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24 novembre 2020 2 24 /11 /novembre /2020 14:26

 

16h50, devant l’écran connecté sur Skype, les petites fenêtres s’allument et, peu à peu, apparaissent les visages des 25 participants invités par Catherine Bourdieu, Maitre de conférences en Histoire de l’art à l’Université de Metz…. Avec sa patience bienveillante et souriante, elle aide d’abord à résoudre les soucis de micros, d’images.

Puis, Martine Ziegler, sympathique présidente de Les Arts 57, remercie tous les adhérents pour leur soutien malgré l’annulation des visites à la cathédrale et Yves Klein à Pompidou, elle remercie aussi Chantal Clement pour la rédaction des articles sur le blog et tout particulièrement Catherine pour son implication indéfectible dans cette expérience à distance. Le dernier C.A. virtuel a proposé de tenter des « télé-rencontres » mensuelles, en commençant par l’Ecole de Metz. Un cycle de 3 conférences permettra de redécouvrir les travaux de ces artistes peu connus et pourtant intéressants.

L’ouvrage de référence est celui de Christine Peltre, (L’Ecole de Metz). Moins célèbre que sa voisine, l’Ecole de Nancy, celle de Metz est active entre 1830 et 1870, la guerre et l’annexion en marquent la fin, de nombreux artistes quittent la Moselle pour Nancy, Bar le Duc …

Caractères généraux de l’Ecole de Metz.

Il s’agit de peinture, gravure, dessin, pastel, vitrail et sculpture dont les thèmes se rapportent au Pays messin, son histoire, son architecture et ses paysages romantiques mais aussi au Moyen-Age et à l’orientalisme. Les artistes voyagent au Moyen-Orient, dans l’empire ottoman, en Grèce.

En ce début de XIX ème, la création d’écoles, d’académies et de revues témoignent d’une vie culturelle et artistique foisonnante qui va favoriser l’émergence de l’Ecole de Metz.

L’enseignement artistique est dispensé dans 2 écoles : l’Ecole municipale de dessin créée en 1814, et l’Ecole départementale de peinture en 1820. L’école de dessin est gratuite, la ville attribue tous les trois ans, une bourse au meilleur élève pour un complément de formation à Paris ; parmi eux, Auguste Hussenot et Robert Dupuy. L’école de peinture attribue aussi des prix, en 1824, c’est Auguste Mennessier qui l’obtient et se rend à Paris. 

Portrait d'Auguste Hussenot                --            Auguste Mennessier, La Vieille porte.

Portrait d'Auguste Hussenot -- Auguste Mennessier, La Vieille porte.

Les académies deviennent de plus en plus importantes.

La Société royale des sciences et des arts, rétablie en 1819, compte parmi ses membres, Henri Scoutetten, médecin, amateur d’art éclairé, il collectionne les œuvres d’Octavie Sturel-Paigné, élève de Maréchal.

La Société des amis des arts, créée en 1834 a pour objectif de soutenir les artistes mosellans en achetant leurs œuvres. 13 expositions auront lieu en différents endroits de la ville : bibliothèque, Palais de Justice, Hôtel de ville… Très intéressant, le catalogue de 1852 renseigne sur l’accrochage des œuvres dans les différentes salles et la liste des artistes de Metz et des autres villes : Nancy, Paris, Dijon …

Les peintures à l’huile sont accrochées dans le grand Salon, les pastels dans le salon carré, les aquarelles et les dessins dans le salon de Guise.

Parmi les artistes messins : 38 Peintres : Maréchal et son fils Raphaël, Auguste Hussenot et son fils Joseph, Devilly, Auguste Rolland, Mélanie Paigné et sa sœur Mme Sturel-Paigné, Auguste et Louis Mennessier, Salzard, Ferdinand de Lemud, Charles-André et Gonzalve Malardot, Auguste Marc, Jules Racine, … 1 Sculpteur : Fratin, 2 Graveurs : Bellevoye et Hurel, 1 Lithographe : Aimé de Lemud.

L’Union des arts créée en 1850 par Eugène Gandar, neveu d’Auguste Rolland compte 800 membres. Elle organise des expositions privées, des expositions publiques et des concerts. Sa revue mensuelle donne une impulsion très forte à la vie artistique messine.

Le Courrier de la Moselle, l’Indépendant de la Moselle, revues littéraires et artistiques, dont le rédacteur en chef Jean-François Blanc, fut d’abord professeur à l’école de dessin. Il publie aussi la revue de l’Union des arts : récits de voyages en Grèce, articles consacrés à des événements culturels de différentes villes : Bruxelles, Paris, Strasbourg, Colmar, Nancy… , articles consacrés aux expositions et concerts organisés à Metz.

Le compte rendu de l’exposition de 1852 démontre la vitalité de la peinture à Metz : « Deux ou trois expositions par an … C’est là un beau et encourageant résultat, … » plus loin, : « L’exposition s’est trouvée complétée le dernier jour par neuf dessins intéressants destinés à une loterie que M. Maréchal organise pour venir en aide à un jeune homme qui étudie la peinture ». On y découvre aussi que 3 peintres de Metz : Hussenot, Devilly et Pelletier ont exposé au Salon de Paris.

Laurent Charles Maréchal, autoportrait à 24 ans.

 

Gandar y rédige un grand article reprenant 25 années de création artistique à Metz (1825-1852). Il commence par Maréchal, continue avec Hussenot, Migette, Labroue, Salzard et Fratin…, poursuit avec la jeune génération, souvent les élèves ou les fils des maîtres de l’Ecole de Metz… Ce long article se termine par le souhait que le musée de Metz acquière des œuvres de ces artistes : « … le musée de Metz est […] d’une pauvreté déplorable […] sans chercher au dehors, elle (la municipalité) pourrait […] suppléer à tout ce qui lui manque, si elle s’occupait … de réunir une collection d’œuvres messines. »

Les Expositions et Salons sont d’autres facteurs qui démontrent le foisonnement et la qualité des productions industrielles et de la vie artistique.  A Metz, la première « Exposition des produits de l’industrie française » s’est tenue à l’hôtel de ville en 1823 et a réuni 132 exposants. Celle de 1828 comportait une section Beaux-Arts. L’Ecole de dessin messine remporte la médaille d’argent dans la rubrique dessin. En peinture, Auguste Hussenot, qualifié de « maître habile », est médaillé pour un portrait de l’évêque de Metz. D’autres rubriques, la gravure, lithographie, sculpture, ciselure, miniature et même un paysage brodé en soie dans les tableaux à l’aiguille sont récompensées.

Sont mentionnées aussi les industries de la Moselle aux expositions parisiennes : de Wendel, les faïences de Sarreguemines et les cristaux de Saint-Louis. Le jury de Metz regrette de ne pas disposer d’un nombre suffisant de médailles d’or pour en attribuer une à la verrerie de Meisenthal.

Outre l’Exposition de la Société des amis des arts en 1834, à Metz et le Salon de Paris en1845, où Baudelaire égratigne un pastel de Laurent MARÉCHAL mais reconnait l’existence de « ces messieurs de l’Ecole de Metz » dans le compte rendu, l’évènement majeur pour l’Ecole de Metz est sans doute l’ Exposition universelle de 1861. C’est la 4e seulement, après Londres, New York et Paris. Elle se tient de mai à septembre. Pour l’organisation, une commission de réflexion est créée. Parmi ses membres, le maire de Metz, Félix Maréchal, le médecin Henri Scoutetten, président de l’Académie impériale de Metz et Laurent-Charles Maréchal, chef de file de l’Ecole de Metz.

Une médaille est gravée pour l’occasion par Charles-Bouvet : diam 4,5 cm. D’un côté les armoiries impériales et celles de Metz mêlées dans un nouveau blason. De l’autre les bustes de Napoléon III et de l’impératrice Eugénie.

 

Création d’un journal spécial qui publie 45 numéros : L’exposition universelle de Metz. Journal de l’agriculture, du commerce, de l’industrie et des Beaux-Arts. Des reporters, installés à Metz le temps de la manifestation, rédigent régulièrement des articles dans L’Illustration et le Monde illustré.

Pour accueillir l’exposition, on construit différents pavillons, une galerie en bois sur la place Royale (actuelle place de la République), une serre d’horticulture sur l’Esplanade, et, derrière la statue du maréchal Ney, un bâtiment pour exposer les œuvres d’art et un jardin paysager.

Au lendemain de la Visioconférence « L’Ecole de Metz », le 18 novembre 2020, à 17h.
Au lendemain de la Visioconférence « L’Ecole de Metz », le 18 novembre 2020, à 17h.
Au lendemain de la Visioconférence « L’Ecole de Metz », le 18 novembre 2020, à 17h.

En même temps que l’Exposition de l’Agriculture, de l’Industrie, des Beaux-Arts, et de l’Horticulture, la ville organise le Concours agricole, un concours hippique, un concours nautique d’aviron (le Pavillon des régates messines en est un vestige), un festival de musique, un concours d’orphéons (chorales masculines).

En peinture, les pays voisins sont présents : Allemagne, Angleterre, Belgique, Espagne, Hollande, Prusse, Grands Duchés de Luxembourg, de Bade, … , ainsi que des peintres français de premier plan : Camille Corot, Narcisse Diaz de La Pena, Paul Huet, du groupe de Barbizon, et Eugène Delacroix dont sa Montée au calvaire achetée par la ville de Metz.

Auguste Hussenot, Portrait de Migette.

 

L’Ecole de Metz, quant à elle, est bien représentée par 32 peintres parmi lesquels : Auguste Migette, Laurent-Charles Maréchal, son fils Raphaël, Théodore Devilly, Mélanie Paigné, et de nombreux autres de ses élèves, Auguste Menessier, Auguste Hussenot, et plusieurs de ses élèves… Une rétrospective hommage à 3 artistes disparus : Auguste Rolland, (Rémilly), Salzard, et Octavie Sturel-Paigné, élève de Maréchal. Des peintres des environs de Metz, Pont-à-Mousson, Sierck, … certains nés à Metz et installés à Paris : Joseph Hussenot, fils d’Auguste … exposent aussi.

Cette Exposition universelle de Metz a réuni plus de 2 000 exposants et 200 000 visiteurs pour une ville de 40 000 habitants !

 

Gardons le contact, la prochaine visio-conférence aura lieu

le  mardi 15 décembre, à 17h.

L'Ecole de Metz (2ème partie).

pour les adhérents de LesArts57.

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commentaires

D
Comme toujours un compte rendu superbe! Merci 1000 fois pour ce travail formidable.<br /> Avec toute mon amitié, <br /> Dominique Barthel
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