Le 22 Août 2019, en cette belle fin de vacances, LesArts57 nous ont emmenés visiter la Villa Bergeret à Nancy, cette ville qui n’en finit pas de rénover et mettre à l’honneur son patrimoine architectural exceptionnel, en particulier de style Art Nouveau.
Monsieur Rodermann avait pu nous proposer cette visite grâce à son réseau, puisque la Villa, située 24 rue Lionnois, appartient à la Ville de Nancy qui l’utilise comme lieu de prestige de l’Université de Lorraine, donc en principe très rarement ouvert au public. 26 personnes participaient à cette découverte.
L’aventure Européenne de l’Art Nouveau s’est manifestée en France principalement à Paris et Nancy. Elle a commencé à fleurir, et le terme est particulièrement adapté tant l’inspiration vient de la nature et de la botanique, lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1889. Appelé par certains critiques peu convaincus Art Nouille ou… Cauchemar..., ce style a triomphé en 1909, lors de l’Exposition Universelle qui s’est tenue à Nancy au Parc Sainte Marie, accueillant 2 000 000 visiteurs. Chose trop oubliée des Lorrains !
La Villa Bergeret est un magnifique exemple de cette période : construite entre 1903 et 1904 par un industriel nancéien, elle illustre ce moment très particulier de l’aventure industrielle qui débute avec les temps modernes et ses découvertes techniques : électricité, acier, mécanisation ...
Elle occupe un angle dans le bas de la rue Lionnois, et se remarque avec ses saillies, avancées et bow window, un désir de casser une trop sage symétrie, des rappels du style gothique avec sa grande flèche élancée.
Monsieur Bergeret a fait fortune en décidant de produire lui-même des cartes postales et des affiches en utilisant la technique découverte en Allemagne de la phototypie, procédé d’impression d’une grande finesse. Cette activité, alors toute nouvelle, lui apporte gloire et fortune. (25 millions de carte postales produites en 1900, 75 millions en 1910 !). Elle lui permet de se construire une maison magnifique, moderne et juste voisine de son usine.
Développant une volonté de mécénat pour les Arts Décoratifs, avec l’appui des Banques qui évidemment lui font confiance, il va engager tous les plus grands artisans artistes du mouvement (sauf E. Gallé mort l’année précédente). La villa, malgré le nombre des intervenants, présente une remarquable unité et cohérence, on y trouve électricité, chauffage par air pulsé, toilettes, salles de bains.
Utilisant et mélangeant de façon très innovante le verre, le fer, la pierre calcaire, les briques, l’architecte Eugène Vallin conçoit un chef d’œuvre de créativité et de modernisme. Le ferronnier d’art Legrand réalise la magnifique grille (disparue sans laisser de trace, si ce n’est photographique).
L’entrée déportée sur la droite de la façade, se franchit par une porte en fer forgé et verre, où inventivité et savoir-faire force l’admiration.
L’escalier monumental qui relie les étages reprend les codes XVIII ème avec l’enroulement du départ de la rampe au-dessus de la première marche. Les motifs de monnaie du pape de la rampe symbolisent la réussite du propriétaire.
Ph L.L. Ligiardi, A. Palucci.
L’intérieur, clair, aéré, respire le luxe discret. Victor Prouvé va exécuter la grande fresque du plafond qui surplombe le hall, le vitrail majestueux qui anime l’escalier est de Gruber.
Les menuiseries, en bois de cédrat, sont d’Eugène Vallin ( on retrouve son motif : les stipules d’ombelles ) et de Majorelle ( les libellules ). Elles sont aussi intégrées dans le bâti, organisant l’espace, les cloisonnements, cheminées, sellettes et armoires vitrées. Chaque chambre a sa salle de bain et ses placards intégrés. Les miroirs jouent avec la lumière et agrandissent l’espace, les volutes du mobilier Majorelle de la salle à manger s’élancent vers le plafond en se tordant en fleurs et papillons.
Ph.J.L.L Ligiardi, A. Palucci
L’œil est immanquablement attiré vers l’extraordinaire jardin d’hiver, dont les vitraux de fleurs et de motifs géométriques mêlent les plus lumineuses couleurs et motifs : paons, glycines, ombelles. C’est Joseph Janin qui en est l’auteur.
Ph. J.L. Ligiardi, A. Palucci.
A signaler que ces artistes se regrouperont dans une association type Loi 1901, pour former l’Alliance Provinciale des Innovations d’Art.
L’Histoire va venir modeler à sa façon l’histoire de la Villa. L’exposition de 1915 n’aura pas lieu, l’Art Nouveau va péricliter et sera progressivement remplacé par le style Art Déco, la carte postale va perdre de son intérêt. Après 1945, la villa sera rachetée par la Ville de Nancy, qui y installera la Faculté de médecine, avec l’amphithéâtre sur l’emprise de l’usine, puis la faculté de pharmacie et les bureaux de prestige de l’Université de Lorraine.
Pour conclure, nous évoquerons la villa Majorelle, actuellement en gros travaux de rénovation jusqu'en 2020 …
La prochaine visite à Nancy est toute trouvée !
Prochaine rencontre avec Les Arts 57 :
Conférence « Léonard de Vinci, 500 ans d'héritage » présentée par Catherine BOURDIEU,
Maître de conférence en histoire de l'art à l'Université de Lorraine
à LONGEVILLE LES METZ, au TEMPLE : 156, rue du Général de Gaulle,
lundi 7 OCTOBRE, à 20 h.
en partenariat avec l'association « Les amis du Temple de Longeville».
Inscription par mail lesarts57@hotmail.fr ou tél. 03 87 32 05 03 - 06 84 35 19 96
Participation : 3 euros adhérent et étudiant- 5 euros non adhérent
Blog : http://lesarts57.over-blog.fr