.
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_44c247_1-giotto-la-nativite.jpg)
GIOTTO, La Nativité, 1304, Padoue, Chapelle Scrovegni.
Très jolie rencontre au musée de la Cour d’Or, présentée par Catherine Bourdieu, maîtresse de conférences à l'Université de Lorraine : « La crèche de Noël : histoire, représentations artistiques, et symboles. » Particulièrement bienvenue et attendue en ce mois de décembre 2024, elle a réuni 80 personnes confortablement installées dans le Grenier de Chèvremont, entourées de remarquables sculptures médiévales.
14h30, après une rapide présentation des projets de l’association par Martine Ziegler, présidente de Lesarts57, puis l’accueil par Philippe Brunella, directeur du musée de la Cour d’Or, Catherine commence par une mise au point sur le vocabulaire lié à la naissance de Jésus.
La Crèche désigne la mangeoire dans laquelle le nouveau-né a été déposé, et par extension l’abri et les figures correspondant à cet épisode, tandis que La Nativité désigne les différents évènements autour de cette naissance.
1 Sources utilisées : les textes bibliques.
Deux Evangiles évoquent la naissance de Jésus : celui de Matthieu cite rapidement le lieu de naissance « Bethléem en Judée », par contre celui de Luc est plus précis. « … en ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre, … Joseph quitta la ville de Nazareth en Galilée pour monter en Judée, à …Bethléem… se faire inscrire avec Marie, son épouse … enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, … elle mit au monde son fils … l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. »
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_e77b26_10-fuerich-l-arrivee-de-la-sainte-fa.jpg)
Josef von Fürich, L'arrivée de la Sainte Famille devant l'auberge de Bethléem. 1838. Berlin.
Scène très rare : Marie est assise sur l’âne, visiblement fatiguée. Joseph, qui, très poliment, a ôté son chapeau, est refoulé par le propriétaire de l’auberge. Derrière eux, une joyeuse compagnie d’hommes boivent et jouent de la musique sur une terrasse ombragée. L’architecture évoque un village ancien mais sans caractère moyen-oriental.
Une autre source, le Protoévangile de Jacques (IIe s.), rapporte que la naissance aurait eu lieu dans une grotte. Ainsi le lieu de naissance de Jésus est-il une étable ou une grotte. L’étable devient parfois un édifice en ruine illustrant le dénuement de la Sainte Famille.
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_ecb323_12-nicolas-eeckman-l-ane-et-le-boeuf.jpg)
La présence de l’âne et du bœuf se rapporte au Livre d’Isaïe. Le bœuf, animal pur, représente les juifs convertis au christianisme et l’âne, animal impur, représente les nations converties au christianisme. Ces deux animaux apparaissent dans divers textes, début du IVe s., puis dans les premières représentations artistiques. Peu à peu, on invente que le bœuf réchauffe l’Enfant de son souffle tandis que l’âne a porté Marie. En outre, ce sont des animaux probables dans une étable.
2 Les conventions de représentation.
Elles s’appuient sur des textes bibliques, sur des écrits relatant la vie des saints et sur des traités théoriques d’iconographie. Au Moyen Age, entre 1261 et 1266, Jacques de Voragine (dominicain et archevêque de Gênes) rédige en latin La Légende dorée, qui raconte la vie de saints, de martyrs, celle du Christ et de la Vierge pour les gens d’église. En 1570, le Traité des saintes images est rédigé par Johannes van der Meulen pour faciliter l’application du concile de Trente et fixer les normes de représentation des images. Marie ne doit pas être représentée pendant l’enfantement, Joseph doit être figuré comme un homme d’âge mûr et non comme un homme âgé. Il faut éviter la nudité de l’Enfant. L’âne et le bœuf peuvent être présents. Un autre traité, « Des Peintures sacrées » de Frédéric Borromée, 1624, proscrit la musculature athlétique des bergers qui leur donnerait trop d’importance ! Celui de Francisco Pacheco, « L’art de la peinture », 1649, recommande que l’Enfant soit enveloppé dans ses langes, que la Vierge et st Joseph se tiennent dans la grotte, avec l’âne et le bœuf, que les anges chantent et annoncent la naissance aux bergers.
3 La Nativité.
Elle correspond à un ensemble assez vaste de scènes : l’attente, l’épisode des sage-femmes, la Vierge allaitante, les différentes adorations (anges, bergers, mages). Jésus est tantôt l’Enfant nourrisson, tantôt l’Enfant divin.
L’attente de la naissance. Le thème de la Visitation dans lequel Marie rend visite à sa cousine Elisabeth, elle aussi enceinte, est bien connu. Cependant les représentations de Marie avec le ventre de la grossesse sont moins fréquentes : que ce soit les deux cousines posant leur main sur le ventre l’une de l’autre, la robe fendue au milieu, plus rare, l’Enfant visible en elle, ou encore Marie allongée juste avant la naissance.
Rogier van der Weyden, La Visitation --- Antonio Veneziano, Madonna del Parto --- Piero della Francesca, Madonna del parto --- Vierge parturiente - basilique St-Julien de Brioude.
Les sages femmes.
L’épisode apparait dans les Evangiles apocryphes (non reconnus par l’église). Saint Joseph était parti chercher une sage-femme pour aider Marie ; mais à leur arrivée, elle avait déjà enfanté.
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_79f73c_20-schongauer-la-nativite.jpg)
Jésus est né, Marie est agenouillée, les mains jointes. Les anges chantent, l’âne et le bœuf veillent. A gauche, Joseph arrive accompagné d’une sage-femme. Au loin, un berger.
Martin Schongauer, La Nativité, 1480-1490. Louvre.
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_9eaa1e_22-robert-campin-la-nativite-bis.jpg)
Commandé par Philippe le Bon, duc de Bourgogne, ce tableau représente la Sainte Famille, les anges, et par la fenêtre, l’adoration des bergers. Le bœuf et l’âne sont derrière un torchis qui se délite. La Vierge est parée d’un très beau manteau aux plis soigneusement représentés. Sur la bordure est brodée la prière du salve Regina. L’enfant nu, posé sur le sol, rayonne d’une lumière divine. Joseph tient un cierge allumé dont il protège la flamme. Les 3 anges tiennent un phylactère sur lequel est inscrite l’expression latine signifiant : « Gloire à dieu aux plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté… ». A droite, les deux sages-femmes vêtues de robes somptueuses. Zelemi, de dos, convaincue de la virginité de Marie tient un phylactère « Une vierge a enfanté ! » tandis que Salomé, debout de face, sceptique, montre sa main droite qui se paralyse, celle avec laquelle elle a voulu vérifier l’état virginal de Marie. L’ange au-dessus d’elle tient un autre phylactère signifiant « Touche l’Enfant et tu seras guérie. ».
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_fdb54f_23-jacques-daret-la-nativite.jpg)
Dans cet autre tableau Daret, élève de Campin, reprend de nombreux éléments interprètés différemment. L’architecture en bois au toit de chaume endommagé, l’âne et le bœuf regardent l’Enfant, les quatre anges sur le toit, saint Joseph tenant le cierge allumé, porte à sa ceinture une bourse, un couteau. Salomé est agenouillée, ses mains pendantes. Zelemi et l’ange lui montrent l’Enfant. Le peintre dote les personnages de nombreux attributs : Zelemi possède un couteau, instrument de la sage-femme pour couper le cordon ombilical, un trousseau de clés. Ces clés symbolisent la virginité de Marie. Salomé porte une ceinture tressée évoquant un serpent et par extension, le péché originel, le couteau de la sage-femme et une longue ceinture qui se prolonge le long du dos et se termine par un nœud, référence à st Augustin qui reprend un symbole connu : dénouer sa ceinture = perdre sa virginité. Sur le toit, à droite, deux hirondelles annoncent le printemps, renouveau associé à la naissance, un chardonneret qui apprécie le chardon épineux, référence à la couronne d’épines. La tache rouge autour de sa tête annonce le sang versé par le Christ. Au loin, un ange annonce la naissance aux bergers.
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_ff3e56_25-lorenzo-lotto-nativite.jpeg)
Etonnant et rare aussi, ce tableau de Lorenzo Lotto représente le bain du nouveau-né. La Vierge tient l’Enfant, c’est bien un garçon et le cordon ombilical coupé n’est pas encore tombé. Salomé a les mains crispées, elle n’a pas encore touché l’Enfant. Au premier plan un grand tissu prêt à envelopper le nouveau-né, différents pots en lien avec le bain, une tasse posée sur une pelle contenant des braises. En arrière-plan, à gauche, une femme accroupie (Zelemi ?) tient une grande pièce d’étoffe devant le feu d’une grande cheminée.
Ce relief met en scène l’arrivée d’une sage-femme. Elle entre par la porte et s’extasie devant le nouveau-né. De part et d’autre, l’âne, le bœuf, la mangeoire et au-dessus les bergers et les rois Mages.
Anonyme, Pays-Bas, Sage-femme dans l’étable, 1470-80, Louvre
La Nativité désigne aussi un épisode postérieur à la naissance et diversement représenté : Marie allongée avec l’Enfant, ou Marie, Joseph et Jésus seuls , accompagnés par des anges. Dans le thème de la Nativité, l’enfant est un nourrisson, dans la Sainte Famille, il est garçonnet.
Marie allongée.
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_906180_27giotto-la-nativite.jpg)
Allongée, protégée par un auvent sommaire, Marie prend l’Enfant emmailloté que lui tend une femme. L’âne, le bœuf, la mangeoire apparaissent sur le côté, st Joseph assis sur le sol. Un ange fait l’annonce aux bergers.
Giotto, La Nativité, XIVe, fresque Padoue, chapelle Scrovegni.
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_69e01b_28-nativite-avec-annonce-aux-bergers.jpg)
La Vierge est allongée, la tête soutenue par un coussin se tourne vers l’enfant couché dans la mangeoire, la tête aussi soutenue par un petit coussin, elle lui tient la main. L’âne et le bœuf couchés devant sont en proportions réduites par le choix de la composition. Joseph est aux cotés de Marie et derrière lui l’ange fait l’annonce à un berger dont on voit les moutons.
Grés sculpté, XVe, Nativité avec annonce aux bergers, Los Angeles.
Marie, Joseph et Jésus seuls.
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_9d50f9_33.jpg)
Carlo Maratta, La Sainte nuit, XVIIe, Dresde --- Guido Reni, Saint Joseph tenant l'Enfant Jésus dans ses bras, 1620, L’Ermitage.
Marie est seule, l’étable plongée dans l’obscurité. Elle tient Jésus au-dessus de la mangeoire et écarte ses langes, laissant rayonner la lumière divine à partir de l’Enfant. Le vif contraste avec la pénombre crée un magnifique clair-obscur. Trois têtes d’angelots ailés augmentent l’intimité et la spiritualité de cette très jolie scène.
Scène empreinte de sensibilité et de douceur : Joseph tient Jésus dans ses bras, bel échange de regards, la main tendue de l’Enfant, peut-être pour caresser la barbe. Il tient deux roses dans sa main gauche, allusion à un des symboles de la Vierge, la rose sans épine. Bel éclat coloré du manteau orange dans ce paysage naturaliste.
En famille.
Jésus dort dans les bras de Marie. Sainte Anne, la mère de la Vierge s’apprête à le couvrir. Derrière, un homme âgé regarde l’enfant et prie, sans doute saint Joachim le père de Marie. Le petit Jean Baptiste tente de toucher Jésus, sa mère, sainte Elisabeth, le retient par la ceinture et lui montre que Jésus est endormi. La Vierge le regarde avec calme mais fermeté en levant son index lui demande de se taire.
A la lisière entre la scène religieuse et la scène de genre, ce tableau établit un lien avec la réalité du XVIIe siècle grâce à une réaction qui parait plus humaine que divine. D’autre part, le mobilier semble indiquer que la scène a peut-être lieu dans la maison de Nazareth, avec des salles en enfilade, cheminée et poutres au plafond.
Vierge allaitante.
L’église Saint-Martin de Metz abrite un ensemble remarquable en pierre datant du XIVe et sans doute peint à l’origine. Il fait partie d’un programme de recherche sur la sculpture en Lorraine et Champagne que Catherine coordonne. Dans le bras nord du transept, deux reliefs limitent une arcature gothique, à gauche un rideau fermé, à droite le rideau est ouvert sur une Nativité. Lors de l’enfantement, la Vierge est seule puisque Joseph est parti chercher une sage-femme. Il n’y a aucun témoin, le rideau est fermé sur ce mystère. De l’autre côté, à droite, la naissance a eu lieu, Marie est allongée, les épaules soutenues par un coussin. Devant elle, la mangeoire en osier tressé, encadrée par l’âne et le bœuf. Elle soulève l’Enfant qui tend les bras et s’apprête à téter. Les parois du fond, réalisées en faible relief, évoquent des panneaux de bois ajourés à la manière de claustra pour isoler la Vierge.
Eglise St-Martin, Metz - Transept nord, Nativité. XIVe.
L’adoration.
L’adoration des anges. Purement spirituel, c’est un épisode inventé pour enrichir la révélation et la reconnaissance de la divinité de Jésus.
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_0c908b_40-honthorst-adoration-des-anges.jpg)
Dans un cadrage resserré sur les personnages, Marie dévoile le nouveau-né à deux anges adolescents qui se penchent dans une attitude naturelle, l’un les mains jointes, l’autre les bras croisés sur la poitrine. Joseph se tient derrière la Vierge. La lumière divine qui émane de L’Enfant perce l’obscurité de l’étable, tous les personnages sourient admiratifs.
Gerrit van Honthorst, Adoration de l’Enfant Jésus, 1620, Florence.
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_8d841d_41-carle-van-loo-l-adoration-des-ange.jpg)
Le peintre Van Loo utilise les mêmes codes dans un style différent en ajoutant les rayons de lumière autour de la tête de l’Enfant et des têtes d’angelots ailés. L’interprétation de l’étable rend la scène spectaculaire : des piédestaux abîmés à gauche, des planches posées contre un bloc de pierre près de la Vierge. Au premier plan, la scie du charpentier et la selle.
Carle van Loo, L'adoration des anges, 1751, Brest.
L’adoration des bergers.
Elle est renseignée dans l’Evangile de Luc : « Dans les environs se trouvaient des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du seigneur s’approcha, … leurs dit … aujourd‘hui vous est né un Sauveur… il est le Messie … vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ».
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_6ce72f_42-lotto-adoration-des-bergers-bis.jpg)
Dans une salle rustique, l’âne et le bœuf au fond, st Joseph à droite. La Vierge est agenouillée sur la mangeoire où l’Enfant est allongé. Leurs dimensions imposantes font penser à une préfiguration du tombeau. A droite, deux grands anges accompagnent deux hommes qui apportent un agneau. Leur ressemblance fait référence à la commande de l’œuvre par deux frères. Jésus qui caresse l’agneau est également une préfiguration de la Passion du Christ.
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_08d805_43.jpg)
Zurbaran représente un concert céleste avec des anges musiciens et une chorale d’angelots. En bas de nombreux bergers debouts ou agenouillés apportent des offrandes : des œufs dans un panier et un agneau entravé, allégorie précise là encore.
Grand peintre classique, Nicolas Poussin crée une architecture antiquisante, le thème des ruines était très en vogue au XVIIe. Il place un auvent de fortune pour évoquer l’étable. Des bergers se prosternent devant l’Enfant. Les postures sont théâtralisées. Au- dessus, un cortège d’angelots, ils tiennent des branches fleuries.
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_19f92f_46-le-nain-adoration-des-bergers.jpg)
Le Nain place, lui aussi, la scène dans une architecture de ruines antiques qui lui apporte de la monumentalité. Joli moment empreint de solennité. La tête du bœuf, très proche de l’enfant rappelle la tradition populaire de son souffle réchauffant le nouveau-né. L’âne, un peu plus loin, porte encore la selle, référence au voyage de Marie et Joseph pour arriver à Bethléem.
L’adoration des mages.
L’histoire des rois mages est évoquée dans l’Evangile selon st Matthieu : « Or, des mages venant de l’Orient arrivèrent à Jérusalem … Hérode fit secrètement appeler les mages … les envoya à Bethléem en disant …quand vous l’aurez trouvé, venez me le faire savoir pour que j’aille moi aussi lui rendre hommage … revoyant l’étoile …ils entrèrent dans la maison, virent l’Enfant avec Marie… et tombant à genoux, lui rendirent hommage. Puis ils … lui offrirent … de l’or, de l’encens et de la myrrhe ». Ces cadeaux représentent les trois natures du Christ : royale, divine, et humaine.
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_81634f_50.jpg)
La plus ancienne représentation de la venue des rois mages se trouve à Rome, sur un mur de la chapelle grecque dans la catacombe de Priscilla. Toujours à Rome, dans le cimetière de l’église sainte-Agnès un vestige de sarcophage datant du IVe siècle montre leur arrivée avec les dromadaires, leurs offrandes et l’étoile.
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_85eb52_53-mages-st-apollinaire-le-neuf.jpg)
Cette magnifique mosaïque de la basilique St-Apollinaire le Neuf à Ravenne apporte d’autres détails : les costumes et bonnets phrygiens indiquent l’origine orientale. Les présents sont apportés dans des coupes ou vases précieux, peut-être en argent, le nom des mages : « Balthassar, Melchior, Gaspar ». ils représentent aussi les trois âges de la vie : l’âge mûr portant barbe et cheveux bruns, la jeunesse, imberbe, et le plus âgé avec barbe et cheveux blancs.
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_9dd923_54-adoration-des-mages-cour-d-or.jpg)
La scène centrale est sculptée, les scènes latérales sont peintes. Sur le volet de gauche, l’étoile contenant la figure de l’Enfant Jésus qui tient un Tau (croix de st Antoine) apparait aux rois mages. Au centre, les figures de l’adoration sont sculptées en haut-relief (pas détachées du fond). L’étable, traitée comme une salle en ruines laissant voir le ciel et le paysage à gauche, est pourvue d’un appentis protégeant la Vierge et l’Enfant. La composition astucieuse répartit les mages, et insère l’âne, le bœuf et la mangeoire dans le mur encore intact. Le volet de droite représente le massacre des Innocents. Grande finesse, détails délicats de la végétation peinte, une certaine correspondance entre les costumes et les coiffures des rois mages font de ce triptyque un ensemble remarquable.
4 la Crèche.
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_332d2d_58-giotto-la-creche-de-greccio.jpg)
D’après la légende, la tradition des crèches, est fondée par st François d’Assise. Il aurait visité la basilique de la Nativité à Bethléem et décidé de mettre en place une crèche vivante dans le village de Greccio durant la nuit de Noël 1223. Ce genre de spectacle existait en Europe à travers les Mystères, ces pièces de théâtre aux thèmes religieux, qui se jouaient devant les églises. Ce modèle de crèche vivante se développe alors en Europe au cours du XIIIe siècle. Saint François décide d’organiser la crèche vivante dans une grotte proche de Greccio dans l’intention de substituer au pèlerinage à Bethléem et Jérusalem, devenu dangereux, un pèlerinage en Italie. Peu à peu les crèches sous forme de figurines se multiplient dans les églises puis dans les familles.
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_e92427_59-simone-dei-crocifissi-adoration-de.jpg)
Considérée comme la plus ancienne représentation de la Nativité, ces statues aux proportions réelles ont été taillées dans du tilleul et de l’orme par un sculpteur anonyme de Bologne. En 1370, le peintre Simone dei Crocifissi est chargé de réaliser la polychromie. Sans doute restaurée plusieurs fois, elle est néanmoins parvenue jusqu’à notre époque.
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_0e5f22_60-bis.jpg)
En Italie, une dynastie d’artistes, la famille della Robbia ( XVe – début XVIe) utilise la terracotta invertriada ( = terre cuite vernissée) pour réaliser des œuvres de grande qualité dans les églises.
Andrea della Robbia, Crèche, XVe, Volterra. --- Giovanni della Robbia, L'Adoration de l'Enfant Jésus.1521.
/image%2F1572904%2F20250115%2Fob_aff0fe_62-ligier-richier-attr-l-enfant-je.jpg)
Attribuée à Ligier Richier, cette statue de L'Enfant Jésus provient de la collégiale st Maxe, Bar le Duc, aujourd‘hui disparue, et décrite par Dom Calmet, historien de la Lorraine, en 1751.
Ligier Richier, L'Enfant Jésus, Louvre.
Réalisée pour l’église Notre-Dame du Val-de-Grâce, cette oeuvre majeure, emblématique du XVIIe siècle fut transférée à l’église st Roch à Paris. Perfection des postures, des proportions, des tissus et des expressions.
Passionnante, comme toujours, Catherine nous a fait découvrir de nombreuses œuvres originales et rares.
Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :
Vendredi 24 janvier à 15 h (rendez-vous à 14 h 30 sur place)
au Musée de la Cour d'Or à Metz.
Visite guidée et commentée du
PLAN RELIEF et ANTIQUITES GALLO-ROMAINES
Réservation obligatoire par mail ou par tél.
lesarts57@gmail.com ou tél. 03 87 32 05 03
(groupe complet)