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25 janvier 2023 3 25 /01 /janvier /2023 17:23

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Temps gris ce jeudi 12 janvier mais c’est avec grand plaisir que LesArts57 retrouvent leurs adhérents pour la 1ère rencontre de la nouvelle année 2023. Nous sommes 31 personnes réparties entre Benjamin, qui commence la visite, et Julien qui emmène le 2ème groupe.

Au lendemain de la visite guidée de l'exposition " Mimèsis. Un design vivant " au Centre Pompidou-Metz, le 12 janvier 2023.Au lendemain de la visite guidée de l'exposition " Mimèsis. Un design vivant " au Centre Pompidou-Metz, le 12 janvier 2023.

"Mimèsis. Un design vivant" est une exposition qui explore le design, son évolution depuis les années 1920-1930, et surtout son lien avec la nature qui nous a inspiré depuis la nuit des temps. Tandis que le 1er groupe suit le parcours chronologique, Julien nous emmène dans l’autre sens devant une œuvre atypique qui questionne.

 

Cet objet étonnant à taille humaine possède 4 pieds, 1 dossier, 1 assise, c’est bien une chaise. Sa forme inhabituelle et son aspect interrogent : est-elle ancienne ou récente ?

Un indice : elle est très légère, donc sans doute récente. Elle incarne le design : bel objet adapté à sa fonction.

 

La création d’un objet design répond à 4 besoins :

  • être utile : un dossier pour maintenir le dos, une assise pour asseoir le bassin.
  • être esthétique même si c’est subjectif, l’objet doit intéresser, attirer l’attention.
  • convenir à tous.
  • être original, novateur dans la pratique ou dans son utilisation.

Depuis la nuit des temps, nous allons puiser des idées dans l’environnement, nous nous inspirons de la nature pour créer, nous faisons de la mimesis ! Le plus vieil objet date sans doute de l’ère des cavernes, il était en bois, ou en paille ... Avant les arts décoratifs industriels, dans les années 1920, peu d’artistes fabriquent des objets du quotidien, utiles.

Studio Klarenbeek & Dros, Mycelium Chair, 2018-19.

Au 20 ème s., moins impacté par les anciens, le design se métamorphose : les matériaux, les formes, les couleurs sont étonnantes. Dans les années 50, « le plastique c’est fou ! ». Par exemple un siège auto contient du plastique, du caoutchouc, du métal, des colles chimiques… Les matériaux proviennent de pays différents, ils ont parcouru des km et des km … Les principes politiques, écologiques, environnementaux veulent maintenant sortir des industries polluantes, se tourner vers le verre, se rapprocher de la nature, retrouver des alternatives plus durables, moins énergivores… La technologie, l’ordinateur, les imprimantes 3 D … permettent, dans les années 1990, des réalisations remplissant davantage ces critères. Les designers se tournent vers la biofabrication.

Studio Klarenbeek & Dros, Mycelium Chair, 2018-19.

Si cette chaise était sculptée, le sculpteur l’aurait formée par soustraction de matière dans le bloc initial. Or, ici, le process est réalisé par addition de matière. Cet aspect brut, ressemblant à un récif corallien, est obtenu par un mélange de mycélium de champignon et de chanvre. Cette impression par addition de résidus naturels donne un côté boisé, stratifié. On peut stopper la croissance de la chaise, elle peut être recyclée dans un centre de tri, se décomposera facilement, retournera à la nature. Une autre chaise pourra être refabriquée de la même façon… production locale, moins polluante, mycélium et chanvre trouvés sur place.

Samuel Tomatis, Chaise Alga, 2016.

 

Les algues constituent aussi un biomatériau intéressant. Samuel Tomatis crée des objets à partir de toutes sortes d’algues : vertes, rouges… ramassées sur des plages de Bretagne ou de Guadeloupe. Elles sont récupérées, séchées, réduites en poudre.  Les qualités de viscosité des algues leur confèrent, en outre, des propriétés de colle naturelle et de patine. Un déchet organique est ainsi transformé en un matériau solide, durable, utilisable dans la création d’objets design et biodégradable à l’infini.

Marlène Huissoud, Cocoon Cabinet #6, 2018.

Cette petite commode, elle aussi très surprenante, est réalisée en cocons de vers à soie, collés avec de la résine d’abeille. En durcissant, ce liant ressemble à du verre. Marlène Huissoud, fille d’apiculteur, explore les possibilités offertes par les insectes pour créer cet objet noir au design innovant, résultant pourtant de lents processus naturels.

F.H. Campana, Panneau mural Pele, 2021.

Fernando et Humberto Campana, designers brésiliens, imaginent un revêtement de façade pour revitaliser les espaces urbains, trop bétonnés qui manquent de nature. Pele, « peau » en portugais, propose un revêtement de bois et billes argiles, maintenues par un treillis, susceptible de se végétaliser naturellement par l’arrivée de graines, d’insectes.

Studio Klarenbeek & Dros, Ensemble « Algae Lab », 2018.

Studio Klarenbeek & Dros, Ensemble « Algae Lab », 2018.

Le studio néerlandais conçoit aussi des objets arts de la table : tasse, coupelle, carafe, fiole, flacon… par bio-impression 3D ; à base d’algues et de biopolymère de sucre, réalisant ainsi un bioplastique recyclable !!! 

Cette salle consacrée aux arts numériques expose d’autres œuvres magnifiques dont le processus de fabrication imite le dynamisme de la croissance d’organismes vivants.

 

 

Mathias Bengtsson utilise une technologie innovante d’impression de titane utilisée dans l’industrie aéronautique. Pour fabriquer cette très jolie console, un logiciel simule la croissance organique, par division des cellules, recréant le mouvement fluide de lianes qui s’enroulent les unes autour des autres.

Mathias Bengtsson, Growth Table Titanium, 2016.

Cette superbe petite table noire, très légère (1.5 kg), rappelant la feuille de Gingko, allie aussi design et nature :  DNA : Design, Nature, Art, (DNA est aussi la traduction anglaise de l’ADN, clin d’œil et convergence intéressante avec la structure microscopique des chromosomes du vivant). Le designer Ross Lovegrove utilise la fibre de carbone, matière très prisée dans le secteur automobile, facile à travailler. Suivant le processus naturel de croissance, les 3 pétales se plissent en leur centre et s’étalent progressivement. La surface unique, brillante, concentre en son centre sa force originelle.

Ross Lovegrove, The Gingko Carbon Table, 2012.

Avec ce petit prototype différent des autres sièges, la jeune designer néerlandaise Lilian Van Daal remporte le concours Volvo Design Challenge en 2015. Son projet consiste à réaliser des sièges de voitures recyclables alliant technologie et éléments organiques. Elle utilise le bois de pin de Suède, une impression 3D, et un processus biométrique imitant la croissance végétale. Les entrelacs maitrisés favorisent la souplesse du bois. Ce siège d’une seule pièce, aisément reproductible, est lui aussi recyclable.

Lilian Van Daal, Siège Shapes of Sweden for Volvo, 2015.

Ronan et Erwan Bouroullec, Rêveries urbaines.

Ronan et Erwan Bouroullec, Rêveries urbaines.

La salle suivante nous entraine dans les rêveries urbaines des frères Bouroullec. Ce sont des maquettes d’études visualisant des réflexions sur l’aménagement urbain, créant des espaces qui rassemblent, des écosystèmes pour rendre la vie plus agréable… Elles sont pensées comme un vaste répertoire de motifs urbains, pergolas, kiosques, fontaines, mobiliers… destinés à réenchanter les lieux de promenades, de rencontres, d’échanges comme l’agora grecque ou le forum romain tout en favorisant le retour des formes du vivant, végétaux, animaux, eau… Les plantes jouent un rôle important, apportent de l’ombrage, protègent de la pluie, filtrent la pollution … Elles créent un écosystème où l’air y est plus agréable.  Plusieurs de leurs projets ont déjà été réalisés ponctuellement dans l’espace public : à Paris : les fontaines sur le rond-point des Champs Elysées, en Allemagne au Vitra Campus, à Miami (Etats-Unis), au Danemark, (à Aarhus), …

Au lendemain de la visite guidée de l'exposition " Mimèsis. Un design vivant " au Centre Pompidou-Metz, le 12 janvier 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'exposition " Mimèsis. Un design vivant " au Centre Pompidou-Metz, le 12 janvier 2023.
Au lendemain de la visite guidée de l'exposition " Mimèsis. Un design vivant " au Centre Pompidou-Metz, le 12 janvier 2023.
Andrea Branzi, Tree5, 2010,

Dans le design des années 1980, on associe à des éléments de production industrielle des éléments naturels. Andrea Branzi, créateur italien ajoute à l’étagère, en aluminium patiné et lisse, un tronc de bouleau brut. Il rompt l’équilibre de la forme standard en l’individualisant, c’est comme capter les variations de la nature, les objets se ressemblent mais sont tous différents. Chaque meuble est le vôtre. Respectueux de sa formation, il « a une âme », vous le chérissez davantage.

 

Ymer & Malta et Benjamin Graindorge, Fallen tree, 2011.

Ce magnifique banc est comme un hommage à cet arbre tombé. Le travail industriel de toute beauté pour rendre le bois lisse n’empêche pas ce chêne de garder son essence et son rôle de soutien très symbolique. L’arbre tombé est comme en lévitation grâce au verre transparent, et c’est comme s’il prenait sa force au sol par les racines.

 

Dans les années 1960, le mouvement hippie influencent les designers. Les motifs floraux, les espaces de vie communautaire, chaises longues, poufs, inaugurent l’idée d’un rapprochement vers le sol. Les formes nouvelles et colorées illustrent l’idée de jeunesse, de liberté, de vivre différemment.

SuperStudio, Canapé Bazaar, 1969-70

 

Conçu par un collectif italien, ce canapé bulle blanc en matière plastique est une de leur pièce emblématique. Armature de polyester et fibre de verre, habillé de mousse de polyuréthane, il est recouvert de tissu et forme un cocon confortable et isolé phoniquement. Il allie biomorphisme et expérimentation de nouveaux matériaux de synthèse.

Pierre Paulin, Fauteuil 560, Mushroom, 1959.
Pierre Paulin, Fauteuil 560, Mushroom, 1959.
Pierre Paulin, Fauteuil 560, Mushroom, 1959.
Pierre Paulin, Fauteuil 560, Mushroom, 1959.
Pierre Paulin, Fauteuil 560, Mushroom, 1959.
Pierre Paulin, Fauteuil 560, Mushroom, 1959.

Pierre Paulin, Fauteuil 560, Mushroom, 1959.

Pierre Paulin propose des fauteuils incroyables : un fauteuil ruban (imaginé à partir d’un pliage de serviette) qui obtient de nombreuses récompenses, un fauteuil champignon où piètement, dossier et corps ne font qu’un ! Le fauteuil langue, lui aussi très étonnant, par sa forme anthropomorphique, confortable, empilable. Armature minimale en métal gainée par un tissu flexible, sans couture apparente, il est vraiment très novateur.  Cet autre fauteuil inspiré de l’Odyssée de l’espace 2001, semble intemporel. Pierre Paulin a révolutionné la manière de penser le siège par ses recherches sur l’élasticité du textile, ses housses stretch en jersey d’une seule pièce qui habille l’armature des assises.

Un espace particulier est réservé au créateur français de luminaires : Serge Mouille. Acquises par le Centre Pompidou, ces pièces jamais exposées ne nous semblent pourtant pas toutes inconnues. Très jeune, il entre en formation aux Arts appliqués à Paris dans la section orfèvrerie et travail du métal. Par son approche biomimétique, à partir des formes de coquilles, conques, flocons, il combine plusieurs techniques de fabrication et découpe du métal. Il crée des objets harmonieux, élégants.

Serge Mouille, Abat-jour Lèvres, 1957.

Serge Mouille, Applique, 1953-58.

Serge Mouille, Applique, 1953-58.

Nous continuons à remonter le temps. Dans les années 1930, la designer Charlotte Perriand, proche de Le Corbusier, revient aux matières organiques, bois flottés, galets… collectés en montagne, sur les plages… et photographiés. Les lignes, les formes vont influencer sa création de mobilier. Dans les années 1940, son séjour au Japon enrichit et oriente son travail. A la manière d’un origami, la chaise Ombre en contreplaqué cintré, noirci est légère, empilable.

Charlotte Perriand, Table basse, aluminium atelier J. Prouvé, Chaise Ombre, Contreplaqué de frêne, 1955.

Dans les années 1930 aussi, le designer italien Carlo Mollino, architecte, photographe, pilote de voiture de course… travaille avec l’armée, crée des attelles pour soldats blessés, invente le contreplaqué moulé : la forme suit la fonction.

Carlo Mollino, Bureau, 1950.

Le piètement courbe de ce bureau rappelle l’art nouveau. Le plateau de verre, lui aussi, évoque à la fois un profil féminin allongé, motif récurrent dans l’art nouveau, et l’aérodynamisme des voitures Mazzerati, Alpha Roméo… Inspirées par la nature, les formes imaginées par le designer, alliées à la chaleur de l’érable et à la transparence du verre en font un meuble audacieux et harmonieux.

 

 

Comme d’autres artistes, les designers utilisent le nombre d’or (= 1,618) et la suite de Fibonacci, symboles de l’harmonie universelle. La suite de Fibonacci apparait dans de nombreuses formes végétales ou animales : disposition de pétales d’une fleur de marguerite, coquille d’escargot…  Chaque terme de la suite est obtenu en faisant la somme des 2 précédents : 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21 … 0+1=1,  1+1=2,  1+2=3, 2+3=5, …

Cette heure, trop vite écoulée, a limité les choix mais donne un petit aperçu du lien entre nature et design et des différents paliers qui, au cours du siècle dernier, ont permis de le faire entrer dans l’ère numérique de la biofabrication. Un grand merci à nos guides Benjamin et Julien qui nous ont fait découvrir si agréablement et mieux comprendre certaines œuvres de cette exposition étonnante..

 

Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :

Conférence le lundi 6 février à 20 H à Longeville-lès-Metz.

au Centre Social Robert Henry. (Derrière l’église)

Soirée présentée par Laurent COMMAILLE

Thème : "La Nouvelle Objectivité et son temps"

 Réservation obligatoire par mail ou par tél.

 lesarts57@gmail.fr   ou tél.   03 87 32 05 03 

Participation : 3 euros adhérent et étudiant- 5 euros non adhérent

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