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Ce mardi 4 décembre, Monsieur Jean François Marchand, tourneur sur bois, nous a ouvert la porte de son petit atelier caché dans la banlieue messine
La pièce est entièrement vouée au tournage : au mur, une ribambelle de gouges, bédanes, racloirs, tronquoirs, outils de creusage, impeccablement alignés du haut en bas des murs, des étagères couvertes d’objets délicats de toutes tailles et souvent étonnants, et au beau milieu, trois tours à bois entre lesquels nous nous groupons pour suivre les explications et démonstrations de Monsieur Marchand. Cet amateur passionné s’est formé depuis 2004, auprès de maîtres artisans, tels que JF Escoulen, ou Luc Caquineau. Il en parle avec admiration et humilité
Avec une certaine fierté, il affirme son amour du travail rigoureux et sa recherche de la perfection de la forme (« si ce n’est pas parfait, je jette »). Sa dextérité est étonnante : certaines tiges tournées, par exemple cet objet appelé trembleur, tellement il est fin, mesure 1,2 mm de diamètre par endroits, et la longueur de la pièce totale peut atteindre 50 cm et plus… «Pratique assidue obligée » nous dira en souriant Monsieur Marchand.
Autrefois, le tournage était requis pour faire des barreaux, des pieds de chaises, de tables, des escaliers, il existe encore des tourneurs à façon, capables d'exécuter des séries de fuseaux d'escaliers ou de pieds de tables, de restaurer des meubles anciens. Mais ils ne sont plus nombreux. Les grandes séries sont fabriquées par des machines. Le design du mobilier a changé, les objets usuels en bois ont été remplacés par du plastique.
Il ne faut pas s'imaginer que l'on peut, en faisant de petits objets, pouvoir en vivre. D'ailleurs les tourneurs d'art de grande réputation vendent la plus grande partie de leur création à des collectionneurs étrangers .Les tourneurs sont souvent des artisans d’art, créant des coffrets, des petits pots, des coupes, des toupies, des stylos, des plats, et des objets dignes des cabinets curiosités, tel cet escalier miniature, à l’axe déporté, cet escalier dit « d’araignée » ou cette « boule de Canton »(boule contenant d’autres boules creusées à l’intérieur d’une seule pièce de bois.)
Le tournage peut se faire sur os ou ivoire (interdit par la loi aujourd’hui), mais principalement sur bois. D’ailleurs l’atelier est rempli de l’odeur des multiples essences : buis, fruitiers, érable, loupe d’orme, que l’artisan sait reconnaître d’un coup d’œil.
Chaque morceau de bois est unique, il se révèle au façonnage, le grand plaisir étant de découvrir des trésors insoupçonnés sous l’écorce : bois « échauffé » (un champignon a dessiné des lignes magnifique dans la matière) inclusions colorées roses ou rouges dans les fruitiers.
Au bout de deux heures, nous sommes toujours aussi curieux et attentifs. Nous quittons la petite maison, enchantés de cette belle rencontre, et ravis de notre découverte !
Et comme un vrai photographe nous accompagnait, de très belles photos nous rappelleront notre sortie.
Prochaine rencontre avec Les Arts 57 : visite guidée de l'exposition Japanorama,
au centre Pompidou Metz, le 12 janvier 2018.