Auguste Hussenot                --            Auguste Mennessier, La Vieille porte.

Portrait d'Auguste Hussenot -- Auguste Mennessier, La Vieille porte.

Les académies deviennent de plus en plus importantes.

La Société royale des sciences et des arts, rétablie en 1819, compte parmi ses membres, Henri Scoutetten, médecin, amateur d’art éclairé, il collectionne les œuvres d’Octavie Sturel-Paigné, élève de Maréchal.

La Société des amis des arts, créée en 1834 a pour objectif de soutenir les artistes mosellans en achetant leurs œuvres. 13 expositions auront lieu en différents endroits de la ville : bibliothèque, Palais de Justice, Hôtel de ville… Très intéressant, le catalogue de 1852 renseigne sur l’accrochage des œuvres dans les différentes salles et la liste des artistes de Metz et des autres villes : Nancy, Paris, Dijon …

Les peintures à l’huile sont accrochées dans le grand Salon, les pastels dans le salon carré, les aquarelles et les dessins dans le salon de Guise.

Parmi les artistes messins : 38 Peintres : Maréchal et son fils Raphaël, Auguste Hussenot et son fils Joseph, Devilly, Auguste Rolland, Mélanie Paigné et sa sœur Mme Sturel-Paigné, Auguste et Louis Mennessier, Salzard, Ferdinand de Lemud, Charles-André et Gonzalve Malardot, Auguste Marc, Jules Racine, … 1 Sculpteur : Fratin, 2 Graveurs : Bellevoye et Hurel, 1 Lithographe : Aimé de Lemud.

L’Union des arts créée en 1850 par Eugène Gandar, neveu d’Auguste Rolland compte 800 membres. Elle organise des expositions privées, des expositions publiques et des concerts. Sa revue mensuelle donne une impulsion très forte à la vie artistique messine.

Le Courrier de la Moselle, l’Indépendant de la Moselle, revues littéraires et artistiques, dont le rédacteur en chef Jean-François Blanc, fut d’abord professeur à l’école de dessin. Il publie aussi la revue de l’Union des arts : récits de voyages en Grèce, articles consacrés à des événements culturels de différentes villes : Bruxelles, Paris, Strasbourg, Colmar, Nancy… , articles consacrés aux expositions et concerts organisés à Metz.

Le compte rendu de l’exposition de 1852 démontre la vitalité de la peinture à Metz : « Deux ou trois expositions par an … C’est là un beau et encourageant résultat, … » plus loin, : « L’exposition s’est trouvée complétée le dernier jour par neuf dessins intéressants destinés à une loterie que M. Maréchal organise pour venir en aide à un jeune homme qui étudie la peinture ». On y découvre aussi que 3 peintres de Metz : Hussenot, Devilly et Pelletier ont exposé au Salon de Paris.

Laurent Charles Maréchal, autoportrait à 24 ans.

 

Gandar y rédige un grand article reprenant 25 années de création artistique à Metz (1825-1852). Il commence par Maréchal, continue avec Hussenot, Migette, Labroue, Salzard et Fratin…, poursuit avec la jeune génération, souvent les élèves ou les fils des maîtres de l’Ecole de Metz… Ce long article se termine par le souhait que le musée de Metz acquière des œuvres de ces artistes : « … le musée de Metz est […] d’une pauvreté déplorable […] sans chercher au dehors, elle (la municipalité) pourrait […] suppléer à tout ce qui lui manque, si elle s’occupait … de réunir une collection d’œuvres messines. »

Les Expositions et Salons sont d’autres facteurs qui démontrent le foisonnement et la qualité des productions industrielles et de la vie artistique.  A Metz, la première « Exposition des produits de l’industrie française » s’est tenue à l’hôtel de ville en 1823 et a réuni 132 exposants. Celle de 1828 comportait une section Beaux-Arts. L’Ecole de dessin messine remporte la médaille d’argent dans la rubrique dessin. En peinture, Auguste Hussenot, qualifié de « maître habile », est médaillé pour un portrait de l’évêque de Metz. D’autres rubriques, la gravure, lithographie, sculpture, ciselure, miniature et même un paysage brodé en soie dans les tableaux à l’aiguille sont récompensées.

Sont mentionnées aussi les industries de la Moselle aux expositions parisiennes : de Wendel, les faïences de Sarreguemines et les cristaux de Saint-Louis. Le jury de Metz regrette de ne pas disposer d’un nombre suffisant de médailles d’or pour en attribuer une à la verrerie de Meisenthal.

Outre l’Exposition de la Société des amis des arts en 1834, à Metz et le Salon de Paris en1845, où Baudelaire égratigne un pastel de Laurent MARÉCHAL mais reconnait l’existence de « ces messieurs de l’Ecole de Metz » dans le compte rendu, l’évènement majeur pour l’Ecole de Metz est sans doute l’ Exposition universelle de 1861. C’est la 4e seulement, après Londres, New York et Paris. Elle se tient de mai à septembre. Pour l’organisation, une commission de réflexion est créée. Parmi ses membres, le maire de Metz, Félix Maréchal, le médecin Henri Scoutetten, président de l’Académie impériale de Metz et Laurent-Charles Maréchal, chef de file de l’Ecole de Metz.

Une médaille est gravée pour l’occasion par Charles-Bouvet : diam 4,5 cm. D’un côté les armoiries impériales et celles de Metz mêlées dans un nouveau blason. De l’autre les bustes de Napoléon III et de l’impératrice Eugénie.

 

Création d’un journal spécial qui publie 45 numéros : L’exposition universelle de Metz. Journal de l’agriculture, du commerce, de l’industrie et des Beaux-Arts. Des reporters, installés à Metz le temps de la manifestation, rédigent régulièrement des articles dans L’Illustration et le Monde illustré.

Pour accueillir l’exposition, on construit différents pavillons, une galerie en bois sur la place Royale (actuelle place de la République), une serre d’horticulture sur l’Esplanade, et, derrière la statue du maréchal Ney, un bâtiment pour exposer les œuvres d’art et un jardin paysager.

Au lendemain de la Visioconférence « L’Ecole de Metz », le 18 novembre 2020, à 17h.
Au lendemain de la Visioconférence « L’Ecole de Metz », le 18 novembre 2020, à 17h.
Au lendemain de la Visioconférence « L’Ecole de Metz », le 18 novembre 2020, à 17h.

En même temps que l’Exposition de l’Agriculture, de l’Industrie, des Beaux-Arts, et de l’Horticulture, la ville organise le Concours agricole, un concours hippique, un concours nautique d’aviron (le Pavillon des régates messines en est un vestige), un festival de musique, un concours d’orphéons (chorales masculines).

En peinture, les pays voisins sont présents : Allemagne, Angleterre, Belgique, Espagne, Hollande, Prusse, Grands Duchés de Luxembourg, de Bade, … , ainsi que des peintres français de premier plan : Camille Corot, Narcisse Diaz de La Pena, Paul Huet, du groupe de Barbizon, et Eugène Delacroix dont sa Montée au calvaire achetée par la ville de Metz.

Auguste Hussenot, Portrait de Migette.

 

L’Ecole de Metz, quant à elle, est bien représentée par 32 peintres parmi lesquels : Auguste Migette, Laurent-Charles Maréchal, son fils Raphaël, Théodore Devilly, Mélanie Paigné, et de nombreux autres de ses élèves, Auguste Menessier, Auguste Hussenot, et plusieurs de ses élèves… Une rétrospective hommage à 3 artistes disparus : Auguste Rolland, (Rémilly), Salzard, et Octavie Sturel-Paigné, élève de Maréchal. Des peintres des environs de Metz, Pont-à-Mousson, Sierck, … certains nés à Metz et installés à Paris : Joseph Hussenot, fils d’Auguste … exposent aussi.

Cette Exposition universelle de Metz a réuni plus de 2 000 exposants et 200 000 visiteurs pour une ville de 40 000 habitants !

 

Gardons le contact, la prochaine visio-conférence aura lieu

le  mardi 15 décembre, à 17h.

L'Ecole de Metz (2ème partie).

pour les adhérents de LesArts57.

Partager cet article
Repost0
6 novembre 2020 5 06 /11 /novembre /2020 09:47
Peinture murale, cathédrale de Metz, 1481.

 

Même si les sourires étaient dissimulés par les masques, c’est avec un réel plaisir que Les Arts 57 ont renoué avec les rencontres culturelles.  Nous étions 24, munis de nos propres écouteurs, à suivre Marie-Laure Schuck, notre charmante guide de l’office de tourisme. Après la prise en main et vérification des audiophones, le groupe traverse la place d’Armes et rejoint la Cathédrale Saint Etienne.

Visite guidée à la Cathédrale Saint Etienne de Metz, peintures murales et épitaphes, jeudi 8 octobre 2020.

Dans l’imaginaire collectif, les édifices médiévaux sont sobres et dépouillés, en réalité les églises et cathédrales du Moyen-Age étaient entièrement peintes, l’église de Sillegny ou la cathédrale Sainte Cécile d’Albi en sont encore de beaux témoignages.

A la cathédrale de Metz, le programme peint est discret, il ne subsiste qu’une dizaine d’épitaphes antérieures à la Révolution.  Une épitaphe est une inscription funéraire. Elle peut être gravée sur un tombeau, évoquant en une phrase le défunt. Elle peut l’être aussi sur une tablette de marbre, de bronze ou de cuivre ou encore peinte sur un pilier ou mur d’église. Après la Révolution, en 1791, l’ingénieur Claude Gardeur-Lebrun fut chargé de faire disparaitre la plupart des inscriptions funéraires . Celles en métal furent fondues et envoyées à la Monnaie, celles en marbre utilisées pour la réfection de sols.

Dans les peintures murales encore visibles, on distingue des ex-voto, ou images de dévotion, ce sont des offrandes en guise de remerciement pour une grâce accordée, et des épitaphes peintes comportant des inscriptions à la mémoire de chanoines ou chevalier.

Visite guidée à la Cathédrale Saint Etienne de Metz, peintures murales et épitaphes, jeudi 8 octobre 2020.

C’est en levant les yeux, et à la lumière de torches que nous découvrons ces peintures touchantes, visiblement anciennes, même si certaines furent plus ou moins restaurées. Ici, une Annonciation gracieuse, là, le martyre du saint patron des tanneurs, corporation importante dans la cité messine au Moyen-Age, ailleurs une jeune fille, au prénom moderne, porte un panier à proximité d’un personnage bizarre…

Visite guidée à la Cathédrale Saint Etienne de Metz, peintures murales et épitaphes, jeudi 8 octobre 2020.
Visite guidée à la Cathédrale Saint Etienne de Metz, peintures murales et épitaphes, jeudi 8 octobre 2020.
Visite guidée à la Cathédrale Saint Etienne de Metz, peintures murales et épitaphes, jeudi 8 octobre 2020.

Sur d’autres piliers, des triptyques foisonnants de symboles : un noble abbé, crosse magnifique et gants blancs, un somptueux Christ aux outrages entouré de nombreux personnages, une élégante Vierge à l’Enfant, une Pieta en souffrance, un archange protégeant une petite âme nue en terrassant un diable …

peintures murales, photos Christian Comte.
peintures murales, photos Christian Comte.

peintures murales, photos Christian Comte.

Certaines inscriptions renseignent sur l’identité, l’origine, la profession, les circonstances de la mort, par exemple ce valeureux chevalier tombé pendant le siège de Metz en 1552. Elles donnent des indications aussi sur leur lieu de sépulture dans la cathédrale, vraisemblablement, à proximité des inscriptions selon une hiérarchie pour ceux qui ont le droit d’y être inhumés : des dignitaires religieux, évêques, chanoines, des laïcs ayant œuvré à la construction de la cathédrale, un maitre d’œuvre légendaire, un maitre verrier célèbre.

Visite guidée à la Cathédrale Saint Etienne de Metz, peintures murales et épitaphes, jeudi 8 octobre 2020.
Visite guidée à la Cathédrale Saint Etienne de Metz, peintures murales et épitaphes, jeudi 8 octobre 2020.
Visite guidée à la Cathédrale Saint Etienne de Metz, peintures murales et épitaphes, jeudi 8 octobre 2020.
Visite guidée à la Cathédrale Saint Etienne de Metz, peintures murales et épitaphes, jeudi 8 octobre 2020.

Pour laisser le plaisir de la découverte aux participants de la 2ème visite guidée, nécessairement reportée, l’intégralité du compte rendu ne sera mis en ligne qu’au printemps sans doute.

Toute l’équipe de LesArts57 vous remercie de votre confiance et se tient prête à reprogrammer les rencontres dés que les conditions sanitaires le permettront avec, bien sûr, respect des consignes. Prenez soin de vous et de vos proches pour mieux se retrouver.

Partager cet article
Repost0
16 septembre 2020 3 16 /09 /septembre /2020 10:36
La Danse II ,  Henri Matisse,  1910,  260 × 391 cm, Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg.

La Danse II , Henri Matisse, 1910, 260 × 391 cm, Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg.

Magnifique, très colorée, cette grande toile de Matisse, choisie par LesArts57, touche par le dynamisme qu’elle dégage. Cinq danseurs nus, tête baissée, forment une ronde en se tenant la main.  Trois couleurs seulement : « La surface du ciel a été colorée à saturation jusqu'à ce que le bleu, l'idée du bleu absolu, soit omniprésente. Un vert lumineux pour la terre et un vermillon éclatant pour le corps. Avec ces trois couleurs j'avais mon harmonie de lumière et la pureté de ton » expliqua le peintre. Le cadrage serré autour des personnages, les postures toutes différentes, les corps parfois même en déséquilibre, emportés par la farandole donnent beaucoup de dynamisme à cet instantané « pris sur le vif ». Les formes simplifiées et cernées de noir des corps en mouvement se détachent sur le fond, cambrés en haut, en extension en bas.

 

Deux mains tentent de se rejoindre, judicieusement placées devant la jambe d’une danseuse, l’harmonie du cercle n’est pas rompue.

Les courbes dominent partout : dans la composition en ellipse, dans la ligne du sol, dans le dessin des silhouettes. Pas d’élément de paysage ou d’architecture qui créerait de la perspective, ce dépouillement concentre l’attention sur les figures dansantes faisant, comme elles, abstraction de tout ce qui les entoure.

 

Cette œuvre aux dimensions importantes, 260 X 391 cm, est une commande d’un riche collectionneur russe Sergueï Chtchoukine  pour décorer la cage d'escalier de son hôtel particulier à Moscou, projet qui se concrétisera finalement par deux panneaux de grande taille : la Danse et la Musique.

Le Bonheur de vivre, 1906. (Rebaptisée Joie de Vivre )

L'idée de cette ronde, qui a inspiré Matisse, est une danse de pêcheurs : la Sardane, farandole catalane traditionnelle qu’il a observée dans la ville de Collioure. Ce motif, Matisse l'avait déjà placé au centre du "Bonheur de vivre ", toile peinte en 1906 qui déclencha quelques fureurs au Salon des Indépendants, début de la période fauve.  

La Danse I, 1909, MOMA (Museum of Modern Art) de New-York.

 

En 1909, une première version de "La Danse" est traitée dans des couleurs claires, Matisse n’en est pas entièrement satisfait.

La seconde version, La Danse II fait scandale au Salon d’Automne de 1910 :  nus audacieux, couleurs vives, simplicité apparente, caractère primitif… (influence de Van Gogh, Gauguin…). Les artistes fauves partagent avec les primitivistes leur intérêt pour les communautés indigènes, en communion avec la nature.  Cet accueil dévastateur de la part des critiques fait réfléchir Chtchoukine qui avait fait le déplacement :"Je ne peux pas exposer des nus dans ma cage d'escalier... Essayez de refaire la même ronde avec des filles habillées...". Séduit malgré tout par la peinture, il décide de faire fi des usages de la bonne société de l'époque, et ordonne, dans un second temps, à Matisse de ne rien changer à l'apparence de ses personnages et de poursuivre son travail.

La Danse II, et  La Musique,  1910,  Huiles sur toile, 260 x 391 cm,  Saint-Pétersbourg, Musée de l'Ermitage.

La Danse II, et La Musique, 1910, Huiles sur toile, 260 x 391 cm, Saint-Pétersbourg, Musée de l'Ermitage.

Pendant de La Danse, La Musique repose sur la notion de calme. La composition en diagonale des corps immobiles crée un subtil équilibre. Les personnages y sont disposés comme des notes sur une portée. Désorienté et abasourdi par les commentaires scandalisés des critiques, Sergueï Chtchoukine expédie dès son retour à Moscou cette dépêche à Matisse : "Réfléchi pendant voyage. Décidé prendre panneaux. Envoyez Danse et Musique rapidement S.V.P. Salutations."   La Danse et la Musique arrivent à Moscou le 17 Décembre 1910. A la demande du collectionneur cependant, un repeint de pudeur cache la partie intime du joueur de flûte. Les deux tableaux ornent perpendiculairement le palier de l’escalier et se complètent parfaitement, le dynamisme de l’un équilibré par la paisible harmonie de l’autre. En 1918, sa collection nationalisée, Chtchoukine s’exile à Paris. Après de nombreuses péripéties, ces toiles se trouvent actuellement exposées au Musée de l'Ermitage à St. Pétersbourg.

André Derain, Portait d’Henri Matisse, 1905.

 

en 1869 au Cateau-Cambrésis, Henri Emile Benoit Matisse, étudiant en droit, est contraint de garder le lit pendant de longues semaines après une appendicite. Grace à la boite de couleurs offerte par sa mère, « transporté dans une espèce de paradis », il se consacre à la peinture qu'il sait être sa véritable vocation. Il suit les cours de Gustave Moreau aux Beaux-Arts de Paris, admire Ingres, Cézanne, côtoie Pissaro, Derain, Marquet, Vlaminck, … et fait scandale avec Femme au chapeau au Salon d’Automne de 1905.

Henri Matisse, Autoportrait, 1918, Le Cateau-Cambrésis

 

Novateur, par sa nouvelle manière de peindre :  aplat de couleurs pures, éclatantes, lignes délimitant le dessin simplifié, courbes sensuelles des corps… il est reconnu comme le chef de file du mouvement fauve. Son Bonheur de vivre inspire Les Demoiselles d’Avignon à Picasso, admiration réciproque des deux artistes.

Henri Matisse en visite chez Chtchoukine en 1911, devant La Dame en vert, peinte en 1909.

 

Matisse suscite rapidement l’intérêt de grands collectionneurs étrangers et grâce à leur soutien, peut s‘affranchir des contraintes matérielles et s’adonner librement à sa passion. Il voyage beaucoup Londres, Biskra (Algérie), Collioure, New York, Moscou, Séville, Tanger (Maroc), Tahiti, San Francisco, …

Très malade, il innove encore à la fin de sa vie avec le découpage de papiers gouachés : « je dessine tout droit dans la couleur ». Matisse meurt à Nice en 1954. Ch.CL. 09-20.

La Danse.

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

Le jeudi 8 octobre à 14 h 15, Visite guidée à la Cathédrale de Metz

« Peintures murales, tombeaux et épitaphes ».

Application des précautions sanitaires.

Réservation obligatoire par mail ou par tél.

lesarts57@gmail.com  ou tél.   03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

Partager cet article
Repost0
25 août 2020 2 25 /08 /août /2020 17:00

Gustave Caillebotte, Les Raboteurs de parquet, 1875, 102 x 147 cm, Musée d’Orsay, Paris.

Gustave Caillebotte, Les Raboteurs de parquet, 1875, 102 x 147 cm, Musée d’Orsay, Paris.

Nouveau coup de cœur partagé par LesArts57, cette grande toile réaliste presque photographique qui célèbre le travail des artisans, fin XIX ème. Caillebotte a sans doute profité de la réfection du plancher d’un appartement familial dans un immeuble haussmannien pour observer précisément les postures, gestes et outils des ouvriers.

 

Composition très étudiée. Cadrage décalé en plongée mais position centrale d’un ouvrier en action.  L’alignement des lames souligne les lignes de fuite. La perspective est interrompue par le décor (stuc ou boiseries ?) et la porte fenêtre, source de lumière, qui ouvre sur un petit balcon aux élégantes volutes de fer forgé.

Trois ouvriers travaillent à genoux, torse nu. La lumière rasante à contre-jour fait luire la sueur de leur peau, mettant en valeur leur musculature athlétique.  Leurs bras semblent un peu démesurés.  Travail très physique. Pour les désaltérer, une bouteille de vin placée à droite, sur un marbre de cheminée. Au fond les sacoches à outils.

                                               Les Raboteurs de parquet.

L’ouvrier de droite passe en premier pour raboter les joints des lames. Le marteau lui permet d’amener son outil dans la position idéale par petits coups sur le cul du rabot. Les deux autres ouvriers travaillent au racloir, sorte de fer plat rectangulaire pour racler la partie médiane des lames ; la qualité de leur travail est liée au bon affûtage de l’outil grâce à l'affiloir. L'ouvrier de gauche est en train de s'en saisir de sa main droite, celui de l'ouvrier central est au premier plan devant lui. Le raboteur pousse son outil vers l'avant, tandis que le racleur tire l'outil vers lui en lui donnant le bon angle d'attaque. Il tient fermement le racloir de ses deux mains, ses pouces placés à l'arrière, générant de fins copeaux.

Grâce à ses nombreux dessins préparatoires, on sait que Caillebotte réfléchit mûrement à la composition de ses tableaux. Il réalise des esquisses, positionne des calques, dessine une à une toutes les parties avant de les reporter au carreau sur la toile. La palette de couleurs sobre est réchauffée par des touches fines ocre, marron. Très lumineux malgré tout, c’est un instantané de ces hommes en plein mouvement : la position transversale de l’ouvrier de gauche en train de saisir l’outil, les deux autres parlant entre eux. Par la beauté de cette scène très vivante, Caillebotte met en valeur l’amour du « travail bien fait », la compétence des ouvriers. On a presque l’impression de sentir l’odeur du bois, celle de leur sueur. Le rude travail des ouvriers dans une demeure bourgeoise prend une dimension sociale mais le tableau met en valeur leur dignité et témoigne d’une profonde humanité.

Cette scène de genre représente des ouvriers urbains, ce qui est plutôt rare à cette époque, où le monde rural est le plus souvent montré (Millet, Courbet). Sujet heurtant par ce quotidien au réalisme cru, jugé trop « vulgaire ! », le tableau est refusé au Salon de 1875. Caillebotte rejoint les impressionnistes et le présente à la seconde exposition du groupe en 1876, essuyant néanmoins la critique de Zola qui condamne cette « … peinture tout à fait anti-artistique … peinture bourgeoise à force d’exactitude ». C’est aujourd'hui l'une de ses œuvres les plus célèbres présentée au Musée d'Orsay.

Le Parc de la propriété Caillebotte à Yerres, 1875, Coll. Part.

Gustave nait à Paris en 1848 dans une famille très aisée. Le père, Martial Caillebotte, peut être considéré comme l’archétype de l’entrepreneur français. Il bâtit sa fortune dans la vente de drap aux armées de Napoléon III  puis dans les biens immobiliers lors du redéveloppement du Paris haussmannien. Gustave a 12 ans lorsque la famille Caillebotte s’installe dans une belle propriété à Yerres, au Sud Est de Paris, source d’inspiration de nombreuses toiles.

Devenu très riche et notable bien dans le style du Second Empire, à sa mort en 1874, le père lègue à ses 4 fils un héritage qui leur permet de vivre à l'abri de toute contingence matérielle et de se consacrer pleinement à leurs nombreuses passions.

Autoportrait au chapeau d’été, coll.part.

 

Après sa formation académique auprès de Léon Bonnat, la peinture réaliste de Gustave évolue fortement au contact de ses amis impressionnistes à partir de 1877. La touche lisse et le dessin apparent disparaissent au profit d’une touche fragmentée, d’une évocation des formes et de la lumière par juxtaposition des couleurs. La palette s’éclaircit et s’enrichit.  Des vues des rues de Paris depuis des balcons élevés, des scènes de la vie ouvrière, des paysages naturels de jardins et parcs, des bateaux … en tout quelques 500 œuvres dans lesquelles on retrouve son souci du détail, ses notes colorées, son rendu de la lumière, ses angles insolites. Il aborde la peinture comme un loisir, ne se considère pas comme un grand peintre, mais est organisé, volontaire et talentueux. 

Photo de Martial et Gustave Caillebotte.

Mécène généreux, Gustave aidera financièrement, tout au long de sa vie, ses amis impressionnistes en leur achetant leurs œuvres à des prix élevés, en supportant les frais et en leur organisant des expositions :  Degas, Monet, Pissarro, Renoir, Cézanne, Sisley, Berthe Morisot … Avec son frère, Martial, musicien et photographe, ils partagent longtemps le même lieu de vie et les mêmes passions : philatélie, nautisme à Argenteuil…

 

En 1881, il achète une maison avec jardin au Petit-Gennevilliers sur les bords de Seine où il réalisera nombre de ses œuvres. Horticulteur émérite, il correspond avec Monet à Giverny. Régatier et architecte naval, passionné de vitesse, il dessine et construit des bateaux aux multiples innovations (voile en soie, lest extérieur, coques aérodynamiques, etc.) avec lesquels il remporte de nombreux titres.

 

La Maison de l’artiste au Petit-Gennevilliers, 1883, 65 x 54 cm. Coll.part.

Autoportrait, 1892, Musée d’Orsay, Paris.

 

Personnage aux facettes multiples, d’une grande et discrète générosité, Gustave Caillebotte meurt à 46 ans en 1894, léguant son importante collection à l’Etat qui, grâce à Renoir, son ami, et Martial, son frère, sera finalement acceptée par les Musées Nationaux. Apprécié aux Etats-Unis, il fut largement oublié en Europe jusqu'à la fin du XX ème siècle, il est considéré maintenant comme un grand peintre impressionniste à l'œuvre originale et diverse.   Ch. CL. 08-20.

 

Partager cet article
Repost0
24 juillet 2020 5 24 /07 /juillet /2020 10:35
Le Rapt de Proserpine, Le Bernin, 1621/1622, Marbre, 255 cm, Galerie Borghèse, Rome.

Le Rapt de Proserpine, Le Bernin, 1621/1622, Marbre, 255 cm, Galerie Borghèse, Rome.

Nouvelle œuvre choisie par LesArts57, cette grande et magnifique sculpture de marbre blanc, installée à la Galerie Borghèse à Rome.

Dans ce groupe, un homme musclé, barbu et couronné porte avec force, sur le côté, une jeune femme aux cheveux longs. Un drapé judicieusement placé cache en partie leur nudité. Composition « en spirale » remarquable. La courbure des 2 corps dessine des arcs opposés, exprimant la tension dramatique de l’homme puissant, qui soulève, en l’enserrant fermement, la jeune femme fragile.

 

Assis à l’arrière, gueules ouvertes, le chien à 3 têtes stabilise l’ensemble.

Ce n’est autre que Cerbère, gardien des Enfers qui accompagne Pluton, le Dieu du royaume des Ombres.

 

La posture de la jeune femme indique qu’elle cherche de toutes ses forces à s’extraire de l’emprise, son bras gauche repousse la tête, le reste du corps s’écarte de son ravisseur. La terreur se lit sur son visage, la bouche ouverte donne l’impression qu’elle laisse échapper un cri.

La rugosité du corps musculeux de Pluton contraste avec la douceur du corps féminin de Proserpine. Sa chevelure en mouvement accentue le dynamisme de la scène.

 

 

Gian Lorenzo Bernini, dit Le Bernin, sculpte le marbre avec tant de virtuosité qu’il réussit à y représenter, avec beaucoup de sensualité, la pression des doigts dans la chair des cuisses et de la taille de la jeune déesse. Même des larmes coulent sur sa joue !

 

Cet instantané tragique, figé dans le marbre, provoque beaucoup d’émotion et d' admiration pour le talent incroyable de ce jeune sculpteur qui a fait naitre d’un bloc de pierre une telle merveille.

 

Galerie Borghèse, Rome.

 

Cette sculpture commandée au jeune Bernini, il n’a que 23 ans, par Scipion Borghèse, illustre un épisode de la mythologie grecque : Les Métamorphoses d’Ovide transposées par les romains.

Alors que Proserpine (Perséphone chez les Grecs), fille de Cérès (Déméter), déesse des moissons, cueille des fleurs en forêt, le dieu des Enfers, Pluton (Hadès), l’enlève et l’emmène avec lui dans son royaume souterrain. Frappé par l’une des flèches de Cupidon (Eros), il est tombé fou amoureux de Proserpine en la voyant. Folle d’inquiétude, Cérès cherche sa fille désespérément, et néglige ainsi sa tâche de nourricière des hommes. Jupiter (Zeus) décide alors d’intervenir et permet à Proserpine de rejoindre sa mère pendant 6 mois, (joie et renouveau : c’est le printemps et l’été). Pendant le reste de l’année, elle restera aux côtés de son nouvel époux, dans le royaume des ombres (automne et hiver), créant ainsi le cycle des saisons sur terre ...

Autoportrait, 1622, Rome, Galerie Borghèse.

 

 

Gian Lorenzo Bernini, dit Le Bernin, fils du sculpteur florentin Pietro Bernini, naît en 1598 à Naples. Dès son plus jeune âge, il travaille à l’atelier, aux côtés de son père (qui a réalisé « La Barcaccia », la fontaine de la Place d’Espagne, à Rome). A 14 ans, il réalise le buste du Cardinal Borghèse. Son talent ne passe pas inaperçu. Le pape Urbain VIII ,  : « Seigneur Bernini,… cet enfant vous surpassera, et sera sans doute plus habile que son maître », ce à quoi Pietro répondit « Je ne m’en soucie pas. Votre Eminence sait qu’à ce jeu qui perd gagne. »

 

Autoportrait, 1640. Florence, Galerie des Offices.

 

Sculpteur, peintre, architecte, il est considéré comme l’un des plus grands sculpteurs de l’histoire. Favori des papes, il devient l'architecte de la place Saint-Pierre. On lui doit le baldaquin aux colonnes torsadées de la basilique Saint-Pierre, le dessin de la majestueuse colonnade et des statues qui encerclent la place, des fontaines monumentales, dont celle des Quatre Fleuves, et d’innombrables sculptures. Recherche du mouvement, torsion des formes (héritée de la figura serpentina), dynamisme impulsé dans ses œuvres, Le Bernin, figure de proue de l'art baroque italien, laisse une œuvre considérable. Il meurt en 1680 à Rome.  Ch. Cl. 07-20.

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

Droit à l'image

Les photos et images présentes sur ce site sont couvertes du droit à l'image; si l'une ou l'autre d'entre elles venait à outrepasser ce droit, nous nous en excusons et la retirerons immédiatement sur demande.
Les Arts 57

Recherche

QUI SOMMES-NOUS ?

 

 L’association Les ARTS 57 poursuit un but non lucratif et a pour objet la promotion des valeurs et actions culturelles et artistiques au profit des populations des villages et villes qui souhaitent y participer.

 

Donner le goût de découvrir, de même que les clés pour comprendre, apprécier et porter un jugement critique seront les objectifs de ce cycle de  conférences dans nos villages.

 

Le but est également de réunir, dans nos villages, des personnes partageant la même passion.

 Nous programmons au moins quatre rencontres par an et organisons deux  à trois visites guidées en fonction des événements culturels  dans la Région.

 

Liste des membres du conseil d’Administration

 

Présidente :                 Martine ZIEGLER  

Vice-présidente :         Chantal RENNER   

Trésorière :                  Geneviève DIDELOT

Trésorière adjointe :     Brigitte CROUZET

Secrétaire :                  Arielle SILICE-PALUCCI 

Assesseur :                  Catherine BOURDIEU  

Assesseur :                  Chantal CLEMENT

 

 

PARTENAIRES