Nous étions une quinzaine de participants à apprécier la visite guidée et commentée au FRAC-LORRAINE sur l'exposition "On The Moon", de l'artiste argentin DAVID LAMELAS

« On the Moon » au Frac Lorraine est la première rétrospective de David Lamelas en France. La pratique de cet artiste argentin né en 1946 n’est pourtant pas nouvelle - il a notamment exposé à la Biennale de Venise en 1968. Mais il est davantage reconnu dans le domaine du cinéma expérimental des années 1970 à Los Angeles, et les institutions et galeries d’art contemporain occidentales ne l’ont redécouvert que dans les années 2000, avec des expositions au Reina Sofia à Madrid (2005) ou au Walker Art Center (Minneapolis, 2009).

Les réflexions portées par Lamelas dès le milieu des années 1960 rencontrent en effet de manière étonnante des problématiques actuelles, prisées dans les arts visuels des dix dernières années, notamment sur l’apparition de l’image, le positionnement du corps dans l’espace ou la relativité de l’œuvre d’art.

Les œuvres exposées à Metz sont d’une simplicité à la fois touchante et visionnaire : 

- signalisation de trois objets : déterminant trois espaces à l'intérieur de cercles de métal, l'installation est réalisée initialement à Hyde Park (Londres) où des plaques de métal blanc encerclaient un arbre, une chaise longue et un lampadaire. L'oeuvre intérroge la place de l'objet dans la sculpture et évoque aussi sa relation à l'espace qui l'entoure.En pénétrant à l'intérieur de la zone délimitée, vous en deviendrez acteur. Pourquoi ne pas prendre place sur la chaise et vous laisser porter vers une autre dimension spatio-temporelle.

- Ici, dans cette pièce, deux personnes ne se rencontreront  jamais. Au dessus de cette phrase se trouvent deux horloges désynchronisées. Elles mesurent le temps dans lequel s'inscrit le point de départ d'un incident. David Lamelas s'inspira de sa propre histoire : alors qu'il avait convenu d'un rendez-vous à Buenos Aires, celui-ci ne put avoir lieu car, tout juste arrivé d'Europe, il avait oublié de régler sa montre à l'heure locale !

 - le papier mural Pared Doblada (« mur plié »), avec lequel Lamelas a réalisé en 1994 l’empreinte d’un mur d’exposition à Buenos Aires, pour pouvoir le transporter dans une valise et l’exposer à nouveau, ou encore Corner Piece (1966), excroissance architecturale minimaliste qui inverse l’angle de la salle d’exposition.

« L’art de Lamelas est conceptuel, mais c’est un art conceptuel toujours humain, jamais sec, explique Béatrice Josse. C’est davantage une économie de moyens qu’une doctrine, et son économie de moyens des années 1960 en Argentine retrouve l’économie de moyens actuelle ».

- Connexion d'un demi-cercle à un point, 1987 : cette installation éphémère, qui mêle corps et espace, passe de la 2D à la 3D. Ce demi-cercle a été dessiné par l'artiste à même le mur, à sa mesure. Véritablement in situ, la longueur des fils est aux dimensions de l'espace. Il s'agit de la réactivation d'une oeuvre créée par David Lamelas en 1987 dans son atelier de Los Angeles.

- Le Cri 1962, référence éponyme au film d'Antonioni et au tableau de Munch conservé à Oslo, est une oeuvre de jeunesse, produite alors qu'il est encore étudiant à l'Ecole d'Art de Buenos Aires. C'est ici la première fois qu'il emploie la photographie. Pourtant, ce mouvement d'un même cri scandé en trois séquences laisse déjà clairement transparaître son attrait pour le cinéma, qui marquera par la suite toute sa production. Tel un réalisateur il dirige un photographe et façonne un entre-deux à la fois objet et idée. Il fait ainsi son premier pas vers l'art conceptuel.

- Dans les rues de Milan en 1970 (Gente di Milano, 1970), David Lamelas filme les passants pendant 3 minutes et met en parallèle 11 photographies de chaque personne entrée dans le champ de la caméra pendant ce temps. Une manière simple et imagée de décomposer le temps en deux saisies, regard continu et regard fragmenté.

L’exposition au  Frac Lorraine réussit à donner une lecture accessible – voire ludique (Paris n’existe pas, 2014, à l’entrée du Frac) – de l’œuvre de David Lamelas. Il n’est question que de ce que le spectateur connaît : ainsi un

- entretien avec Marguerite Duras, où Lamelas décompose l’image comme Duras décomposait le texte. Ce reportage (1970) était le premier d’une série de pièces commandées pour la galerie Yvon Lambert, mais l’artiste n’a jamais réalisé les autres.

PROCHAINE RENCONTRE à PLESNOIS (salle des fêtes)

JEUDI 2 OCTOBRE à 20 Heures

soirée présentée par MR Christophe RODERMANN

"représentation du corps dans l'histoire de l'art

du Moyen-âge au XXè siècle"

réservation par mail : lesarts57@hotmail.fr par tél : 03 87 32 05 03

Participation : 3 euros pour adhérent - 5 euros pour non-adhérent