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2 décembre 2021 4 02 /12 /décembre /2021 16:54
Quelques temps après la conférence « Street Photography », le 23 novembre 2021, à Saulny.

Cette intéressante soirée proposée par LesArts57 et présentée par M. Eric Pedon, spécialiste de la photographie contemporaine, chercheur en information et communication à l’université, a réuni 33 personnes ce mardi 23 novembre, à Saulny.

La photographie de rue, longtemps considérée comme un sous-genre, devient une discipline majeure de la photographie dans les années 2000.  Les nouvelles pratiques liées aux smartphones et réseaux sociaux favorisent son succès auprès du grand public. La rue est un espace social fluctuant à la fois individuel et collectif. Cet espace public offre un cadre spatial et un répertoire inépuisable. Il est vivant, la photo est non posée.

Une photo peut être

  • une photojournalisée, rendre compte d’évènements, reportage, guerre…
  • un moyen de représenter le milieu urbain , la ville.
  • militante, témoigner de relations sociales.
  • un espace théâtral par les photos publicitaires ou de mode.
  • un champ artistique par des images spontanées ou reconstituées, ou encore conceptuelles.

Une définition possible de la street photo serait une photo « candide », non mise en scène, sans message.

1 - La rue dans la photo documentaire.

Dès 1838-1839 des images primitives sont obtenues par Daguerre dont le procédé utilise une plaque de cuivre sensible à la lumière. Le daguerréotype nécessite un temps de pose long. Dans les années 1850, Fox Talbot inventeur du calotype (négatif papier et plaque de verre) et Bayard améliorent le procédé.

Charles Nègre recherche des apparences de mouvement dans la vie quotidienne, dans les scènes de rue. Le temps d’exposition encore long oblige les personnages à prendre la pose en position de marche donnant l’impression d’un mouvement pris sur le vif.

Les Ramoneurs, vers 1851, Musée Carnavalet – Paris

En 1890, invention de l’appareil Kodak, premier appareil à pellicule, petit, portable. Le photographe rend compte de la vérité du temps par la représentation du temps court. Photo instantanée, réalité mouvante fixée par la pellicule. Eugène Atget traque l’instant jamais vu dans les rues de Paris. Pour capter l’instant, le moment spectaculaire, l’invention d’un petit appareil robuste, le Leica (Leitz camera) remporte un grand succès auprès de tous les photographes.

Fin XIXème, la photographie sociale qui fixe les habitudes, le mode de vie, travail, loisirs, favorise une prise de conscience morale et politique. En 1880 aux USA, à l’ère industrielle, les conditions de vie dégradées, le travail des enfants, elle permet de dénoncer les inégalités.

La photographie documentaire est inventée pendant la crise de 1929 aux USA, en France, elle aborde un volet artistique en servant, de plus, de modèle aux artistes.

Dans l'Amérique des années 1930, Walker Evans fait évoluer la photo documentaire avec un style personnel qui inspirera des générations de photographes. Au moment de l’essor de la psychanalyse, ses clichés (dans le métro new- yorkais) sont plutôt des phototémoignages de la société industrielle à portée symbolique plus qu’artistique.

 

 D’autres photographes renouvellent le cadrage : Louis Faurer photographie la vie quotidienne, la solitude, des anonymes avec une certaine distance.

 Lisette Model, photographie avec son instinct, photos cadrées formelles, dépouillées. La rue est un espace de vie, multiforme. Elle photographie la modernité des années 50-60, des rencontres fortuites, des femmes de la bourgeoisie. Elle rend visibles et essentiels les rapports humains.

2 Photographies humanistes.

Dans les années 1950, en France, les photos sont à la fois documentaires et de reportage. Doisneau, Cartier- Bresson préfèrent l’intuition à la réflexion. La rue est décrite, racontée, elle émeut. Dans cette période d’après-guerre, on aspire au calme, à la poésie, la joie de vivre.

 

Robert Doisneau photographie Paris, ses habitants.

Le Baiser de l’hôtel de ville, 1950, a fait le tour du monde. Il avait demandé à des acteurs de théâtre de poser.  Photo parue dans le magazine Live.

 

 

L’enjeu est de saisir l’instant le plus intéressant comme dans cette image simple, nette du Petit Parisien, de Willy Ronis   en 1952. Dans la rapidité de la prise de vue, il y a une part de hasard.

« L’instant décisif doit être anticipé par le regardeur ». Saisir l’émotion de l’instant, la beauté de la forme, des lignes, pour Henri Cartier- Bresson, la photo est un plaisir. Son style se retrouve dans les clichés de l’agence Magnus qu’il a créée.

Henri Cartier-Bresson, Derrière la Gare St Lazare, 1932.
Henri Cartier-Bresson, Derrière la Gare St Lazare, 1932.
Henri Cartier-Bresson, Derrière la Gare St Lazare, 1932.

Henri Cartier-Bresson, Derrière la Gare St Lazare, 1932.

 

La photo humaniste se développe surtout en Europe. Aux Etats Unis, Helen Lewitt photographie New york, la vie quotidienne, les habitants, les enfants de Harlem, les graffitis avec un regard neutre. Clichés sans messages.

Dans les années 1950-1960, la psychanalyse apporte un changement de regard sur le choix des instants significatifs dans un cliché. Un nouveau style documentaire se développe, il aboutit à la Street photo.

Robert Franck sillonne l’Amérique. Son livre « Les Américains », reflète une autre vision du pays, il est très mal accueilli aux USA. Loin de la vision humaniste européenne, il révèle le mal de vivre, un paysage urbain où lenteur, mystère, solitude règnent dans une société indifférente. Son regard neutre et distancé remet en cause la forme photographique : plan, cadrage. Il recherche des instants qui ne signifient rien ou qui ont tant de sens qu’on ne peut choisir.

 

Dans un tout autre style, William Klein, dérange par ses situations de chaos, ses sujets qui dégagent de l’agressivité, voire de la violence. Il refuse le sentimentalisme, la construction géométrique, il est anti « belle photo ». Intensité, brutalité, flou, bougés, décadrage, hasards, formes inédites, il remplit le cadre au maximum. Le groupe humain dynamique est son thème de prédilection.

3 Les mythologiques.

La rue est toujours le sujet principal pour tous mais le paysage social reflète l’absence de sentiment et la perte de sens dans un monde où l’homme disparait. La Street Photo est consacrée dans l’exposition de 1967 au MOMA : Diane Arbus, Lee Frielander, et Garry Winogrand. Chacun a une démarche personnelle qui donne à voir ce qui est, sans engagement ni dénonciation.

Diane Arbus photographie la réalité américaine, des portraits provocants que les médias et la pub ne montrent pas. Tendre et lucide sur les marginaux.

Lee Frielander traduit son regard structuré sur l’homme et l’environnement par un emboîtement de plans dans ses photos. Pas de sens apparent, des questions sans réponse.

Lee Frielander, New York City, 1966.

Garry Winogrand, chef de file de la photo de rue. Son approche nouvelle avec des clichés au cadre distordu pour correspondre à la société américaine ordinaire est mal accueillie. Trois séries l’ont rendu célèbre. Il explore la vie moderne. Ses vues obliques, plongées, son regard inquiétant, comique, parfois érotique mais moins pessimiste donne des images simples qui questionnent sur les anachronismes montrant la réalité de la rue.

Garry Winogrand,
Garry Winogrand,
Garry Winogrand,
Garry Winogrand,
Garry Winogrand,

Garry Winogrand,

 

Au début des années 1970, Joel Meyerowitz abandonne le noir et blanc pour utiliser la couleur. Elle offre un plus large éventail de contenus et d’émotions.

Joel Meyerowitz, Manteaux camel, New-York, 1975 -- Gold Corner,  New-York, 1974 -- Scène de rue, New-York, 1976.
Joel Meyerowitz, Manteaux camel, New-York, 1975 -- Gold Corner,  New-York, 1974 -- Scène de rue, New-York, 1976.
Joel Meyerowitz, Manteaux camel, New-York, 1975 -- Gold Corner,  New-York, 1974 -- Scène de rue, New-York, 1976.

Joel Meyerowitz, Manteaux camel, New-York, 1975 -- Gold Corner, New-York, 1974 -- Scène de rue, New-York, 1976.

 

Bruce Gilden de l’agence Magnum, arpente les rues de New-York à la recherche de « gueules », images volées souvent.

 

Raymond Depardon créé l’agence photographique Gamma en 1966 et est membre de Magnum Photos.

Raymond Depardon, New-york, Manhattan, 1981.

Daido Moriyama, photographe japonais, atypique, réalise des images contrastées d’un monde chaotique où vérité et authenticité transparaissent.

 

Photographe atypique des années 1950-1960, Vivian Maier a été découverte récemment. Cette gouvernante d’enfants ne se séparait jamais de son appareil. Elle photographie des anonymes, des instants décisifs mais ordinaires, New-York puis Chicago. Grand nombre de ses clichés ne sont pas encore développés. Une exposition au musée du Luxembourg à Paris lui est actuellement consacrée.

 

D’autres talentueux photographes continuent à prendre des clichés de la rue, de l’homme dans le paysage urbain, parfois de façon humoristique comme Siegfried Hansen, Paul Russel.

 

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