Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 novembre 2021 4 25 /11 /novembre /2021 16:04

 

Pour la reprise de nos visites d’ateliers d’artisans d’art, après plus d’un an et demi d’interruption, nous nous sommes données rendez-vous sous la yourte mongole de Marie Claire Klein.
Il faisait un peu gris et humide ce 19 novembre à Lessy mais le plaisir de nous retrouver dans ce joli lieu, un peu nomade, nous a fait oublier le ciel maussade.

Visite d’un atelier d’artisan d’art : celui de Marie Claire Koch Klein, à Lessy le 19 Novembre 2021 à 14H.30.

Marie Claire nous a présenté ses terres cuites, appliques en forme de têtes de chèvres, petits personnages mutins, coquettes bavardes ou monstres faussement féroces.

Visite d’un atelier d’artisan d’art : celui de Marie Claire Koch Klein, à Lessy le 19 Novembre 2021 à 14H.30.
Visite d’un atelier d’artisan d’art : celui de Marie Claire Koch Klein, à Lessy le 19 Novembre 2021 à 14H.30.
Visite d’un atelier d’artisan d’art : celui de Marie Claire Koch Klein, à Lessy le 19 Novembre 2021 à 14H.30.
Visite d’un atelier d’artisan d’art : celui de Marie Claire Koch Klein, à Lessy le 19 Novembre 2021 à 14H.30.
Visite d’un atelier d’artisan d’art : celui de Marie Claire Koch Klein, à Lessy le 19 Novembre 2021 à 14H.30.

 

Nous avons appris ce qu’est une barbotine (colle fabriquée avec des débris de terre mélangés à de l’eau), de la terre chamottée (grès avec une terre granuleuse), une peinture à l’engobe (mince couche d’argile colorée et délayée déposée sur le sujet en terre) et suivi la confection d’un mug avec un gabarit.

 

Les canes de l’enclos voisin ont pondu des œufs, qui sont devenus de poétiques petites œuvres d’art. Peints à main levée aux stylos Posca, ils attendent les prochaines fêtes de Pâques.

 

Marie Claire nous a montré le travail de l’osier, surtout du saule mais aussi du cornouiller de différentes couleurs, et du raphia. Trempage de quinze jours pour le saule non écorcé, quelques heures si écorcé mais pour les deux une nécessité de travailler ensuite très vite la matière. Technique du zarzo espagnol où la structure du solide panier est faite d’un seul tenant avec ses parois, et du raphia tressé et cousu.

Visite d’un atelier d’artisan d’art : celui de Marie Claire Koch Klein, à Lessy le 19 Novembre 2021 à 14H.30.

Une rencontre amicale, simple et chaleureuse, d’où a surgi une idée : pourquoi ne pas organiser prochainement un stage raphia pour nos adhérents ??  Il ne faudrait que quelques brins de raphia, une grosse aiguille et de la ficelle !!

 

Un petit marché de Noel va se tenir bientôt…  !  A.S.

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

 Visite guidée au Musée de La Cour d’Or à Metz, 

jeudi 16 décembre à 14h45 sur place.

 

Réservation obligatoire par mail ou par tél.

lesarts57@gmail.com   ou tél.   03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

Partager cet article
Repost0
20 novembre 2021 6 20 /11 /novembre /2021 14:46
Les Arts 57 sur RCF Jerico Moselle

Dans le cadre de l’émission « Passeurs d’humanité », Mme Michèle Larchez avait sollicité LesArts57. Cette émission hebdomadaire d’une demi-heure dédiée aux associations et à leurs bénévoles passe sur RCF RADIO Jerico Moselle FM 102.0  les mardis à 19h30 et samedis à 9h30.  

Rendez-vous mercredi 17 novembre 2021, 14h30 pour cinq membres du comité organisateur, au 4 avenue Jean XXIII à Metz. Un peu impressionnées devant nos micros, Mme Larchez, nous met à l’aise avec beaucoup de bienveillance, et mène l’interview, surveillant l’horloge et en liaison avec le technicien dans la salle à côté, bien visible au travers de la vitre. Martine Ziegler, fondatrice de l’association avec Chantal Renner en 2010, raconte la genèse du projet, après une première conférence à Saulny, au succès inattendu. Ce joli moment de partage et d’échanges aussi avec Catherine Bourdieu, Chantal Clément, Geneviève Didelot et Arielle Silice Palucci sera diffusé le mardi 30 novembre à 19h30, et le samedi suivant, 4 décembre, à 9h30.

Partager cet article
Repost0
13 novembre 2021 6 13 /11 /novembre /2021 22:30
Cheri Samba, Stupefaction, 2009.

Heureux de pouvoir renouer avec les sorties culturelles, Lesarts57 proposaient, ce vendredi 29 octobre, la découverte de l’exposition « Face à Arcimboldo ».  Les 34 personnes réparties en 2 groupes sont emmenées par nos charmants guides, Clémentine à 15h, et Florent à 16h.

Au lendemain des visites guidées de l’exposition « Face à Arcimboldo » au Centre Pompidou Metz, le 29 octobre 2021.

 

S’il est universellement connu pour ses portraits composites, l’artiste reste assez mystérieux, très peu de documentation sur les premières décennies de sa vie. Giuseppe Arcimboldo, né en 1526 à Milan est sans doute décédé en 1593. L’autoportrait aux papiers roulés, daté 1587 dans le col, indique son âge : 61 dans les rides verticales du front. Très doué pour le dessin, il apprend aux côtés de son père qui travaille à la cathédrale de Milan ainsi qu’à celle de Florence.

Giuseppe Arcimboldo, Autoportrait, 1587.

Ces vitraux exceptionnellement prêtés par la cathédrale de Milan lui sont attribués. Restaurées, les couleurs ont repris leur éclat d’origine. L’idée de la fragmentation, le goût pour les masques et les monstres (têtes vertes), la présence de fruits et légumes apparaissent déjà.

Il réalise de très beaux dessins préparatoires des costumes pour les parades, fêtes, mariages, et déguise même les chevaux en dragons. Peintre, costumier et grand inventeur, par exemple le clavecin oculaire produisant de la lumière lorsqu’on appuie sur les touches, Arcimboldo a beaucoup de succès en Italie du Nord.

En 1562, il est sollicité par l’empereur Ferdinand 1er de Habsbourg pour devenir portraitiste à la cour de Vienne. Puissante dynastie de l’empire austro-hongrois, les Habsbourg par des alliances bien calculées, gouvernent en Europe pendant plus de 500 ans. Leur devise est « L’Autriche règne sur l’univers ». Arcimboldo y restera sous les règnes des 3 empereurs : Ferdinand Ier, Maximilien II et Rodophe II. Lors de parades ou mariages, les souverains et membres de la cour se déguisent : pour le thème des 4 saisons : le jeune prince est vêtu en « printemps » tandis que le vieux souverain l’est en « hiver » …   Passionné par les sciences, intelligent, véritable ingénieur (à l’image de Léonard de Vinci), il alimente aussi les cabinets de curiosités, favorisés par les expéditions maritimes qui rapportent des plantes, animaux, objets exotiques.

Antonietta Gonzalez, riche jeune fille au corps presque entièrement couvert de poils, était considérée comme une monstruosité. En réalité comme ses parents, elle était atteinte d’une anomalie génétique, l’hypertrichose. Les membres de sa famille étaient admirés comme des êtres exotiques mi- êtres humains, mi animaux, curiosités qu’on s’offrait entre princes. Son père Don Pedro avait été offert au roi de France puis au duc de Parme. Ce portrait fut réalisé par Lavinia Fontana, lors d’un séjour à Bologne où la marquise de Soragna venait montrer sa merveille.

Lavinia Fontana, Antonietta Gonzalez, 1594-95, huile sur toile, musée du Château royal, Blois.

En écho, des clichés d’une tête de femme à barbe sous un globe de verre conservée dans un musée questionne beaucoup. Par ces photos, l’artiste Zoé Leonard interroge ses contemporains sur le malaise engendré par des personnes pas conformes.

 

 Zoé Leonard, Preserved Head of Bearded Woman.1991. Musée d’Orfila. Ensemble de cinq épreuves gélatino -argentiques.

De même, ce film dérangeant tourné après la catastrophe de Fukushima au Japon, où dans le restaurant vide, une femelle singe portant un masque de théâtre No, est laissée à elle-même, et exécute par moments des gestes de routine appris par les humains.          Pierre Huyghe, Masque humain, 2014. Film de 19’.

Ces monstruosités inspirent beaucoup les artistes. La distorsion des corps, fusionnant avec la nature, mélangeant les règnes animal, végétal ou minéral, sont bien dans l’esprit maniériste du XVI ème siècle alors qu’à la Renaissance, on représentait plutôt le corps parfait.

L’exposition Face à Arcimboldo, met en regard justement les œuvres d’artistes du XX ème et XXI ème siècle, inspirés par le maitre lombard et qui surprennent par leur côté « arcimboldesque » !

Dès l’entrée, des œuvres étonnantes de Mario Merz : Table de Chagny, (1984), Cono, (1986) et Hommage à Arcimboldo (1987). La grande table en forme du signe de l’infini fait référence aux 4 saisons qui s’enchainent éternellement. Les légumes et fruits évoluent selon la période et sont renouvelés tous les 3-4 jours, la fleur de lys, symbole de la royauté, l’osier brut et un immense cône (Cono) en osier manufacturé de 4m de haut.  Matériaux humbles, utilisés dans notre quotidien, ces œuvres font partie de l’Arte Povera qui remet en valeur l’artisanat et l’importance du message.

Mario Merz, Table de Chagny, Cono.

Mario Merz, Table de Chagny, Cono.

L’immense crocodile, hôte fréquent des cabinets de curiosités, est réalisé en boules de papier journal paraffiné. Il est posé sur un support en fer et verre portant des nombres en néon lumineux :  c’est la suite de Fibonacci, suite mathématique associée à la perfection (comme le nombre d’or). Elle se retrouve dans l’organisation des graines de tournesol, le développement de pétales de fleurs, la coquille de nautile … Chaque terme suivant est obtenu en faisant la somme des 2 derniers : 0, 1 ,1, 2, 3, 5, 8, 13, 21 …  Cette œuvre dédiée à Arcimboldo, fasciné par les mathématiques et les sciences, a été présenté à la première rétrospective qui lui a été consacrée, au Palazzo Grassi à Venise en 1987.

À la tête du Centre Pompidou Metz depuis décembre 2019, Chiara Parisi, intéressée depuis son enfance par Arcimboldo, a imaginé cette exposition dans la lignée de celle de Venise.  250 œuvres de 130 artistes sont installées dans ce parcours d’une grande sobriété grâce aux parois de béton cellulaire. La scénographie très agréable des architectes Berger & Berger donne l’impression de se promener entre les murs d’une citadelle, dans un labyrinthe ouvert, où l’on va de surprise en surprise.

Man Ray, Portrait imaginaire d’Arcimboldo,1953, Liechtenstein.

Man Ray, Portrait imaginaire d’Arcimboldo,1953, Liechtenstein.

Près du rideau d’entrée, bleu dehors et jaune dedans, aux innombrables petits yeux brodés, deux œuvres de Man Ray. Fasciné par Arcimboldo, il en réalise un portrait imaginaire, de profil, recomposé géométriquement.  Il avait acheté une version de l’Hiver. Pour le mariage de son ami Max Ernst avec Léonora sur la colline d’Hollywood, il peint une version de sa « fabuleuse trouvaille » (en réalité une copie) pour leur offrir en cadeau.

« La première fois que j’ai vu ses œuvres, j’ai été stupéfié et n’en croyais pas mes yeux. … pour rendre hommage à ce grand inventeur, je me suis permis de reproduire l’une de ses œuvres… le monde nous a donné des artistes formidables. » Cheri Samba. Cet artiste congolais s’est peint face à l’Hiver reproduit trait pour trait. Arcimboldo signe rarement ses œuvres, mais dans celle-ci le A est présent dans sa toge.  Les citrons en guise de broche proviennent sans doute des orangeraies installées à la cour de Vienne.  Les lèvres champignon, le lierre ultra résistant, toxique, le visage et le cou vieilli, les rides profondes, un troisième niveau de lecture est possible : le personnage est-il malade ?

 

L’Hiver laisse la place au Printemps, …. Dans Les Quatre saisons, séries de portraits pour les souverains, les visages se regardent 2 par 2 :  L’Hiver, profil droit fait face au Printemps profil gauche, de même, l’Eté, profil droit, face à l’Automne, profil gauche.

Boutons de roses pour les lèvres, brin de muguet pour les dents, clochette en guise de boucles d’oreilles, pâquerettes et petites fleurs blanches pour la fraise et posée comme une plume sur la coiffe, une fleur de lys. Arcimboldo possède une parfaite connaissance de la botanique : plus de 80 variétés de plantes sont représentées et parfaitement identifiables. Le Printemps représente la jeunesse, la fraicheur, l’Eté plus mature, lumière plus orangée, l’Automne le visage se transforme, l’Hiver est plus flegmatique. Les Habsbourg règnent sur le temps mais aussi sur les vies…

 Giuseppe Arcimboldo, Les Quatre Saisons, Le Printemps, 1563, Madrid.

Au lendemain des visites guidées de l’exposition « Face à Arcimboldo » au Centre Pompidou Metz, le 29 octobre 2021.
Au lendemain des visites guidées de l’exposition « Face à Arcimboldo » au Centre Pompidou Metz, le 29 octobre 2021.
Au lendemain des visites guidées de l’exposition « Face à Arcimboldo » au Centre Pompidou Metz, le 29 octobre 2021.
Au lendemain des visites guidées de l’exposition « Face à Arcimboldo » au Centre Pompidou Metz, le 29 octobre 2021.

La série Les Quatre Eléments :  La Terre, l’Air, l’Eau et le Feu complète ces portraits à leur gloire.  Dans La Terre : un éléphant, un lion, un bélier (symbole de la toison d’or ?), antilopes, chevaux …  Maximilien II avait découvert un éléphant chez son cousin le roi d’Espagne. Envoyé à la cour de Vienne, l’animal décède rapidement, il est naturalisé et sert de modèle à Arcimboldo. Dans l’Eau, l’abondance de poissons peut évoquer l’étendue géographique de l’empire austro hongrois. Dans le Feu, la présence d’armes à feu suggère domination militaire et puissance guerrière…  D’autres séries des 4 saisons lui ont été commandées, dont une que Maximilien voulait offrir au prince électeur de Saxe, c’est celle qui est conservée au Louvre. Le Printemps et l’Automne ont été prêtés pour cette exposition. Le Printemps de Madrid appartient à la 1 ère série, 2 autres sont à Vienne et le 4ème à Stockholm. Arcimboldo n’a pas eu d’élèves mais il ne travaillait pas seul dans l’atelier.

En 1943, la revue Vogue commande à Marcel Duchamp une couverture pour un numéro consacré à l’anniversaire de l’Indépendance américaine. Une gaze imbibée de bétadine rouge, les 13 étoiles fondatrices, le profil de Georges Washington mais tournée dans l’autre sens, cette œuvre représente la carte des Etats Unis, Floride et Californie bien visibles. Evoquant un linge ensanglanté associé au drapeau, et considérée comme trop provocatrice, l’image n’est pas publiée.

Marcel Duchamp, Allégorie de genre, 1943.

Enfant terrible de l’art contemporain, Maurizio Cattelan réalise son portrait, une tête blanche de 1,50 m sur laquelle il place les œuvres qu’il a déjà réalisées : Hitler à genoux au ghetto de Varsovie, les pigeons empaillés postés sur les balcons de la Bourse de Commerce à Paris, les toilettes en or utilisables du musée Guggenheim (prêtées à Oxford, et volées !), les lettres de Hollywood, …. Lors de la biennale de Venise en 2011, il emmène ses visiteurs prendre un bus puis un avion puis de nouveau un bus jusqu’à la plus haute colline de Palerme où il a installé les lettres formant Hollywood (c’est en réalité, sur la plus haute décharge) !!!

Maurizio Cattelan, Sans titre, 2019, polystyrène, résine époxy, fibre de verre, peinture. Milan.

 

Ce portrait d’Hitler réalisé en 1934 par Victor Brauner, bien en avance sur la réalité de l’Histoire, appartenait à André Breton. Image inquiétante traduisant déjà la sauvagerie et l’absurdité d’un pouvoir totalitaire.

 Victor Brauner, Hitler, 1934, Centre Pompidou, Paris

Arcimboldo réalise les portraits pour les souverains, leur famille mais aussi les personnes emblématiques de leur entourage : le bibliothécaire, le juriste, le cuisinier…  Ce portrait du personnage qui gère non seulement la bibliothèque mais aussi le cabinet de curiosités est vraiment étonnant. Les livres empilés comme sur des rayonnages révèlent la construction fragile du savoir : si on en enlève un, l’ensemble peut s’écrouler. Livre ouvert en guise de chevelure au niveau du cerveau, profondeur du regard : les yeux sont figurés par les clés des coffres, barbe en queues de martre utilisées pour dépoussiérer les livres, doigts en marque-page. La forme triangulaire évoque celle d’un pupitre et peut être aussi, clin d’œil de l’artiste, la forme d’un A en guise de signature ?

 

Giuseppe Arcimboldo, Le Bibliothécaire, 1566, huile sur toile, Skoldoster, Suède.

 

Ce nuage bleu aux grandes touches intrigue. Œuvre de Glenn Brown, c’est une huile sur un grand panneau découpé. L’artiste a l’habitude de proposer des énigmes pour susciter l’intérêt de ceux qui les regarde. Fantôme, animal, plante ? si on le retourne, c’est Mademoiselle Gachet au piano de Van Gogh.

Glenn Brown, Song to the Siren, 2009.

Salvatore Dali.
Salvatore Dali.
Salvatore Dali.

Salvatore Dali.

Le maniérisme laissant progressivement la place au baroque et au rococco, à sa mort, et sans héritier, Arcimboldo est complètement oublié… Dans les années 1920-30, Salvatore Dali et les surréalistes le redécouvrent, s’en inspirent et le considèrent comme un « proto surréaliste ». Les images doubles, les paysages anthropomorphes, sont dans la lignée de l’esprit d’Arcimboldo, et de ses têtes réversibles.

Patrick Neu. Masque, 2010. Paris.--- Masque no. 2021.--- Francis Bacon, Head VI, 1949, Londres.--- René Magritte, Le Modèle rouge,1935, Paris.--- Iris Schieferstein, Horsesshoes, 2006. Berlin.--- Meret  Oppenheim, L’Ecureuil, 1969, Paris.
Patrick Neu. Masque, 2010. Paris.--- Masque no. 2021.--- Francis Bacon, Head VI, 1949, Londres.--- René Magritte, Le Modèle rouge,1935, Paris.--- Iris Schieferstein, Horsesshoes, 2006. Berlin.--- Meret  Oppenheim, L’Ecureuil, 1969, Paris.
Patrick Neu. Masque, 2010. Paris.--- Masque no. 2021.--- Francis Bacon, Head VI, 1949, Londres.--- René Magritte, Le Modèle rouge,1935, Paris.--- Iris Schieferstein, Horsesshoes, 2006. Berlin.--- Meret  Oppenheim, L’Ecureuil, 1969, Paris.
Patrick Neu. Masque, 2010. Paris.--- Masque no. 2021.--- Francis Bacon, Head VI, 1949, Londres.--- René Magritte, Le Modèle rouge,1935, Paris.--- Iris Schieferstein, Horsesshoes, 2006. Berlin.--- Meret  Oppenheim, L’Ecureuil, 1969, Paris.
Patrick Neu. Masque, 2010. Paris.--- Masque no. 2021.--- Francis Bacon, Head VI, 1949, Londres.--- René Magritte, Le Modèle rouge,1935, Paris.--- Iris Schieferstein, Horsesshoes, 2006. Berlin.--- Meret  Oppenheim, L’Ecureuil, 1969, Paris.
Patrick Neu. Masque, 2010. Paris.--- Masque no. 2021.--- Francis Bacon, Head VI, 1949, Londres.--- René Magritte, Le Modèle rouge,1935, Paris.--- Iris Schieferstein, Horsesshoes, 2006. Berlin.--- Meret  Oppenheim, L’Ecureuil, 1969, Paris.

Patrick Neu. Masque, 2010. Paris.--- Masque no. 2021.--- Francis Bacon, Head VI, 1949, Londres.--- René Magritte, Le Modèle rouge,1935, Paris.--- Iris Schieferstein, Horsesshoes, 2006. Berlin.--- Meret Oppenheim, L’Ecureuil, 1969, Paris.

Les masques antiques qui fascinaient Arcimboldo, inspirent aussi Patrick Neu. Fragiles, il les réalise en ailes d’abeilles récoltées chez des apiculteurs, après leur vie éphémère. Francis Bacon, passionné d’anatomie lui aussi, peint cette version du pape Innocent X d’après Velasquez. La bouche, seule au centre de la composition, impressionne et suffit à exprimer toute la violence qui se dégage de ce pape hurlant. Mélange des règnes pour ces sabots naturels transformés en chaussures à talons d’Iris Schieferstein qui questionne sur l’ambivalence de la morale dans notre société. Double lecture aussi pour Le Modèle rouge de René Magritte : processus de métamorphose d’un pied en bottine ou vice-versa. Meret Oppenheim, quant à elle, modifie des objets usuels : une simple chope à bière associée à une queue en fourrure et chacun y voit immédiatement un écureuil.

 

Animaux hybrides d’un bestiaire imaginaire aussi sur ces plafonds du XIII ème siècle redécouverts lors de la restauration d’une maison en 1896 à Metz. 

 

 

Au détour d’une allée, surprise !  Ce grand personnage altier, aux jambes en botte d’asperges accueille les visiteurs …  Unique sculpture arcimboldesque existante et contemporaine du maitre lombard, l’impressionnant Gardien du jardin intrigue. Une épigraphe en latin donne des indications. Commandée en 1664 par le comte Aliprandi pour le jardin potager de sa villa près de Milan, elle est réalisée en grès par un artiste qui demeure encore anonyme. Ce gardien imaginaire en appui sur sa jambe droite, massue et manteau en mains, évoque Hercule. L’épigraphe ajoute une allusion à Priape, puissant dieu de la nature dont le culte dans le monde antique était associé à la protection du monde agricole.

 

Custode dell’orto, (Gardien du jardin), 1664, 1,97 m, Bergame.

Giambologna, L’Apennin, vers 1580 terre cuite 33cm, Douai.

Réalisée par Giambologna cette petite terre cuite est le travail préparatoire au colosse de l’Apennin débuté en 1579. L’homme-montagne mesure environ 14 mètres de haut. Installé dans le jardin des Merveilles de la Villa di Pratolino près de Florence, Jupiter émerge de la pierre, au bord de l’étang, au cœur d’une nature qui se métamorphose au fil des saisons. Les entrailles de cette sculpture monumentale dissimulent un système hydraulique qui crée des jeux d’eau …

Hills and Clouds (2014) de Lynda BenglisHills and Clouds (2014) de Lynda Benglis

Hills and Clouds (2014) de Lynda Benglis

En écho, la monumentale fontaine de Lyndia Benglis se transforme. Le jour, c’est une colline en acier coulé coiffée d’un nuage en polyuréthane. La nuit, la peinture de la résine devient phosphorescente, l’acier n’est plus visible, et l’œuvre figure une fontaine dissimulant une grotte mystérieuse. 

« Jennifer est une sculpture confectionnée avec de la peau de porc ». L’artiste cherche « à réveiller le regardeur par un léger choc, … ce qu’il voit n’est pas tout ce qui est, … l’obligeant à faire une pause et à réfléchir…. C’est là tout le sens d’une œuvre d’art. » Heide Hatry.

Heide Hatry, Jennifer, 2009.

Pablo Picasso, La Guenon et son petit, Vallauris, 1951.

Picasso élabore la tête de l’animal en subtilisant deux petites voitures à son fils Claude, une jarre pour le corps, un amortisseur de voiture pour la longue queue. Comme dans les têtes composées d’Arcimboldo, l’artiste donne un sens nouveau aux objets usuels.

Humberto et Fernando Campana. Canapé.

 

Luxe rare, le visiteur est même autorisé à s’asseoir dans les confortables canapés en peau de yack réalisés par les frères Campana, designers brésiliens. Leur travail, basé sur le détournement de produits artisanaux ou de recyclage (bois, tissus, papier, clés, capsule...) transforme des matériaux modestes en objets opulents.  Créatifs, ils utilisent des couleurs, des mélanges inspirés des favelas et de la culture brésilienne.

Enfin dans la dernière allée, on pénètre dans étrange cabinet de curiosités, à l’image de celui de Rodolphe II, l’un des plus beaux de son temps. Il rassemble des « Artificialia », créées par l’homme et des « Naturalia », curiosités botaniques, animales ou minérales.

L’immense crocodile naturalisé rappelle qu’il représentait aussi le symbole du mal en Italie du Nord et se retrouvait souvent suspendu dans les églises.

 

Giuseppe Arcimboldo, Les Quatre Saisons, Le Printemps, l’Automne, 1573, Paris, Musée du Louvre.
Giuseppe Arcimboldo, Les Quatre Saisons, Le Printemps, l’Automne, 1573, Paris, Musée du Louvre.
Giuseppe Arcimboldo, Les Quatre Saisons, Le Printemps, l’Automne, 1573, Paris, Musée du Louvre.
Giuseppe Arcimboldo, Les Quatre Saisons, Le Printemps, l’Automne, 1573, Paris, Musée du Louvre.
Giuseppe Arcimboldo, Les Quatre Saisons, Le Printemps, l’Automne, 1573, Paris, Musée du Louvre.
Giuseppe Arcimboldo, Les Quatre Saisons, Le Printemps, l’Automne, 1573, Paris, Musée du Louvre.
Giuseppe Arcimboldo, Les Quatre Saisons, Le Printemps, l’Automne, 1573, Paris, Musée du Louvre.
Giuseppe Arcimboldo, Les Quatre Saisons, Le Printemps, l’Automne, 1573, Paris, Musée du Louvre.
Giuseppe Arcimboldo, Les Quatre Saisons, Le Printemps, l’Automne, 1573, Paris, Musée du Louvre.
Giuseppe Arcimboldo, Les Quatre Saisons, Le Printemps, l’Automne, 1573, Paris, Musée du Louvre.
Giuseppe Arcimboldo, Les Quatre Saisons, Le Printemps, l’Automne, 1573, Paris, Musée du Louvre.

Giuseppe Arcimboldo, Les Quatre Saisons, Le Printemps, l’Automne, 1573, Paris, Musée du Louvre.

Une niche aménagée met en valeur Le Printemps et l’Automne, de la 2 ème série des Quatre Saisons. Prêtées par le Louvre, elle se distingue par une guirlande de fleurs qui entoure les têtes. Elle a été réalisée 150 ans plus tard par un peintre anonyme.

Jan Svankmajer transforme son atelier en cabinet de monstruosités où il mélange règne animal végétal et minéral.

Felix Gonzales-Torres, Portrait de mon père.

Felix Gonzales-Torres, Portrait de mon père.

80 kg de jolis bonbons au départ de l’exposition, l’œuvre de Felix Gonzales-Torres, artiste minimaliste et conceptuel représente le portrait de son père qu’il veut partager avec le visiteur. Ce bonbon transparent, blanc, doux et fort présente les caractéristiques et le poids de son père, ouvert, pur, à la fois doux et fort. Lors de notre visite, il en restait approximativement moins de 50 kg. Œuvre étonnante, destinée à créer un lien entre l’artiste et le spectateur et à disparaitre au fur et à mesure. 

 

Passionnantes et trop vite écoulées, ces visites guidées par Clémentine et Florent nous ont permis de mieux comprendre comment l’univers créatif, inventif, et foisonnant d’Arcimboldo inspire encore tant d’artistes. Florent, d’ailleurs un peu dans l’esprit arcimboldesque aussi, se déguise pour animer des balades théâtralisées de Metz dans les ECHAPPEES TEMPORELLES.

Giuseppe Arcimboldo, Autoportrait, 1593, Prague.

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

 Mardi 23 novembre 2021 à 20h salle polyvalente de Saulny

La street photography.

Conférence présentée par Mr Eric Pedon,

Enseignant chercheur en information, communication, spécialiste de photographie contemporaine.

Réservation obligatoire par mail ou par tél.

lesarts57@gmail.com   ou tél.   03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

Partager cet article
Repost0
12 octobre 2021 2 12 /10 /octobre /2021 10:27
Botticelli, La Vierge à la grenade, 1487.

 

Organisée par LesArts57 en partenariat avec Les Amis du Temple de Longeville-les-Metz "Point Orgue", cette soirée présentée par Catherine BOURDIEU, maîtresse de conférence en histoire de l'art à l'Université de Lorraine a rassemblé 57 personnes.

Précautions d’usage à l’entrée : pass sanitaire, masque et gel, et belle occasion de redécouvrir le temple protestant. Très impliquées dans l’association des amis du Temple, Marianne et Nicole œuvrent activement pour la restauration de l’orgue. Leurs efforts commencent à donner de beaux résultats. Le facteur d’orgue de la maison Link (Württemberg) vient régulièrement, les 500 tuyaux ont été démontés, la soufflerie restaurée, soit les 2/3 du travail effectué. Après l’exposition « L’art au temple » qui a remporté un franc succès, ce sera « La mode au temple » les 23 et 24 octobre : création de bijoux, sacs, relooking de vestes en jean, de fauteuils par de talentueuses artistes, paraît-il …

Au lendemain de la conférence « Sandro Botticelli, peintre florentin du Quattrocento », le 28 septembre 2021, à Longeville-les Metz.Au lendemain de la conférence « Sandro Botticelli, peintre florentin du Quattrocento », le 28 septembre 2021, à Longeville-les Metz.

Le sujet choisi pour cette conférence fait écho à l’exposition « Botticelli, artiste et designer » au musée Jacquemard-André à Paris (jusqu’au 24-01-2022).

Alessandro di Mariano di Vanni Filipepi, dit Sandro Botticelli, né à Florence en 1445, grandit dans l’environnement artistique de la première Renaissance italienne. Ayant peu de goût pour l’école, il est placé en apprentissage chez un orfèvre, où il acquiert précision du détail et minutie.

Intéressé par la peinture, il entre dans l’atelier de Fra Filippo Lippi en 1465, maître très réputé pour ses Vierge à l’Enfant. Marie tient l’Enfant sur ses genoux, face à elle. Jésus tente de s’approcher et d’effleurer sa joue. Elle semble songeuse, presque absente. Son visage juvénile, gracieux, mélancolique est coiffé d’un voile aérien orné d’un liseré d’or. Des perles rehaussent les enroulements du voile qui enserre les cheveux et le décolleté de la robe. L’auréole, parsemée de petits points dorés, renforce l’effet précieux du portrait. Très travaillé, le paysage de l’arrière-plan représente à gauche une rivière qui serpente entre les rochers, à droite un sentier creusé dans la montagne qui mène à deux monuments antiquisants. Ce paysage en perspective atmosphérique sera source d’inspiration pour ceux de Léonard de Vinci plus tard.

Filippo Lippi, Vierge à l'Enfant, 1469.

Filippo Lippi, Vierge à l'Enfant, 1469.

Filippo Lippi, Vierge à l'Enfant, 1469.

 

 

Premier tableau attesté de Botticelli, cette allégorie de La Force fait partie d’une commande des 7 Vertus à Pollaiuolo pour le palais de la Seigneurie par Pierre 1er Médicis. La représentation de la 7ème vertu lui fut confiée. Elle est figurée sous les traits d’une jeune femme rêveuse à la posture relâchée. Le modelé du visage et des mains, la délicatesse du diadème et de l’armure, la belle fluidité de la tunique, le manteau rouge drapé à l’antique et le trône architecturé vu en perspective renforcent la monumentalité de la figure.

 

La Force, tempera sur panneau, 1,67 x 0.87 m, Offices.

Judith revenant de Bethulie, et Les Assyriens découvrant le cadavre d’Holopherme, tempera sur panneau, 31x24 cm, 1470. Offices.

Judith revenant de Bethulie, et Les Assyriens découvrant le cadavre d’Holopherme, tempera sur panneau, 31x24 cm, 1470. Offices.

A la même époque, Botticelli réalise un petit diptyque évoquant la vengeance de Judith. Sur le 1er panneau les robes virevoltent sur les postures mouvantes des deux femmes. La jeune héroïne présente un visage mélancolique, coloris clair, délicat, procédé qui devient caractéristique du jeune peintre. Sur le second panneau le raccourci très maitrisé de l’officier qui découvre le corps et la perfection de la musculature d’Holopherne dont le corps semble endormi, révèlent le talent de l’artiste pour ce premier nu masculin ainsi que la qualité de la formation des jeunes artistes à la Renaissance.

 

Pour ce Saint Sébastien, Botticelli utilise les conventions de représentation : ligoté contre un tronc d’arbre, le corps transpercé de flèches. L’allongement du corps, le déhanchement ou contrapposto accentuent la sinuosité de la silhouette et l’élégance du personnage. Visage penché, air pensif et détaché.

 

Saint Sebastien, 1473, tempera sur bois, 1,95x1m, Berlin.

L’Adoration des Mages, 1475, tempera sur bois, 1,11m x1,34m, Offices, Florence.

L’Adoration des Mages, 1475, tempera sur bois, 1,11m x1,34m, Offices, Florence.

Sur ce panneau, Botticelli ordonne sa composition par des éléments d’architecture et crée des plans séparés par les lignes obliques. Les bâtiments en ruine illustrent la fin du monde ancien qui laisse la place aux temps nouveaux du christianisme. Le groupe de la Vierge à l’Enfant rappelle des scènes de son maître. Au premier plan, deux rangées de personnages, en leur milieu les 3 rois mages reconnaissables à leur posture agenouillée et leurs turbans ou couronnes posées sur le sol. On a pu identifier 5 hommes de la famille Médicis et 3 de leurs proches :  Cosme l’Ancien, agenouillé devant la Vierge, ses fils agenouillés Pierre Médicis en mage au manteau rouge et Jean Médicis en costume blanc. Laurent le Magnifique (fils de Pierre) en gentilhomme à l’épée à gauche, son frère Julien de Médicis en noir près de Jean, l’humaniste Politien montre la scène à Laurent, de l’autre côté Philippe Strozzi, membre d’une autre famille influente de Florence et enfin l’autoportrait présumé de Botticelli en bas à droite. Pratique courante chez les peintres, l’autoportrait sur une toile permet d’immortaliser ses traits comme une signature, d’autre part être associé à une famille puissante, et enfin être sur une image sacrée pour bénéficier de ses bienfaits.

L’Adoration des Mages, 1475, tempera sur bois, 1,11m x1,34m, Offices. Cosme l'Ancien, Pierre et Jean Médicis, Laurent le Magnifique, Julien de Médicid, Sandro Boticelli, autoportrait.
L’Adoration des Mages, 1475, tempera sur bois, 1,11m x1,34m, Offices. Cosme l'Ancien, Pierre et Jean Médicis, Laurent le Magnifique, Julien de Médicid, Sandro Boticelli, autoportrait.
L’Adoration des Mages, 1475, tempera sur bois, 1,11m x1,34m, Offices. Cosme l'Ancien, Pierre et Jean Médicis, Laurent le Magnifique, Julien de Médicid, Sandro Boticelli, autoportrait.
L’Adoration des Mages, 1475, tempera sur bois, 1,11m x1,34m, Offices. Cosme l'Ancien, Pierre et Jean Médicis, Laurent le Magnifique, Julien de Médicid, Sandro Boticelli, autoportrait.
L’Adoration des Mages, 1475, tempera sur bois, 1,11m x1,34m, Offices. Cosme l'Ancien, Pierre et Jean Médicis, Laurent le Magnifique, Julien de Médicid, Sandro Boticelli, autoportrait.

L’Adoration des Mages, 1475, tempera sur bois, 1,11m x1,34m, Offices. Cosme l'Ancien, Pierre et Jean Médicis, Laurent le Magnifique, Julien de Médicid, Sandro Boticelli, autoportrait.

Portrait d’un homme avec une médaille de Cosme l’Ancien, 1470-80, tempera sur panneau, 58 x45 cm, Offices. Hans Memling, Portrait d’un homme avec une médaille romaine, huile sur panneau, 29 x 22 cm, Anvers

Portrait d’un homme avec une médaille de Cosme l’Ancien, 1470-80, tempera sur panneau, 58 x45 cm, Offices. Hans Memling, Portrait d’un homme avec une médaille romaine, huile sur panneau, 29 x 22 cm, Anvers

Très joli portrait en buste d’un jeune homme aux cheveux longs et épais coiffé d’un bonnet rouge. Modelé du visage et contours bien marqués. Les dernières hypothèses quant à l’identité du modèle avancent le nom du frère du peintre Antonio Filipepi. Il présente une médaille frappée pour commémorer Cosme l’Ancien après sa mort en 1464. Dans les mêmes années un portrait d’allure semblable est réalisé par un peintre flamand Hans Memling. Il s’agit de l’humaniste italien Bernardo Bembo. Des échanges artistiques et commerciaux existaient entre les Flandres et l’Italie.

 

Julien Médicis, frère de Laurent Le Magnifique, est assassiné lors d’un complot visant à destituer les Médicis. Représenté de ¾, vêtu d’un manteau rouge, bordé de fourrure, ce portrait, difficile à dater a pu être réalisé à partir d’un masque mortuaire : les yeux sont baissés, presque fermés, la branche morte où est posé l’oiseau, la fenêtre à demi ouverte, référence au passage vers l’au-delà, sont autant de détails en faveur d’une réalisation posthume. 

 

 Portrait de Julien Médicis,1478-80, tempera sur bois, 53x75 cm, Washington.

Pour retrouver des alliances après la conjuration des Pazzi, soutenue par le pape Sixte IV, Laurent Médicis prête des artistes florentins à plusieurs villes. Botticelli est envoyé à Rome en 1480 pour réaliser des fresques à la chapelle Sixtine. Il doit réaliser 3 fresques (environ 34 m x 5 m !) relatant la vie de Moïse et celle du Christ pour établir des correspondances.

  • Les Epreuves de Moïse, depuis la mort de l’Egyptien qui maltraitait un Hébreu jusqu’au départ vers la terre promise. Buisson ardent.
  • La Tentation du Christ, rencontre des démons.
  • La Punition des rebelles, qui refusent l’autorité de Moïse et Aaron. Arc de Constantin, référence à la culture antique, dont l’arche centrale est plus élevée que les latérales.

Pas très à l’aise avec ces grandes dimensions, devant s’harmoniser avec les autres peintres, ses travaux pas vraiment appréciés, Botticelli est finalement peu satisfait de son séjour à Rome, et retourne à Florence.

Botticelli, Les Epreuves de Moïse, La Tentation du Christ, La Punition des rebelles. Fresques Chapelle Sixtine, Rome.
Botticelli, Les Epreuves de Moïse, La Tentation du Christ, La Punition des rebelles. Fresques Chapelle Sixtine, Rome.
Botticelli, Les Epreuves de Moïse, La Tentation du Christ, La Punition des rebelles. Fresques Chapelle Sixtine, Rome.
Botticelli, Les Epreuves de Moïse, La Tentation du Christ, La Punition des rebelles. Fresques Chapelle Sixtine, Rome.

Botticelli, Les Epreuves de Moïse, La Tentation du Christ, La Punition des rebelles. Fresques Chapelle Sixtine, Rome.

Quelques années plus tard, entre 1478 et 1482, il réalise deux de ses tableaux les plus célèbres pour Lorenzo di Pierfancesco Médicis qui les installe dans la villa de Castello en Toscane : Le Printemps et La Naissance de Vénus.

 

Le Printemps, tempera sur bois, 2,03 x 3,14 m, Offices.

L’iconographie de ce tableau prend tout son sens lorsque les différents groupes sont mis en relation les uns avec les autres. A droite, Zéphyr poursuit la nymphe Chloris qui se transforme en Flora, déesse du printemps. Costume orné de plantes, elle puise les fleurs dans les plis de sa robe et les lance devant elle. Vénus est seule au fond de la clairière bordée d’agrumes. Au-dessus d’elle, Cupidon s’apprête à envoyer une flèche, les yeux bandés car l’amour frappe au hasard ! Trois Grâces effectuent une ronde lente, charmante, d’une grande souplesse exprimée par des gestes des bras. Enfin Mercure, de son caducée, chasse les nuages qui menacent d’assombrir le jardin de Vénus.

La Naissance de Vénus, tempera sur bois, 1,72 x 2, 78 m, Offices.

Sans doute la plus célèbre, cette représentation reprend le modèle de la Venus pudique de l’antiquité. Née de l’onde, elle voile sa nudité, arrive sur la berge dans une coquille St Jacques poussée par Zéphyr. Le modèle de Vénus est Simonetta Vespucci, très belle jeune femme, épouse de Marco Vespucci, cousin du navigateur (Amerigo Vespucci). Long cou qui détache le visage légèrement penché, mélancolique, chevelure abondante, grande délicatesse des détails.

Ce tableau mythologique pourrait représenter l’allégorie de la raison symbolisée par la déesse qui gagne sur l’instinct, le centaure, créature mi-homme, mi-cheval. Cependant une autre lecture est possible dans le contexte de l’époque :  il représenterait l’action diplomatique menée par Laurent le Magnifique, engagé à négocier une paix séparée avec le royaume de Naples pour éviter l’adhésion à la ligue anti-florentine promue par Sixte IV. Le centaure représenterait Rome et la Déesse personnifierait Florence. Elle porte la hallebarde et une robe ornée de l’insigne personnel de Laurent, le Golfe de Naples en arrière-plan.

Pallas et le Centaure.1482-84.

Vénus et Mars.

Vénus et Mars allongés sur une pelouse sont entourés d’un groupe de joyeux satyres. Vénus symbole d’amour et d’harmonie triomphe de Mars, le dieu de la guerre. Les petits satyres tourmentent Mars au sommeil imperturbable et laissent Venus tranquille, elle ne dort pas. Des abeilles, présentes dans les armoiries des Vespucci, sont représentées en haut à droite. Thème philosophique sans doute inspiré  du Banquet de Platon (discours sur l’amour).

Dans ce tondo de la Madone Du Magnificat, la Vierge est très richement vêtue, la tête couverte de voiles transparents et d’étoffes précieuses, ses cheveux blonds entrelacés, une écharpe nouée sur sa poitrine. Deux anges habillés comme des pages lui présentent un livre et un encrier. L’Enfant observe sa mère qui écrit et tient une grenade, symbole de résurrection. Dans une fenêtre circulaire, le paysage en arrière-plan apporte une respiration. Les personnages suivent le mouvement circulaire comme si l’image se reflétait dans un miroir.

 

Madone Du Magnificat, 1483-85.

Dans cet autre tondo, la Vierge est représentée de face, l’Enfant sur ses genoux, au centre de la composition. Pensive, habillée d’un ample vêtement bleu foncé, elle est entourée par 6 anges disposés en demi-cercle autour et derrière elle. Les regards vont dans toutes les directions. Deux anges tiennent un livre ouvert, deux autres une fleur de lys, et sont appuyés sur une guirlande de roses, leur ailes bien visibles. La grenade ouverte est tenue par Marie et l’Enfant. Les visages inclinés, l’expression mélancolique, la transparence du voile, la disposition parfaite des plis, le grand soin apporté à tous les détails, sont caractéristiques de l’art de Botticelli.

La Vierge à la Grenade, 1487.

L’esprit philosophique que l’on peut entrevoir dans les peintures de Botticelli dans les années 1480 commence à changer montrant les premiers signes d’une crise personnelle qui s’accentue dans la dernière période de sa carrière. Après la mort de Laurent le Magnifique en 1492, apparait Savonarole, un prédicateur qui condamne la culture de la première renaissance, les thèmes mythologiques et païens, les costumes élégants, le luxe des décors…  et annonce l’imminence du jugement dernier. La campagne militaire menée par Charles VIII, le soulèvement populaire qui destitue Pierre II Médicis, génèrent un nouveau climat politique et social perturbé, auquel est sensible Botticelli et remet en question l’humanisme du XVème siècle. En 1497, Savonarole et ses disciples élèvent le bûcher des Vanités : de jeunes garçons sont envoyés pour collecter tous les objets liés à la corruption spirituelle : miroirs et cosmétiques, livres non religieux, jeux, robes splendides, nus peints, livres des poètes jugés immoraux : Boccace, Pétrarque.  Ces objets sont brûlés Piazza della Signoria. Des chefs d’œuvres disparaissent ainsi dans les flammes dont des peintures de Botticelli qu’il a lui-même apportées.

La Nativité mystique, 1500.

La Nativité mystique, 1500.

 La Nativité mystique est une adoration de l’Enfant avec Marie, Joseph, les bergers, les mages entre des chœurs d’anges. L’inscription en grec en haut du tableau peut être ainsi traduite « Moi, Sandro ai fait ce tableau à la fin de l’an 1500 durant les troubles dont est victime l’Italie… »  et indique qu’il est inspiré de l’Apocalypse selon saint Jean.

Au centre de la composition, la grotte de la Nativité, relief rocheux ouvert sur un bois. Devant, une étable au toit de paille soutenu par 2 troncs d’arbres, abrite la Sainte Famille. L’enfant Jésus au milieu, installé sur une auge couverte d’un drap blanc, Marie agenouillée, mains jointes, en adoration, Joseph assis par terre, somnolant. Derrière eux le bœuf et l’âne. A gauche, un ange vêtu de rose accompagne 3 personnages couronnés de rameaux d’oliviers portant cape, ocre, verte et rouge. A droite, un autre ange habillé de blanc montre la scène à deux hommes agenouillés, jambes nues, chaussures percées.

 

Au-dessus de la toiture, 3 anges en habits blanc, rouge et vert entonnent un chant tenant un livre de chant dans les mains. Plus haut, au-delà du bosquet, le ciel bleu azur s’ouvre en Paradis sur fond or dans lequel évolue une ronde d’anges habillés de noir, rouge et blanc. Ils tiennent des branches d’olivier auxquelles sont accrochés des phylactères célébrant Marie, et 3 couronnes suspendues au-dessus de la crèche.

En dessous, près d’un petit sentier surplombé de rochers fissurés, 3 anges portant un rameau d’olivier enlacent trois personnages couronnés d’olivier. Autour d’eux des diablotins épouvantés s’enfuient, s’insinuant dans les anfractuosités de la roche avec leurs fourches.

Botticelli,  La Nativité mystique, 1500.

Botticelli,  La Nativité mystique, 1500.

Cette œuvre étonnante combine le thème de la nativité de Jésus avec celui du retour du Christ sur terre avant le Jour du Jugement (livre de l’Apocalypse). A ce moment-là, réconciliation entre les hommes et Dieu, ce que figurent les couples enlacés d’anges et d’humains. Ils peuvent aussi indiquer le moyen de vaincre le mal par la fraternité.

Le fantastique manège du haut a été probablement inspiré par une représentation sacrée, mise en scène par Brunelleschi, dans laquelle des enfants étaient suspendus dans le vide, soutenus par une structure dorée en forme de coupole, et simulant un chœur angélique. Ce type de représentation eut un tel succès qu’il a été souvent répliqué et il est probable que Botticelli l’ait directement observé.

La ronde de ces 12 anges peut correspondre aux 12 heures du jour et aux 12 mois de l’année, suivant les prêches de Savonarole comme les couleurs des anges, aux vertus théologales : blanc pour la Foi, rouge pour le Charité et vert pour l’Espérance. A gauche de la crèche, librement interprétés, les rois mages et à droite les bergers.

La Madone Bardi, 1485, Berlin.

Ce tableau a été réalisé pour un riche banquier florentin Agnolo Bardi. La scène se situe dans un jardin luxuriant comportant niches et arcades. La composition est symétrique, la perspective géométrique donne de la profondeur. Assise sur un trône en marbre, la Vierge dévoile à peine son sein vers lequel se tend l’Enfant. A gauche, saint Jean- Baptiste, vêtu de sa peau de bête, tient son bâton de roseau en croix, à droite, saint Jean l’Evangéliste, livre ouvert et plume à la main. Ils sont debouts, un peu figés, sur un rebord de pierre. En son centre, devant un vase, un petit tableau représente une crucifixion. Tous les personnages, saints, portent une auréole. Les symboles sont très nombreux :

  • Jardin clos : virginité de Marie, lys blanc : pureté.
  • La myrte qualifie Marie de nouvelle Vénus.
  • Le « vase mystique », les fleurs blanches : absence de péché, les fleurs rouges :  sang préfigurant la passion du Christ.
  • Palmeraie : allusion au martyre.

Cette composition statique est animée par les gesticulations de l’enfant au centre et les hauts tabernacles végétaux. La figure de la Vierge, haute, longiligne lui confère un caractère ascétique.

La Lamentation sur le Christ mort.

Après la mort de Savonarole, Botticelli se réfugie dans un mysticisme désolé comme en témoigne les gestes pathétiques des personnages de La Lamentation sur le Christ mort. Au centre de la composition, le corps inerte du Christ repose en arc de cercle sur les genoux de Marie éplorée. En arrière-plan, l’ouverture dans la colline rocheuse laisse entrevoir le sarcophage de son tombeau. Marie en Pieta est soutenue par saint Jean qui l’aide à tenir le corps de Jésus par le linceul. Marie Madeleine en cape rouge soutient la tête de Jésus et embrasse son visage, représentation étonnante, tandis qu’une autre Marie en cape verte se couvre le bas du visage, la troisième tient délicatement les pieds de Jésus par le linceul diaphane. A gauche, saint Jérôme, habillé en ermite avec une pierre, son attribut, saint Paul avec l’épée et à droite, saint Pierre en habit bleu, cape ocre, avec les clés portant la tonsure. Tous les personnages sont pieds nus et portent une auréole. Dans cette représentation, Botticelli effectue une régression consciente, niant la perspective et ordonnant les figures selon la hiérarchie religieuse médiévale. Début XVIème, sa renommée est en déclin, Léonard de Vinci et Michel-Ange dominent la scène artistique. Désormais âgé et inactif, le peintre passe les dernières années de sa vie, isolé et pauvre, il meurt en 1510.

L’Adoration des Mages, 1475, détail, autoportrait de Botticelli.

Botticelli a créé un style reconnaissable de personnages à la beauté intemporelle, plus ou moins mélancoliques représentés dans des environnements particulièrement soignés. De Lippi, son premier et véritable maître, il apprend à peindre les visages élégants, avec prédominance du dessin et du contour, et couleurs délicatement assorties. De Pollaiuolo, il acquiert un dessin dynamique, la construction de formes expressives et vivantes par la force du contour et du mouvement. Verrocchio lui apprend à peindre des formes monumentales, de beaux effets de matière et de lumière. Ses œuvres sensibles, précieuses et délicates identifient pleinement la culture raffinée de la première Renaissance.

Prochaines rencontres avec Les Arts 57 :

Visites guidées : Arcimboldo

 Vendredi 29 octobre au Centre Pompidou Metz, 15h ou 16h

 

Réservation obligatoire par mail ou par tél.

lesarts57@gmail.com  ou tél.   03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

Partager cet article
Repost0
15 septembre 2021 3 15 /09 /septembre /2021 09:29
Epitaphe du chevalier Guirault du Guot, Cathédrale St Etienne de Metz.

 

Dès que le contexte sanitaire l’a permis, c’est avec un réel plaisir que Les Arts 57 ont renoué avec les sorties culturelles. Les deux visites prévues avec l’office de tourisme à la cathédrale ont pu être reprogrammées, le 8 octobre 2020, et l’autre seulement le 28 août 2021. Sourires dissimulés sous les masques, nous étions 24 à la 1ère, 23 à la seconde. Après une rapide prise en main, vérification des audiophones, et munis de nos propres écouteurs, c’est Marie-Laure Schuck, notre charmante guide, qui va nous mener à la Cathédrale Saint Etienne.

 

Visites guidées à la Cathédrale Saint Etienne de Metz, peintures murales et épitaphes, les 8 -10-20 et 28-8-21.

Peintures murales.

Dans l’imaginaire collectif, les édifices médiévaux sont sobres et dépouillés, en réalité les églises et cathédrales du Moyen-Age étaient entièrement peintes, l’église de Sillegny ou la cathédrale Sainte Cécile d’Albi en sont encore de beaux témoignages.

A la cathédrale de Metz, le programme peint est discret, il ne subsiste qu’une dizaine d’épitaphes antérieures à la Révolution.  Une épitaphe est une inscription funéraire. Elle peut être gravée sur un tombeau, évoquant en une phrase le défunt. Elle peut l’être aussi sur une tablette de marbre, de bronze ou de cuivre ou encore peinte sur un pilier ou mur d’église. Après la Révolution, l’ingénieur Claude Gardeur-Lebrun fut chargé de faire disparaitre la plupart des inscriptions funéraires en 1791. Celles en métal furent fondues et envoyées à la Monnaie, celles en marbre utilisées pour la réfection de sols.

Dans les peintures murales encore visibles, on distingue des ex-voto, ou images de dévotion, ce sont des offrandes en guise de remerciement pour une grâce accordée, et des épitaphes peintes comportant des inscriptions à la mémoire de chanoines ou chevalier. Ces peintures, dont la technique est différente des fresques, ont été restaurées début 20ème par le peintre Bardenhewer, appartenant à un atelier de Cologne.

 

Une torche est nécessaire pour découvrir cette scène située immédiatement à droite de l’entrée, dans l’espace de l’ancienne église Notre-Dame-la-Ronde. Cette église mariale du 8ème  siècle fusionne avec la cathédrale au 14ème siècle.

Cette peinture accompagnait peut-être un autel. Des arcs trilobés apparaissent en bas suggérant sans doute une partie inférieure disparue.

La scène représente l'Annonciation sur fond rouge parsemé de fleurettes stylisées. L'ange Gabriel vient de la gauche et s'agenouille respectueusement devant Marie. Dans sa main, un phylactère portant l’inscription « AVE GRATIA PLENA », salutation à la Vierge. Le corps en arabesque de l’ange, le drapé et les plis du manteau, la disposition des ailes lui donnent beaucoup de dynamisme. Debout face à l'ange, Marie, interrompue dans sa lecture, tient un livre. Sa main droite est ouverte. Son auréole est traversée par la colombe de l'Esprit Saint qui descend. En bas, au milieu, un vase contient le lys, symbole de pureté. Le fond rouge, les fleurs, les plis des manteau, l’arcature trilobée, … permettent une datation fin XIV ème.

Photo Christian Comte.

Visites guidées à la Cathédrale Saint Etienne de Metz, peintures murales et épitaphes, les 8 -10-20 et 28-8-21.Visites guidées à la Cathédrale Saint Etienne de Metz, peintures murales et épitaphes, les 8 -10-20 et 28-8-21.

A gauche de l'Annonciation, encore sur un mur de Notre-Dame-la-Ronde, le martyre de saint Barthélémy correspond à une image de dévotion.

Photo Christian Comte

Sur un fond bleu, un personnage assis sur un trône côté gauche, pointe le doigt. C’est sans doute le roi qui ordonne le supplice. A droite, deux bourreaux écorchent les chairs de Barthélémy avec un grand couteau, l’un sur le bras, l'autre sur la jambe. Son corps, vêtu d'une large tunique blanche, s'inscrit dans un cercle formé par les corps longilignes et arqués des deux hommes. La Légende Dorée relate que Barthélémy partit évangéliser l'Inde. Là, il effectua des miracles, le roi se convertit puis l’envoya dans le royaume voisin où régnait son frère. Barthélémy n’y reçut pas le même accueil. Le roi voisin le fit fouetter et écorcher vif.

L’apôtre est vénéré en tant que patron des bouchers, des tanneurs, des cordonniers et des relieurs, corporations importantes dans la vie de la cité messine au Moyen-Age. Même datation que celle retenue pour l'Annonciation, soit fin XIVe siècle, première décennie du XV ème.  

Son martyre figure également dans une petite rosace des vitraux, côté sud, mêmes lignes courbes, même cercle décrit par les corps.

Visites guidées à la Cathédrale Saint Etienne de Metz, peintures murales et épitaphes, les 8 -10-20 et 28-8-21.

 

Sainte Dorothée est située sur le cinquième pilier face à la chapelle du Saint-Sacrement, pilier flanqué de colonnettes.

Sous un gable gothique à arcature trilobée et feuillue, deux personnages se détachent sur un fond rouge à fleurettes.

Photo C. Comte.

Une inscription nomme Dorothée, jeune fille originaire de Cappadoce, condamnée à être décapitée, parce que chrétienne. En se rendant vers le lieu de son supplice, sur son chemin, elle rencontre le scribe Théophile qui lui demande ironiquement de lui envoyer un panier rempli de fleurs et de fruits depuis le paradis. Au moment de subir le martyre, un ange descend du ciel et apporte un panier. Dorothée le fait remettre au scribe qui se convertit aussitôt.  Dans la peinture, Dorothée marche sereine vers la mort ; elle tient le petit panier et déjà le scribe vient de se jeter à genoux. La restauration a produit des aberrations : le scribe, dont la taille indique clairement l'agenouillement, est mis debout. Le restaurateur allonge sa tunique, ajoute des pieds, une auréole et une inscription : "jhesus christ". Pour harmoniser la taille des personnages, il gomme le bas de la tunique de Dorothée. Ainsi, le scribe, agenouillé, devient le Christ, par méconnaissance du restaurateur ! Comme les peintures précédentes, sa réalisation se situe aux alentours de 1400.

 

Sur le 7e pilier côté sud, Saint Gain, appelé aussi Gand, image de dévotion peut-être commandée par la corporation des gantiers. Dans la partie centrale du triptyque, une inscription désigne le personnage : Saint Gain. Parfois appelé Gand, ou même Godon, c’est le neveu de Saint Wandrille, originaire de la région de Verdun et apparenté à la famille de Pépin l'Ancien, berceau des carolingiens à Metz. Grand fondateur d'abbayes, Wandrille était abbé de Fontenelles en Normandie, au VII e siècle. 

Afin de recueillir des reliques pour les fondations de son oncle, Gain se rend à Rome, d'où il ramène par la même occasion la Règle bénédictine qui commence à être appliquée dans les abbayes. Saint Gand, abbé du monastère d'Oye près de Sézanne, est debout dans un espace délimité par des colonnes, sous une voûte en cul de four. Le sol en damiers crée un effet de perspective. Vêtu d'une tunique et d'un manteau sombre, il est coiffé de la mitre et nimbé. Le livre de la Règle bénédictine repose sur une paire de gants blancs. Etonnante, la position de sa crosse en or, richement ouvragée, placée en diagonale anime la composition.

Photo C. Comte.

Visites guidées à la Cathédrale Saint Etienne de Metz, peintures murales et épitaphes, les 8 -10-20 et 28-8-21.Visites guidées à la Cathédrale Saint Etienne de Metz, peintures murales et épitaphes, les 8 -10-20 et 28-8-21.

Dans la partie inférieure du triptyque, la date de 1481 et les lettres PC ou PG s'entrelacent dans des éléments circulaires, peut-être les initiales du commanditaire voulant se placer sous la protection de Saint Gain. 

 

Vierge à l'Enfant entourée du Christ et de Marie-Madeleine.

Sur 7e pilier, au centre de ce triptyque, la Vierge porte l'Enfant sur le bras droit, avec un déhanchement réaliste. La main gauche tient un rameau de lys. Debout sous un gable à arcature, elle se détache sur un fond or, parsemé d'étoiles. A gauche, encadrée de deux arbres-boules, Marie-Madeleine, la tête couverte d'un voile. De l'autre côté, le Christ, maladroitement réalisé, est enroulé dans un manteau. Torse musclé, il montre ses stigmates. La présence du Christ et de Marie-Madeleine dans un jardin évoque le "Noli me tangere" du jour de la Résurrection.

Epitaphes peintes. Seules trois peintures avec inscriptions funéraires sont encore visibles dans la cathédrale.

Sur le sixième pilier sud, l’épitaphe du chanoine Hennequin Arnoult, mort en 1462. Dans la partie centrale, un imposant Christ aux outrages assis sur un trône de pierre, entouré de 4 bourreaux : 2 à l'arrière, 2 à l'avant.  Ceux du fond lèvent la main pour le souffleter ou enfoncer la couronne d'épines. Le restaurateur a modifié la couronne d’épines. Au premier plan, celui de droite, genou plié, tend un sceptre en se moquant, celui de gauche présente un écrit. Visage impénétrable du Christ, dont le manteau rouge de la dérision devient un vêtement royal, c’est aussi un Christ-roi représenté sur fond or parsemé d'étoiles. Cette scène théâtralisée rappelle la représentation des Mystères sur le parvis des églises au moyen âge. Les bourreaux portent des tenues vestimentaires du XVème.

Photo C. Comte.

De part et d'autre de la figure centrale, deux saints tournés vers le Christ. A droite, Paul, reconnaissable à sa calvitie, tient un livre et l'épée, instrument de son supplice. Dans la partie inférieure, Jean, imberbe, montre le calice dans lequel se dresse un serpent, rappel du poison. A gauche, face à Paul, Pierre porte une énorme clé attachée à la ceinture.

 

En dessous, Saint Etienne, un des premiers martyrs de la chrétienté, entoure le chanoine en méditation. Vêtu de la dalmatique de diacre,  il tient un phylactère et introduit le chanoine Hennequin Arnoult, représenté en taille réduite comme les donateurs à Sillégny.

Tout en bas, l'inscription funéraire en lettres gothiques indique qu’il est enterré à la cathédrale. Dans les vitraux de la nef, l'initiale de son nom H en jaune sur fond rouge rappelle la donation faite par Le chanoine Hennequin.

A la cathédrale, les sépultures étaient, vraisemblablement, à proximité des inscriptions, les dignitaires religieux étaient enterrés à partir du 5ème pilier tandis que quelques laïcs pouvaient l’être dans la 1 ère travée, il existe une hiérarchie des sépultures qui ont le droit d’être inhumés dans la cathédrale. En 1553, après la victoire du duc de Guise sur Charles Quint qui avait assiégé Metz, la cité devient ville de garnison. Le gouverneur militaire demande un monument funéraire pour certains valeureux soldats tombés pendant le siège.

Epitaphe du chevalier Guirault du Guot.

Restaurée début XXème, en langue française et en majuscules, elle renseigne précisément sur l’origine, la profession, les circonstances de la mort du chevalier en 1552 :

"CI-DEVANT GIST MESSIRE GUIRAULT DU GUOT- CHEVALLIER EN SON VIVANT, SEIGNEUR DE LA MOTTE BARDIGUES … QUI TRESPASSA LE DIXIEME JOUR DU MOIS DE SEPTEMBRE 1552... EN GARNISON EN CESTE CITE DE METZ, DE LA COMPAGNIE DE MONSEIGNEUR LE VIDAME DE CHARTRES…

Originaire de la région de Castelsarrasin, Guirault du Guot était-il apparenté à la famille de Bertrand de Got, Clément V, pape en Avignon ?

 

Photo C. Comte.
 

Sur un fond rouge, dans la partie droite, le chevalier est agenouillé sur un prie-Dieu recouvert de velours rouge et d’un tissu fluide jaune. Le livre ouvert devant lui montre qu’il était, non seulement un guerrier mais aussi un homme cultivé et pieux. Son armure est posée à côté. Un saint franciscain tenant un phylactère le présente à une imposante piéta.  Le Christ est assis sur les genoux de sa Mère. Représentation peu commune, il est installé comme s’il était encore vivant, les yeux mi-clos, musculature robuste, stigmates visibles. Le visage de Marie, entouré d’une mentonnière typique de l’époque, exprime la souffrance. Le cadre architecturé est soigné : deux pilastres, un fronton rectangulaire entouré de volutes végétales dans lequel figurent les armes de Guirault du Guot, un écusson d'or surmonté d'un casque à lambrequin. Cette peinture date du XVI e siècle.

Epitaphe du chevalier Guirault du Guot. Cathédrale de Metz.Epitaphe du chevalier Guirault du Guot. Cathédrale de Metz.

Epitaphe du chevalier Guirault du Guot. Cathédrale de Metz.

Epitaphe peinte du chanoine Poulain. Située sur le 7e pilier nord, son organisation est complexe : trois parties horizontales et trois parties verticales.

 Dans la partie inférieure, sur une seule ligne, l'inscription en minuscules gothiques restaurée.

Dans la partie centrale, la scène de l'Annonciation sur fond rouge parsemé de fleurettes (XIVe siècle). Sur une colonne engagée à gauche, l’ange Gabriel agenouillé lève son visage auréolé vers la Vierge, longue silhouette vêtue d'un manteau sombre sur la colonne de droite. Les personnages placés sur un sol rocheux, les tissus raffinés évoquent une inspiration byzantine. Au centre, en diagonale, le long phylactère de la salutation angélique.  En dessous, le chanoine agenouillé est représenté plus petit, à l’image des donateurs, son aumusse, rejetée sur l’épaule gauche. L’aumusse est une pèlerine à capuche souvent portée par les chanoines. Au centre le vase contenant la fleur de lys, à droite le lutrin portant le livre de Marie.

Photo C. Comte.

Dans la partie haute, sur un décor crénelé architecture militaire, gothique, Saint Michel terrasse un démon velu, hirsute. Dans sa main gauche, la petite âme nue du chanoine, agrippant le manteau de l’archange, tente de se mettre à l’abri du combat. En haut à droite, dans un ciel clair, Dieu tient un globe d'où partent des rayons lumineux vers la Vierge et envoie la colombe de l'Esprit Saint. Représentation savante et originale pour cette peinture funéraire commandée pour le chanoine Jacques Poulain, mort en 1389.

Epitaphe Pierre Perrat. Cathédrale de Metz. Epitaphe Pierre Perrat. Cathédrale de Metz.

Epitaphe Pierre Perrat. Cathédrale de Metz.

Maitre Pierre Perrat, maçon et architecte de la cathédrale Saint-Etienne, participe aussi à la construction des cathédrales de Toul et Verdun. On lui doit la hauteur vertigineuse des voûtes de la nef, 42m, ce qui place la cathédrale de Metz en 3ème position après Beauvais et Amiens.  C’est aussi lui qui unifie la structure, détruisant le mur de séparation avec Notre-Dame-la-Ronde et réunissant les deux édifices au XIVe siècle.  En 1387, il obtient le droit de bénéficier d’une sépulture dans la cathédrale en reconnaissance de son œuvre. Il décède en 1400, son tombeau était peut- être situé près de la sacristie. 

Grâce aux bénédictins, une représentation de Pierre Perrat agenouillé à côté de son épitaphe a été retrouvée.  Son nom est lié à une légende selon laquelle, il aurait pactisé avec le diable pour réussir cet exploit. Celui-ci l’aidait dans l’élaboration du plan de la construction en échange de son âme, après sa mort.  Mais pris de remords, Pierre Perrat aurait demandé au chanoine que son corps ne soit pas mis en terre mais dans la pierre, ce qui rendait le pacte caduc et le diable furieux ! 

Monument funéraire longtemps désigné comme l’emplacement du tombeau de Pierre Perrat.

Dans la première travée, côté nord, de part et d’autre de la Vierge, deux épitaphes :

à gauche : celle d’Hermann de Münster de Westphalie, célèbre peintre verrier, décédé en 1392.  En 1384, il réalise la grande verrière de 424 m2, et sa magnifique rosace de 11,25 m de diamètre. Amputée de son registre inférieur par le portail Blondel, elle est aujourd hui réduite à 350 m2.

Epitaphe d’Hermann de Münster. Grande verrière, rosace. Cathédrale de Metz. Epitaphe de Colignon Cassamus.s
Epitaphe d’Hermann de Münster. Grande verrière, rosace. Cathédrale de Metz. Epitaphe de Colignon Cassamus.s
Epitaphe d’Hermann de Münster. Grande verrière, rosace. Cathédrale de Metz. Epitaphe de Colignon Cassamus.s
Epitaphe d’Hermann de Münster. Grande verrière, rosace. Cathédrale de Metz. Epitaphe de Colignon Cassamus.s
Epitaphe d’Hermann de Münster. Grande verrière, rosace. Cathédrale de Metz. Epitaphe de Colignon Cassamus.s

Epitaphe d’Hermann de Münster. Grande verrière, rosace. Cathédrale de Metz. Epitaphe de Colignon Cassamus.s

A droite : celle de Colignon Cassamus, ménestrel de l'empereur Charles de Bohême et du roi Alphonse de Castille, décédé en 1396.

Dans l’actuelle chapelle du St Sacrement, autrefois chapelle des évêques jusqu’à la Révolution, sont installés deux gisants en pierre de Jaumont, dont les fragments ont été retrouvés dans la crypte en 1899.

A droite, celui de l’évêque Adhémar de Monteil, Comte de Grignan. C’est lui qui fit construire la chapelle des évêques dont la clé de voûte porte encore ses armes et y fut inhumé en 1361. Trois croix de Toulouse sur son blason, animaux héraldiques affrontés à ses pieds, la tête est manquante.

Chapelle du St Sacrement, cathédrale de Metz, gisants Adhemar de Monteil , Thierry Bayer de Boppard.
Chapelle du St Sacrement, cathédrale de Metz, gisants Adhemar de Monteil , Thierry Bayer de Boppard.
Chapelle du St Sacrement, cathédrale de Metz, gisants Adhemar de Monteil , Thierry Bayer de Boppard.
Chapelle du St Sacrement, cathédrale de Metz, gisants Adhemar de Monteil , Thierry Bayer de Boppard.
Chapelle du St Sacrement, cathédrale de Metz, gisants Adhemar de Monteil , Thierry Bayer de Boppard.
Chapelle du St Sacrement, cathédrale de Metz, gisants Adhemar de Monteil , Thierry Bayer de Boppard.

Chapelle du St Sacrement, cathédrale de Metz, gisants Adhemar de Monteil , Thierry Bayer de Boppard.

L’autre gisant est celui de Thierry Bayer de Boppard, évêque important au XIVème. Il ramena les reliques de saint Étienne, mourut en 1384 et fut enterré dans la chapelle, aux côtés de son prédécesseur. Corps de lion à ses pieds.

Ces peintures murales, épitaphes, tombeaux donnent beaucoup d’humanité à ce bel édifice. Jamais macabres, discrètes, la trace de ces imagiers, peintres, graveurs sont de précieux témoignages de l’histoire de la construction de la cathédrale, (architecte, verrier…) et de celle de la vie de la cité depuis 800 ans.

 

Prochaines rencontres avec Les Arts 57 :

 Mardi 28 septembre 2021 à 20h au Temple de Longeville-lès-Metz

Sandro Botticelli, peintre florentin du Quattrocento

Conférence présentée par Mme Catherine Bourdieu

 

Vendredi 29 octobre au Centre Pompidou Metz, 15h ou 16h

Visite guidée : Arcimboldo

 

 Réservation obligatoire par mail ou par tél.

lesarts57@gmail.com   ou tél.   03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

Partager cet article
Repost0
6 août 2021 5 06 /08 /août /2021 11:38
Eglise Sainte Thérèse. Metz.

Eglise Sainte Thérèse. Metz.

Nouvelle sortie organisée par Lesarts57, avec l’office de tourisme de Metz, nous retrouvons avec plaisir notre charmante guide Marie-Laure Schuck. Les jeudis 22 et 29 juillet, 14 h15, sur le parvis de l’église, place Philippe de Vigneulles, 21 et 24 personnes masquées bavardent, devant cette imposante et singulière structure.  

Au lendemain des visites guidées de l'église Sainte-Thérèse de Metz, les 22 et 29 juillet 2021.

 

Par son concept extrêmement novateur dans cette période de l’entre-deux guerres, l’église Sainte Thérèse connait « heurts et malheurs » depuis plus de 50 ans. Communément appelée « Notre-Dame du béton », elle est inaugurée et ouverte au culte en 1954, et classée « Monuments Historiques » depuis 1998.

L’extension de la « nouvelle ville » commencée pendant l’annexion, dans les années 1900, va se développer lorsque Metz revient à la France en 1919.  Nécessité d’un lieu de culte, l’évêché achète d’anciens terrains de sport du club de foot messin (lequel s’installera à St Symphorien). Création de la 11ème paroisse, dédiée à sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la sainte Face. Sainte Thérèse de Lisieux, canonisée en 1925, jouissait alors d'une grande ferveur populaire. Une chapelle provisoire, dessinée par l'architecte Théophile DEDUN, est inaugurée en 1930. De style art déco, ce lieu cultuel devient en 1957 un lieu culturel abritant le cinéma d’art et d’essais PAX. Il est démoli en 1994 pour faire place à la crèche halte-garderie « Les Buissonnets ».

En 1932, l’évêché de Metz lance un concours pour la construction de la nouvelle église. Vingt-deux architectes y participent. Grâce à la voix prépondérante de l'évêque Monseigneur Pelt, le projet de M. Besch, de style néo-roman-byzantin, l’emporte. Mais très vite un article polémique d’« Un groupe de paroissiens » paraît dans le journal « Le Messin ». Sous cette plume figurent plusieurs personnalités : Gabriel Hocquard, adjoint au maire à la culture, des architectes, le peintre Nicolas Untersteller. Ce projet, comparé à un « gâteau de mariée de style incertain », est refusé par la municipalité.

Pendant plusieurs années les différentes propositions opposent l’évêché, qui souhaite un projet historiciste plus traditionnel, et la municipalité tournée vers une architecture, des techniques et matériaux nouveaux. Finalement, en 1935, on fait appel à Roger-Henri Expert, originaire d’Arcachon, architecte au talent officiellement reconnu, Grand Prix de Rome, enseignant à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, et familiarisé avec les édifices et matériaux nouveaux. L’orientation de la municipalité est claire : une église moderne, en matériau « pauvre » en hommage à la sainte carmélite. Le béton, déjà utilisé fin XIXème, est préconisé, début XXème dans de nombreux édifices religieux ou bâtiments art nouveau. En 1937, le conseil de fabrique et la direction des cultes donnent enfin leur accord au projet R.H. Expert, les travaux peuvent commencer.

Eglise ste Thérèse -Photos Jean-Louis Ligiardi.
Eglise ste Thérèse -Photos Jean-Louis Ligiardi.
Eglise ste Thérèse -Photos Jean-Louis Ligiardi.
Eglise ste Thérèse -Photos Jean-Louis Ligiardi.

Eglise ste Thérèse -Photos Jean-Louis Ligiardi.

J.H. Expert s’est imprégné du bâti messin et de la vie de la sainte pour bâtir une église en forme de châsse-reliquaire. Bâtiment au plan basilical classique avec nef, déambulatoire et 5 chapelles autour du chevet mais très novateur dans sa coupe et les façades nervurées. Les arcs paraboliques recouverts de voiles de béton rappellent les hangars construits à Orly par Eugène Freyssinet vers 1920. Leur portée est exceptionnelle et dispense des arcs boutants extérieurs.

Au lendemain des visites guidées de l'église Sainte-Thérèse de Metz, les 22 et 29 juillet 2021.

La guerre interrompt le chantier, il ne sera repris que dans les années 1950.

 

Photo parue dans dernier bulletin paroissial, juillet 1939. Coll. Ch. Fauvel.

Parmi toutes les églises dédiées à Ste Thérèse, celle de Metz, à l’aspect de châsse protectrice aux parois inclinées et structure apparente, est vraiment la plus moderne. Impressionnant aussi le grand portail, face à l’hôpital Bon Secours, dont les grandes nervures de béton préfabriqué en forme de V invitent à l’élévation.

Photo J-L Ligiardi.

Par souci d’économie, Roger Henry Expert doit modifier le projet initial de sculpture et fait appel à Nicolas Untersteller. Les deux hommes enseignent à l’Ecole des beaux-arts. Nicolas Untersteller, originaire de Stiring -Wendel a séjourné à la Villa Médicis à Rome et à la Casa Velasquez à Madrid, il est le directeur de l’Ecole des beaux-arts à Paris de 1948 jusqu’à sa mort en 1967. Peintre reconnu, il a réalisé, entre autres, les fresques en aluminium dans l’église d’Amnéville, un vitrail dans l’église de Gravelotte.

 

Il propose des vitraux-claustras.  Les verres sont enfermés dans une résille en ciment qui remplace le plomb. Un verre antique coloré dans sa résille est séparé par du vide d’une autre résille renfermant du verre cathédrale blanc coté extérieur.

.

Les motifs sont aussi visibles de l’extérieur de l'édifice. 1060 mètres carrés de vitraux sont ainsi enchâssés dans les nervures de béton armé. Ce nouveau procédé s’est hélas révélé fragile : l’armature de fer a rouillé au gré du temps faisant éclater le béton, et provoquant des infiltrations.

Photos J-L Ligiardi.

Sur les parements extérieurs des chapelles absidiales construites avant-guerre, J.H.Expert  fait mettre au point un béton coloré avec de la poudre de calcaire de Jaumont, s’harmonisant avec la façade du lycée Louis Vincent situé en face. Mais après la guerre, la nécessité d'un coût plus faible a conduit à utiliser un béton ordinaire, gris, plus sommaire.

 

Photo J-L Ligiardi.

.

.

 

La flèche, un grand mât de 70 m, évoque « un bâton de pèlerin », signal repérable de loin dans le paysage. Successeur et ancien élève de J.H. Expert, l’architecte André Remondet la fait ériger en 1963. Originale, elle est désolidarisée de l’église. Les 4 cloches, quant à elles, sont logées dans une chambre, dans la partie supérieure de la façade.

Par l’entrée latérale, rue de Verdun, nous pénétrons dans l’église relativement sombre et rejoignons le narthex sous la tribune d’orgue, derrière le portail de l’entrée principale. A gauche, le baptistère surmonté d’une petite coupole, à droite, la chapelle des enfants. La nef de 78 m comporte 8 travées matérialisées par des arcs paraboliques dont les piles de béton sont inclinées de 9 ° vers l’intérieur et culminent à 28,40 m ! le long du vaisseau central de la nef, un plafond horizontal limite les bas-cotés latéraux.

Eglise ste Thérèse, Metz. Arcs Paraboliques - Piles béton à 9°- Bas-côté latéral. Photos J-L. Ligiardi.
Eglise ste Thérèse, Metz. Arcs Paraboliques - Piles béton à 9°- Bas-côté latéral. Photos J-L. Ligiardi.
Eglise ste Thérèse, Metz. Arcs Paraboliques - Piles béton à 9°- Bas-côté latéral. Photos J-L. Ligiardi.

Eglise ste Thérèse, Metz. Arcs Paraboliques - Piles béton à 9°- Bas-côté latéral. Photos J-L. Ligiardi.

Nicolas Untersteller, artiste artisan a conçu et fabriqué ces vitraux avec ses élèves en louant 3 ateliers à Paris.

Le long des allées des vitraux étroits, comme des piliers de lumières rouges, figurent les douze apôtres (Nouveau Testament) appuyés sur douze prophètes (Ancien testament).

Vitraux des apôtres, bas-cotés et ceux de la nef au-dessus.

Vitraux des apôtres, bas-cotés et ceux de la nef au-dessus.

Au-dessus, les vitraux de la nef, aux couleurs plus douces, illustrent la vie de sainte Thérèse et évoquent les métiers des hommes, les activités de la région, les saints qu’elle vénérait : bobines de fil et ciseaux pour sa maman dentelière, Thérèse en carmélite, un violon et son archet pour Sainte Cécile, patronne des musiciens, un jardinier avec sa bêche, un forgeron et ses outils, un moissonneur et ses épis de blé, sainte Marguerite portant le cœur de Jésus, Sainte Thérèse d’Avila, sa référence, Jeanne d’Arc en armure…. Des anges bleus traversent les claustras, se dirigent vers l’autel.

Ange bleu tenant l'artiste par la main. Photo J-L. Ligiardi.

Ange bleu tenant l'artiste par la main. Photo J-L. Ligiardi.

Le chœur, limité par des piliers droits et resserrés est entouré du déambulatoire, et de cinq chapelles dont les voûtes en cul de four bénéficient d’un éclairage zénithal. Les vitraux glorifient Sainte Thérèse. Elle est représentée en carmélite, entourée de la Vierge à l’Enfant, du Christ en croix, de la sainte Face imprimée sur un linge rouge porté par ste Véronique, des vertus théologales : charité, foi, espérance, des vertus cardinales : justice, prudence, tempérance, force… des constellations et les signes du Zodiaque.

Chœur de l'église ste Thérèse. Photos J-L. Ligiardi.
Chœur de l'église ste Thérèse. Photos J-L. Ligiardi.
Chœur de l'église ste Thérèse. Photos J-L. Ligiardi.
Chœur de l'église ste Thérèse. Photos J-L. Ligiardi.
Chœur de l'église ste Thérèse. Photos J-L. Ligiardi.

Chœur de l'église ste Thérèse. Photos J-L. Ligiardi.

Intérieurement, le mobilier religieux est sobre mais remarquable. L’autel en céramique et chêne, le beau crucifix et le tabernacle sphérique de cuivre rouge sont les œuvres de l’artiste meusien Claude Michel. L’effigie de Ste Thérèse, très joli portrait réalisé par Sandor Kiss en 1989. Les tiges de fer à béton soudées rendent le modelé du visage fidèle au portait photographique comme un dessin à la plume. Thérèse Martin, décédée à 24 ans de la tuberculose, est la seule Sainte dont on possède des photos et dont le visage était connu.

Autel, croix, tabernacle de Claude Michel, effigie de Ste Thérèse, Sandor Kiss. Photos J-L. Ligiardi.
Autel, croix, tabernacle de Claude Michel, effigie de Ste Thérèse, Sandor Kiss. Photos J-L. Ligiardi.
Autel, croix, tabernacle de Claude Michel, effigie de Ste Thérèse, Sandor Kiss. Photos J-L. Ligiardi.
Autel, croix, tabernacle de Claude Michel, effigie de Ste Thérèse, Sandor Kiss. Photos J-L. Ligiardi.
Autel, croix, tabernacle de Claude Michel, effigie de Ste Thérèse, Sandor Kiss. Photos J-L. Ligiardi.

Autel, croix, tabernacle de Claude Michel, effigie de Ste Thérèse, Sandor Kiss. Photos J-L. Ligiardi.

 

Parmi les artistes qui ont participé au décor de l’église, M. Claude Ginzling est l’auteur du grand portrait de Sainte Thérèse de Lisieux installé au-dessus de l’une des portes du transept. Il nous a fait l’honneur de sa présence et nous a expliqué la genèse de cette œuvre et les raisons de sa présence dans l’église. Parisien de naissance, élève de N. Untersteller,  devenu messin par amour, ce polytechnicien, architecte, peintre … a, dans sa vie, une succession de hasards qui le ramène toujours à Sainte Thérèse.

Pour une exposition à St Pierre aux Nonnains, on lui demande de travailler sur un petit portrait qu’il faut agrandir aux dimensions d’une fenêtre de la vieille église :  3.40 x 2.30 m. Ce spécialiste des mystères de la géométrie et surtout de l’angle de 37°, trace des lignes, construit, découvre des structures, sa sainte Thérèse est ainsi découpée en 225 morceaux. Parmi toutes les figures géométriques ainsi découvertes dans ses recherches, celles de Ste Thérèse lui paraît être de loin la plus parfaite : il titre son œuvre : « La Science de l’amour ». Après l’exposition, l’abbé Lange, curé de la paroisse de ste Thérèse, lui demande d’apporter le portrait pour l’arrivée des reliques de la sainte, en mai 2008. Les dimensions du tableau sont rigoureusement les mêmes que l’encadrement de la porte : « C’était sa place ! », encore un « hasard objectif » cher à l’artiste. C.C.

.

claudegenzling.com

 

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

Visite guidée à la cathédrale :

Peintures murales, épitaphes, tombeaux

Vendredi 27 août 2021,

14h15 à l’office de tourisme, place d’armes.

 

Réservation obligatoire par mail ou par tél.

lesarts57@gmail.com   ou tél.   03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

Partager cet article
Repost0
20 juillet 2021 2 20 /07 /juillet /2021 18:56

.

La Rose bleue. Vitrail d’étude pour la rosace du déambulatoire de la cathédrale de Metz.1964.

La Rose bleue. Vitrail d’étude pour la rosace du déambulatoire de la cathédrale de Metz.1964.

On en rêvait ... Lesarts57 l’ont fait  !!!  Même si les sourires étaient dissimulés sous les masques, les yeux traduisaient le réel plaisir qu’offrait cette première sortie de l’année.  40 personnes se sont retrouvées en 2 groupes, à 14h et 15h pour admirer la superbe exposition Chagall du Centre Pompidou Metz.

Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.

Ce projet, conçu par Emma Lavigne, intervient dans le cadre des célébrations du double anniversaire des dix ans du Centre Pompidou Metz et des huit-cents ans de la Cathédrale. Marc Chagall, artiste international, a aussi un lien très fort avec la Cathédrale de Metz, c’est le premier ensemble monumental de vitraux qu’il conçoit. Il découvre l’art du vitrail au début des années 1950, il a alors plus de soixante ans.

Né à Vitebsk en Biélorussie en 1887, Chagall grandit dans une famille juive, modeste, pratiquante et baigne dans le folklore russe. 1911, à Paris, il côtoie le milieu artistique, les Delaunay, Picasso, Matisse, découvre le cubisme et ses constructions géométriques, les fauves et leurs couleurs éclatantes, mais n’appartient à aucun mouvement. 1914, il retourne en Russie. En 1920, il monte une école artistique avec Kasimir Malevitch, il s’en sépare, passe par Berlin en 1922 puis s’installe en France en 1923.

Résistance, Résurrection, Libération. Huile sur toile. 1937- 1952. Nice.

Il a connu la première guerre mondiale en 1914, en 1917, la révolution d’octobre en Russie, … Lors de la 2ème guerre mondiale, considéré comme artiste dégénéré par les nazis, (nombreuses œuvres détruites), il s’exile aux Etats-Unis avec Bella et Ida leur fille. Il emmène cette toile, à l’origine d’un seul tenant, commencée en 1937 et terminée en 1948. Le marchand d’art Ambroise Vollard lui avait demandé d’illustrer la bible en 1930. Pour lui, elle est amour et paix. Le Christ crucifié porte un châle de prière juive, le rabbin en vert (couleur sacrée pour Chagall) tient la Torah représentée en couleur rouge. C’est un Christ d’unification, au pied de la croix, le peuple, symbole de tout l’amour que la religion doit porter. Les maisons du village de Vitebsk brûlées lors de la révolution russe, puis pillées par les nazis. Les musiciens du folklore russe, les instruments, les bouquets de fleurs, les animaux nourriciers : chèvre, vache de la ferme familiale, … nombreux sont les symboles de son univers poétique.

Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.
Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.
Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.
Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.

 

Présente partout dans ses œuvres, Bella Rosenfeld, l’étudiante en philosophie, amour de sa vie qu’il a épousée en 1915. Anéanti lorsqu’elle décède en 1944 aux Etats-Unis, il s’arrête totalement de créer pendant 9 mois. Le couple est aussi symbole de la genèse.

Le peintre s’est représenté, d’abord en rouge, prostré sous la croix, puis en bleu, retourné contre le Christ, enfin libéré en haut de la toile.  En violet dans le jaune, il regarde Bella en Vierge épousée, ils sont entourés de musiciens. Dans les œuvres de Chagall, chaque dessin peut avoir plusieurs significations, il y mêle harmonieusement et librement souvenirs, folklore, religion.

Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.

Dans ses gouaches préparatoires réalisées pour illustrer la bible (1930-31), Chagall prend des libertés :  un ange à barbe…, il voit dans la bible « la plus grande source de poésie de tous les temps ». Il ne la dessine pas, il la rêve.

La période après-guerre, dans les années 1950, est propice au renouveau de l’art sacré. Sous l’impulsion du Père Couturier, désireux de faire appel à de grands artistes contemporains, l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce du Plateau d’Assy en Haute-Savoie est une véritable œuvre d’art total. Fernand Léger y réalise la mosaïque de la façade, Germaine Richier, un Christ en croix, Georges Rouault un vitrail de Ste Véronique. Chagall participe à la décoration du baptistère en exécutant une grande et magnifique céramique, 2 bas-reliefs, et ses 2 premiers vitraux.

L’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce du Plateau-d’Assy, photo Robert Doisneau. Mosaïque de la façade, Fernand Léger.  Veronique, huile sur toile, 1945 et réplique du vitrail 1947, Georges Rouault. Vitraux de Chagall : L’Ange au chandelier et l’Ange aux Huiles Saintes. Atelier Paul Bony.L’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce du Plateau-d’Assy, photo Robert Doisneau. Mosaïque de la façade, Fernand Léger.  Veronique, huile sur toile, 1945 et réplique du vitrail 1947, Georges Rouault. Vitraux de Chagall : L’Ange au chandelier et l’Ange aux Huiles Saintes. Atelier Paul Bony.
L’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce du Plateau-d’Assy, photo Robert Doisneau. Mosaïque de la façade, Fernand Léger.  Veronique, huile sur toile, 1945 et réplique du vitrail 1947, Georges Rouault. Vitraux de Chagall : L’Ange au chandelier et l’Ange aux Huiles Saintes. Atelier Paul Bony.L’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce du Plateau-d’Assy, photo Robert Doisneau. Mosaïque de la façade, Fernand Léger.  Veronique, huile sur toile, 1945 et réplique du vitrail 1947, Georges Rouault. Vitraux de Chagall : L’Ange au chandelier et l’Ange aux Huiles Saintes. Atelier Paul Bony.L’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce du Plateau-d’Assy, photo Robert Doisneau. Mosaïque de la façade, Fernand Léger.  Veronique, huile sur toile, 1945 et réplique du vitrail 1947, Georges Rouault. Vitraux de Chagall : L’Ange au chandelier et l’Ange aux Huiles Saintes. Atelier Paul Bony.

L’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce du Plateau-d’Assy, photo Robert Doisneau. Mosaïque de la façade, Fernand Léger. Veronique, huile sur toile, 1945 et réplique du vitrail 1947, Georges Rouault. Vitraux de Chagall : L’Ange au chandelier et l’Ange aux Huiles Saintes. Atelier Paul Bony.

Cette fascinante céramique du Passage de la mer rouge devait bénéficier d’une restauration, ce qui a permis de l’extraire de son support, de la rendre indépendante et voyageuse et nous donne la grande chance de l’admirer.

Le patriarche Moïse ouvre la mer pour permettre le passage de son peuple poursuivi par les égyptiens. Un Christ crucifié, un village en feu, un juif errant portant un fardeau, mémoire d’un peuple en perpétuel exil, un couple, David jouant de la lyre, …tous les symboles y sont représentés. « Au nom de la liberté de toutes les religions » est inscrit au bas des carreaux.

Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.
Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.
Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.

Robert Renard, architecte en chef de la cathédrale de Metz, est convaincu de l’intérêt d’associer de grands artistes contemporains à la restauration des vitraux. Passant outre sa hiérarchie, il faudra l’intervention d’André Malraux pour faire aboutir le projet.  Première commande importante de vitraux pour Chagall, il est mis en relation avec le verrier Charles Marq des ateliers Simon à Reims. Une véritable collaboration amicale s’installe. Charles Marq, philosophe, musicien puis maitre-verrier rencontre Brigitte Simon, maître-verrière. Ensemble, ils reprennent l’atelier Simon, actif à Reims depuis onze générations (1640). Charles Marq devient le maître-verrier attitré de Chagall.

Marc Chagall entouré des maitres-verriers Charles Marq et Brigitte Simon dans leur atelier à Reims.

David et Bethsabée sur fond bleu, 1964.

 

Ils utilisent la technique du verre plaqué ou verre double. Le bas d’un cylindre de verre en feu est trempé dans la couleur. La partie transparente supérieure est ouverte puis repliée sur la partie colorée. Le travail à l’acide chlorhydrique permet d’obtenir les dégradés de couleurs dans la couche sous-jacente et de faire apparaitre les transparences.

 

 

Réalisé en verre plaqué jaune sur blanc, ce petit vitrail, offert à Renard, est installé dans l’abbaye de Moissac. Il est gravé à l’acide de façon à faire apparaitre le blanc et suggérer une gerbe végétale le long du plomb vertical. Un léger jus de grisaille est apposé et ôté par endroits. Des touches de grisaille plus denses figurent le visage et la végétation. 

Cathédrale de Metz : bêtes, fleurs et oiseaux, couronnes de fleurs, maquette pour le vitrail oriental du triforium, 1967-68. Crayon noir, pastels, encre de chine sur papier.

Cathédrale de Metz : bêtes, fleurs et oiseaux, couronnes de fleurs, maquette pour le vitrail oriental du triforium, 1967-68. Crayon noir, pastels, encre de chine sur papier.

Pour chaque projet, Chagall prépare nombre d’esquisses. Lorsque le dessin est abouti, il est reproduit à l’échelle 1. Puis Charles Marq sur un rhodoïd transparent y trace les chemins de plomb en harmonie avec les traits du peintre.

Il y note les références des verres colorés. Les morceaux de cartons découpés sont placés sur les verres colorés correspondants. Montés ensemble, Chagall intervient, redessine sur les couleurs, les change, ajoute des motifs. Brigitte Simon l’assiste dans l’application au pinceau de la grisaille, peinture composée d’oxydes métalliques. Formant un film qui peut être gratté, ou intensifié la grisaille nécessite une nouvelle cuisson pour être fixée sur le verre.

Echantillons de verres colorés. Verrerie Sain-Just.

Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.

Un important travail préparatoire est toujours nécessaire. Préalablement, Chagall et Marq visitent l’architecture dans laquelle vont s’insérer les vitraux. Pour Metz, il choisit une histoire par lancette, tient compte chromatiquement des baies voisines, anciennes. Premier dessin au crayon, en noir et blanc, puis lavis à l’aquarelle qui détermine les zones colorées, leur agencement, leur rendu de loin.

Cathédrale de Metz : 1 Abraham, Jacob, Moïse, Joseph et Noé, projet de vitrail pour le déambulatoire, 1959, mine graphite, 65 cm x 50 cm. 2 Maquette de vitrail, aquarelle gouache, encre de chine, 156cm x 97 cm.  3 Déambulatoire : vitrail d’Abraham, Jacob, Moïse (registre inférieur), Joseph et Noé (registres supérieurs), 1962. Photo Didier Boy de la Tour.

Cathédrale de Metz : 1 Abraham, Jacob, Moïse, Joseph et Noé, projet de vitrail pour le déambulatoire, 1959, mine graphite, 65 cm x 50 cm. 2 Maquette de vitrail, aquarelle gouache, encre de chine, 156cm x 97 cm. 3 Déambulatoire : vitrail d’Abraham, Jacob, Moïse (registre inférieur), Joseph et Noé (registres supérieurs), 1962. Photo Didier Boy de la Tour.

Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.

 

Chagall réalisera 7 vitraux à Metz entre 1958 et 1968. Cette première commande importante de baies pour la cathédrale Saint-Étienne de Metz, fait connaître Chagall, déjà internationalement célèbre en tant que peintre, comme artiste majeur de l’art du vitrail. Suivront de nombreuses autres commandes internationales. Pour chaque site, Chagall multiplie les croquis, les dessins, esquisses jusqu’à la maquette définitive aux dimensions du futur vitrail.

Cathédrale de Metz, maquettes du petit bouquet et du grand bouquet pour le 2ème vitrail du triforium, 1967-68.Cathédrale de Metz, maquettes du petit bouquet et du grand bouquet pour le 2ème vitrail du triforium, 1967-68.

Cathédrale de Metz, maquettes du petit bouquet et du grand bouquet pour le 2ème vitrail du triforium, 1967-68.

Déambulatoire de la Cathédrale de Metz, vitrail (blessé) de Moïse, David, Jérémie et la rosace de la Rose bleue, 1958-1960.

Déambulatoire de la Cathédrale de Metz, vitrail (blessé) de Moïse, David, Jérémie et la rosace de la Rose bleue, 1958-1960.

 

Superbement mise en valeur, la magnifique rosace de la Rose bleue est à portée de vue. La forme de la rose épouse l’architecture. Les dégradés de bleus à la fois doux et intenses, les petites touches jaunes, la transparence rendent ce vitrail tellement harmonieux et lumineux.

Au cœur, un Christ vert, couleur sacrée pour Chagall, visage apaisé, il porte des téfilines. Ce sont des petits boitiers contenant des versets de la Bible placés sur le front et les bras et fixés par des lacets de cuir pour unir tête et cœur au moment de la prière. Les lignes de plomb donnent beaucoup de dynamisme à la composition en particulier au niveau de ses bras. Dans les pétales autour, un homme avec un livre, un chandelier à 3 branches, un tronçon de l’échelle de Jacob, un ange soufflant dans une corne de bélier, des oiseaux, feuillages, un quartier de lune.

Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.

Ann Veronica Janssens, artiste plasticienne contemporaine a choisi d’installer à l’extrémité de la galerie, exposée à la lumière changeante du jour et en même temps offrant un point de vue sur la cathédrale, son triptyque de « gaufrettes ». Ces plaques de verre nervurées renferment des filtres colorés et iridescents et changent sans cesse de couleur en fonction du point de vue du spectateur.

 

Alors qu'en 1958, Chagall travaille à la première baie de la cathédrale de Metz, il est sollicité par l’association Hadassah, organisation de femmes sionistes américaines développant des équipements sanitaires en Israël, pour réaliser les vitraux de la future synagogue de l’hôpital Hadassah, à Jérusalem.

Vitraux de la synagogue de l’hôpital Hadassah, Jérusalem, 1960-62.

En haut de gauche à droite : Les tribus de Ruben, Siméon, Lévi, Dan, Gad, Asher.

En bas de gauche à droite celles de Juda, Zabulon, Issachar, Nephtali, Joseph, Benjamin.

Les douze grandes fenêtres (3,4 m x 2,5 m) représenteront les 12 tribus d’Israël. Disposées trois par trois aux quatre points cardinaux, Chagall reprend leur répartition dans le désert. La représentation humaine est interdite. Pour illustrer les tribus des douze fils de Jacob, Chagall va puiser son inspiration dans la Bible, privilégier les animaux et les symboles du judaïsme.

Tribu de Ruben, Tribu de Zabulon, dessins préparatoires. Tribu de Ruben, Tribu de Zabulon, dessins préparatoires.

Tribu de Ruben, Tribu de Zabulon, dessins préparatoires.

Pour Ruben, le 1er, toute vie vient de la mer, dominante bleue, poissons, oiseaux.

Siméon venge leur sœur avec violence. Bleu sombre, épée.

Lévi, ancêtre de Moïse. Couleur or qui éclaire le peuple, enseigne. Tables de la loi.

Juda, ancêtre des rois d’Israel, lignée de David, couronne.

Zabulon, voyages sur la mer, soleil couchant, poissons.

Issakar, âne, vert champêtre, étude de la torah, Sinaî et tables de la loi.

Dan : serpent autour du chandelier. Juge et justicier.

Gad, bouclier, guerrier.

Asher, paix, fonction nourricière : huile, fruits, colombe.

Nephtali, cerf-biche, oiseau.

Joseph, arc et flèches.

Benjamin, loup. Ambiance nocturne, la fleur centrale c’est Israël, elle ne sera pas vaincue par les animaux menaçants.

Ces vitraux exposés à Paris puis à New York avant leur inauguration en 1961 à Jérusalem, suscitent l’engouement. Dès lors, il reçoit de nombreuses commandes. Il réalise une fenêtre pour l’Organisation des Nations Unies, à New York, neuf pour la famille Rockefeller à l’Union Church de Pocantico Hills et bien d’autres…

En 1961, le secrétaire général de l’ONU meurt dans le crash d’un avion. Il affectionnait particulièrement l’œuvre de Chagall. Ce dernier est sollicité pour réaliser un vitrail qui lui rende hommage.

La Paix. Maquette définitive, vitrail pour le siège de l’ONU, New-York,1963.

L’artiste décrit la maquette : « Le centre est occupé par le symbole mondial de la paix. Du coté droit, en haut, les signes de la loi et des idéaux de notre temps… Mr Hammarskjöld a aimé que l’ONU célèbre la commémoration de sa création par l’audition de la 9ème symphonie de Beethoven, le peuple à droite est imprégné de cet évènement…à droite, … maternité en bas, en haut, …des martyrs de la paix… pour inspirer le recueillement, le bleu, tonalité générale. »  Lors de l’inauguration, Chagall a insisté sur le caractère central de la vision d’Isaïe de la réconciliation de toutes les créatures, légende prophétique de la paix d’une importance mondiale.

Ce carton a été reproduit sur la grande tapisserie La Paix pour la Chapelle des Cordeliers à Sarrebourg. La lissière Yvette Cauquil-Prince était appréciée par Chagall pour le rendu très dynamique de son travail. Trois années ont été nécessaires pour réaliser cette œuvre magnifique.

Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.
Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.
Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.
Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.
Au lendemain de la visite guidée de l’exposition « Chagall. Le passeur de lumières. » au Centre Pompidou Metz, le jeudi 1er juillet 2021.

 

Le magnifique vitrail La Paix réalisé pour la Chapelle des Cordeliers à Sarrebourg est la plus grande verrière réalisée par Chagall : 12 m x 7,5 m constitué de 13 000 morceaux de verre. Posé en 1976, il a nécessité le travail de 4 compagnons verriers pendant 2 ans. Mr Messmer, alors maire de la ville avait demandé que sa ville soit représentée sur le vitrail. Chagall la représente en bas, ainsi que trois cerfs qui évoquent les trois ramures du blason de la ville.

La Paix réalisé pour la Chapelle des Cordeliers, les 3 cerfs et la ville de Sarrebourg.

 

La Chapelle du Saillant : le blé, l’agneau, la vigne, le poisson, les quatre éléments.

Dans la petite église du Saillant à Voutezac, en Corrèze, les six vitraux réalisés entre 1978 et 1982, sont parmi les derniers crées par Chagall. La famille Lasteyrie du Saillant, après avoir racheté le château familial en 1970, rassemble des fonds pour restaurer la chapelle et lui demande d’orner les fenêtres de vitraux. Déposés pour être restaurés en 2020, ils sont exceptionnellement présentés dans l’exposition.

Le blé renvoie au pain, la vigne au vin de l’eucharistie, l’agneau au sacrifice et le poisson à la figure du Christ tandis que le vitrail bleu des 4 éléments peut évoquer la Création du monde.

 

 

Splendide bouquet, mis en valeur par les rehauts du jaune d’argent et la grande liberté du chemin de plomb. Ces vitraux sont parmi les derniers créés par Chagall. Il meurt en 1985 à l’âge de 98 ans.

 

Bouquets, oculus du portail. D.93 cm.1982.

Imaginé par Chagall, le musée du Message biblique, son musée, ouvre ses portes à Nice en 1973. Mélomane, il le dote d’un auditorium orné de grands vitraux.

 

La Rencontre d’Isaac et Rebecca au puits. Couvercle de Clavecin. 1980. Nice, musée national Marc Chagall.

 

Trop courte, cette visite fut absolument passionnante et très vivante grâce au dynamisme de Clémentine. Elia Biezunski, commissaire de l’exposition, a réussi à rassembler des œuvres rares, spectaculaires qu’on ne pourra plus admirer ailleurs qu’in situ pour certaines. L’exposition se termine le 31 août. Courez y vite !  C.C

 

Prochaines rencontres avec Les Arts 57 :

les jeudis 22 et 29 juillet 2021.

Visite guidée de l’église Ste Thérèse à Metz

Réservation obligatoire par mail ou par tél.

lesarts57@gmail.com  ou tél.   03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

Partager cet article
Repost0
9 juillet 2021 5 09 /07 /juillet /2021 13:22
Eglise Ste Glossinde, Metz.

Eglise Ste Glossinde, Metz.

A ce rendez-vous mensuel toujours attendu, c’est Arielle qui accueille les 18 participants à cette visio-conférence vendredi 18 juin, peu après 14h. Petit rappel de l’actualité de l’association Lesarts57 : visite de l’expo Chagall au Centre Pompidou le 1er juillet, 2 groupes à 14h et 15h complets. Visite de l’église Ste Thérèse fin juillet avec l’office de tourisme, visite du 2eme groupe épitaphes à la cathédrale peut-être mi-fin août, Arcimboldo au centre Pompidou sera prévu aussi. A la rentrée, les autres activités reprendront en fonction du contexte sanitaire. Avant d’aborder les baldaquins, sujet assez mystérieux, Arielle remercie chaleureusement les fidèles adhérents d’avoir été là cette année.

Proposé par Catherine, ce sujet qu’elle affectionne, « les baldaquins », sera traité en trois points : origine, exemples chronologiques en Europe pour comprendre leur évolution, et découverte des baldaquins qui existent en Lorraine.

.

1. A l’origine, le dais qui protège, isole, et glorifie un espace, un autel ou un objet est un ciborium. En pierre, il constitue un véritable édifice : la Recevresse de Notre Dame d’Avioth protégeant la statue de la Vierge, en est un bel exemple, unique dans la région. Gothique flamboyant du XVème.  Après le moyen âge, le terme de ciborium est délaissé.

 

.

A Rome, sous le pontificat du pape Urbain VIII, Le Bernin, sculpteur, devient l’architecte officiel en 1629.  Pour remplacer le ciborium, il s’inspire des structures éphémères mobiles lors des processions. Il invente, pour magnifier le maitre-autel de la Basilique Saint-Pierre, une structure fixe aux proportions gigantesques, à l’aspect aérien, de 29 m de haut, tout en bronze. Edifiée en 1633, ce très célèbre baldaquin est composé de 4 piédestaux, supportant 4 colonnes torses, dont le fût est en spirale. Elles sont aussi appelées colonnes salomoniques en référence à celles de l’entrée du temple de Jérusalem.

Baldaquin : détail colonne – ange – volute - partie supérieure.
Baldaquin : détail colonne – ange – volute - partie supérieure.
Baldaquin : détail colonne – ange – volute - partie supérieure.
Baldaquin : détail colonne – ange – volute - partie supérieure.

Baldaquin : détail colonne – ange – volute - partie supérieure.

Ces colonnes, cannelées sur le 1/3 inférieur sont ornées de sculptures décoratives sur les 2/3 supérieurs : branches de laurier, angelots et les abeilles, symboles de la famille Barberini. Au sommet des colonnes, 4 anges ailés revêtus de draperies flottantes et des lambrequins, imitant des galons brodés, relient les chapiteaux. Coiffant le baldaquin, des consoles aux volutes décorées supportent un globe terrestre surmonté d’une croix.

 

2. Quelques exemples chronologiques de la diffusion du baldaquin permettant de comprendre l’évolution des formes.

 

A Paris, l’église de Notre-Dame du Val de Grâce, fondée par Anne d’Autriche, se dote en 1645, d’un baldaquin à 6 colonnes torses. Une épaisse couronne végétale de palmes tressées relie les chapiteaux. A l’aplomb des colonnes, des anges adolescents tiennent des encensoirs dans des postures variées. Les consoles lisses face externe sont sculptées face interne. Un double couronnement soutient la sphère du globe terrestre surmontée d’une croix. A l’intérieur, des angelots en suspension portent des phylactères et donnent beaucoup de vie à ce mobilier décoré avec raffinement.

Baldaquin, église de Notre-Dame du Val de Grâce, Paris.

Baldaquin, église de Notre-Dame du Val de Grâce, Paris.

Les projets ou réalisations d’autres baldaquins présentent des variantes étonnantes : un serpent qui s’enroule autour du globe terrestre, un christ ressuscité tenant une croix au sommet, des colonnes remplacées par des palmiers…

 

A Narbonne, en 1694, les 6 colonnes du baldaquin sont lisses et disposées en 2 trépieds de 3 reliés par 2 consoles grêles soutenant une croix.

Un peu plus tard, à Tarbes, 1717-1721, le sculpteur Marc Arcis, qui fait partie du chantier de Versailles pour Louis XV, conçoit un baldaquin où les 6 colonnes corinthiennes en marbre sont disposées sur un plan circulaire. Deux entablements reliés par une couronne de lambrequin supportent 4 consoles et un couronnement identique à celui du Val de Grâce. A la jonction des consoles, des angelots tiennent des guirlandes florales, décor richement orné.

Tarbes, 1717-1721   ----  St-Sernin de Toulouse, 1736  ----   St-Maurice d'Angers, 1758
Tarbes, 1717-1721   ----  St-Sernin de Toulouse, 1736  ----   St-Maurice d'Angers, 1758
Tarbes, 1717-1721   ----  St-Sernin de Toulouse, 1736  ----   St-Maurice d'Angers, 1758

Tarbes, 1717-1721 ---- St-Sernin de Toulouse, 1736 ---- St-Maurice d'Angers, 1758

A Toulouse en 1736, le chœur de la basilique St Sernin est réaménagé. Sur le maitre-autel, le baldaquin, aux proportions imposantes est très ornementé. En bas-relief, sur la partie inférieure de l’autel, le martyre de St Sernin, 1er évêque de Toulouse, tiré par un taureau dans les rues. La statue de sa résurrection est édifiée par Marc Arcis. Les colonnes sont reliées par une lourde couronne. Des pots à feu alternent avec des statues, tenant crosse et palme du martyre. Très bel exemple de baldaquin à la romaine diffusé aux XVII ème et XVIII ème siècles.

A Angers, en 1758, le baldaquin évolue vers le style Rocaille avec courbes et contre-courbes. Les colonnes forment un trépied de chaque côté. Une corniche aux lignes concaves porte une nuée sur laquelle un ange tient les symboles de l’évêque d’Angers. Au-dessus, 4 consoles très inventives à motif de coquilles et branches végétales amples, angelots et globe terrestre surmonté de la croix

3.  Les baldaquins en Lorraine.

Appartenant à l’évêché de Metz, l’église Sainte-Glossinde possède un magnifique baldaquin à la romaine. Les 6 colonnes sont disposées en 2 trépieds. Les piédestaux reposent sur le sol. Au sommet, 2 anges adolescents et 4 consoles feuillagées qui se rejoignent au centre. Elles supportent une nuée dont l’angelot porte le globe terrestre, entouré du serpent et surmonté de la croix.

Baldaquin de l’église Sainte-Glossinde, Metz., Baldaquin de l’église Sainte-Glossinde, Metz.,

Baldaquin de l’église Sainte-Glossinde, Metz.,

 

Baldaquin de la cathédrale de Verdun de forme carrée, rappelant celui de St Pierre de Rome. Piédestaux et colonnes salomoniques en marbre, surmontées de chapiteaux corinthiens en bois doré. Fûts cannelés sur le 1/3 inférieur, lisses au-dessus.

Magnifique couronnement : lambrequins imitant des galons en tissu, pompons qui pendent, consoles peu hautes doublement cintrées en largeur et hauteur, enroulements sculptés en spirale à la base. Anges adolescents dont les guirlandes végétales doublent la base des consoles, des palmes s’épanouissent au-dessus. Postures élégantes, ailes déployées, tuniques flottantes aériennes, mèches de cheveux en boucles serrées, coiffures maniéristes typiquement baroques.

.

Au centre, des angelots, celui du bas, assis sur des vagues, porte les tables de la loi, au- dessus l’autre angelot tient un petit tube et une grappe de raisin, références à l’ancien et au nouveau testament. (Moïse et les tables de la loi) - (raisin et vie du Christ).

 

Sur les lambrequins des têtes d’angelots à 2 paires d’ailes, l’une déployée vers le haut, l’autre dirigée vers le bas. Très rare sur un baldaquin, un ciel orné de rayons de lumière divine entremêlés de nuées. Dans les chaires à prêcher, le plafond utilisant ce type d’ornement est habituel et sert d’abat-voix.

Baldaquin de l'église de Loutzviller.

Baldaquin de l'église de Loutzviller.

Eglise de Loutzviller, baldaquin daté entre 1725 et 1750, peut-être issu du couvent de St Avold et transféré après la Révolution. Aérien, léger, polychrome, repeint en blanc et or, plus lumineux, ce baldaquin à la romaine est un peu réinterprété par l’entablement plein et l’accumulation de guirlandes végétales. Couronnement formé de 6 consoles étonnantes, grêles, gainées de feuilles d’acanthes et de palmes, deux gros fleurons à la base. Au-dessus un socle porte globe terrestre et croix.

 

 

Eglise de Gros-Réderching. Petit baldaquin de forme rectangulaire, colonnes antérieures salomoniques et postérieures rectilignes. Au-dessus des colonnes s’élèvent des nervures créant l’ossature d’une voûte. Les 2 colonnes d’entrée supportent un arc de tissu. Une couronne portant la croix est placée au sommet de ce demi-dôme raffiné.

Baldaquin, église de Bosserville.

Baldaquin, église de Bosserville.

Eglise de Bosserville. Imposant baldaquin aux colonnes de marbre. Couronnement sculpté formé de consoles et réseau feuillagé créant une sorte de coque. Au-dessus une plate-forme ovale porte 4 petites consoles soutenant le globe et la croix.

Eglise de Cousances.

Eglise de Cousances.

Eglise de Cousances. Une poutre de gloire est installée à la croisée du transept, la traverse de bois porte une scène de crucifixion : le Christ sur la croix est entouré de la Vierge et St Jean.  La restauration récente donne une vision différente des usages du 17ème et 18ème mais restitue une certaine unité et l’aspect doré originel. Les 6 colonnes en 2 groupes de 3 sont placées différemment. L’entablement s’enfonce  vers le mur. Consoles feuillagées, globe et croix…, vases de fleurs de part et d’autre, grande finesse ornementale.

Baldaquins Dun sur Meuse, Montmédy, Montigny sur Meuse.
Baldaquins Dun sur Meuse, Montmédy, Montigny sur Meuse.
Baldaquins Dun sur Meuse, Montmédy, Montigny sur Meuse.
Baldaquins Dun sur Meuse, Montmédy, Montigny sur Meuse.

Baldaquins Dun sur Meuse, Montmédy, Montigny sur Meuse.

A Dun sur Meuse, les colonnes forment une structure inventée de 2 carrés entrelacés, entablement courbe très prononcé, disparition de la couronne (qui était visible sur d’anciennes photos).

A Montmédy, 6 colonnes en trépied, surmontées par 4 consoles, couronne de lambrequin au sommet, pots à feu de part et d’autre, guirlande virevoltante. Triangle de la Trinité posé sur une nuée qui se détache sur des rayons de lumière divine.

A Montigny-sur-Meuse, au-dessus de l’autel, les consoles sont directement placées sur le mur de l’abside en cul de four. Petit baldaquin à la romaine inventif, réduisant les coûts et s’adaptant bien à la voûte de la petite nef.

 

 

Baldaquins de tabernacle. Eglise d’Assenoncourt

Posé sur l’autel, un baldaquin à la romaine miniature pour magnifier le tabernacle. Au-dessus des consoles, un ange assis sur une nuée.

 

A Commercy, hôpital Saint-Charles, un dais abat-voix très original, colombe du st Esprit au centre. Des anges atlantes en terme soutiennent le couronnement avec leurs bras. (Terme = partie inférieure gainée ici de végétaux).

Baldaquin posé sur l’autel à Hunting.

Deux niveaux de consoles, couronnement, globe et croix… de nombreuses variantes existent.

 

Le baldaquin d’autel de Thionville comporte une multitude d’anges assis, d’anges adolescents, d’angelots à califourchon…des linges retiennent des guirlandes végétales de fleurs, consoles à coquilles, panier de fleurs en vannerie, roses, tournesols… style rococo indéniable

Baldaquin de l'église de Thionville.Baldaquin de l'église de Thionville.
Baldaquin de l'église de Thionville.

Baldaquin de l'église de Thionville.

 

A Lunéville, c’est Stanislas qui a l’idée du baldaquin pour magnifier la tribune du grand orgue. Il est doublé par une peinture en trompe l’œil qui lui donne un aspect encore plus imposant. La coupole ornée de caissons sculptés est mise en valeur par un oculus bordée d’une balustrade diffusant un éclairage zénithal.

Eglise St-Jacques,  Lunéville, le Grand Orgue, baldaquin, armoiries de Stanislas.
Eglise St-Jacques,  Lunéville, le Grand Orgue, baldaquin, armoiries de Stanislas.
Eglise St-Jacques,  Lunéville, le Grand Orgue, baldaquin, armoiries de Stanislas.
Eglise St-Jacques,  Lunéville, le Grand Orgue, baldaquin, armoiries de Stanislas.
Eglise St-Jacques,  Lunéville, le Grand Orgue, baldaquin, armoiries de Stanislas.

Eglise St-Jacques, Lunéville, le Grand Orgue, baldaquin, armoiries de Stanislas.

 

A Isches, c’est un ciborium qui entoure la statue de Jésus. Le petit dôme bordé de lambrequins abrite une nuée avec des têtes d’angelots. Des drapés retenus par des angelots ailés en suspension, cordelières à pompons, pentes dorées aux allégories religieuses... En bas, les têtes d’angelots aux ailes asymétriques témoignent d’une sculpture un peu rudimentaire mais inventive.

Encore une fois, Catherine a passionné son auditoire avec ce sujet, pourtant peu ordinaire, et nous a fait découvrir ces baldaquins qui témoignent du talent des artistes, de leur créativité à partir d’un modèle de base et de l’évolution du goût, reflet de celui de la société au fil des siècles. C.C.

Prochaines rencontres avec Les Arts 57 :

les jeudis 22 et 29 juillet 2021, à 14h30.

Visite guidée de l’église Ste Thérèse à Metz.

 

Réservation obligatoire par mail ou par tél.

lesarts57@gmail.com      ou tél.   03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96

Partager cet article
Repost0
31 mai 2021 1 31 /05 /mai /2021 10:27
Rodemack - La porte de Sierck.

 

Une quinzaine de personnes ont répondu à l’appel lancé par Catherine sur Skype pour LesArts57, peu avant 14h. Accueil chaleureux de Martine qui rappelle les rencontres : AG de l’association, le lundi 17 mai à 14h et prochaine conférence le 18 juin, ainsi que l’ouverture des musées le 19 mai, mais pas encore pour des groupes. Plaisir renouvelé aussi pour Catherine, qui, pour ce sujet, se limite aux ensembles fortifiés médiévaux du département.

Très convoitée au moyen âge, la Lotharingie est une terre tourmentée. Châteaux, maisons, églises, et fermes peuvent être fortifiés. Au XI et XII ème, les châteaux primitifs sont souvent construits sur une colline naturelle (parfois artificielle) : la motte castrale. Vers le milieu du XIII ème, les châteaux forts sont quadrangulaires à tours circulaires. Certains châteaux forts persistent encore après le milieu du XVI ème, contemporains des châteaux de plaisance, style renaissance. Des maisons fortes édifiées près des églises, ou dans des domaines agricoles ont un rôle défensif en cas de conflit. Les villes médiévales s’entourent d’une enceinte urbaine dont il ne reste souvent que des portes ou des tours.

Vestiges, photos anciennes et documents cartographiques renseignent plus précisément. Etablies à la demande du roi, les très jolies cartes des Naudin couvrent le nord-est de la France. De 1728 à 1739, ces ingénieurs géographes parcourent les zones frontalières pour en dresser des relevés. Très intéressantes, les cartes des Cassini, cartographes de père en fils, eux aussi, couvrent l’ensemble du territoire au milieu et fin du XVIII ème. Les châteaux, nommés castrum, chastel ou burg y sont repérables. En Moselle, 219 édifices existants ou disparus sont attestés, dont 145 sites aux vestiges importants.

Geroldseck - Appareil XIVe siècle.

1 Eléments techniques.

Ce mur du XIV ème siècle présente un appareil irrégulier constitué de moellons disposés en lits successifs. L’appareil est la manière dont les pierres sont taillées et assemblées pour constituer une paroi.

Grand-Arnsberg - Bossage.

 

Sur cette tour, le bossage donne une impression de matériaux bruts. Ce type d’appareil conçu pour donner un aspect extérieur défensif ne nécessite pas moins de travail qu’un appareil lisse : les blocs sont taillés, assemblés face extérieure d’aspect plus grossièrement taillée.

D’autres traces de systèmes défensifs médiévaux existent sur les bâtisses : canonnières, pont levis, machicoulis, crénelage. Les ponts levis évoquent la présence de fossés (secs) ou de douves (remplies d’eau). Les progrès de l’armement sont perceptibles dans l’architecture : double orifice pour les canonnières. Les aménagements postérieurs ne sont pas toujours unifiés, un bossage moyenâgeux peut voisiner avec une reprise de fenêtre style renaissance, des arcs gothiques peuvent orner des machicoulis, un crénelage peut être ajouté au sommet d’une tour. Dans un mur crénelé, les créneaux (= creux) alternent avec les merlons (parties hautes).

Einhartshausen - canonnière en lunette -- Fénétrange - vestige pont-levis --Vic-sur-Seille – mâchicoulis --  Waldeck – crénelage.

Einhartshausen - canonnière en lunette -- Fénétrange - vestige pont-levis --Vic-sur-Seille – mâchicoulis -- Waldeck – crénelage.

 

Le château d’Ottange (Chau) mentionné sur la carte des Naudin ne figure pas sur la carte de Cassini. La tour est en ruine tandis que la partie quadrangulaire a été réemployée.

 

 

Château de Frauenberg, près de Sarreguemines. XIV ème. Tour puissante de ce château à l’origine défensif. Le corps de logis est percé d’ouvertures plus tardives.

Au lendemain de la visio-conférence « Les châteaux forts en Moselle », le 14 mai 2021.

La carte des Naudin représente la ville d’Albestroff fortifiée avec murs d’enceinte et tours, à l’écart, le château des évêques. Sa construction est antérieure à 1226 (réparations attestées cette année-là). Rôle militaire important de la ville et de son château au passé tourmenté. Incendié, reconstruit, laissé à l’abandon, il reste de la forteresse la plateforme où elle a été édifiée. La vue aérienne montre son emprise un peu grignotée par une nouvelle maison. L’emplacement des arbres situe celui des anciens fossés.

Le Schlossberg (= montagne du Château) emblématique de la ville de Forbach. Le château existait sans doute dès le XII ème à cet emplacement sur la motte castrale encore bien visible. Milieu XV ème, fortifications agrandies, création d’une nouvelle porte, construction d’une tour, d’écuries … Il devient un château Renaissance au XVI ème. Dévasté en 1591, reconstruit, il est détruit pendant la guerre de Trente ans (1618-1648). En ruine au moment du repérage des Cassini, c’est l’état indiqué sur la carte.

Schlossberg – carte des Naudin --- Schlossberg – carte Cassini.

Schlossberg – carte des Naudin --- Schlossberg – carte Cassini.

Schlossberg - parties en ruines.
Tour du Schlossberg.

Le domaine est réaménagé pendant l’annexion : construction d’un parc, de bassins, d’une roseraie fameuse. En 1891, édification de la tour octogonale de 28m de haut par l’architecte Tornow sur l’emplacement d’une tour d’angle. Restaurée en 1950, elle représente le souvenir du château médiéval et le symbole de la ville.

3 Tours.

De ces châteaux anciens, il reste des tours au sommet d’une colline émergeant de la forêt, ou sur un éperon rocheux. Rôle dans la défense du territoire aux alentours, contrôle des vallées et surveillance des routes menant aux villes, elles affirment aussi l’autorité du seigneur, sa puissance.

Tour du Waldeck ---- Lutzelbourg : donjon et tour ---- Tour de Créhange.

Appareil à bossage au château de Lutzelbourg, fin XIIeme, sur le donjon pentagonal et la tour quadrangulaire. Les ouvertures de la tour de Créhange indiquent plusieurs niveaux de positionnement des armes : sur le plancher et dans les escaliers.

 

Tour de Falkenstein, près de Philippsbourg. Les archères dans la partie inférieure, les petites fenêtres partie supérieure datent de l’édification de la tour. En haut les corbeaux, vestiges d’un bel encorbellement qui supportait les mâchicoulis. Incroyable situation de ce château sur une barre rocheuse qui a obligé les bâtisseurs à s’adapter : certaines pièces sont troglodytes. 

 

La Haute Maison à Woippy.

Edifiée au XVe siècle. Maison forte défensive, 14 m de hauteur, contrefort massif, tour d’habitation au crénelage rénové.

La Tour aux puces. Thionville est un bourg fortifié dès le X ème - XI ème siècle. Régulièrement augmentées, (Charles Quint, Vauban…), les fortifications sont détruites autour de 1900. Cette jolie tour pentagonale à 14 pans serait le donjon d’un château fort du XII ème, 18m de diamètre, amputée de sa partie supérieure. Le crénelage est reconstitué au XIX ème siècle. C’est le siècle où l’historicisme s’intéresse beaucoup au moyen âge (Viollet le Duc) et où la restauration utilise le principe de restitution.

4 Villes fortifiées.

Vic-sur-Seille : carte de Cassini --- carte des Naudin

Sur la carte de Cassini, la muraille et les tours qui entourent Vic évoque un dispositif de fortifications médiévales. Celle des Naudin distingue le mur d’enceinte de la ville et le château-forteresse.

Peu de vestiges subsistent de ce château des évêques, la porte fortifiée est préservée de la ruine, grâce à son classement aux Monuments Historiques au XIX ème. Les 2 tours encadrant le pont (probable pont-levis), canonnières, machicoulis, et toiture restaurée donnent belle allure à ce châtelet d’entrée.

 

 Vic-sur-Seille - château des Evêques.

La citadelle de Bitche et sa fortification Vauban sont reconnaissables sur la carte Cassini. A Sarrebourg l’enceinte fortifiée est encore bien présente et imposante dans la ville.

Bitche : carte de Cassini --- Sarrebourg : tour d'enceinte.

 

A Fénétrange, de nombreux éléments médiévaux, traces de l’ancien bourg fortifié, subsistent encore dans la ville : château en fer à cheval, tour et pont-levis… Des murs de maisons récentes s’appuyant sur des murs médiévaux, le couvrement incongru d’une tour… témoignent de multiples réaménagements.

 Fénétrange -  vue aérienne - château - tour et pont-levis- tour réaménagée.
 Fénétrange -  vue aérienne - château - tour et pont-levis- tour réaménagée.
 Fénétrange -  vue aérienne - château - tour et pont-levis- tour réaménagée.
 Fénétrange -  vue aérienne - château - tour et pont-levis- tour réaménagée.

Fénétrange - vue aérienne - château - tour et pont-levis- tour réaménagée.

Rodemack. Autour du château XII ème, le village s’est fortifié au XIII ème. Histoire tourmentée, fortifications renforcées au XVème, l’enceinte urbaine est bien conservée. La ville est choyée par ses habitants conscients de sa valeur patrimoniale : création d’un jardin médiéval reconstitué.

 Rodemack :  enceinte - jardin médiéval. Rodemack :  enceinte - jardin médiéval.

Rodemack : enceinte - jardin médiéval.

Porte de la cité dont le châtelet d’entrée est bien préservé. Deux tours trapues, meurtrières au sommet, le couvrement est  vraisemblable, (pas d’ajout de crénelage). Les ouvertures plus grandes sont postérieures.

Rodemack -  La porte de Sierck.

Sierck-les-Bains – carte de Cassini.

 

Sur l’éperon rocheux qui domine un méandre de la Moselle et la ville de Sierck,  le château des Ducs de Lorraine est entièrement reconstruit au XVème siècle.  Pourvue de grosses tours circulaires, l’enceinte du château, est reliée aux fortifications qui protègent le village depuis le XIIIème siècle.

Sierck-les-Bains  : Château des Ducs de Lorraine : enceinte du château et enceinte urbaine -Tour de l’horloge, une des portes de la ville, vestige du XIII ème s.
Sierck-les-Bains  : Château des Ducs de Lorraine : enceinte du château et enceinte urbaine -Tour de l’horloge, une des portes de la ville, vestige du XIII ème s.
Sierck-les-Bains  : Château des Ducs de Lorraine : enceinte du château et enceinte urbaine -Tour de l’horloge, une des portes de la ville, vestige du XIII ème s.

Sierck-les-Bains : Château des Ducs de Lorraine : enceinte du château et enceinte urbaine -Tour de l’horloge, une des portes de la ville, vestige du XIII ème s.

5 Châteaux fortifiés.

Sur un éperon rocheux qui surplombe le village de Manderen, le château de Mensberg est construit par les ducs de Lorraine au XV ème siècle. En juin 1705, le duc John Churchill de Marborough, (francisé en Malbrouck) s’apprête à envahir la France à la tête d’une coalition et d’une armée de 100 000 hommes. Il y installe son quartier général. Face à lui, le  maréchal  de  Villars avec moins de 50000 soldats. Attendant des renforts germaniques qui ne viennent pas, il profite d'une nuit de brouillard et quitte la place 2 semaines plus tard sans livrer la bataille. Au petit matin, Villars a la surprise de constater la disparition des troupes ennemies. Malbrouck s'en est allé, laissant son nom au château.

Manderen : vue aérienne du château.

Plan trapézoïdal. Aux angles, 3 tours carrées aux proportions inégales reliées entre elles par des courtines et une circulaire à machicoulis. A l’entrée : pont, châtelet massif, herse. A l’intérieur, vaste cour centrale, corps de logis imposant à 3 niveaux d’élévation.

 Château de Manderen : entrée - cour intérieure. Château de Manderen : entrée - cour intérieure.

Château de Manderen : entrée - cour intérieure.

Bel exemple de restitution contemporaine. « La restauration … se fonde sur le respect de la substance ancienne et de documents authentiques… tout travail de complément … doit porter la marque de notre temps … ». (Charte de Venise). Pour le château, les lacunes ont été complétées par du moellonnage de petit appareil, s'opposant au gros appareil de la ruine. Cet énorme chantier de 1991 à 1998 a permis de faire travailler sur le site une dizaine de corps de métiers différents. Lieu de congrès, d’exposition, ce bel équipement culturel polyvalent constitue une restauration de prestige très réussie.

Quelques châteaux forts qui ont subsisté. A Hellering  près de Hombourg- Haut, le château est en ruines. Il reste deux tours, une grande porte, une longue façade. Alors que sa procédure de classement était en cours, celui de Distroff a été rasé en 1985.

Vestiges du château d’Hellering.  Hellering au XIXe siècle. Château de Distroff, rasé en 1985. Cour intérieure du château de Freistroff. Entrée du château de Luttange. Château de Volkrange et sa tour d’angle.
Vestiges du château d’Hellering.  Hellering au XIXe siècle. Château de Distroff, rasé en 1985. Cour intérieure du château de Freistroff. Entrée du château de Luttange. Château de Volkrange et sa tour d’angle.
Vestiges du château d’Hellering.  Hellering au XIXe siècle. Château de Distroff, rasé en 1985. Cour intérieure du château de Freistroff. Entrée du château de Luttange. Château de Volkrange et sa tour d’angle.
Vestiges du château d’Hellering.  Hellering au XIXe siècle. Château de Distroff, rasé en 1985. Cour intérieure du château de Freistroff. Entrée du château de Luttange. Château de Volkrange et sa tour d’angle.
Vestiges du château d’Hellering.  Hellering au XIXe siècle. Château de Distroff, rasé en 1985. Cour intérieure du château de Freistroff. Entrée du château de Luttange. Château de Volkrange et sa tour d’angle.
Vestiges du château d’Hellering.  Hellering au XIXe siècle. Château de Distroff, rasé en 1985. Cour intérieure du château de Freistroff. Entrée du château de Luttange. Château de Volkrange et sa tour d’angle.

Vestiges du château d’Hellering. Hellering au XIXe siècle. Château de Distroff, rasé en 1985. Cour intérieure du château de Freistroff. Entrée du château de Luttange. Château de Volkrange et sa tour d’angle.

 7 Maisons fortes.

Des mentions intéressantes de différentes natures figurent sur cette carte de Cassini du XVIII ème. Près de la maison forte d’Alteville à Tarquimpol, la Folie indique une construction originale, une Tuilerie renseigne sur une activité économique du territoire tandis que La Commanderie est un site anciennement templier.

Maison forte d’Alteville.Maison forte d’Alteville.

Maison forte d’Alteville.

Craincourt : maison-forte du XVe siècle puis un siècle plus tard modernisé, en accroissant ses moyens défensifs, elle est transformée en château par ajout de tour et colombier. Joli portail en anse de panier, encadré de pilastres ioniques, fronton daté de 1728.

Château de Craincourt – porte - tour – façade arrière.
Château de Craincourt – porte - tour – façade arrière.Château de Craincourt – porte - tour – façade arrière.
Château de Craincourt – porte - tour – façade arrière.Château de Craincourt – porte - tour – façade arrière.

Château de Craincourt – porte - tour – façade arrière.

Heckenransbach, église Notre-Dame-de-la-Visitation.

7 Eglises fortifiées.

Heckenransbach, près de Sarreguemines. Cette ancienne église fortifiée, est dotée d’une surprenante et incroyable tour-clocher défensive avec machicoulis et meurtrières. Erigée au XIII ème siècle, elle permit autrefois à la population de se réfugier lors de la venue des envahisseurs.

Hilbesheim - église Saint-Brice.

 

A Hilbesheim, le clocher circulaire était à l'origine un donjon XII ème dont le sommet a été transformé. 

Eglise Saint Gorgon à Lessy.

 

A Lessy, le clocher carré de l'église date du XIII ème siècle. Murs percés de meurtrières, il serait l’ancien donjon d’une forteresse.

 

Le clocher fortifié de l’église de Vaux est daté du XIII ème. Son décor rappelle davantage celui d’un château.

Une fois de plus, Catherine donne envie de sortir des murs et d’aller faire de belles balades en Moselle.

Prochaine visio-conférence : le vendredi 18 juin à 14 h.

Exemples de mobilier religieux, les baldaquins en Lorraine.

 

Partager cet article
Repost0
1 mai 2021 6 01 /05 /mai /2021 11:10
Porte à tympan, 13 rue des Huilliers, Metz.

Vendredi 16 avril, peu avant 14h, 26 personnes devant leur écran répondent à l’appel lancé par Catherine pour LesArts57. Martine accueille chaleureusement les habitués de ce rendez-vous mensuel par Skype. Au cours de cette 6ème rencontre, nous allons poursuivre l’exploration du patrimoine messin. Catherine a choisi de nous présenter Metz aux XVIIe et XVIIIe siècle sous un angle très original.

Dans la ville, des monuments, des éléments d’architecture, facilement observables encore aujourd hui, ainsi que des publications témoignent de l’activité artistique de cette époque.

 

Début XVIIe siècle, en 1603, le roi Henri IV entreprend un voyage dans tout le royaume pour affirmer son autorité par sa présence physique. Les villes organisent des entrées triomphales. A Metz, il vient aussi pour arbitrer un conflit qui oppose le procureur du roi aux gouverneurs de la ville et de la citadelle. Le parcours et les décors de cette entrée, le 14 mars 1603, sont bien connus grâce au livret publié par Abraham Fabert en 1610, Voyage du roi à Metz. Des gravures sur les décors éphémères aux différentes étapes, l’ordre de la procession, des plans de la ville… y sont représentés.

Itinéraire Henri IV (plan Fabert).

La procession commence à la Porte Saint-Thiébault, roi en tête. L’ordre des participants est indiqué. Elle passe place st Louis et se termine à la Cathédrale. C'est le sculpteur et architecte nancéen Florent Drouin qui conçoit les décors de l’architecture éphémère.

 

1ère étape :  Porte Saint-Thiébault.

A l’extérieur, un arc de triomphe est érigé sur le modèle des portes triomphales antiques avec colonnes, frise. Sur les piliers, quatre statues des Vertus du roi et des tableaux représentant ses victoires. Au-dessus, une statue du roi tenant une lance où s’enroulent un serpent et une branche de laurier. Au moment de son passage : deux adolescents costumés descendent des nuées pour déposer une couronne de myrte (gloire et amour) et d’olivier (paix et sagesse). Ce décor très élaboré glorifie l’aspect militaire  du roi Henri IV.

2ème étape : devant l’Hôtel-Dieu (hôpital Saint-Nicolas) est bâtie une grotte rustique. A sa base, un rocher cubique couvert de mousse, de coquilles et de reptiles.  Les personnifications de la rivière Seille (féminine) et de La Moselle,(masculine) sont placées dans une niche.  L’arcade centrale en appareil rustique et atlantes, reprend un dispositif alors bien connu dont le modèle est la Grotte des Pins du château de Fontainebleau ( 1540). Au-dessus, aurait dû s’élever la pyramide tronquée, représentée sur la gravure, ornée de blasons, de scènes de batailles, et de trophées d’armes.

Mais par manque de temps, la grotte rustique est inachevée et la pyramide prévue n’a pas été construite.

Grotte rustique éphémère Metz.--Grotte des Pins du château de Fontainebleau (1540).Grotte rustique éphémère Metz.--Grotte des Pins du château de Fontainebleau (1540).

Grotte rustique éphémère Metz.--Grotte des Pins du château de Fontainebleau (1540).

3ème étape : Avenue du Champ-à-Seille (actuelle place Coislin).

Triple portique dorique, décors d’armoiries royales et de guirlandes végétales, surmontés de putti ailés.

4ème étape : En bas de la Fournirue est installé un baldaquin. Entre les chapiteaux sont suspendues des guirlandes de fruits en cire colorée et une voûte bleue parsemée d’étoiles dorées. Au-dessus des pilastres, 3 vases contiennent des essences aromatiques qui s’enflamment à l’approche du roi.

Un socle triangulaire orné de putti présentant les armoiries de France et de Navarre supporte trois H de Henri, autour desquels s’enroulent des serpents, des palmes et des branches de laurier. Au centre, 2 sceptres fleurdelisés et une épée s’entrecroisent, évoquant la puissance et la majesté du roi. Au-dessus, une vaste couronne ornée de fausses pierres précieuses colorées.

 La procession fait appel à tous les sens : vue, ouïe et même odorat ! Henri IV arrive alors en Fournirue où les façades des maisons sont tendues de tapisseries.

5ème étape : en arrivant sur la cathédrale, en haut de la Fournirue, se dresse un double arc triomphal avec colonnes corinthiennes, putti ailés tenant branches de laurier et armoiries. Deux inscriptions évoquent la fidélité de la cité envers le roi. Spectaculaire trophée d’arme au sommet. À l’intérieur de l’arche, des caissons ornés de fleurs et une figure féminine assise sur un siège curule, sorte de tabouret pliable aux pieds incurvés, symbole du pouvoir dans la tradition antique romaine. Les jambes croisées, vêtue d’un drapé, des tiges de plantes en guise de chevelure, elle tient sur sa main droite un petit personnage debout. Peut- être l’allégorie de la Moselle, inspirée par le poème d'Ausone intitulé « La Moselle », (IVe siècle).

6ème étape : Devant la cathédrale, un arc à double baies. Les 3 piliers creusés de niches abritent les statues des vertus théologales :

 à gauche : l’Espérance tient une ancre,

au centre : la Charité accompagnée d’enfants,

 à droite : la Foi tenant un cœur enflammé.

Arcs en bossage rustique, imposante clé ornée d’une feuille d’acanthe, putti ailés tenant des palmes dans les écoinçons. Une frise de rinceaux floraux sur l’entablement de part et d’autre de la table d’attente. Dans la partie supérieure, une lourde bordure végétale, retenue par un ruban enroulé, souligne l’arc brisé. Des fleurs de lys tapissent le fond de la lunette. Au centre, deux pilastres ioniques supportent une tribune sur laquelle une statue de Charlemagne accompagnée de deux blasons : à gauche, ses armoiries, aigle et fleurs de lys, à droite, sans doute celles du Dauphin (né en 1601) symbolisant l’héritage. De part et d’autre des pilastres, deux putti chevauchent des dauphins.

Un autre décor avait été prévu : une Pyramide au milieu de la place, devant la cathédrale, sur laquelle une statue devait représenter Henri IV en Hercule. Cet hommage au roi n’est pas aussi grandiose et symbolique que ses concepteurs l’avaient prévu.

Traces encore visibles du XVIIème dans la ville, l’actuelle entrée du Musée de la Cour d’Or, installée dans l’ancienne chapelle des Petits Carmes ou des Carmes Déchaux. Cet ordre religieux est fondé par sainte Thérèse d’Avila en Espagne en 1568.

A Metz, les religieux achètent l’ancienne abbaye Saint-Eloy, sur la colline Sainte-Croix en 1644 et construisent de nouveaux bâtiments. Ils commencent par la chapelle. L’architecte milanais, Giovanni Betto, conçoit un plan en croix latine courte, chœur à fond plat et coupole à la croisée du transept. La coupole est construite sur pendentifs : les grands arcs s’appuient sur le carré de la croisée et forment des triangles, servant de support au cercle de base. Ce type de coupole est encore très peu connu en Lorraine mais fréquent en Italie. La chapelle est achevée en 1675.

Abbaye St Eloy - plan Merian 1655.   Eglise des Petits Carmes (nef).Abbaye St Eloy - plan Merian 1655.   Eglise des Petits Carmes (nef).

Abbaye St Eloy - plan Merian 1655. Eglise des Petits Carmes (nef).

L’important soubassement de la façade compense l’inclinaison du terrain. Le premier niveau est divisé en 3 travées, pilastres, niches latérales et fronton courbe au -dessus de la porte, entablement sobre au-dessus. Au 2ème niveau, les consoles latérales resserrent harmonieusement la largeur en une travée centrale à pilastres et surmontée d’un fronton triangulaire.

 

Façade avant restauration. 

L’architecture privée témoigne aussi des constructions réalisées au XVIIe siècle. Maison, n° 7-9, place St-Nicolas : la façade s’élève sur 3 niveaux dont un attique, limités par de puissants entablements. Des pilastres superposés lisses, d’ordre dorique, ionique et toscan soulignent les travées.  Premier niveau très bouleversé mais le rythme des ouvertures reste visible au 2e et 3e niveaux, avec des fenêtres rectangulaires surmontées de petites baies cintrées et jumelées.

Au lendemain de la visio-conférence « Metz aux XVIIe et XVIIIe siècles », le 16 avril 2021.

La porte d’entrée a conservé deux pilastres aux chapiteaux sobres ornés de deux fleurons.  Décors intéressants sur les métopes de la frise dorique : des disques à rayons (boucliers ?) alternent avec des bucranes (= crânes de bovidés). Ces motifs montrent la connaissance des modèles romains et grecs. Au-dessus, un édicule composé par deux colonnettes ioniques supportant un fronton triangulaire. C’est un des plus beaux vestiges de l’architecture du début du XVIIe siècle messin.

Au XVIIIe siècle, le maréchal de Belle-Isle, gouverneur de Metz entreprend des transformations profondes et nombreuses dans la ville. Un pavement est posé sur l’île du Petit Saulcy en 1732. Pour divertir les soldats, il soutient la construction de l’opéra théâtre (1739 à 1758), architectes Jacques Oger et Roland Le Virlois. C’est aujourd’hui le plus ancien théâtre de France encore en activité.

 

Une maison, 11 rue Marchant, un peu mieux préservée, porte aussi les traces des aménagements du XVIIe au niveau des fenêtres et du portail ainsi qu’une galerie italiénisante à l’intérieur.

Cette maison, 1 rue de l’abbé Risse, présente encore la façade d’une boutique avec l’ouverture de la cave au-dessous, et deux fenêtres trilobées d’allure médiévale au-dessus. Malgré ses dimensions modestes, la porte possède une allure monumentale grâce aux reliefs très puissants du bossage plat de ses montants conçus comme des pilastres. Le clavage supérieur contient une clé en pointe de diamant. Au-dessus, le fronton surbaissé est interrompu par un édicule à fronton courbe contenant aussi un bloc en fort relief. Joli mélange de sobriété et de formes connues des grands modèles du XVIIe siècle.

 D’autres exemples de boutiques assez bien conservés existent encore rue des Trinitaires.

Au XVIIIe siècle, le maréchal de Belle-Isle, gouverneur de Metz entreprend des transformations profondes et nombreuses dans la ville. Un pavement est posé sur l’île du Petit Saulcy en 1732. Pour divertir les soldats, il soutient la construction de l’opéra théâtre (1739 à 1758), architectes Jacques Oger et Roland Le Virlois. C’est aujourd’hui le plus ancien théâtre de France encore en activité.

Place de la Comédie.

Les immeubles de la place de la Comédie ont été construits entre 1753 et 1755. À gauche, le pavillon Saint-Marcel sert de résidence aux gouverneurs de Metz puis, après 1790, aux officiers supérieurs. À droite, le pavillon de la douane, sert tout d’abord de résidence pour les officiers. Il abrite désormais des logements.

Place d’Armes : Corps de garde (achevé en 1771), Hôtel de ville (achevé en 1788), Parlement.

Place d’Armes : Corps de garde (achevé en 1771), Hôtel de ville (achevé en 1788), Parlement.

Le Palais du Gouverneur des Trois-Evêchés, 1778-1791. Style néo-classique dû à l’architecte Charles-Louis Clérisseau. Il est édifié à l’emplacement de l’hôtel Haute Pierre où habitait le gouverneur de Metz depuis 1556. Les travaux interrompus en 1791 ne reprennent qu’au début du XIXe siècle. Il devient le palais de Justice en 1806.

 

Abbatiale de Saint-Vincent. Edifice gothique du XIIIe siècle, considéré comme un des plus beaux édifices de la ville. Claude Chastillon, architecte d’Henri IV, qui, lors de son passage à Metz publie un ouvrage sur la ville dans lequel figure une gravure du chevet de l’église.

Dernière des 4 abbayes bénédictines construites à Metz, après St-Arnould, St-Clément et St-Symphorien, elle est élevée au rang de basilique en 1933 par le pape Pie XI.

Au cours du XVIIe siècle, les travaux se concentrent à l’intérieur du bâtiment pour supprimer le jubé et accueillir les pèlerins devenus nombreux. L’abbaye possède de nombreuses reliques : outre celles de sainte Lucie et de saint Vincent, il y avait aussi des reliques de la Vierge, de saint Pierre, un morceau de la vraie croix … Fragilisée par un incendie, la foudre et la grêle, la tour centrale (51m) s’effondre, elle sera est démolie en 1737. Seulement protégée par une palissade en bois, l’intérieur est ravagé par une tempête en 1752. Les travaux sont donc mis en œuvre : on commence par augmenter de 2 travées la longueur de la nef.

Église St-Gervais-St-Protais. Paris -- Abbatiale St-Vincent (façade), Metz.

Église St-Gervais-St-Protais. Paris -- Abbatiale St-Vincent (façade), Metz.

La plus grande intervention consiste à construire une nouvelle façade. Inspirée par les grandes églises parisiennes du début du XVIIe, elle est édifiée sur le modèle de Saint-Gervais-et-Saint-Protais, 1621, dont l’architecte est Salomon de Brosse.

3 niveaux d’élévation, colonnes respectant la hiérarchie des ordres, dorique, ionique et corinthien. 3 travées, au 3e niveau une seule travée encadrée par des vases et surmontée par des pots-à-feu. Le fronton triangulaire qui la couronne supporte une croix. Remarquable façade qui témoigne encore de la circulation des modèles (même 1 siècle plus tard).

Les demeures privées présentent encore dans le décor des façades des éléments datant du XVIII. Reflet d’une élégance passée, les portes à tympan sont encore nombreuses à Metz. Elles sont même souvent préservées lorsque les bâtiments sont transformés. Les proportions générales du tympan représentent environ un tiers de la hauteur totale de la porte. De forme rectangulaire ou carrée, elles offrent deux modèles de décor.

Le premier modèle est de style Rocaille : coquilles, entrelacs, paniers de fleurs et rinceaux végétaux. Bel exemple au 31 rue du Champé, qui présente de plus, au centre, une tête ornée d’un ruban noué sous le cou, une chevelure crantée, un diadème prolongé par une grande feuille d’acanthe et joli détail : des pendants d’oreille. Une variante assez proche au 31 rue Dupont des Loges avec une corniche de forme courbe, des reliefs moins hauts et où la composition du décor s’organise à partir d’un motif central de coquille. Intéressant réemploi de cette porte dans un immeuble récent qui préserve un vestige du passé.

Au lendemain de la visio-conférence « Metz aux XVIIe et XVIIIe siècles », le 16 avril 2021.

Le second modèle inclue au style Rocaille un dessin ancien, peut-être issu de traditions locales messines ancestrales. Le chancel de l’église Saint-Pierre-aux-Nonnains, daté du VIIIème siècle, se compose de panneaux en pierre sculptés d’entrelacs végétaux, de figures animales, mais aussi de figures géométriques à motifs de losanges.  A la cathédrale Saint-Etienne, certains décors extérieurs, datés XIIIème-XIVème, possèdent des caissons en forme de losanges aux bordures perlées, avec une fleur à chaque angle ou de gros boutons floraux ou encore des créatures hybrides et fantastiques inspirées du bestiaire gothique.

Chancel St-Pierre-aux-Nonnains, VIII ème, pierre ornée de losanges.   Cathédrale St-Etienne, portail nord de Notre-Dame la Ronde, bestiaire. Portail Saint-Etienne, XIII ème, treillis à gros boutons floraux.

Chancel St-Pierre-aux-Nonnains, VIII ème, pierre ornée de losanges. Cathédrale St-Etienne, portail nord de Notre-Dame la Ronde, bestiaire. Portail Saint-Etienne, XIII ème, treillis à gros boutons floraux.

Porte, 52 rue du Champé. Tympan, 32 rue du Champé. Porte, 118 bis bvd Maginot. Tympans, 13 rue des Huilliers, 32 rue Mazelle et 17 rue des Allemands.                                        ,13 rue des Huilliers s.
Porte, 52 rue du Champé. Tympan, 32 rue du Champé. Porte, 118 bis bvd Maginot. Tympans, 13 rue des Huilliers, 32 rue Mazelle et 17 rue des Allemands.                                        ,13 rue des Huilliers s.
Porte, 52 rue du Champé. Tympan, 32 rue du Champé. Porte, 118 bis bvd Maginot. Tympans, 13 rue des Huilliers, 32 rue Mazelle et 17 rue des Allemands.                                        ,13 rue des Huilliers s.
Porte, 52 rue du Champé. Tympan, 32 rue du Champé. Porte, 118 bis bvd Maginot. Tympans, 13 rue des Huilliers, 32 rue Mazelle et 17 rue des Allemands.                                        ,13 rue des Huilliers s.
Porte, 52 rue du Champé. Tympan, 32 rue du Champé. Porte, 118 bis bvd Maginot. Tympans, 13 rue des Huilliers, 32 rue Mazelle et 17 rue des Allemands.                                        ,13 rue des Huilliers s.
Porte, 52 rue du Champé. Tympan, 32 rue du Champé. Porte, 118 bis bvd Maginot. Tympans, 13 rue des Huilliers, 32 rue Mazelle et 17 rue des Allemands.                                        ,13 rue des Huilliers s.

Porte, 52 rue du Champé. Tympan, 32 rue du Champé. Porte, 118 bis bvd Maginot. Tympans, 13 rue des Huilliers, 32 rue Mazelle et 17 rue des Allemands. ,13 rue des Huilliers s.

Au 52 rue du Champé : coquille centrale très large, arabesques, rinceaux, losanges ornés de fleurettes. Version plus originale, ce tympan, 32 rue du Champé, présente dans le claveau central un bovin couronné. D’autres exemples montrent beaucoup de variété dans le répertoire décoratif utilisant les mêmes motifs mais dans des compositions différentes. Sur celle du 32 rue Mazelle, au centre une fleur surmontée d’un feuillage décoratif très découpé, mais une petite coquille est discrètement présente sur le bord inférieur. Cet autre fronton, 17 rue des Allemands, présente aussi des caractères Rocaille subtilement disposés, coquille centrale, motif original, et feuillage ornemental sur le haut du cadre de la porte.

Fontaine Ste-Croix -- Fontaine St-Nicolas.

Fontaine Ste-Croix -- Fontaine St-Nicolas.

 Les fontaines. Édifiée sur la place en 1734, la fontaine Sainte-Croix est fortement mutilée et perd ses statues à la Révolution, une croix est placée à son sommet.

 Adossée à l’hôpital, la fontaine St-Nicolas (1739) est surmontée d’une galerie. Sur son fronton deux génies tiennent une palme et une couronne au-dessus de l’écu de la ville de Metz. Une statue de Notre-Dame des Prisonniers est installée en 1948. Elle a les traits de Sœur Hélène Studler, figure de la résistance messine.

 

Fontaine Coislin. De 1727 à 1733, Henri-Charles du Cambout, duc de Coislin et évêque de Metz, fait construire à ses frais une caserne sur la place du Champ à Seille afin que les habitants de Metz n’aient plus la charge des logements militaires. Œuvre du sculpteur Simar, la fontaine, érigée en 1746, est adossée à la caserne. En pierre de Jaumont, de style néo-classique, la fontaine a une histoire mouvementée début XXème et subit quelques modifications. La tête de lion y est ajoutée.

Très appréciée par les auditeurs, cette présentation toute subjective de Catherine donne très envie de parcourir les rues de Metz à la recherche de ces monuments et éléments d’architecture et de sculptures.

 

 Prochaine visio-conférence : le vendredi 14 mai à 14 h.

Les châteaux forts médiévaux en Moselle.

Partager cet article
Repost0

Présentation

Droit à l'image

Les photos et images présentes sur ce site sont couvertes du droit à l'image; si l'une ou l'autre d'entre elles venait à outrepasser ce droit, nous nous en excusons et la retirerons immédiatement sur demande.
Les Arts 57

Recherche

QUI SOMMES-NOUS ?

 

 L’association Les ARTS 57 poursuit un but non lucratif et a pour objet la promotion des valeurs et actions culturelles et artistiques au profit des populations des villages et villes qui souhaitent y participer.

 

Donner le goût de découvrir, de même que les clés pour comprendre, apprécier et porter un jugement critique seront les objectifs de ce cycle de  conférences dans nos villages.

 

Le but est également de réunir, dans nos villages, des personnes partageant la même passion.

 Nous programmons au moins quatre rencontres par an et organisons deux  à trois visites guidées en fonction des événements culturels  dans la Région.

 

Liste des membres du conseil d’Administration

 

Présidente :                 Martine ZIEGLER  

Vice-présidente :         Chantal RENNER   

Trésorière :                  Geneviève DIDELOT

Trésorière adjointe :     Brigitte CROUZET

Secrétaire :                  Arielle SILICE-PALUCCI 

Assesseur :                  Catherine BOURDIEU  

Assesseur :                  Chantal CLEMENT

 

 

PARTENAIRES