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Présentée par Monsieur Kelem COLL, cette conférence, organisée par lesarts57, a réuni 42 personnes qui ont bravé le vent et la pluie, ce mardi 19 novembre, pour venir découvrir Henri Matisse. Chargé d'ingénierie culturelle, de développement et de médiation au Centre Pompidou-Metz, Kelem Coll nous présente ce peintre, célèbre pour ses papiers colorés découpés : « Matisse. D'une méconnaissance de l'art à sa maîtrise totale."
L'enfance d'Henri Matisse.
Né le 31 décembre 1869 au Cateau Cambrésis dans le nord de la France, il passe toute son enfance à Bohain-en-Vermandois (près de Saint Quentin) où ses parents ont déménagé.
Jamais en contact avec l'art, avec un père dont la profession est marchand de graines, il est cependant issu d'une famille de tisserands et grandit, entouré de tissus de couleurs, ce qui développe très certainement, chez lui, ce lien à la couleur qui influencera son travail. Il suit un parcours scolaire classique puis, part à Paris pour faire des études de droit pendant deux ans et devenir clerc de notaire.
Découverte de l'art.
Matisse le reconnait lui-même : il ne s'est rendu dans aucun musée au cours de ses études à Paris. Mais une appendicite, qui va le clouer au lit pendant un mois, va tout changer. Il va découvrir la peinture grâce à son voisin, un peintre amateur. C’est un coup de foudre pour lui, il se rend à nouveau à Paris, mais, cette fois, pour apprendre la pratique de la peinture et de l'art. Il tente d'entrer aux beaux-arts mais rate le concours, il s'inscrit donc à de nombreux ateliers et notamment celui de Gustave Moreau. Ce dernier, acceptera de l'accompagner dans son apprentissage de la peinture et lui dira notamment "Vous êtes né pour simplifier la peinture".
Sa peinture se construit autour de la couleur, qu'il dit ressentir : c'est donc la couleur qui doit organiser la toile. Il travaille par opposition : lorsqu'il appose une dominante, il n'arrive pas à s'empêcher d'y répondre avec un contraste tout aussi puissant. Pour lui les toiles ne doivent pas forcément retranscrire la vérité, elles peuvent la réinventer. Cette amour de la couleur « vive » feront d'ailleurs de lui l'un des inventeurs du fauvisme !
Carrière en dates :
Juin 1890 : Première peinture appelée "Nature morte avec des livres" qui est très loin du style qui l'a fait connaître mais qui, pour autant, illustre quand même déjà une facilité technique assez déconcertante.
En octobre 1905 : Il expose aux cotés de Derain et Marquet et, comme eux, se fait qualifier de "Fauve" pour la première fois. Le début du fauvisme représente beaucoup dans la vie de Matisse qui se retrouve au cœur de la création d'un mouvement artistique et d'une pratique. C'est aussi le début de la rentabilité de son travail, à partir de cette période-là, Matisse va pouvoir vivre de son art.
1906 : Il rencontre Picasso, rencontre importante dans son histoire personnelle.
1910 : Matisse peint La Danse pour le collectionneur russe Sergeï Chtchoukine. Une vente qui lui permet d'acheter sa première maison à Issy les Moulineaux, en banlieue parisienne, où il s'installe avec sa famille. Ce tableau n'était d'ailleurs pas celui que Matisse avait proposé au départ puisqu'il désirait vendre L'Atelier rouge.
L’Atelier rouge. --- La Danse.
1919 : premier papier découpé pour un visuel du ballet Russe (plus de 20 ans avant de s'y intéresser vraiment comme un pratique artistique à part entière.)
1924 : Matisse sculpte et crée "Grand nu assis" où l'on retrouve une figure très présente dans son travail qu'est l'odalisque.
Grand nu assis. --- Jazz.
1943/1947 : Elaboration de "Jazz" qui est sa première véritable œuvre en papier découpé. C’est un livre où les papiers gouachés sont découpés à vif à la manière d’un sculpteur. Pour raison de santé il doit rester assis, les papiers découpés ont l'avantage de lui permettre de créer en restant assis.
Matisse et Picasso :
Il est difficile de parler de Henri Matisse sans parler de Pablo Picasso. L'artiste espagnol a un talent indéniable certes, mais ses défauts le sont tout autant. Matisse a pour réputation, lui, d'être, au contraire, une personne remplie de qualités humaines. Les deux artistes n'ont, en fait, pas grand-chose en commun : Picasso ayant toujours baigné dans l'art, et réputé comme un surdoué qui s'oppose à celui qui a découvert l'art sur le tard, et qui, d'après Gustave Moreau, simplifie la peinture.
Cette différence entre eux et l'impact, qu'ils ont dans le monde de l'art, amène les historiens de l'art mais également les médias à l'époque, à les comparer et à lier leurs destins. Mais il est, malgré tout, important de préciser que cette rivalité est plus fantasmée que réelle, les artistes se connaissaient, se respectaient, et s'inspiraient l'un, l'autre. Le fait de vivre à la même époque et d'être comparés les a, aussi, beaucoup tirés vers le haut et amenés à se réinventer. Ils appartiennent tous deux à un mouvement artistique dont ils sont le porte étendard : le cubisme pour Picasso, le fauvisme pour Matisse. Le respect entre les deux était mutuel, Picasso disait d'ailleurs "Il n'y a que Dieu et Matisse qui ont le droit de critiquer mon travail."
L'héritage de Matisse :
Henri Matisse décède le 3 novembre 1954, à Nice. De nombreux artistes se sont nourris de son travail et de ses inventions artistiques. On peut tisser des liens entre son travail et les couleurs d'un mouvement artistique comme le pop art ou le travail d'un artiste comme Tom Wesselmann qui a produit des œuvres appelées "After Matisse" qui lui rendent hommage.
Un marqueur fort, permettant de mesurer l'impact de l'artiste, est le fait d'avoir un musée à son nom. Matisse a un musée à Nice, la ville où il a terminé sa vie, et un autre au Cateau Cambrésis là où elle avait démarré.
Le travail de Matisse est rempli d'innovations techniques et artistiques qui, aujourd'hui encore, inspirent et sont reconnaissables au premier regard. L’artiste possède une identité qui lui est propre.
Pour conclure, j’aimerais vous dire, qu’en travaillant sur cette conférence, j’ai réappris à aimer Matisse une énième fois et, comme à chaque fois, d’une manière différente, et je vous invite à vous rendre dans les musées qui exposent ses œuvres, consulter son travail en bibliothèque, ou les vidéos et documents sur internet, cela en vaut vraiment la peine ! Kelem Coll.
Un grand merci à Kelem Coll, dynamique et captivant, pour cette redécouverte qui donne envie d’approfondir le sujet.
Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :
Samedi 14 décembre à 14h 30, au musée de la Cour d’or à Metz.
La crèche de Noël : histoire, représentations artistiques, symboles.
Conférence présentée par Catherine Bourdieu.
Réservation obligatoire par mail ou par tél :
lesarts57@gmail.fr ou tél. 03 87 32 05 03