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21 juin 2023 3 21 /06 /juin /2023 10:05

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Claude Monet, Autoportrait au bérêt. 1886. Coll. part.

Jeudi 1er juin, 20h, cette nouvelle rencontre est organisée par LesArts57 dans la très jolie salle du Château Fabert de Moulins.  Présentée par Jean-Yves Bègue, elle réunit 96 personnes.

Amateur d’art éclairé, médecin et élu de la ville, il souhaite partager avec simplicité et décontraction son intérêt pour l’art avec ses amis et connaissances qu’il remercie chaleureusement de leur présence. Difficile de sortir des sentiers battus pour ce thème, il va s’efforcer de livrer les impressions d’un ami des impressionnistes.

Impression, soleil levant, 1872, musée Marmottan.

 

C’est bien la célèbre toile de Monet « Impression, Soleil levant » présentée dans une salle du photographe Nadar, en avril 1874, lors d’une exposition qui est à l’origine du nom de ce courant artistique. Objet de l’ironie et même de la raillerie de certains critiques se disant « … impressionnés …par ces impressionnistes… », la toile est jugée au mieux inachevée (trame blanche de la toile visible et pourtant si importante pour créer des reflets) au pire bâclée.

Dans ce XIX e siècle d’abord néo-classique et romantique, puis naturaliste, les artistes cherchent d’autres voies. Les peintres paysagistes (Corot, Turner), les peintres de Barbizon qui travaillent en plein air vont permettre l’émergence de ces artistes qui essaient de saisir les variations de lumière et attachent plus d’importance à la sensation produite.  Monet, Renoir, Pissarro, Sisley et d’autres adoptent finalement ce terme d’impressionnistes pour désigner leur groupe. Si Manet n’a jamais voulu en faire partie, il leur a ouvert la voie avec ses grands aplats colorés rapides sur des compositions réfléchies et des formes cependant bien dessinées.

Claude Monet naît à Paris, non loin de Notre-Dame, en 1840. Adolphe Monet, son père est dans le commerce. 5 ans plus tard, la famille s’installe au Havre. A 16 ans, il perd sa mère, épreuve douloureuse. Il commence à caricaturer les personnalités havraises qu’il expose dans la boutique d’un encadreur. Ses croquis retiennent l'attention d'Eugène Boudin qui l'initie à la peinture.

Eugène Boudin. Ciel, Nuages blancs sur l'estuaire, 1854-60. --- La Plage de Trouville, l'impératrice Eugénie, 1863.

Eugène Boudin. Ciel, Nuages blancs sur l'estuaire, 1854-60. --- La Plage de Trouville, l'impératrice Eugénie, 1863.

Il l’accompagne souvent sur la côte normande. Eugène Boudin, de 16 ans son aîné, reconnu pour ses très beaux ciels et ses plages animées, l’initie à la peinture en plein air et « à exercer son œil à saisir le sujet dans la lumière ! ». Sous le Second Empire, l’essor des chemins de fer favorise la mode des bains de mer. Les touches légères, les figures aux robes colorées sur la plage de Trouville apportent beaucoup de vie devant le vaste paysage marin. Composition bien encadrée par les bâtisses et le réverbère moderne. On retrouvera des similitudes des personnages sur le banc dans les toiles de Monet.

Terrasse à Sainte-Adresse, 1868, New York.
L’Hôtel des roches noires à Trouville.

 

Le vent anime drapeaux et fumées des bateaux  à vapeur à l’horizon. Contours flous, l’atmosphère venteuse est suggérée avec beaucoup de réussite.

Claude Monet, La Grenouillère, 1869, New York, USA. --- Pierre-Auguste Renoir, La Grenouillère, Nationalmuseum, Stockholm, Suède.

Claude Monet, La Grenouillère, 1869, New York, USA. --- Pierre-Auguste Renoir, La Grenouillère, Nationalmuseum, Stockholm, Suède.

Fascinés par l’eau et la lumière, Monet et Renoir travaillent souvent ensemble dans des endroits pittoresques, ici, La Grenouillère, lieu de loisirs des Parisiens. Les petites touches bien visibles font vibrer les reflets de l’eau, celles de l’arrière-plan plus diffuses les mettent bien en valeur. Si Monet représente les personnages à coups de pinceau rapides, Renoir s’attache davantage à capter la lumière sur les toilettes élégantes. Dans les deux cas, les couleurs créent les formes.

Lors de la guerre de 1870, Monet se réfugie à Londres. Les œuvres de Turner admirées avec son ami Pissarro, le brouillard qui enveloppe tout, font évoluer sa pratique. La brume ambiante qui diffuse la lumière de manière différente l’intéresse. Elle modifie la perception du paysage.

 

Jean-Yves  choisit d’étudier un à un les différents éléments de prédilection de Monet.

Le Soleil.

William Turner, Coucher de soleil écarlate, 1830-40, Aquarelle et gouache sur papier bleu, 13,4x18,9, Londres, Tate.

Impression, soleil levant, 1872, musée Marmottan.

Si célèbre, cette toile a été peinte au Havre de la fenêtre d’un hôtel où Monet séjournait.  Dans la brume matinale, la masse des bateaux de l’avant-port est reconnaissable, les cheminées fument. Les tons gris-bleutés sont réchauffés par les nuances orange du soleil qui se lève. Les touches sont libres, rapides, divisées, différentes dans le ciel et l’eau. Des barques aux silhouettes de marins esquissées, témoignent de l’activité portuaire qui commence. L’épaisseur de la matière picturale varie. Très fine par endroits, elle laisse apparaitre la trame, détail essentiel pour Monet. Seul le disque du soleil qui va vite se lever sur l’horizon, a une forme achevée et aboutie. Il contraste avec le reste, attire le regard immédiatement, et donne tout son sens au tableau.

Monet, Etretat, Coucher de soleil, 1883 ---  Coucher de soleil à Venise.

Monet, Etretat, Coucher de soleil, 1883 --- Coucher de soleil à Venise.

 

 

La Nuit.

 

Claude Monet, Marine, navigation au clair de lune, 1864.

Le Port du Havre, effet de nuit.1873, coll part.

 

Etonnant tableau :  bleu sombre identique pour le ciel et l’eau et pourtant on les différencie bien. Les touches plus longues et diffuses dans le ciel, plus courtes sur l’eau, sont réchauffées par quelques points lumineux rouges. Ceux des becs de gaz alignés du port du Havre soulignent l’horizon tandis que les reflets des lanternes entre les bateaux esquissés rapidement découpent leurs silhouettes.

 

 

 

Monet effectue tardivement un voyage à Venise en 1908. Il y trouve matière à explorer l'incroyable jeu de l'eau, de la lumière et de l'architecture. Cadrage peu conventionnel qui ne représente que la partie basse du palais et où l’eau occupe la moitié de la toile.

L’eau.

Surnommé le peintre de l’eau, il a, toute sa vie, essayé de capter et représenter les reflets changeants des variations de lumière qui le fascinent. Pour être au plus près, il se fait même construire un bateau - atelier et navigue sur le bassin d’Argenteuil et les berges de la Seine.

Edouard Manet, Claude Monet peignant dans son atelier, 1874, Neue Pinakothek, Munich. -- Claude Monet, le Bateau Atelier, 1874. Otterlo.

Edouard Manet, Claude Monet peignant dans son atelier, 1874, Neue Pinakothek, Munich. -- Claude Monet, le Bateau Atelier, 1874. Otterlo.

Etretat, Mer agitée, 1883, Lyon.

 

En admirant cette toile, « l’impression est forte », les vagues déchainées se fracassent sur les rochers. Les touches rapides, saccadées, courbes de la houle contrastent avec celles horizontales, alignées de la falaise et celles obliques, plus diffuses du ciel. Coloris bleu, jaune et vert qui se retrouve aussi dans les ombres. Sur la plage, des silhouettes de pêcheurs, impuissants devant la force des éléments si bien rendue…

Monet peint par tous les temps, en toute saison. Des grains de sable sont même visibles dans certains de ses tableaux peints à Etretat !

Les Rochers de Belle-Île, la côte sauvage. 1886.

Les Rochers de Belle-Île, la côte sauvage. 1886.

La Charrette. Route sous la neige à Honfleur. 1867.

Effet de neige.

Monet brave les rigueurs du climat pour saisir les mille et une nuances du manteau blanc. La neige n’est pas seulement d’un blanc laiteux, il y introduit des couleurs ainsi que dans les zones d’ombre, ce qui lui donne de l’éclat et plus de luminosité. « Le blanc n’est pas une couleur par lui-même, il est le contenant de toutes les couleurs. »

La Pie, 1868-69, Musée d’Orsay.

Magnifique paysage d’hiver peint sur le motif, dans la région d’Etretat. Il donne la sensation d’un moment fugitif. Si l’exécution est rapide, la composition est cependant rigoureuse. Les lignes obliques et la diminution de l’échelle des arbres donnent la profondeur et traduisent leur éloignement. La touche libre, apparente, avec des empâtements produit beaucoup de relief. Les nuances de blanc de la neige sous le soleil, les ombres colorées rendent ce tableau très lumineux. Sur un portillon en bois rudimentaire, la pie s’est posée, elle créée l’impression d’un moment éphémère et fugace.

Le Train dans la neige. La locomotive. 1875. Paris, musée Marmottan. --- La Débâcle, temps gris, 1880, Lisbonne.

Le Train dans la neige. La locomotive. 1875. Paris, musée Marmottan. --- La Débâcle, temps gris, 1880, Lisbonne.

En 1878, Monet s’installe à Vétheuil, petit village du val d’Oise mais Camille y décède à l’automne 1879. A la suite des grands froids de l’hiver 1879-80, la Seine est complètement gelée. Cette débâcle fascine l’artiste mélancolique, là encore, il peint au plus près, installant son chevalet sur le fleuve gelé. Il réalise plusieurs versions spectaculaires où les effets diffèrent selon l’angle de vue, l’environnement climatique et l’heure choisie.

 

Les trépidations de la ville moderne.

Après le paysage rural, Monet s’intéresse au paysage urbain, à la vie contemporaine et ses progrès…

 

 

Paysage urbain animé, le peintre observe la foule depuis une fenêtre. Perspective bien construite, les lignes se rejoignent au centre de la toile. Les trois couleurs d’un évènement républicain de la France moderne vibrent au-dessus d’une foule mouvante. La multitude de petites touches de couleur fait flotter les drapeaux au vent. Sous un ciel plus calme, les personnages croqués très vite marchent dans la rue.

 

La Rue Montorgueil, à Paris. Fête du 30 juin 1878, 1878, musée d’Orsay.

Les Déchargeurs de charbon. --- Le Pont du chemin de fer à Argenteuil, 1873.

Les Déchargeurs de charbon. --- Le Pont du chemin de fer à Argenteuil, 1873.

La Gare st Lazare, 1877, Orsay.

La grande verrière de la gare st Lazare lui offre un site de choix, elle laisse passer mais filtre la lumière. Monet obtient l’autorisation de peindre à l’intérieur du bâtiment. Les éléments rectilignes de la charpente métallique composent un cadre solide. Au premier plan la locomotive avance, le wagon, des cheminots au second plan, l’autre petite locomotive qui arrive au 3 ème plan donnent de la profondeur. En arrière-plan, les immeubles haussmanniens de la ville moderne sont bien reconnaissables. Les effets continuellement changeants des vapeurs qui s’échappent des locomotives et enveloppent les éléments modifient les effets de la lumière. Les machines et personnages traités de manière simplifiée renforcent le moment fugitif de la scène.

Les séries.

Meules de foin, fin de l’été, effet du matin, 1891, Orsay. Meules de foin, fin de l’été, effet du soir. 1891, Chicago.

Meules de foin, fin de l’été, effet du matin, 1891, Orsay. Meules de foin, fin de l’été, effet du soir. 1891, Chicago.

Travailleur acharné, il s’est toujours attaché à rendre les variations de la lumière sur un même sujet en fonction de la saison, des conditions climatiques, de l’heure. C’est tout naturellement qu’il entreprend de peindre des séries cherchant encore à capter l’instantanéité en installant plusieurs toiles du même format en face du même motif, les meules de foin (1890-91), les peupliers, puis la cathédrale de Rouen (1894) … travaillant vite, passant d’un tableau à l’autre en fonction de la course du soleil …

Les Peupliers, trois arbres roses, automne, 1891, Philadelphia. --- Les trois Arbres, été, 1891, Tokyo.
Les Peupliers, trois arbres roses, automne, 1891, Philadelphia. --- Les trois Arbres, été, 1891, Tokyo.

Les Peupliers, trois arbres roses, automne, 1891, Philadelphia. --- Les trois Arbres, été, 1891, Tokyo.

Les séries exposées à la galerie du marchand d’art Paul Durand Ruel remportent un franc succès, se vendent bien, apporte notoriété, et lui permettent d’acheter la maison à Giverny. Cependant Monet considérait qu’une série ne pouvait être comprise que si les différentes toiles étaient mises en relation les unes avec les autres, or les séries furent démantelées et vendues dans le monde entier.

 

Le jardin de Giverny.

L’aisance financière de Monet lui permet d’agrandir et d’aménager un magnifique jardin, créant un bassin. Il admire et collectionne les estampes japonaises (Hokusai, Hiroshige) qui arrivent dans les galeries et expositions en cette fin du 19e siècle. Il fait construire un pont « japonais » et chauffer l’eau des bassins pour y introduire différentes variétés de nénuphars. Le jardin devient sa seule source d’inspiration et son sujet d’étude.

Giverny. Collection d'estampes japonaises. Le pont japonais.

Giverny. Collection d'estampes japonaises. Le pont japonais.

 

 

Il y accueille notamment son ami Clémenceau. La personnalité et l’amitié entre ces deux vieillards au caractère bien trempés a beaucoup intéressé Jean -Yves. Clemenceau admirait, encourageait son vieil ami presque aveugle à se faire opérer.

        Nymphéas, 1914, Tokyo.                       Nymphéas, 1916-19.                       Nymphéas bleus, 1916-19
        Nymphéas, 1914, Tokyo.                       Nymphéas, 1916-19.                       Nymphéas bleus, 1916-19
        Nymphéas, 1914, Tokyo.                       Nymphéas, 1916-19.                       Nymphéas bleus, 1916-19

Nymphéas, 1914, Tokyo. Nymphéas, 1916-19. Nymphéas bleus, 1916-19

A la fin de sa vie sa façon de peindre en est modifiée. Si le rendu plus flou, des cadrages plus serrés sur certains détails peuvent laisser penser à certains que c’est une ouverture vers l’abstraction, elle ne correspond pas à la démarche artistique de Monet souffrant de plus en plus dans sa pratique de son handicap visuel.

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